1 1939, L’Amour et l’Occident. Avertissement
1 ires : le deuxième tente de remonter aux origines religieuses du mythe, tandis que les suivants décrivent ses effets dans les domai
2 mme un phénomène historique, d’origine proprement religieuse . Or les hommes, et les femmes, tolèrent fort bien que l’on parle d’am
2 1939, L’Amour et l’Occident. Le mythe de Tristan
3 sent les règles de conduite d’un groupe social ou religieux . Ils procèdent donc de l’élément sacré autour duquel s’est constitué
4 clairement un certain nombre de faits sociaux ou religieux , ou de relations affectives, que l’on tient cependant à conserver, ou
5 ue » d’allure commerciale de ce qui fut un secret religieux … Il faut s’attaquer à tout cela, fût-ce même pour sauver le mythe des
6 une remonte vers les arrière-plans historiques et religieux du mythe, — l’autre descend du mythe jusqu’à nos jours. Parcourons-le
3 1939, L’Amour et l’Occident. Les origines religieuses du mythe
7 Livre IILes origines religieuses du mythe 1.L’« obstacle » naturel et sacré Nous sommes tous pl
8 Désir total, c’est l’Aspiration lumineuse, l’élan religieux originel porté à sa plus haute puissance, à l’extrême exigence de pur
9 pothèse d’une communauté originelle des croyances religieuses en Orient et en Occident. ⁂ Bien avant Rome, les Celtes avaient conqu
10 parenté »16. Les druides formaient des confréries religieuses douées de pouvoirs très étendus. Ils étaient à la fois devins, magici
11 e l’infini et du fini, mais surtout pour l’esprit religieux naturel. Toutes les religions connues tendent à sublimer l’homme, et
12 u’il était ? Le salut n’étant qu’au-delà, l’homme religieux se détournait des créatures ignorées par son dieu. Mais Dieu ne s’est
13 . Et j’appellerai « occidentale » une conception religieuse qui à vrai dire nous est venue du Proche-Orient, mais qui n’a triomph
14 du monde et de soi. L’identification des éléments religieux dont nous avions décelé la présence dans le mythe nous amène donc à c
15 l’origine de la lyrique provençale des influences religieuses , néo-platoniciennes et chrétiennes dénaturées… Mais ces « affirmation
16 al » au sens moderne, mais bien dans l’atmosphère religieuse qui se trouvait déterminer les formes, même sociales, de ce milieu35.
17 es ses manifestations, saturée de représentations religieuses . Pas de choses ou d’actions, si ordinaires soient-elles, dont on ne c
18 s dans cette atmosphère de saturation, la tension religieuse , l’idée transcendentale, l’élan vers le sublime, ne peuvent être touj
19 out ce qui était destiné à stimuler la conscience religieuse dégénère en profane banalité, en choquant matérialisme à prétentions
20 marque un peu plus loin que « la naïve conscience religieuse de la multitude n’avait pas besoin de preuves intellectuelles en mati
21 ecteur ») consistait alors à recouvrir une pensée religieuse d’un vêtement profane, à appliquer à l’amour divin les formules consa
22 la lyrique courtoise une expression de sentiments religieux de l’époque58, Jeanroy écrit : « Dans ces affirmations hardies, il y
23 « Il est certain — doit-il avouer — que les idées religieuses d’une époque influent généralement sur la conception qu’on se fait de
24 es du Moyen Âge ne sont qu’un reflet de ses idées religieuses  » ? Et pourquoi vouloir à tout prix que les poèmes des troubadours co
25 mes et femmes (?), des excès sensuels. Or, si les religieux ne se sont pas tus par modestie, ce qui ne me paraît pas croyable de
26 ens précis que je donne à ce mot — sont d’origine religieuse et mystique, il est certain qu’elles se trouvent flatter, par cela mê
27 qu’il n’en faut pour justifier mon interprétation religieuse du mythe courtois de la passion. Pour nous faciliter une représentati
28 manistes ont coutume d’opposer à l’interprétation religieuse de l’art courtois. Or il se trouve que dès le ixe siècle, une synthè
29 neure et de plus, s’était exprimée par une poésie religieuse dont les métaphores érotiques offrent les plus frappantes analogies a
30 un Sohrawardi, d’un al-Hallaj, ait été le martyre religieux au sommet de la joy d’amor : Al-Hallaj se rendait au supplice en ria
31 upposer que les mêmes causes — les mêmes courants religieux  — produisirent les mêmes effets ici et là, sans transmission directe.
32 ndis que le développement tragique de la doctrine religieuse détermine à lui seul la courbe puissante et simple du récit. Mais en
33 en ce sens qu’on y trouve incorporés des éléments religieux et mythiques d’origine très nettement celtique, bien plus nombreux et
34 À vrai dire, le pouvoir poétique de ces éléments religieux était tel qu’on s’explique assez bien leur survivance, même dans un m
35 se au cycle courtois non par des voies proprement religieuses , mais par le culte plus profane des héros et de leurs prouesses, remp
36 fin, l’amour celtique (en dépit de la sublimation religieuse de la femme par les druides) est avant tout l’amour sensuel84. Le fai
37 légendes cet amour s’oppose secrètement à l’amour religieux orthodoxe, et se voit donc contraint de s’exprimer par des symboles é
38 ésion qu’apporte la mystique cathare aux éléments religieux , sociologiques ou épiques, hérités du vieux fond breton. Ce principe,
39 e de Thomas.)85 ⁂ Un fonds celtique de légendes religieuses — d’ailleurs très anciennement commun au Midi languedocien et ibériqu
40 n’y a pas moins que le conflit de deux traditions religieuses , c’est-à-dire une décision que nous prenons presque toujours inconsci
41 iconoclaste dont il espérait voir sortir l’unité religieuse de l’Empire oriental-occidental. Son échec est significatif. 26. J.
