1 1939, L’Amour et l’Occident. Le mythe de Tristan
1 pour se tirer des confusions de notre langue, les poètes ont coutume de rapporter les mots à leurs origines lointaines, c’est-
2 nces qu’ils réveillent au cœur des bourgeois, des poètes , des mal mariés, des midinettes qui rêvent d’amours miraculeuses. Le
3 l est le grand mystère de cette religion dont les poètes du siècle passé se firent les prêtres et les inspirés. De cette influ
4 … D’autre part, n’est-il pas fort étrange que les poètes du xiiie siècle, si exigeants dès qu’il s’agit d’honneur, de fidélit
5 ’un par l’autre ne sent dolor. Dira-t-on que les poètes de cette époque furent moins sentimentaux que nous ne le sommes deven
6 t pour admirer la plus poignante définition qu’un poète ait jamais donnée de la passion ! À lui seul, ce vers exprime tout, e
7 « qu’il n’y attache pas d’importance ». S’il est poète , il parlera d’inspiration, ou au contraire de rhétorique. Il ne sera
8 son être l’anéantissement de son être ? Certains poètes , beaucoup plus tard, ont osé cet aveu suprême. Mais la foule dit : ce
9 malgré nous, à la « vraie vie » dont parlent les poètes . Mais cette « vraie vie », c’est la vie impossible. Ce ciel aux nuées
10 oint pour un amour vrai. La grande trouvaille des poètes de l’Europe, ce qui les distingue avant tout dans la littérature mond
2 1939, L’Amour et l’Occident. Les origines religieuses du mythe
11 au préalable languedocienne, c’est-à-dire que le poète , ne pouvant être que troubadour, était tenu de parler — et de l’appre
12 t au contraire ; enfin, que deux personnages : le poète qui, huit-cents, neuf-cents, mille fois réédite sa plainte, et une be
13 uel : le domnei ou donnoi, vasselage amoureux. Le poète a gagné sa dame par la beauté de son hommage musical. Il lui jure à g
14 it M. Jeanroy (quitte à reprocher à chacun de ces poètes pris à part de n’avoir montré aucune espèce d’originalité et de s’êtr
15 belle — qui serait faite de lieux communs dont le poète ne saurait d’où ils viennent. N’est-ce pas, sauf la beauté, plutôt co
16 er que les thèmes que nous avons relevés chez les poètes provençaux entretiennent avec le néo-manichéisme des relations d’un t
17 te de la persécution et serment d’initiation) ces poètes ne pouvaient parler ouvertement de leur foi cathare. (Ceux qui en ont
18 dmettra que cette atmosphère suffisait bien à des poètes pour « colorer » un symbolisme même dogmatique à l’origine. 3. L’amou
19 xiie siècle, il n’en était pas ainsi : chez les poètes de cette époque, l’expression du désir charnel est si vive et parfois
20 ’autres. » Et de citer Chrétien de Troyes, et les poètes du Nord disciples des troubadours, Gace Brûlé, Gautier d’Épinal, Blon
21 arfaitement identiques chez une douzaine d’autres poètes  ! (Ce qui a fait dire à je ne sais plus quel érudit qu’il semblerait
22 eussent été tout différents ; nous savons que ces poètes n’éprouvaient nul besoin et n’avaient pas la possibilité de parler de
23 cet exemple, que l’action d’une doctrine sur des poètes s’exerce moins par influence directe qu’à la faveur d’une certaine am
24 d’erreurs, variations et contradictions chez les poètes influencés. D’où résulte qu’un surcroît d’informations sur la nature
25 e siècle, dans l’islam, d’une école de mystiques poètes qui devaient avoir plus tard pour principales illustrations al-Hallaj
26 la Divinité. Or le langage érotico-religieux des poètes mystiques tendait à établir cette confusion du Créateur et de la créa
27 du Créateur et de la créature. Et l’on accusa ces poètes de manichéisme déguisé, sur la foi de leur langage symbolique. Al-Hal
28 rs, puis de Dante et enfin de Pétrarque. Tous ces poètes attachent au « salut » de la Dame une importance apparemment démesuré
