1 1939, L’Amour et l’Occident (1956). Le mythe de Tristan
1 pour se tirer des confusions de notre langue, les poètes ont coutume de rapporter les mots à leurs origines lointaines, c’est-
2 nces qu’ils réveillent au cœur des bourgeois, des poètes , des mal mariés, des midinettes qui rêvent d’amours miraculeuses. Le
3 l est le grand mystère de cette religion dont les poètes du siècle passé se firent les prêtres et les inspirés. De cette influ
4 … D’autre part, n’est-il pas fort étrange que les poètes du xiiie siècle, si exigeants dès qu’il s’agit d’honneur, de fidélit
5 ’un par l’autre ne sent dolor. Dira-t-on que les poètes de cette époque furent moins sentimentaux que nous ne le sommes deven
6 t pour admirer la plus poignante définition qu’un poète ait jamais donnée de la passion ! À lui seul, ce vers exprime tout, e
7 « qu’il n’y attache pas d’importance ». S’il est poète , il parlera d’inspiration, ou au contraire de rhétorique. Il ne sera
8 son être l’anéantissement de son être ? Certains poètes , beaucoup plus tard, ont osé cet aveu suprême. Mais la foule dit : ce
9 malgré nous, à la « vraie vie » dont parlent les poètes . Mais cette « vraie vie », c’est la vie impossible. Ce ciel aux nuées
10 oint pour un amour vrai. La grande trouvaille des poètes de l’Europe, ce qui les distingue avant tout dans la littérature mond
2 1939, L’Amour et l’Occident (1956). Les origines religieuses du mythe
11 au préalable languedocienne, c’est-à-dire que le poète , ne pouvant être que troubadour, était tenu de parler — et de l’appre
12 t au contraire ; enfin, que deux personnages : le poète qui, huit-cents, neuf-cents, mille fois réédite sa plainte, et une be
13 uel : le domnei ou donnoi, vasselage amoureux. Le poète a gagné sa dame par la beauté de son hommage musical. Il lui jure à g
14 it M. Jeanroy (quitte à reprocher à chacun de ces poètes pris à part de n’avoir montré aucune espèce d’originalité et de s’êtr
15 belle — qui serait faite de lieux communs dont le poète ne saurait d’où ils viennent. N’est-ce pas, sauf la beauté, plutôt co
16 une clandestinité de l’Église hérétique, dont les poètes eussent été les agents, nous passons maintenant au mystère d’une pass
17 er que les thèmes que nous avons relevés chez les poètes provençaux entretiennent avec le néo-manichéisme des relations d’un t
18 usieurs auteurs récents ont objecté que jamais un poète courtois n’avait « vendu la mèche » même une fois converti à l’orthod
19 dmettra que cette atmosphère suffisait bien à des poètes pour « colorer » un symbolisme même dogmatique à l’origine. 3. L’Amou
20 xiie siècle, il n’en était pas ainsi : chez les poètes de cette époque, l’expression du désir charnel est si vive et parfois
21 arfaitement identiques chez une centaine d’autres poètes  ! (Ce qui a fait dire à je ne sais plus quel érudit qu’il semblerait
22 eussent été tout différents ; nous savons que ces poètes n’éprouvaient nul besoin et n’avaient pas la possibilité de parler de
23 cet exemple, que l’action d’une doctrine sur des poètes s’exerce moins par influence directe qu’à la faveur d’une certaine am
24 d’erreurs, variations et contradictions chez les poètes influencés. D’où résulte qu’un surcroît d’informations sur la nature
25 e siècle, dans l’islam, d’une école de mystiques poètes qui devaient avoir plus tard pour principales illustrations al-Hallaj
26 la Divinité. Or le langage érotico-religieux des poètes mystiques tendait à établir cette confusion du Créateur et de la créa
27 du Créateur et de la créature. Et l’on accusa ces poètes de manichéisme déguisé, sur la foi de leur langage symbolique. Al-Hal
28 rs, puis de Dante et enfin de Pétrarque. Tous ces poètes attachent au « salut » de la Dame une importance apparemment démesuré
29 Les « preuves » de l’influence andalouse sur les poètes courtois ne sont plus à faire69. Et je pourrais ici remplir des pages
