1 1977, L’Avenir est notre affaire. Système de la crise — La religion de la croissance
1 de parade, vide et froide, où les gardes en rang prenaient la place du peuple. Mais notre époque a fait bien pire pour vider la
2 la ville mondiale de l’avenir avant qu’elle n’ait pris l’intolérable aspect d’un immense amas de taudis ». La ville mondiale
3 e milliers de conseillers municipaux — tous élus. Prenez la Suisse : au lieu d’un maire, comme à Paris, un Conseil fédéral de
4 e des hommes libres et responsables, les citadins prennent l’habitude de laisser les affaires publiques aux mains d’un petit nom
5 pouvoir trop lointain. Cette société échappe aux prises des sens et de l’intelligence de l’homme moyen. Et puisqu’elle n’est
6 s souvent, de calculer la décision, au lieu de la prendre à tous risques non sans avoir pesé ces risques, consulté des supersti
7 n nihilisme foncier, celui de tout pouvoir qui se prend pour sa fin. De cette complicité fondamentale entre la guerre et la t
8 que Noé était un peu ivrogne. L’humanité nouvelle prend son départ sous ces auspices doublement dionysiaques. Or, toute reche
9 voués au « retour à la poussière d’où ils ont été pris  ». Au jugement des modernes, il va de soi que l’action de Prométhée e
10 gle signifie la souffrance des pulsions animiques prises dans les serres et les lois de la matière inanimée. Mais n’est-ce pas
11 rce était donc de traiter les imprudents qui s’en prenaient au dogme d’amateurs (quelle horreur ), d’idéalistes (pire encore), ou
12 e que plaisante. De telle sorte que ceux qui s’en prennent à « la croissance » au sens d’augmentation quantitative sont ressenti
13 projet et cause intrinsèque de la forme qu’il va prendre en se réalisant. Ainsi l’épuisement des ressources terrestres qu’on a
14 nde. C’est pourtant dans ce genre d’illusion qu’a pris naissance la notion de croissance indéfinie du PNB. Utopie analogue à
2 1977, L’Avenir est notre affaire. Système de la crise — Le grand litige
15 autres compétences que celles d’un citoyen qui a pris la peine d’étudier les dossiers avant de voter, je suis à la recherch
16 leur répond que « toutes les précautions ont été prises  », et que les normes de sécurité sont « vingt-cinq fois plus rigoureu
17 e leur répéter : « Toutes les précautions ont été prises . » À ce point, le système du mensonge nucléaire s’annonce comme tel,
18 commandé 1. « Toutes les précautions ont été prises . » — En 1870, l’armée française part à l’attaque de la Prusse en tout
19 outon de guêtre ». Toutes les précautions ont été prises pour la victoire. En 1912, dans la nuit du 14 au 15 avril, le plus gr
20 on voyage un iceberg que « toutes les précautions prises  » avaient oublié de prévoir, et coule avec ses deux-mille-deux-cents
21 on me répète que « toutes les précautions ont été prises  », je comprends instantanément qu’il y a lieu de redouter le pire. En
22 e service, les producteurs essaient de nous faire prendre leurs désirs pour nos fatalités. Les responsables de la production e
23 s d’y remédier. J’en déduis qu’on veut nous faire prendre dès maintenant des risques proprement incalculables, au nom de besoin
24 ns sournoisement toutes les décisions de principe prises dans ce sens. Aux États-Unis, en 1973, le budget de la recherche sola
3 1977, L’Avenir est notre affaire. Système de la crise — La clé du système ou l’État-nation
25 hommes par l’État », c’est-à-dire, au fait et au prendre , par des corporations de fonctionnaires dans les bureaux de la capita
26 a Commune de Paris commande. Elle a tué le roi et pris sa place à la tête de la nation ; mais elle saura se garder, elle, de
27 mp libre aux géomètres de l’État L’État, qui a pris la place du roi, réclame le service de ses sujets — loin d’être comme
28 glomérats politiques que l’on essaie de lui faire prendre pour “sa patrie” : ils sont beaucoup trop grands… ou trop petits pour
29 t de son imbécillité, au sens premier du terme79. Prenons l’exemple de la crise du pétrole à l’automne 1973. Tous nos gouvernem
