1
pour un luxe, à la confondre avec la lecture des
romans
, c’est-à-dire avec ces brioches que la reine Marie-Antoinette conseil
2
omics et whisky. Il est vrai que nous copions vos
romans
et vos danses. Mais vous n’avez même pas le sens de la lutte des clas
3
n vers et en prose dès la fin du même siècle : le
Roman
de Tristan et Iseut. Du Midi des troubadours, inventeurs de notre lyr
4
tre lyrisme, au Nord des Trouvères, inventeurs du
roman
, puis à toute l’Europe littéraire, la transmission des thèmes, sujets
5
: nos plus grands érudits l’ont décrite. Mais le
roman
de Tristan ne fut pas imité par les seuls écrivains depuis près de hu
6
A. — Vous les dites créateurs, mais peu font des
romans
. Vos critiques comme les nôtres réservent aux romanciers, aux auteurs
7
nir. On le sent naître et balbutier déjà dans les
romans
de science-fiction, où la Terre, vue de loin, devient objet d’amour,
8
’Histoire, la décadence de la chevalerie dans les
romans
qui fondent son prestige. Et combien de passions sont nées à l’instan
9
te définition rend compte de la plupart des vrais
romans
, par quoi j’entends non point les meilleures œuvres qu’on est convenu
10
e, ou l’inverse. Ce qui est certain, c’est que le
roman
occidental n’a jamais décrit, jusqu’ici, de passion qui s’enflamme po
11
e et de la mort enthousiasmante. I. Trois vrais
romans
d’amour-passion, au xxe siècle Trois œuvres où transparaît l’arch
12
d’elles aussi a pu être décrite comme le dernier
roman
d’amour-passion de la littérature occidentale. Le Docteur Jivago de B
13
récautions. Voici la fiche archétypique des trois
romans
, telle que leurs auteurs mêmes auraient pu l’établir, en se plaçant p
14
cine. Le scandaleux héros (par antiphrase) de mon
roman
(éduqué en Europe, j’y insiste) n’épouse l’american way of life, en l
15
la guerre, puis à pire. Je l’ai dit dans un vaste
roman
dont le personnage central, Ulrich von X., qui me ressemble comme un
16
e lui dis pourtant mon amour sous le couvert d’un
roman
plein d’allusions et de symboles qu’elle comprendra. Et voici que l’o
17
rale commune, la Société ou le Régime — ces trois
romans
trahissent une même ambiguïté quant à la vraie nature, sinon de leur
18
ène inverse qui se produit à la lecture des trois
romans
: vous regardez longuement ce visage de femme et, peu à peu, c’est un
19
texte. Comme le fera voir l’application aux trois
romans
de l’analyse mythologique proposée par L’Amour et l’Occident . II
20
pas voiler ni excuser le caractère scandaleux du
roman
, car il apparaît essentiel, et l’auteur ne manque pas une occasion de
21
ore (avec l’inceste), il n’y aurait ni passion ni
roman
véritables, au sens « tristanien » de ces termes. Car il manquerait e
22
instant les différences profondes qui séparent ce
roman
sarcastique et pétulant de la sombre épopée, simple et drue, d’un Bér
23
t drue, d’un Béroul. Qu’on ne s’y trompe pas : le
roman
de Tristan n’était pas moins choquant au xiie siècle que ne l’est au
24
uteur en a-t-il conscience ? Certains épisodes du
roman
le donnent à croire, allusions aux péripéties et situations les plus
25
r compensation le ton « férocement facétieux » du
roman
, son réalisme impitoyable et ses plaisanteries un peu folles, sauvées
26
imé le narrateur, si elle avait été son Iseut, le
roman
réaliste eût fait place au poème et la satire sociale au lyrisme inté
27
le mais aussi de tout horizon spirituel réduit le
roman
aux dimensions d’un tableau de mœurs à la Hogarth. On partage les irr
28
ieux de chercher pourquoi l’époque où se passe le
roman
de Musil — veille de la guerre de 1914 — connut peut-être les dernier
29
ignifiance, remplit la seconde partie de ce vaste
roman
. La réserve savante des descriptions, l’humour impitoyable des réflex
30
