1 1939, L’Amour et l’Occident (1956). Le mythe de Tristan
1 es les plus profondes, c’est un fait qu’établit à première vue le succès prodigieux du roman. Il est d’autres raisons, plus secr
2 nence historique non point du mythe sous sa forme première , mais de l’exigence mythique à laquelle répondait le Roman. Élargissa
3 chefleur, prend l’orphelin à sa cour et l’éduque. Première prouesse ou performance : la victoire de Tristan sur le Morholt. Ce g
4 a reine déclare qu’elle rejoindra le chevalier au premier signal de sa part, et sans que rien puisse la retenir, « ni tour, ni
5 e-t-il pas de ce droit ? Mise en éveil par cette première question, notre méfiance critique ne tarde pas à découvrir d’autres é
6 ocher nos amants, bien au contraire. Lors de leur première rencontre, ils n’ont que des rapports de politesse conventionnelle. E
7 e roman du tout. 15. Rappelons ici ces étapes : Premier séjour de Tristan en Irlande. Ils se séparent sans s’aimer. — Second
2 1939, L’Amour et l’Occident (1956). Les origines religieuses du mythe
8 énèbres et du péché qui nous enserre. Sa création première dans l’ordre spirituel, puis animique, a été achevée dans l’ordre mat
9 que des Cantiques sont écrits pour les nonnes des premiers couvents de femmes, de l’abbaye de Fontevrault si proche du premier t
10 e femmes, de l’abbaye de Fontevrault si proche du premier troubadour — c’est le comte Guillaume de Poitiers — jusqu’au Paraclet
11 oit servir la « femme dévote » pendant les quatre premiers mois, comme un domestique, dormir dans la même chambre qu’elle, puis
12 sont cinq portes : celui qui peut ouvrir les deux premières passe aisément les trois autres, mais il lui est difficile d’en sorti
13 ramené par une sorte de spirale au-dessus de mes premières constatations : l’amour courtois est né au xiie siècle, en pleine ré
14 e troisième s’oppose par bien des points aux deux premiers , mais leur confrontation jette une lumière très vive sur la nature ex
15 . (Noter que Désir correspond à visus — le fameux premier regard qui enflamme — et Servir à tactus.) Le thème des Cinq lignes d
16 commun aux orphiques, aux manichéens, et même aux premiers chrétiens ; la pierre sacrée du Graal joue un rôle dans les religions
3 1939, L’Amour et l’Occident (1956). Passion et mystique
17 Une vie nouvelle commence ici106. Normalement, ce premier et décisif appel devrait introduire Tristan dans la voie des macérati
18 érer ce rapprochement entre un génie religieux du premier ordre et un poème où l’élément mystique revêt les formes les plus rud
19 ècle, la conscience moderne a cru voir une donnée première . Elle a cru pouvoir « expliquer » le plus élevé par le plus bas, la m
20 au courant le plus orthodoxe. J’emprunterai mon premier exemple à l’ouvrage de Rudolf Otto intitulé Mystique occidentale-orie
21 lques réserves : l’amour courtois, dans sa pureté première , aime pour souffrir, pour « pâtir »…] d) Ce n’est pas dans les pauvr
22 du spirituel — et celui-ci serait alors la cause première  — ou au contraire d’une sublimation de phénomènes physiologiques, les
23 ents s’annulent. Nous ne savons rien des origines premières . Ce que nous avons pu dégager, c’est uniquement le jeu des deux facte
24 te dialectique permanente pour en faire la donnée première . 7.Libération finale des mystiques Cette décision tout arbitrai
4 1939, L’Amour et l’Occident (1956). Le mythe dans la littérature
25 re choisis presque au hasard.) Voici le Sonnet du premier anniversaire de l’amour de Pétrarque pour Laure : Je bénis le lieu,
26 mes : c’est une suite de quatrains dont les trois premiers vers exaltent la femme selon le mode courtois, tandis que le quatrièm
27 t d’être analysé. Voici comme Alidor se plaint au premier acte : Ce n’est qu’en m’aimant trop qu’elle me fait mourir : Un mome
28 ormule même de notre mythe. Mais Racine, dans ses premières pièces, raccourcit la portée du mythe à la mesure d’une psychologie e
29 e besoin : d’où son fameux traité De l’Amour. Aux premières lignes de la préface vous le sentez en pleine polémique : « Quoiqu’il
30 mait, Don Juan était aimé ; mais celui qui n’a du premier que la nostalgie, et du second que l’inconstance, se voit amené à déf
31 l’essence même du mythe. De même que le péché du premier homme, et de chaque homme, introduit dans le monde le temps ; de même
32 e roi Marc est devenu le Cocu ; Tristan, le jeune premier , ou gigolo ; Iseut, l’épouse insatisfaite, oisive et lectrice de roma
33 tionnels et rhétoriques que le film américain des premières années de l’entre-deux-guerres. C’était l’époque du happy end : tout
34 contre un père irrité ? » 156. La confession du premier acte à la nourrice ; celle du deuxième à Hippolyte — « Hé bien ! conn
35 stinent à conserver (la décoration de la tente au premier acte, le lierre peint sur les murailles du burg au deuxième !) Il fau
5 1939, L’Amour et l’Occident (1956). Amour et guerre
36 t la guerre. Or on observe qu’une nation dans son premier essor passionnel recule rarement devant une guerre même sans espoir.
37 oup les plus violentes.) Ceci vaut pour les trois premiers quarts du siècle et particulièrement pour la période qui va de 1848 à
6 1939, L’Amour et l’Occident (1956). Le mythe contre le mariage
38 ganiser sans un constant recours à la passion des premiers révolutionnaires : or c’était cette passion précisément que l’on ente
39 base raciste et militaire, devait se donner pour première tâche de surmonter cette crise de mœurs. On commença par opposer à l’
7 1939, L’Amour et l’Occident (1956). L’amour action, ou de la fidélité
40 e alors d’affirmer le mariage qu’au-delà des deux premières critiques et en chemin vers la troisième, c’est-à-dire en maintenant
41 ésie qui en résulta avec l’orthodoxie chrétienne. Première correction d’importance. Ensuite, il est urgent de rappeler que le fa