30 e épidémie qui menace l’humanité. Mais je me sens pris d’un doute profond : ne s’agirait-il pas d’une comédie, d’un bluff én
31 iption de la crise, bien qu’écrite au présent, ne prend son sens réel qu’au futur : sa gravité majeure est en avant de nous,
32 personne et la cité ? L’avenir, son anticipation, prennent ici leur importance véritable : selon nos décisions quant au but de n
4 1977, L’Avenir est notre affaire. De la prévision — Un « Essai sur l’avenir » en 1948
33 spéculations les plus “folles” ! Libre à vous de prendre pour but l’évocation des fées du Moyen Âge : jamais une fée n’a fait
34 ée les explosions cosmiques, etc. Libre à vous de prendre pour but la construction d’un moteur atomique : jamais un moteur atom
35 e des transports. (Passer d’Europe en Amérique ne prenait guère moins de temps en 1946 qu’à l’époque de Christophe Colomb : une
5 1977, L’Avenir est notre affaire. De la prévision — Naissance de la prospective
36 s’aperçoit que c’est l’invention technique qui a pris le pouvoir et qui dispose de notre avenir. Or, chacun peut voir aujou
37 e l’auto, et comme le font bien voir les guerres. Prenons l’exemple de Guillaume II qui s’écrie après une visite au front : « J
38 tout autant des mesures économiques et techniques prises au nom de ces « nécessités auxquelles, hélas ! on ne saurait échapper
39 r (qu’il s’agisse de désarmer, par exemple, ou de prendre des mesures radicales contre la pollution, ou de construire des ville
40 trie, la finance internationale et l’État-nation, prend elle aussi l’année pour unité de base de ses prévisions : c’est le bu
41 que celui qui a soif vienne ; que celui qui veut prenne de l’eau de la vie, gratuitement » (chap. 22, 17). « Amen ! Viens, Se
6 1977, L’Avenir est notre affaire. De la prévision — L’avenir sensible au cœur
42 éfinie en ce point comme l’ensemble des mesures à prendre pour lutter contre l’entropie, dans les limites du destin de l’homme
43 e façon sans nous, sans notre action, hors de nos prises , « parce que c’est nécessaire, si ce n’est pas raisonnable » ainsi qu
44 qu’il manipule un avenir réel ? (D’autant qu’il a pris soin d’introduire dans le modèle quelques bribes de réalité d’un futu
45 de l’espèce ou d’un groupe. Mais elle reste sans prises sur une mécanique : là, il s’agit de savoir ou d’avoir su ; et « l’in
46 être aussi bien baptisée subjective, puisqu’elle prend son appui dans l’homme sujet de l’histoire. La futurologie serait alo
47 , et à quelle heure il faudra que je me lève pour prendre le train ou l’avion : elles n’ont pas à me dire que je le prendrai en
48 ou l’avion : elles n’ont pas à me dire que je le prendrai en vertu de leurs statistiques. Car je n’ai pas à deviner mais à déci
49 ’un avenir qui serait déjà déterminé, hors de nos prises , et que nous n’aurions qu’à subir. C’est l’art d’aménager des chemins
50 ma première partie montrait inévitable. Me voilà pris de vitesse par l’événement. Il est venu me confirmer sans me laisser
7 1977, L’Avenir est notre affaire. De la prévision — Première histoire de fous : l’auto
51 s de travail qu’au total ses 10 000 km lui auront pris 1700 heures de son temps, et cela fait du 6 km/h ! Le rendement de l’
52 sobre utilité que Ford vénérait. Les jeunes gens prennent leur voiture pour faire 300 mètres, moins par paresse que par une pet
53 re de rêver, c’est justement un train que je vais prendre . Dans mon wagon, je lis, je dors, je mange, je puis marcher, regarder
54 rder autour de nous et d’en croire nos yeux. » Je prends Henry Ford comme un symbole du monde moderne, et le meilleur, parce q
55 énéfice de la production à celui du consommateur. Prenons cette petite phrase qui n’a l’air de rien : “Nul ne contestera que, s
56 ne une apparence de liberté, c’est pour mieux les prendre dans son engrenage. L’emploi de leurs loisirs est prévu. Il est déter
57 comme on dit, sans doute par ironie, “la vie les prend ”. » Irréguliers aux yeux du monde ; la proie d’on ne sait quelles for
