1 1939, L’Amour et l’Occident. Le mythe de Tristan
1 immoralismes qui en vivent, aux moments les plus purs d’un drame, il arrive qu’on voie transparaître en filigrane cette for
2 omme impuissant et ravi pour le consumer d’un feu pur  ; et qu’il est plus fort et plus vrai que le bonheur, la société et l
3 xiie siècle, était devenu pour les seigneurs une pure et simple occasion de s’enrichir, et d’annexer des terres données en
4 uteur.) Supposez au contraire cette volonté toute pure , il n’y aura plus d’invraisemblance possible : c’est le cas du conte.
5 plus récents de MM. E. Muret et E. Vinaver. 7. «  Pur belté e pur nun d’Isolt » (Thomas). 8. Toutefois, dans l’édition Béd
6 de MM. E. Muret et E. Vinaver. 7. « Pur belté e pur nun d’Isolt » (Thomas). 8. Toutefois, dans l’édition Bédier du poème
2 1939, L’Amour et l’Occident. Les origines religieuses du mythe
7 qui a trouvé du côté de l’Asie ses plus hautes et pures expressions. J’entends parler d’une forme de mystique à la fois duali
8 provençale, une image fidèle de la réalité et un pur assemblage de formules vides de sens. » Certes. Mais là-dessus, l’aut
9 Mineure et de Bulgarie. Quoi qu’il en soit, les «  purs  » ou cathares se rattachaient aux grands courants gnostiques qui trav
10 marier et de vivre dans le monde condamné par les purs , sans s’astreindre à tous les préceptes de la morale ésotérique : mor
11 s chrétiens que les leurs, et leurs mœurs étaient pures … » Ce jugement rachète en partie les calomnies de l’Inquisition. Mais
12 e toute espèce d’exagération enthousiaste. Est-ce pure coïncidence, si les troubadours comme les cathares glorifient l’amour
13 oujours l’exercer — la vertu de chasteté ? Est-ce pure coïncidence, si, comme les « purs », ils ne reçoivent de leur Dame qu
14 asteté ? Est-ce pure coïncidence, si, comme les «  purs  », ils ne reçoivent de leur Dame qu’un seul baiser d’initiation ? Et
15 s vivent de préférence à la manière errante des «  purs  » qui s’en allaient deux par deux sur les routes ? Et si les cours où
16 ncernant la minesola 45, suprême initiation des «  purs  ». La fréquence même de cette question débattue dans les cours d’amou
17 ns-en aux textes, et considérons-les dans la très pure nudité et transparence de leur adamantine rhétorique. ⁂ Thème de la m
18 omme à Dante, son disciple, en un couplet du plus pur provençal : Jeu sui Arnautz, che plor e vai cantan… ⁂ L’Église de R
19 ffire à la tâche d’extirper les racines vivantes, pures et impures, de la révolte. Au culte symbolique de la Femme, le clergé
20 fonds celtibérique que l’hérésie chrétienne des «  purs  » a puisé, selon Rahn, certains traits de sa mythologie. Que celle-ci
21 enne, il a trahi l’Amour mystique, il n’est pas «  pur  ». Seuls les « purs » et les vrais « sauvages » comme Bohor, Perceval
22 Amour mystique, il n’est pas « pur ». Seuls les «  purs  » et les vrais « sauvages » comme Bohor, Perceval et Galaad parviendr
23 nfusion moderne entre la passion de Tristan et la pure sensualité. Quelques citations de Thomas, le plus conscient des cinq
24 a portée de cette condamnation du mariage dans la pure doctrine cathare, en renvoyant aux déclarations de saint Paul sur les
3 1939, L’Amour et l’Occident. Passion et mystique
25 vie mystique. Certains « moments » relèvent de la pure tradition cathare, d’autres peuvent être rapprochés d’une expérience
26 n, c’est l’hérésie, c’est la vertu mystique des «  purs  », c’est une vertu, selon les auteurs de la légende. Et la faute n’es
27 rfois embrase le sang, il enfreint la règle des «  purs  ». Le baiser symbolique, il le ravit par force, il le profane. Et voi
28 nicien, sait dire en termes magnifiques que l’âme pure est le lieu de rédemption des créatures dénaturées par le péché. « To
29 quer » le plus élevé par le plus bas, la mystique pure par la passion humaine. Elle a fondé cette « science » nouvelle sur l
