1 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — Le problème de la culture
1 à le poser. Il ne serait pas mauvais non plus de savoir si l’on cherche, en lisant, un passe-temps, un vertige ou une réponse
2 orier les vices d’une culture : tant d’autres ont su décrire avant moi notre crise. Au travers des critiques qu’à mon tour
3 nt ? Mais je m’avise d’une espèce d’équivoque, sait -on jamais, qui pourrait s’insinuer dans l’esprit du lecteur. C’est un
4 le toujours, tu as la force pour toi, mais moi je sais le sens des mots et leur valeur ! » — Non, non, nulle ironie dans la
5 ds ? Et ne sont-ils pas sourds, ces hommes qui ne savent plus entendre exactement le nom « propre » des choses dont on parle ?
6 rants.) À quoi sert encore de parler, quand on ne sait plus très bien ce que parler veut dire ? J’entends : quand tout le mo
7 l’honnêteté d’une déduction, même subversive, me saura gré de reprendre un à un ces tumultueux considérants, dans un rythme
8 prophétise, mais le dos tourné à l’avenir : il ne sait que décrire la Prusse et son passé, etc. 2. « Maigre immortalité noi
2 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — D’une culture qui parle dans le vide
9 culté qu’il y a à définir simplement la culture ? Sait -on bien de quoi il s’agit quand on dit : la culture se meurt, ou : il
10 e. Le sens du passé n’apparaît qu’aux yeux de qui sait voir les aboutissements actuels dans une perspective ouverte ; celle
11 nom de Poincaré et qu’on lui a reproché sans trop savoir pourquoi : parce qu’on sentait obscurément que les mesures du siècle
3 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — Fatalités du rationalisme bourgeois
12 anisatrice. Et non pas cette raison que les Grecs savaient mystérieuse, mais au contraire une raison ennemie de tout ce que le x
13 onstituée. Elle fait siennes les lois dont elle a su forcer le secret. Elle n’en veut point connaître d’autres. Bien plus,
14 de composer longtemps avec les illusions qu’elle sait utiliser dans la période conquérante. Diderot amuse, on ne veut voir
4 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — Hegel, Comte, Marx, ou la rationalisation
15 outefois la décision n’appartiendra qu’à ceux qui sauront incarner la collusion intéressée des deux « raisons » que le vocabula
16 istes — à la fois démagogues et philosophes — qui saura vivifier le paradoxe d’un rationalisme enthousiaste, c’est elle qui g
17 l’on déduit des choses par une science exacte, on saura le réduire par la force à une vision plus « objective » du monde. Le
18 dieu-tyran que l’orgueilleuse raison des hommes a su créer à son image. ⁂ Considérons maintenant le sort que le déterminis
5 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — Importance de la notion de commune mesure
19 de la commune mesure régnante. Mais un exemple ne saurait suffire quand il s’agit d’un phénomène aussi complexe, en apparence t
6 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — L’Arche de l’Alliance
20 é, c’est-à-dire à son but suprême. Encore faut-il savoir , me dira-t-on, si ce télos lui-même est vrai. Et certes, l’absolue vé
21 il se lève et qu’il tombe avec son ministère. Que savons -nous de ces tribus infimes ? Leurs annales sont celles d’une puissanc
7 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — Sur le déclin du Moyen Âge
22 qui, le premier, déclare que l’idiome italien ne saurait convenir qu’aux « inepties vulgaires », qu’il voudrait voir ignorées
8 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — Décadence des lieux communs
23 sent. Ils ne suivent pas la règle du jeu et je ne sais même pas s’ils savent qu’il y en a une. Alice au pays des merveilles
24 pas la règle du jeu et je ne sais même pas s’ils savent qu’il y en a une. Alice au pays des merveilles On peut penser que no
25 ntion admise par tous les clercs européens. On ne saurait en dire autant du langage de nos bons écrivains. Car non seulement il
26 unanime, nous les cherchions en vain, et sans le savoir , dans la cité qu’on nous a faite. C’est une faim, une soif, une nosta
27 . L’homme d’aujourd’hui méprise les religions. Il sait ce qu’il faut penser des prêtres. On lui donnera donc autre chose : l
9 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — La mesure soviétique
28 e simple superstructure du dynamisme matériel. On sait à quel échec conduisit cette théorie, étroitement respectée aux début
29 d’une fin à laquelle tout doit s’ordonner. Je ne sais si dans l’histoire universelle, on trouverait une mesure commune qui
30 t si nous sommes de mauvaise humeur, c’est qu’ils savent pourquoi ils travaillent et que nous l’ignorons généralement ; c’est
