1 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Avertissement
1 ires : le deuxième tente de remonter aux origines religieuses du mythe, tandis que les suivants décrivent ses effets dans les domai
2 mme un phénomène historique, d’origine proprement religieuse . Or les hommes, et les femmes, tolèrent fort bien que l’on parle d’am
2 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Le mythe de Tristan
3 sent les règles de conduite d’un groupe social ou religieux . Ils procèdent donc de l’élément sacré autour duquel s’est constitué
4 clairement un certain nombre de faits sociaux ou religieux , ou de relations affectives, que l’on tient cependant à conserver, ou
5 ue » d’allure commerciale de ce qui fut un secret religieux … Il faut s’attaquer à tout cela, fût-ce même pour sauver le mythe des
6 une remonte vers les arrière-plans historiques et religieux du mythe, — l’autre descend du mythe jusqu’à nos jours. Parcourons-le
3 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Les origines religieuses du mythe
7 Livre IILes origines religieuses du mythe 1.L’« obstacle » naturel et sacré Nous sommes tous pl
8 Désir total, c’est l’Aspiration lumineuse, l’élan religieux originel porté à sa plus haute puissance, à l’extrême exigence de pur
9 pothèse d’une communauté originelle des croyances religieuses en Orient et en Occident. ⁂ Bien avant Rome, les Celtes avaient conqu
10 parenté »12. Les druides formaient des confréries religieuses douées de pouvoirs très étendus. Ils étaient à la fois devins, magici
11 e l’infini et du fini, mais surtout pour l’esprit religieux naturel. Toutes les religions connues tendent à sublimer l’homme, et
12 u’il était ? Le salut n’étant qu’au-delà, l’homme religieux se détournait des créatures ignorées par son dieu. Mais le Dieu des c
13 d. Et j’appellerai « occidentale » une conception religieuse qui à vrai dire nous est venue du Proche-Orient mais qui n’a triomphé
14 du monde et de soi. L’identification des éléments religieux dont nous avions décelé la présence dans le mythe nous amène donc à c
15 l’origine de la lyrique provençale des influences religieuses , néo-platoniciennes et chrétiennes dénaturées… Mais ces « affirmation
16 al » au sens moderne, mais bien dans l’atmosphère religieuse qui se trouvait déterminer les formes, même sociales, de ce milieu.28
17 cret et symbolique, ou si l’on veut littéraire et religieux . Les données du problème sont, en gros, les suivantes. D’une part, l’
18 ns maintenant au mystère d’une passion proprement religieuse , d’une conception mystique fortement attestée dans la vie même des âm
19 es ses manifestations, saturée de représentations religieuses . Pas de choses ou d’actions, si ordinaires soient-elles, dont on ne c
20 s dans cette atmosphère de saturation, la tension religieuse , l’idée transcendantale, l’élan vers le sublime, ne peuvent être touj
21 out ce qui était destiné à stimuler la conscience religieuse dégénère en profane banalité, en choquant matérialisme à prétentions
22 marque un peu plus loin que « la naïve conscience religieuse de la multitude n’avait pas besoin de preuves intellectuelles en mati
23 difficile résultant à la fois de la condamnation religieuse portée sur la sexualité par les Parfaits, et de la révolte naturelle
24 ecteur ») consistait alors à recouvrir une pensée religieuse d’un vêtement profane, à appliquer à l’amour divin les formules consa
25 la lyrique courtoise une expression de sentiments religieux de l’époque53, Jeanroy écrit : « Dans ces affirmations hardies, il y
26 « II est certain — doit-il avouer — que les idées religieuses d’une époque influent généralement sur la conception qu’on se fait de
27 es du Moyen Âge ne sont qu’un reflet de ses idées religieuses  » ? Et pourquoi vouloir à tout prix que les poèmes des troubadours co
28 mes et femmes (?), des excès sensuels. Or, si les religieux ne se sont pas tus par modestie, ce qui ne me paraît pas croyable de
29 ens précis que je donne à ce mot — sont d’origine religieuse et mystique, il est certain qu’elles se trouvent flatter, par cela mê
30 me courtois fut au moins inspiré par l’atmosphère religieuse du catharisme57. C’est là une thèse minimum en apparence. Mais sitôt
31 manistes ont coutume d’opposer à l’interprétation religieuse de l’art courtois. Or il se trouve que, dès le ixe siècle, une synth