58 es fléaux sociaux, bien avant que la foule en ait pris conscience ; et supposons que dès la première réaction de ces “indica
59 régnait déjà. Mussolini marchait sur Rome. Hitler prendrait le pouvoir cinq ans plus tard. (Note de 1977.) 106. On dit aujourd’h
8 1977, L’Avenir est notre affaire. De la prévision — Deuxième histoire de fous : Hitler
60 mort du Führer : « Hitler s’est tu. L’aventure a pris fin dans la catastrophe prévue. Et devant le cadavre gisant de l’homm
61 au parti, dont la grande industrie ne tarda pas à prendre les commandes112.) De Gaulle fut un cas personnel, mais Hitler fut le
9 1977, L’Avenir est notre affaire. Repartir de l’homme — Devenir soi-même
62 te ans, dès aujourd’hui configurée ; les surfaces prises à l’agriculture par les villes et les autoroutes, le bétonnage univer
63 ’aurions abîmé. De plus en plus, il échappe à nos prises , comme la société même qui le prépare et que nous laissons « se dével
64 ccusez — vous décidez de le renverser. Mais où le prendrez -vous, sinon dans votre cœur naturel ? Que l’avenir soit notre affaire
10 1977, L’Avenir est notre affaire. Repartir de l’homme — Passage de la personne à la cité
65 convertis. Ainsi de la communauté sociale : elle prend racine dans la condition même de l’homme et pas ailleurs, dans ses be
66 mpliquent une véritable déification de l’État. Il prend les attributs de l’absolu, devient comme Dieu son propre référentiel,
67 main sur toute la Terre. Il s’agit, au fait et au prendre , de l’expression à tous les degrés, dans toutes ses articulations, mo
68 sur les besoins de la société, l’instrumental est pris pour normatif et les moyens de son pouvoir se substituent aux fins co
69 e convenir au mieux à la société industrielle qui prenait son essor dans le même temps. Ses structures centralisées étaient et
11 1977, L’Avenir est notre affaire. Repartir de l’homme — Les variétés de l’expérience communautaire
70 lle l’Ordre et son régime, n’étant plus électifs, prendraient en fait les caractères de tout État totalitaire, antipersonnaliste pa
71 nce. La troisième règle ou condition à respecter prend son nom dans les Lettres de saint Paul : c’est la diversité des dons
72 ce de toute participation, le lieu même où ce mot prend son sens. Là vont se décider de grands objets, l’union de l’Europe et
73 it l’attendre, là où des hommes et des femmes ont pris conscience qu’ils en étaient le plus nécessiteux. Que font les CPB ?
74 la possibilité pour n’importe quel spectateur de prendre la parole et d’être vu partout. La technique va sans doute y pourvoir
75 rement politiques entre les décisions concrètes à prendre ici et les finalités de la société en général. Or, en fait, ces probl
76 rticipation des citoyens à tous les niveaux où se prennent les décisions. » 156. André Holleaux, « La TV communautaire au Québ
12 1977, L’Avenir est notre affaire. Repartir de l’homme — Que tout appelle les régions
77 vité n’a guère de sens au niveau national et n’en prend qu’à l’échelon de la région, qu’elle contribue d’ailleurs à identifie
78 ique ou sociopolitique — quoique sans nul pouvoir prennent de l’autorité. On va les écouter, car elles ont beaucoup mieux que de
79 andidates aux élections locales et nationales ont pris la tête partout où ils s’étaient engagés à soutenir les mesures deman
80 at et tous ceux qui partagent leurs goûts (qu’ils prennent pour les réalités), se refusent à considérer je ne dis pas la possibi
13 1977, L’Avenir est notre affaire. Repartir de l’homme — Les variétés de l’expérience régionale
81 isifs de la région, j’entends les possibilités de prises concrètes du citoyen sur la chose publique, tant par ses initiatives
82 sées par les fédéralistes ? Je serai le dernier à prendre à la légère une confusion qui porte en fait sur la définition même de
83 leure qu’on puisse imaginer dans une époque qui a pris pour thèmes majeurs la décolonisation, le droit de libre disposition
84 sme et capitalisme, PNB et bonheur des masses. Je prends ici le terme en son sens le plus large de système des échanges et des