31 blèmes spirituels. Toute la question est alors de savoir si nous les aurons résolus, dans nos catégories occidentales. Sinon,
10 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — La mesure nationale-socialiste
32 étros, et ses diverses « réalisations ». Mais que sait -on de l’œuvre inaugurée par la révolution nationale-socialiste ? À pe
33 ion nationale-socialiste ? À peu près ce que nous savions de la Russie vers les années 1920 : ce qu’en rapportent quelques jour
34 réglé d’abord l’action, et l’action de masse, ne saurait être, pour des raisons techniques, qu’un schéma. Toute propagande est
35 « réalités » que les doctrinaires du Parti auront su faire admettre comme « scientifique ».   Valeur du travail. — Elle e
36 olemment le parti soviétique des sans-Dieu, on ne saurait nier que le Dieu qu’il sert est immanent aux intérêts du Volkstum, et
11 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — Leçon des dictatures
37 nt, et dix morales contradictoires dont aucune ne sait plus, ou n’ose plus avouer à quelle fin elle conduit ses adeptes. Si
38 ulé la question, de dix ans ou d’un siècle, je ne sais  ; mais ce que je sais, c’est que tous nos pays se trouveront un jour
39 x ans ou d’un siècle, je ne sais ; mais ce que je sais , c’est que tous nos pays se trouveront un jour futur en face des même
40 s nous enseignent. Toute la question est alors de savoir si nous saurons utiliser ces avantages, et le temps de réflexion ou d
12 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — commune mesure et acte de foi
41 foi Parmi toutes les mesures que les hommes ont su donner à leurs pensées et à leurs actes, certaines ont perdu leur pou
42 telle qu’il n’en pourra jamais remonter. Reste à savoir si nous voulons des réponses simples et faciles, ou bien la vérité qu
43 le Führer, ou le Parti. Or, tout le monde sent et sait très bien que ce mot n’est pas le dernier mot de notre vocation humai
13 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — L’appel à la commune mesure, ou l’Europe du xxe siècle
44 ère des nations libérales d’aujourd’hui. Elles ne savent trop que faire de cette liberté dont elles se vantent. Elles s’en van
45 n, si l’on veut prendre ou garder le pouvoir. Qui sait même si cette crainte, comme tout vertige, ne cache pas une secrète a
46 ison, l’individu, et la science cartésienne. Nous savons aujourd’hui que la raison n’est pas un idéal, mais un outil ; que l’i
47 mune, communautaire. La puissance de cet appel ne saurait être comparée qu’au soulèvement de la Renaissance, à la montée de la
48 stait depuis un ou deux siècles, ces religions ne sauraient combler l’attente réelle. Elles ne sont pas une réponse nécessaire. E
49 ligions dont le but est la force commune. Ils ont su se créer des symboles grandioses. Ces symboles nous paraissent « barb
14 1936, Penser avec les mains. Deuxième partie. Penser avec les mains — La pensée prolétarisée
50 ns forment l’opinion, sans aucun doute, et ils le savent . Toute l’opinion du monde en est à peu près là, que la pensée ne peut
51 mains faites pour prendre et peser. Des mains qui sachent , qui accomplissent et qui sculptent ; des mains qui créent. Les mains
52 er jamais qu’au bien d’autrui. Ce qu’il a pris ne saurait être à lui : il est hors de pouvoir de se l’approprier. L’érudit et l
53 et le citateur57 profiteur de grandeurs qu’ils ne savent pas marquer, mais tout juste ternir de leur empreinte. D’où vient
54 e, qui est celle qu’initie le cerveau lorsqu’il a su en concevoir la fin. La main n’est rien que l’instrument qui réalise
55 iste autour de nous, et nous en elle sans trop le savoir peut-être, c’est parce qu’elle affecte l’existence même de la pensée,
56 ’engagent volontairement dans une carrière qu’ils savent malfaisante. D’où vient qu’une bonne partie des critiques les plus ju
57 officiels (examens, diplômes et titres) qu’on ne saurait définir clairement parce qu’il est fait d’une foule d’éléments précis
58 al à leurs élèves, dans un ordre de choses, on le sait , où l’idéal a su se rendre obligatoire : il y a les examens, les conc
59 dans un ordre de choses, on le sait, où l’idéal a su se rendre obligatoire : il y a les examens, les concours, les postes
60 seurs une question bien directe et simple, ils ne sauront que vous répondre, ils n’arriveront jamais au oui ou au non, au choix
61 ler — le signe d’une angoisse très humaine, je le sais , et d’ailleurs plus bourgeoise qu’hamlétique, mais qui entrave et déc
62 s tant d’autres, pour ridicules qu’ils soient, ne sauraient constituer une atteinte bien grave à l’intégrité de l’esprit. Les for