i, au dernier moment, nous sépare ? Mais ici, le
roman
de Musil s’engage dans deux Voies divergentes : il nous en reste des
31
idité de Musil s’attaque ici à la formule même du
Roman
et la détruit. Si la passion ne conduit pas à la mort, si le Jour peu
32
de l’amour interdit échoue dans la réalité, et le
Roman
dans l’analyse psychologique la plus banale et déprimante. C’est pour
33
ance du désir à l’extase partagée — mais aussi le
roman
au poème. Quelques instants avant sa mort, Musil travaillait à ce cha
34
un amour trop réel pour oser dire son nom dans un
roman
? L’amour heureux n’a pas d’histoire, chacun sait cela depuis qu’on é
35
histoire, chacun sait cela depuis qu’on écrit des
romans
et qui passionnent. Mais cette convention littéraire, condamnant le m
36
dité a seule retenu d’achever l’un des plus beaux
romans
de l’Europe de naguère. IV. La passion de Boris Pasternak Il ré
37
ain, que les préférences du grand nombre vont aux
romans
écrits à la première personne et par une femme, décrivant des situati
38
vente. En même temps paraissaient à New York deux
romans
écrits par des étrangers, Russes au surplus ; l’un décrivant des situ
39
ns la liste des best-sellers américains, ces deux
romans
se disputent depuis des mois la première place. Il peut sembler d’ail
40
siècles (depuis le xiie siècle exactement) qu’un
roman
soit vraiment un roman, et nous passionne ? Les préférences qu’avoue
41
siècle exactement) qu’un roman soit vraiment un
roman
, et nous passionne ? Les préférences qu’avoue le public interrogé dev
42
lu. Or je vois triompher dans ce même public deux
romans
de l’amour-passion. Dira-t-on qu’il s’agit d’un refoulement ? Ou simp
43
sincèrement choqué de m’en voir parler comme d’un
roman
d’amour. À vrai dire, ma thèse va plus loin : c’est « l’affaire Paste
44
euple russe et le régime, drame préfiguré dans le
roman
lui-même, que j’interprète comme une affaire d’amour-passion. Voyons
45
sion. Voyons les faits. Pasternak écrit un énorme
roman
(dont une partie seulement sera publiée) décrivant les prodromes de l
46
u’il est, condamne ce livre. Il est normal que le
roman
condamné ne puisse paraître qu’en Europe. Il est normal que le jury d
47
’éclata la crise, que les cent premières pages du
roman
, je me disais : — Tout se passe comme si cet homme était retenu dans
48
nion des amants dans la mort… Il n’y a qu’un seul
roman
dans nos littératures ! Une seule passion dictant les mêmes péripétie
49
feu du couchant », et les scènes décisives de ce
roman
de poète sont toujours éclairées par le même soleil rouge sortant au
50
ale. D’où la présence continuelle, dans nos trois
romans
tristaniens, de la Société et de ses conventions ; d’où la critique m
51
ieux communicable, soit celle qui fait écrire des
romans
, celle dont la contagion rarement mortelle mais délicieuse atteint to
52
tent à un Nabokov, à un Musil, d’aller dans leurs
romans
jusqu’au point périlleux où le scandale reste efficace tandis que la
53
e reste efficace tandis que la censure hésite. Le
Roman
de Tristan n’apparut dans l’histoire qu’au temps où la réforme grégor
54
i, mais l’élite culturelle de l’Europe. Ainsi, le
roman
de Pasternak ne vint au jour qu’au lendemain du « dégel » soviétique
55
du mythe. Tel est le « terrain » biologique où le
roman
trouve les meilleures chances à la fois de se déclarer et de propager
56
ine le niveau psychologique et le style même d’un
roman
. Le Docteur Jivago, par exemple, est de beaucoup le plus traditionnel
57
e, est de beaucoup le plus traditionnel des trois
romans
qu’on vient de considérer. L’ouvrage de Musil, au contraire, déploie
58
e, mais bien à l’auteur qui écrit des drames, des
romans
, des systèmes. Ce journaliste-là, préoccupé d’une immortalité tout à