30 tique universelle. Ils seront d’ailleurs rarement purs dans telle ou telle œuvre donnée. Même chez les représentants les plu
31 de transe, d’accéder à une lucidité toujours plus pure et audacieuse, de vérifier même les plus hautes grâces par leurs répe
4 1939, L’Amour et l’Occident. Le mythe dans la littérature
32 mondanisés, n’évoque-t-elle pas la révolte des «  purs  » contre la féodalité et le clergé ? Deux poèmes de Milton, qu’il écr
33 hélas, en une formule : la mystique se dégrade en pure psychologie. Le Roman devient l’objet d’une littérature raffinée. D’U
34 Il n’y eut plus qu’une dernière flamme, mince et pure , qui s’appelle la Princesse de Clèves. La mort s’y atténue en séparat
35 es deux derniers mots : « … et l’éteindre » étant pur artifice de rhétorique, destiné à persuader le lecteur, ou Cléandre,
36 our par force un amour par devoir. C’est le plus pur langage courtois. Mais voyez la curieuse contradiction : auparavant,
37 ontradictoire. Don Juan, c’est à la fois l’espèce pure , la spontanéité de l’instinct, et l’esprit pur dans sa danse éperdue
38 e pure, la spontanéité de l’instinct, et l’esprit pur dans sa danse éperdue au-dessus de la mer des possibles. C’est l’infi
39 opposition : Don Juan est le démon de l’immanence pure , le prisonnier des apparences du monde, le martyr de la sensation de
40 it, le martyr d’un ravissement qui se mue en joie pure à la mort. On peut noter encore ceci : Don Juan plaisante, rit très h
41 ons l’un à l’autre ces extrêmes : la femme-idéal, pur symbole d’un Amour qui entraîne l’amour au-delà des formes visibles ;
42 cet inconnu : la poésie : Et voici que jaillit, pur feu céleste qui réchauffe et éclaire sans consumer, toute la félicité
43 et de leur mystique fut composé par l’un des plus purs romantiques : c’est l’épopée des albigeois de Lenau. On peut y lire c
44 ans les espaces d’une autre vie, » c’est le chant pur de la passion de la Nuit. Mais il n’est point d’aube mystique à l’hor
45 la naïveté, la vulgarité foisonnante que les plus purs poètes allemands savaient goûter malgré leur nostalgie152. René s’amu
46 amour comme « une maladie de l’esprit » — dans la pure tradition antique, sauf qu’il s’affirme heureux d’être malade. Le voi
47 unique du sacrement cathare, le consolamentum des Purs  ! Dès cet instant, les lois du jour, la haine, l’honneur et la vengea
48 fait de l’Évangile un prétexte à massacrer les «  purs  ». 119. Ai-je dit que la chevalerie d’amour méridionale se distingua
5 1939, L’Amour et l’Occident. Amour et guerre
49 hui dans les annonces matrimoniales. La sexualité pure n’intervenait que pour « troubler » ces petits calculs et ces « beaux
50 par l’impression produite sur les sens que par la pure réflexion. La masse est peu accessible aux idées abstraites. Par cont
6 1939, L’Amour et l’Occident. Le mythe contre le mariage
51 ment le jugement porté sur l’adultère. Certes, la pure doctrine cathare ne prétendait pas légitimer la faute en soi, puisqu’
52 tel qu’on l’imagine de nos jours est la négation pure et simple du mariage que l’on prétend fonder sur lui. C’est qu’on ne
7 1939, L’Amour et l’Occident. L’Amour action, ou de la fidélité
53 r sitôt que le serpent au sang-froid — le cynique pur  — insinue sa promesse éternellement trahie : eritis sicut dei. Infini
54 oit à son œuvre —, soit du point de vue spirituel pur , pour ceux qui croient. Il n’est possible alors d’affirmer le mariage
55 oyen de dépasser notre dilemme ne saurait être la pure et simple négation de l’un de ses termes. Je l’ai dit et j’y insiste
56 nous heurtons ici à l’extrême limite, à l’origine pure de la passion, — mais du même coup nous sommes jetés au cœur même de
8 1939, L’Amour et l’Occident. Appendices
57 « dura toujours l’amour de Girard et d’Elissent, pur de tout reproche, sans qu’il y eût entre eux autre chose que bon voul