32 abie, et de plus, s’était exprimée par une poésie religieuse dont les métaphores érotiques offrent les plus frappantes analogies a
33 d’un Sohrawardi, d’un Hallaj, ait été le martyre religieux au sommet de la joy d’amour : Al-Hallaj se rendait au supplice en ri
34 elles de l’Histoire. D’une part, un grand courant religieux manichéen, qui avait pris sa source en Iran, remonte par l’Asie Mineu
35 iaison profonde entre la cortezia et l’atmosphère religieuse du catharisme. On aura sans doute remarqué que je n’indiquais plus ha
36 ions possibles entre une mystique, une conception religieuse , ou simplement une théorie de l’homme — et une forme lyrique détermin
37 ccident moderne, et pour notre conduite morale et religieuse . Je vais donc poser quelques faits, comme un piège. J’éviterai à la f
38 reflet des mœurs », mais seulement « un hommage «  religieux  » (et formaliste) rendu par l’imperfection à la perfection », c’est-à
39 une Europe tout entière enfin, où les passions «  religieuses  » et la théologie n’occupaient tout de même pas le plus clair de la v
40 tant hindouiste que bouddhiste, une école ou mode religieuse dont l’influence s’épanouira pendant des siècles. « Du point de vue f
41 e sacrée, une incarnation de la Mère. L’apothéose religieuse de la femme est commune d’ailleurs à tous les courants mystiques du M
42 ndis que le développement tragique de la doctrine religieuse détermine à lui seul la courbe puissante et simple du récit. Mais en
43 en ce sens qu’on y trouve incorporés des éléments religieux et mythiques d’origine très nettement celtique, bien plus nombreux et
44 À vrai dire, le pouvoir poétique de ces éléments religieux était tel qu’on s’explique assez bien leur survivance, même dans un m
45 se au cycle courtois non par des voies proprement religieuses , mais par le culte plus profane des héros et de leurs prouesses, remp
46 fin, l’amour celtique (en dépit de la sublimation religieuse de la femme par les druides) est avant tout l’amour sensuel89. Le fai
47 légendes cet amour s’oppose secrètement à l’amour religieux orthodoxe, et se voit donc contraint de s’exprimer par des symboles é
48 ion qu’apporte la mystique courtoise aux éléments religieux , sociologiques ou épiques, hérités du vieux fond breton. Ce principe,
49 texte de Thomas.) ⁂ Un fonds celtique de légendes religieuses — d’ailleurs très anciennement commun au Midi languedocien et ibériqu
50 oup mieux que ses modèles l’importance proprement religieuse du mythe dualiste de Tristan. Mais aussi, pour la même raison, il avo
51 noncée, ne fut jamais écrite — est à la fois plus religieux et plus sensuel que ceux de Béroul et de Thomas. Et surtout, il dit e
52 trés par le mythe sur l’arrière-plan psychique et religieux du xiie siècle, toutes les confusions de l’amour deviennent mieux qu
53 e que sa forme, c’est le contenu philosophique et religieux du poème de Gottfried que Wagner va ressusciter par l’opération music
54 n’y a pas moins que le conflit de deux traditions religieuses , c’est-à-dire une décision que nous prenons presque toujours inconsci
55 it absurde, c’est-à-dire qui n’aurait pas de sens religieux et de situation précise dans l’ensemble des valeurs qu’il connaît. 5
56 ci encore, au moins à l’origine, tout est symbole religieux ou féodal, autant ou plus que traduction de relations humaines. Toute
57 dant des centaines de pages entre les conceptions religieuses de Gottfried et les doctrines d’Augustin, de Bernard, d’Hughes de Sai
4 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Passion et mystique
58 psychologique de l’aventure. Mais voici l’aspect religieux  : ce hasard aussitôt irrévocable, mais dont on distingue après coup q
59 le droit d’opérer ce rapprochement entre un génie religieux du premier ordre et un poème où l’élément mystique revêt les formes l
60 ait que cela, ce serait alors tout l’arrière-plan religieux de la légende qu’il faudrait nier ou négliger, en dépit de l’évidence
61 d’images, de noms et de situations tiré du fonds religieux des Celtes, donc d’une religion déjà morte, de même notre littérature
62 age de la passion Le fait central de toute vie religieuse de forme et de contenu chrétiens, c’est l’événement de l’Incarnation.