29 , aux initiés de l’Église d’Amour, et par eux aux poètes du Midi ? Je ne sache pas que l’on soit en mesure de résoudre aujourd
30 e sa mythologie. Que celle-ci ait revêtu chez les poètes du Nord des couleurs assombries et plus tragiques, c’est naturel. Tar
31 nsi s’est répandue l’opinion fort étrange que les poètes bretons n’étaient en somme que des amuseurs un peu niais, dont le suc
32 omplaisante ; enfin la fantaisie individuelle des poètes  : tels sont donc en fin de compte les éléments sur lesquels la doctri
33 60. M. Jeanroy cite des textes probants de ces poètes dans sa thèse latine. De nostratibus medii ævi pœtis qui primum lyric
3 1939, L’Amour et l’Occident. Passion et mystique
34 à la société constituée ! Est-il beaucoup de nos poètes qui aient trouvé leur « amour mortel » ? Pour certains, tout se rédui
4 1939, L’Amour et l’Occident. Le mythe dans la littérature
35 re les « spirituels » (mais dans l’Église) et les poètes . Cependant qu’autour de Palerme, où Frédéric II tient sa cour, fleuri
36 ure. On ne trouve à la cour de Palerme qu’un seul poète provençal, et Frédéric persécute l’hérésie. De même, on peut se deman
37 ur art, qu’on surprend mieux qu’ailleurs chez les poètes italiens le vrai mystère des troubadours, de même que c’est au crépus
38 d’aller vers le Seigneur. Le temps venait où les poètes succomberaient aux charmes du miroir et de la rhétorique profanée. No
39 e qui ravagea l’Europe : et voilà qui rappelle au poète que ses « qualités d’homme » le lient de fait à une condition pitoyab
40 st un moment décisif non seulement dans la vie du poète , mais dans l’évolution du mythe à travers l’histoire de l’Europe.
41 m und Drang le traduisissent en allemand pour les poètes , qui l’ont traduit en métaphores pour les bourgeois sentimentaux, et
42 rême » à laquelle se refusait son corps. Mais les poètes ne sont plus les seuls à tenter l’au-delà nocturne : un philosophe co
43 ïveté, la vulgarité foisonnante que les plus purs poètes allemands savaient goûter malgré leur nostalgie152. René s’amuse un j
44 nacent les débris de son rameau… On croit lire un poète allemand, on va retrouver la richesse du monde… Mais déjà l’homme du
45 flux cosmique de l’instinct, c’est l’idéal de nos poètes du primitivisme solaire, mais la pratique de cette croyance n’est pas
46 ’un ouvrage intitulé : Remarques sur les premiers poètes français et les troubadours, et de trois volumes (anonymes) de mémoir
5 1939, L’Amour et l’Occident. Amour et guerre
47 ngage guerrier de l’amour Dès l’Antiquité, les poètes ont usé de métaphores guerrières pour décrire les effets de l’amour n
48 dire, la puissance passionnelle de la Nation. Les poètes romantiques jouèrent un rôle notable dans les guerres de libération q
6 1939, L’Amour et l’Occident. Le mythe contre le mariage
49 ragiques cela peut signifier. Mais l’exemple d’un poète ne vaut rien ou vaut trop. J’entends décrire une illusion apprise par
7 1939, L’Amour et l’Occident. Appendices
50 tes interprétées par la fantaisie individuelle du poète . Les faits que nous décrit l’auteur de la Folie Tristan étaient sans
51 nde rédigée, et réinventée quant au sens, par les poètes du xiie siècle : elle seule agit encore sur nous, en tant que mythe
52 des chœurs des anges autour du trône de Dieu. Le poète espagnol Juan Manuel l’appelle une espèce de sacrement, qu’il compare
53 e défendre de pleurer… » Dès ce moment, ajoute le poète , « dura toujours l’amour de Girard et d’Elissent, pur de tout reproch
54 t François avait été le disciple enthousiaste des poètes français (d’où son nom même). Il partageait l’engouement des Italiens