14 1977, L’Avenir est notre affaire. Repartir de l’homme — L’autogestion politique
85 n les décisions qui les concernent et qui ont été prises sans eux. » Disons en termes simples que l’autogestion, c’est d’abord
86 dministrative que d’accroître les libertés et les prises de responsabilités civiques. Elle ne serait à aucun titre un modèle n
87 épuisement des ressources naturelles) tacitement pris en charge par l’État, se verraient « partagés » avec les contribuable
88 oyens et citoyennes d’une région, c’est l’idée de prendre en main leurs destinées, c’est la volonté de recouvrer leur autonomie
89 ne panacée ? On dira oui, je crois, quand on aura pris le soin de vérifier ce qui suit : — que la région, dans tous les élém
90 s unique par définition, puisqu’il n’existe et ne prend nom qu’en tant qu’il diffère des voisins, pays concret par excellence
15 1977, L’Avenir est notre affaire. Repartir de l’homme — Stratégie
91 ntithèse. La vraie fédération des Suisses n’a pas pris neuf mois pour se faire, mais cinq siècles. La Suisse est le produit
92 t fixer à ce niveau les pouvoirs de décision184. Prenons l’exemple de l’information : c’est le facteur principal, désormais, d
93 largement irréversible, par les mesures que nous prendrons dès aujourd’hui et dans les dix ou quinze années qui viennent. Il est
94 Le civisme commence au respect des forêts. «  Prendre le pouvoir » Quinze ans, à supposer que l’on commence tout de suit
95 contre l’histoire, contre les faits, mais bien de prendre le pouvoir, c’est-à-dire de prévoir dès maintenant, comment cela va s
96 les réalités proprement politiques d’aujourd’hui. Prenons l’exemple désormais classique du premier et très bref mémo de J. W. F
97 . L’acte politique par excellence va consister à prendre , au nom de l’humanité, un ensemble organique de décisions conservatoi
98 é des chefs des agences fédérales sera capable de prendre de telles décisions. Or, il n’y aura de gouvernement européen que sur
99 de la Révolution : « renverser le pouvoir » et «  prendre le pouvoir ». Double erreur radicale qui a fait échouer les élans les
100 ils ont cru y arriver, c’est le pouvoir qui les a pris . Car on ne peut prendre un pouvoir détesté qu’en se coulant dans ses
101 , c’est le pouvoir qui les a pris. Car on ne peut prendre un pouvoir détesté qu’en se coulant dans ses structures, mais dès lor
102 s rois de France. Quel pouvoir Lénine eût-il pu «  prendre  » en octobre 1917 ? Celui de Kerenski ? Il n’y avait rien à prendre.
103 re 1917 ? Celui de Kerenski ? Il n’y avait rien à prendre . Celui des Soviets ? Lénine n’y croyait pas et fit tout pour l’élimin
104 me l’arme nucléaire, à des pacifistes convaincus. Prendre le pouvoir est un leurre, soit qu’il n’existe plus assez et vous ne p
105 leurre, soit qu’il n’existe plus assez et vous ne prenez rien, ou trop encore, et c’est vous qui êtes pris. Il reste donc à le
106 enez rien, ou trop encore, et c’est vous qui êtes pris . Il reste donc à le créer. À l’image de la société où l’on veut vivre
107 ociété où l’on veut vivre. Le pouvoir que l’on prend sur soi-même La vision d’une Europe des régions instaurée en dix à
108 s importe au bout du compte : le pouvoir que l’on prend sur soi-même car il est synonyme de liberté mais aussi de responsabil
109 uelque quarante-cinq régions qui sont en train de prendre forme et relief, et de « se reconnaître » elles-mêmes dans l’Europe d
110 rels. Ces liens à travers les frontières pourront prendre la forme d’Associations et s’étendre à tout le continent. Rien n’empê
16 1977, L’Avenir est notre affaire. Conclusion. « Sentinelle, que dis-tu de la nuit ? »
111 tique par excellence allait consister désormais à prendre des mesures conservatoires de l’Humain, quelqu’un demanda : « Pourquo
112 . Toute pensée créatrice est du wishful thinking, prend nos désirs pour des réalités, jusqu’à ce que ces désirs créent ces ré
113 ne rénovation de l’aventure d’être homme, si elle prend naissance dans notre cœur.   Écoutons maintenant le cri sublime : De