63 agnes complètement dévêtus et chantant des hymnes religieux  »110. On les accusa naturellement d’exhibitionnisme et de communisme
64 ue. »117 Nous savons d’autre part que les auteurs religieux dont elle faisait sa nourriture intellectuelle étaient tous fortement
65 nt, où est la censure, lorsque Thérèse écrit à un religieux qui se plaint de ressentir une émotion des sens chaque fois qu’il ent
5 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Le mythe dans la littérature
66 figuré par l’exigence morale, et non plus du tout religieuse  : Ce n’est plus une ascèse mystique, mais un raffinement de l’esprit,
67 patarins » aux orthodoxes ? ⁂ En marge des luttes religieuses du siècle, qui refoulaient les anciennes hérésies dans une obscurité
68 tionnel » que nos mœurs se séparent des croyances religieuses (comme l’avait proposé Confucius) et, sans que nul paraisse y prendre
69 elle nous rend désirable notre perte. Écoutons la Religieuse portugaise, Mariana Alcoforado, comme elle écrit à l’homme qui l’a sé
70 jugé social et des exigences d’une vertu déclarée religieuse par opportunité. Mais on distingue les mobiles inavoués de la confusi
71 ontaire, amoureuse et divinisante, voilà le thème religieux le plus profond de cette nouvelle hérésie albigeoise que fut le roman
72 cret mélancolique de l’amant, ou quelque scrupule religieux , enfin le narcissisme avoué… Intériorisation progressive du mythe, à
73 ue — de sa nature purement intime et subjective. ( Religieuse dans le cas de Gide, quasi physique dans celui de Proust.) Parallèlem
74 iale repose sur des bases financières et non plus religieuses ou morales. À dire vrai, les seuls écarts considérés comme intolérabl
75 rs la lumière Mon âme délivrée ! Et le chœur des religieuses reprend : Qu’ils se reposent de leur labeur Et de leur douloureux am
6 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Amour et guerre
76 ont reliés désir et guerre. Mais ni cette origine religieuse , ni cette complicité physiologique des instincts de combat et de proc
77 ilitaire revêt à cette époque une valeur d’absolu religieux . Il est fréquent qu’on se laisse tuer pour respecter des conventions
78 omme le témoigne, à propos du tournoi de 1389, le Religieux de Saint-Denis et, sur la foi de celui-ci, Jean Juvénal des Ursins. »
7 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Le mythe contre le mariage
79 x morales, dont l’une est héritée de l’orthodoxie religieuse , mais ne s’appuie plus sur une foi vivante, et dont l’autre dérive d’
80 on appelle le bonheur des époux. 3. — Contraintes religieuses . — Dans la mesure où la conscience moderne comme telle sait encore di
81 , elle le repousse avec horreur. Car l’engagement religieux est pris « pour le temps et l’éternité », c’est-à-dire qu’il ne tient
82 s siècles et toute l’échelle qui va de l’héroïsme religieux à la confusion sans grandeur où se débattent les hommes du temps prof
83 us les moyens spectaculaires, pédagogiques, voire religieux , on opéra cet énorme transfert (dont je parlais au livre V) qui consi
84 dain des convenances démodées de milieu social et religieux , d’éducation et de fortune. On pourrait certes imaginer de nouvelles
85 e de l’Assomption de la Vierge marque l’événement religieux le plus important depuis la Réforme. Voir aussi l’étude d’Henry Corbi
8 1939, L’Amour et l’Occident (1972). L’amour action, ou de la fidélité
86 mne enfin ce mariage, suprême obstacle du « stade religieux  », puisqu’il nous lie au temps, précisément, quand la foi veut l’éter