30 « vilaine » ; et nous voyons souvent dans le même poète un adorateur enthousiaste de la Dame, qu’il exalte, et un contempteur
31 r. (Guillaume de Poitiers.) Je n’ai cité que des poètes de la première et de la seconde génération des troubadours (1120 à 11
32 ence. Il ressemble aussi à l’amour chanté par les poètes arabes, homosexuels pour la plupart, comme le furent plusieurs trouba
33 e sa mythologie. Que celle-ci ait revêtu chez les poètes du Nord des couleurs assombries et plus tragiques, c’est naturel. Tar
34 nsi s’est répandue l’opinion fort étrange que les poètes bretons n’étaient en somme que des amuseurs un peu niais, dont le suc
35 omplaisante ; enfin la fantaisie individuelle des poètes  : tels sont donc en fin de compte les éléments sur lesquels la doctri
36 ystique du cœur » de l’abbé de Cluny. Théologien, poète , et conscient de ses choix, Gottfried révèle beaucoup mieux que ses m
37 lairvaux, dont les écrits étaient si familiers au poète qu’il imite bien souvent leur dialectique de la souffrance, du désir
38 ses thèmes directeurs, se prêtaient au projet du poète d’une manière que l’on doit qualifier de proprement congénitale. Dans
39 érité, la question se ramène à savoir pourquoi le poète choisit d’aimer si haut, choisit l’Inaccessible. 54. On peut aussi p
40 . » Je reviendrai sur la situation paradoxale des poètes courtois contraints de louvoyer entre la double condamnation portée c
41 it dans ses Illustrations de Gaule : « Les nobles poètes disent que cinq lignes y a en amours… le regard, le parler, l’attouch
3 1939, L’Amour et l’Occident (1956). Passion et mystique
42 à la société constituée ! Est-il beaucoup de nos poètes qui aient trouvé leur « amour mortel » ? Pour certains, tout se rédui
4 1939, L’Amour et l’Occident (1956). Le mythe dans la littérature
43 re les « spirituels » (mais dans l’Église) et les poètes . Cependant qu’autour de Palerme, où Frédéric II tient sa cour, fleuri
44 ure. On ne trouve à la cour de Palerme qu’un seul poète provençal, et Frédéric persécute l’hérésie. De même, on peut se deman
45 ur art, qu’on surprend mieux qu’ailleurs chez les poètes italiens le vrai mystère des troubadours, de même que c’est au crépus
46 d’aller vers le Seigneur. Le temps venait où les poètes succomberaient aux charmes du miroir et de la rhétorique profanée. No
47 e qui ravagea l’Europe : et voilà qui rappelle au poète que ses « qualités d’homme » le lient de fait à une condition pitoyab
48 st un moment décisif non seulement dans la vie du poète , mais dans l’évolution du mythe à travers l’histoire de l’Europe.
49 m und Drang le traduisissent en allemand pour les poètes , qui l’ont traduit en métaphores pour les bourgeois sentimentaux, et
50 rême » à laquelle se refusait son corps. Mais les poètes ne sont plus les seuls à tenter l’au-delà nocturne : un philosophe co
51 ïveté, la vulgarité foisonnante que les plus purs poètes allemands savaient goûter malgré leur nostalgie170. René s’amuse un j
52 nacent les débris de son rameau… On croit lire un poète allemand, on va retrouver la richesse du monde…Mais déjà l’homme du x
53 flux cosmique de l’instinct, c’est l’idéal de nos poètes du primitivisme solaire, mais la pratique de cette croyance n’est pas
54 ’un ouvrage intitulé : Remarques sur les premiers poètes français et les troubadours, et de trois volumes (anonymes) de Mémoir
5 1939, L’Amour et l’Occident (1956). Amour et guerre
55 ngage guerrier de l’amour Dès l’Antiquité, les poètes ont usé de métaphores guerrières pour décrire les effets de l’amour n
56 dire, la puissance passionnelle de la Nation. Les poètes romantiques jouèrent un rôle notable dans les guerres de libération q
6 1939, L’Amour et l’Occident (1956). Le mythe contre le mariage
57 ragiques cela peut signifier. Mais l’exemple d’un poète ne vaut rien ou vaut trop. J’entends décrire une illusion apprise par