63 e bien grave à l’intégrité de l’esprit. Les forts sauront toujours se délivrer de telles gênes, etc. » Il existe quelques raiso
64 par exemple nous condamner Pascal au nom de je ne sais quelle arithmétique, d’un autre, Nietzsche au nom du petit Liré, d’un
65 hie inverse de celle qu’on révérait, sans trop le savoir d’ailleurs. Plutôt que de reconnaître cette inversion, on préféra ne
66 livrée ? Cela se sent, à de petits riens, à je ne sais quelle affectation de modestie… à je ne sais quelles insolences, en p
67 e ne sais quelle affectation de modestie… à je ne sais quelles insolences, en passant, quand il s’agit de travailleurs indép
68 monde qui s’incarne le moins ; les plus primaires savent cela. Dogme nouveau ? Prudence élémentaire, simplement, au siècle de
69 ue nos bons libéraux voudraient attribuer à je ne sais quel satanisme dont ils se sentent bien incapables. Ainsi les confusi
70 tte irréalité si rassurante, si bourgeoise, on le sait de reste77. Par quel détour une éthique fondée sur l’inactualité des
71 forment l’homme… » Qui sont ces autres ? Nous le savons maintenant : ce sont ces lois nées du dessaisissement de la pensée. O
72 , je me dresserai contre lui et contre moi, et je saurai forcer mes mains cruelles et joyeuses sur leur prise solide, et je le
73 dge en Argentine (cet ouvrage a été fait) si l’on sait utiliser la méthode définie par l’école historique de la fin du xixe
15 1936, Penser avec les mains. Deuxième partie. Penser avec les mains — Éléments d’une morale de la pensée
74 nce pas dans une ignorance qu’il faudrait muer en savoir , mais dans un savoir qui exige sa réalisation ». Phrase cardinale, do
75 rance qu’il faudrait muer en savoir, mais dans un savoir qui exige sa réalisation ». Phrase cardinale, dont je n’espère pas mê
76 pension du jugement. Mais il s’agit bien moins de savoir où la pensée commence, que de savoir où elle se manifeste réellement,
77 ien moins de savoir où la pensée commence, que de savoir où elle se manifeste réellement, comme une force qui pèse, et qui pos
78 endre toujours moins intelligent. Quelques-uns me sauraient gré sans doute de jouer ce jeu facile, et toujours trompeur, des exem
79 jamais à rien d’actif. Mais la raison pourtant ne saurait être exclue de l’activité : elle ne suffit à rien, mais elle est néce
80 dis pas que ses victimes n’y croient pas, mais je sais qu’on ne croit aux faux dieux, en tous temps, que pour fuir l’Éternel
81 dans le conflit.) Une pensée tendue vers l’action saura seule donner forme aux réalités obscures que dénudent au fond de nous
82 t ils ont cependant la faiblesse d’attendre on ne sait trop quelle renaissance de l’esprit. Autrement dit, ils pensent que l
83 e sera jamais que servitude pour le penseur, s’il sait que la violence de sa pensée fonde la seule autorité valable. La libe
84 drait rien de nouveau sur l’homme. Eh quoi ! n’en saurait -il pas assez pour agir ? pour faire son métier d’homme avec ce qu’il
85 plutôt ce qu’ils peuvent faire avec le peu qu’ils savent  ! (Et je pense qu’à ceux-là seuls il est donné ce qu’ils ne cherchaie
86 e langage et l’expression en général. Le souci de savoir ce qu’on dit est un des moindres de l’époque. Il paraît même décroîtr
87 ntre le péché même, en son principe, lutte qui se sait sans fin dans cette vie, et dont la mesure n’est jamais dans aucun ré
88 le a vue. Car la pensée qui agit, c’est celle qui sait où elle va. Septième vertu : l’imagination En somme, la questio
89 e, ce que l’on fait vrai. La probité technique ne saurait donc suffire, si elle est nécessaire. C’est l’imagination qui forme l
90 rouvé, et que cela touche d’autres hommes, qui ne savaient plus… Un style de vie : mais que celui qui le détient en vienne à s’e
91 ils sortent, qui ont compris que la révolution ne saurait être faite que par et pour ce qu’il y a de plus humain dans l’homme,
92 rudesse nouvelle, non pas aux prudences que l’on sait . Un style né de la seule passion de s’engager. Que chaque phrase indi
93 int à l’acte. Peut-être qu’il est inutile de rien savoir du monde et de son train, des sciences, des faits et gestes, des bata
94 , des inventions, des religions, des êtres, si ce savoir n’est pas pour moi, à un tel moment, un ordre ou une tentation. Quand
95 te à plusieurs, rassurante perspective, puisqu’on sait qu’il n’existe pas d’héroïsme collectif. Le héros, par définition, es
96 et. Son exercice crée donc un risque, que l’on ne saurait affronter si l’on n’est pas, dans le même temps, en puissance des sou
97 longeons dans le monde des résistances, dont nous savons qu’elles conditionnent notre durée. Mais la force de notre attaque a