42 it absurde, c’est-à-dire qui n’aurait pas de sens religieux et de situation précise dans l’ensemble des valeurs qu’il connaît. 5
43 ci encore, au moins à l’origine, tout est symbole religieux , et non pas traduction de relations humaines. Toutefois, le narcissis
4 1939, L’Amour et l’Occident. Passion et mystique
44 psychologique de l’aventure. Mais voici l’aspect religieux  : ce hasard aussitôt irrévocable, mais dont on distingue après coup q
45 le droit d’opérer ce rapprochement entre un génie religieux du premier ordre et un poème où l’élément mystique revêt les formes l
46 ait que cela, ce serait alors tout l’arrière-plan religieux de la légende qu’il faudrait nier ou négliger, en dépit de l’évidence
47 d’images, de noms et de situations tiré du fonds religieux des Celtes, donc d’une religion déjà morte, de même notre littérature
48 age de la passion Le fait central de toute vie religieuse de forme et de contenu chrétiens, c’est l’événement de l’Incarnation.
49 agnes complètement dévêtus et chantant des hymnes religieux  »102. On les accusa naturellement d’exhibitionnisme et de communisme
50 ue.109 » Nous savons d’autre part que les auteurs religieux dont elle faisait sa nourriture intellectuelle étaient tous fortement
51 nt, où est la censure, lorsque Thérèse écrit à un religieux qui se plaint de ressentir une émotion des sens chaque fois qu’il ent
5 1939, L’Amour et l’Occident. Le mythe dans la littérature
52 figuré par l’exigence morale, et non plus du tout religieuse . Ce n’est plus une ascèse mystique, mais un raffinement de l’esprit,
53 patarins » aux orthodoxes ? ⁂ En marge des luttes religieuses du siècle, qui refoulaient les anciennes hérésies dans une obscurité
54 tionnel » que nos mœurs se séparent des croyances religieuses (comme l’avait proposé Confucius) et, sans que nul paraisse y prendre
55 elle nous rend désirable notre perte. Écoutons la Religieuse portugaise, Mariana Alcoforado, comme elle écrit à l’homme qui l’a sé
56 jugé social et des exigences d’une vertu déclarée religieuse par opportunité. Mais on distingue les mobiles inavoués de la confusi
57 ontaire, amoureuse et divinisante, voilà le thème religieux le plus profond de cette nouvelle hérésie albigeoise que fut le roman
58 ecret mélancolique de l’amant ou quelque scrupule religieux , enfin le narcissisme avoué… Intériorisation progressive du mythe, à
59 ue — de sa nature purement intime et subjective. ( Religieuse dans le cas de Gide, quasi physiologique dans celui de Proust.) Paral
60 e repose sur des bases financières160 et non plus religieuses ou morales. À dire vrai, les seuls écarts considérés comme intolérabl
61 rs la lumière Mon âme délivrée ! Et le chœur des religieuses reprend : Qu’ils se reposent de leur labeur Et de leur douloureux am
6 1939, L’Amour et l’Occident. Amour et guerre
62 ont reliés désir et guerre. Mais ni cette origine religieuse , ni cette complicité physiologique des instincts de combat et de proc
63 ilitaire revêt à cette époque une valeur d’absolu religieux . Il est fréquent qu’on se laisse tuer pour respecter des conventions
64 omme le témoigne à propos du tournois de 1389, le Religieux de Saint-Denis, et sur la foi de celui-ci, Jean Juvénal des Ursins. »
7 1939, L’Amour et l’Occident. Le mythe contre le mariage
65 x morales, dont l’une est héritée de l’orthodoxie religieuse , mais ne s’appuie plus sur une foi vivante, et dont l’autre dérive d’
66 on appelle le bonheur des époux. 3. — Contraintes religieuses Dans la mesure où la conscience moderne comme telle sait encore disti
67 , elle le repousse avec horreur. Car l’engagement religieux est pris « pour le temps et l’éternité », c’est-à-dire qu’il ne tient
68 s siècles et toute l’échelle qui va de l’héroïsme religieux à la confusion sans grandeur où se débattent les hommes du temps prof
69 us les moyens spectaculaires, pédagogiques, voire religieux , on opéra cet énorme transfert (dont je parlais au Livre VI) qui cons
8 1939, L’Amour et l’Occident. L’Amour action, ou de la fidélité
70 mne enfin ce mariage, suprême obstacle du « stade religieux  », puisqu’il nous lie au temps, précisément, quand la foi veut l’éter
71 e signe. ⁂ C’est en fin de compte dans l’attitude religieuse des Occidentaux, et dans l’institution la plus typique de leur morale
9 1939, L’Amour et l’Occident. Appendices
72 e médiévale en général est saturée de conceptions religieuses . De la même manière, dans une sphère plus restreinte, la pensée de to
73 t directement (Livre II, chap. 2 et 9) aux cycles religieux occidentaux. Il en va tout autrement des Indes, de la Chine, du Tibet
74 aires. Mais il reste que l’histoire littéraire et religieuse n’a fait que confirmer, plus tard, l’exactitude de bien des vues cent
75 les parents de Tristan) accumule les expressions religieuses les plus insistantes : Alors la vraie Minne La fougueuse déesse Le p
76 oulèvements et émeutes occasionnés par le conflit religieux . D’autre part, on sait bien que saint François avait été le disciple