87 e signe. ⁂ C’est en fin de compte dans l’attitude religieuse des Occidentaux, et dans l’institution la plus typique de leur morale
9 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Appendices
88 e médiévale en général est saturée de conceptions religieuses . De la même manière, dans une sphère plus restreinte, la pensée de to
89 t directement (Livre II, chap. 2 et 9) aux cycles religieux occidentaux. Il en va tout autrement des Indes, de la Chine, du Tibet
90 aires. Mais il reste que l’histoire littéraire et religieuse n’a fait que confirmer, plus tard, l’exactitude de bien des vues d’Ar
91 les parents de Tristan) accumule les expressions religieuses les plus insistantes : Alors la vraie Minne La fougueuse déesse Le p
92 oulèvements et émeutes occasionnés par le conflit religieux . D’autre part, on sait bien que saint François avait été le disciple
93 finissant par constituer de nouvelles communautés religieuses . » Elles sont nombreuses — des centaines de mille, selon le pape Jean
10 1972, L’Amour et l’Occident (1972). Post-scriptum
94 oive son inspiration à la tradition littéraire et religieuse issue aux xiie et xiiie siècles des troubadours languedociens. Ce l
95 t interrogés sur l’atmosphère poétique, morale et religieuse de notre pays à travers les siècles. Mais la guerre va suspendre tôt
96 être compris séparément, hors du grand phénomène religieux (psychosocial si l’on y tient) qui les englobe et qui les porte du xi
97 , nous savons qu’il s’est formé dans l’atmosphère religieuse de Cologne, « bastion des Béghards hérétiques » (eux-mêmes héritiers
98 té cathares. » Nelli en conclut que « leurs idées religieuses n’ont eu, pratiquement, aucun retentissement sur le contenu de la lyr
99 les mêmes lieux, en Poitou, au sein du mouvement religieux conduit par Robert d’Arbrissel. Sur l’invention de l’amour au xiie
100 deux ou trois des nombreux aspects littéraires ou religieux , sociaux ou psychologiques du problème, mais beaucoup de ces thèses s
101 il ne cessera plus de rivaliser avec le sentiment religieux . Ce processus unique, d’où naît l’amour courtois, nous pouvons le sui
102 nnaires de Robert d’Arbrissel, il y a l’évolution religieuse du xie siècle en Aquitaine, la diffusion secrète puis les « succès »
103 lousain et comptera jusqu’à trois-mille moines et religieuses . Lettre de Robert : « Vous savez comment tout ce que j’ai érigé en ce
104 que j’ai érigé en ce monde, je l’ai fait pour les religieuses , et c’est à elles que j’ai offert toute la force de mes talents et ce
105 bbesse le pouvoir supérieur non seulement sur les religieuses (comme Héloïse l’avait au Paraclet dans le même temps) mais sur les h
106 st exact que Robert d’Arbrissel préconisait entre religieux et religieuse une sorte d’assays mystique, destiné à mettre à l’épreu
107 Robert d’Arbrissel préconisait entre religieux et religieuse une sorte d’assays mystique, destiné à mettre à l’épreuve dans un mêm
108 é de continence, on conçoit que Guillaume IX, peu religieux de tempérament, n’ait vu dans ces manœuvres qu’une aimable et hypocri
109 ment à Robert, allant plus loin dans l’engagement religieux que n’iront les « croyantes » du catharisme toulousain vers la fin de
110 dours et cathares, et ses implications morales et religieuses . — Ils veulent des preuves de type juridique (les preuves scientifiqu
111 spécificité des problèmes poétiques, mystiques et religieux . Ils croient que tout a toujours existé, et partout de la même manièr
112 poèmes latins, à la louange de nobles dames et de religieuses , de Marbode et de Baudry de Bourgueil, dont Régine Pernoud après Albe