1 1942, La Part du diable. Introduction. Que la connaissance du vrai danger nous guérit des fausses peurs
1 is aussitôt pour un personnage diabolique, ou qui sait , pour le diable lui-même ! — Peut-être devriez-vous accepter le risqu
2 diable soi-même pour prouver qu’il existe ! — Je sais une belle histoire, reprit le Philosophe. Elle se passe dans votre pa
3 dit ! Si nous voulons être chrétiens, soit, mais sachons de quel prix cela se paye. Il y a dix-neuf siècles que ce Prix a été
4 se proposer à moi : car de l’auteur ou du sujet, sait -on jamais lequel a choisi l’autre ? Parler du diable, écrire sur lui,
5 s conséquences. Mais ceux qui écrivent pour mieux savoir endossent toujours un certain risque. Nulle vérité n’est bonne à dire
2 1942, La Part du diable. L’Incognito et la Révélation
6 il a conservé son « métier » d’esprit pur. Il en sait plus que nous sur les mystères du monde et le secret des âmes qu’il a
7 essentiellement inextinguible. Le monde entier ne saurait combler le vide que forme au cœur d’une créature la conscience d’avoi
8 dit à la femme : vous ne mourrez point. Mais Dieu sait que le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront, et que vous se
9 es pas tenté d’aller dans la Lune, parce que vous savez que c’est absolument impossible. Mais vous seriez probablement tenté
10 que Baudelaire peut écrire : L’homme et la femme savent de naissance que dans le mal se trouve la volupté… La volupté unique
11 ient contrôle il peut voir qu’on le vole, et vous savez de combien vous le volez : une vérité reste juge entre vous. Mais si
12 rs que dans notre péché, et par lui seul… Si nous savions voir le diable dans le péché, nous serions beaucoup plus prudents, ca
13 e et nous fait peur, mais là seulement où nous ne savons pas le voir. Mais d’autres disent, au camp des vertuistes : « Pourqu
14 les choses s’aggravent et s’embrouillent, vous ne savez pourquoi ; elles deviennent inextricables, vous ne distinguez plus le
15 tion, elle demandait à Jung de la traiter. Chacun sait ce qu’un oiseau veut dire. Le cas paraissait clair, et la cure facile
16 l envisageait même d’abandonner la cure. (Et vous savez pourtant si rien égale la patience d’un psychanalyste !) Enfin, par u
3 1942, La Part du diable. Hitler ou l’alibi
17 en pleine figure, à la Wartburg, nous n’avons pas su composer une vision moderne du diable. Seul Kierkegaard l’avait peut-
18 » Réponse à la fois drôle et profonde, dont on ne sait s’il faut admirer davantage la sévérité ou la dévastante modération.
19 asions analogues. Voilà le principal de ce que je sais sur Hitler. On peut réfléchir là-dessus. Réfléchir ou même délirer. O
20 ’elle n’est pas de l’individu, et même qu’elle ne saurait se manifester qu’autant que l’individu ne compte plus, n’est que le s
21 C’est qu’Hitler est assez démoniaque pour avoir su réveiller nos démons, par une espèce de contagion, ou plutôt d’induct
22 éalités humaines qu’ils ont tuées, « … car ils ne savent ce qu’ils font ». 19. Le Fléau de Dieu S’ils ne savent pas ce
23 ’ils font ». 19. Le Fléau de Dieu S’ils ne savent pas ce qu’ils font, pitié pour eux, sans doute ? (Et pitié pour le di
24 ue nous citions plus haut : l’accusateur. Nous ne savions plus distinguer le mal dans la paix et la prospérité. Nous avons méri
4 1942, La Part du diable. Le diable démocrate
25 un faux nom. 22. Notre primitivisme Chacun sait que les « primitifs » de la Mélanésie, victimes des plus célèbres étu
26 ent du diable déguisé en démocrate N’ayant pas su reconnaître l’un des traits les plus précisément diaboliques chez Hit
27 otre doute et déconcertante pour notre raison. On sait assez que le procédé favori de la Cinquième Colonne consiste à semer
5 1942, La Part du diable. Le diable dans nos dieux et dans nos maladies
28 élé dans l’homme Jésus. Et quelques-uns seulement surent connaître le Christ dans le fils de Joseph, charpentier de village. M
29 eu. Mais on n’invente que ce que l’on est sans le savoir . Ils ont donc inventé un « Dieu » qui était le moi conscient ou incon
30 était un vrai poète et du parti du diable sans le savoir . » Cette opinion s’est curieusement vulgarisée, dans notre siècle. Et
31 e. Aux « beaux sentiments » conformistes, nous ne savions plus ou n’osions opposer que des sentiments pervertis, tout aussi fau
32 ceux dont ils n’étaient que l’inversion. Nous ne savions plus concevoir et illustrer de vrais beaux sentiments, de vrais types
33 , au sein de laquelle, ayant perdu son moi, on ne sait plus ce que l’on est en train de faire ou de dire, on ne sait plus ce
34 que l’on est en train de faire ou de dire, on ne sait plus ce qui parle à travers vous, tandis que le sang court plus vite,
35 on d’être une foule, et que personne peut-être ne saurait dire qui l’avait fait ou qui avait commencé, celles-là l’auraient eu,
36 a pas de Juge, que la Loi est douteuse, qu’on ne saura pas, et que d’ailleurs, une fois le coup réussi, on sera Dieu soi-mêm
37 ntôt traîna, puis s’arrêta, parce que personne ne savait plus en dominer l’ensemble démesuré, ni formuler son sens dans un lan
38 ies, des ismes, des initiales, une opinion qui ne sait jamais rien, des gouvernants qui ont trop peur d’elle pour l’informer
39 st son foie malade qui le rend méchant, mais vous savez qu’une grosse colère dérange le foie, tout aussi bien. Qui a commencé
40 e, bonne ou mauvaise. Si l’on dit un mensonge, on sait qu’on ment, et l’on tâche de ne pas se faire prendre. Si l’on commet
41 tais plus que contre l’empêchement du dehors… Va, sache triompher enfin de toi-même et de ta propre honnêteté »… Bref, il tir
42 don, Satan ménage plus d’une pente insensible. Il sait que l’amour est le domaine par excellence des quiproquos entre le vic
43 ous sentir coupables, dans l’instant même où nous savons le mieux que nous le sommes. Voyez cette héroïne de Stendhal : « Je n
44 fait-on des serments ? Précisément parce que l’on sait que la vie change et nous aussi ; précisément pour s’assurer contre c
45 des biens terrestres et du bonheur. Ce composé ne saurait être aussi commun que les romans et l’opéra nous l’ont fait croire. J
46 e sauver de ses propres fureurs. Rien de moins ne saurait composer les exigences d’une passion avec celles de la déficiente réa
47 orporel, le symbole ou le signe physique. Or nous savons que si l’homme peut pécher, c’est uniquement parce qu’il est libre, c
48 rui, sa première défense est de dire « qu’elle ne sait pas ce qui lui arrive ». C’est une feinte, un mensonge ; elle sait tr
49 ui arrive ». C’est une feinte, un mensonge ; elle sait très bien. Ou si vraiment elle ne sait pas, un démon le saura pour el
50 nge ; elle sait très bien. Ou si vraiment elle ne sait pas, un démon le saura pour elle. Chez l’homme qui se laisse aller à
51 ien. Ou si vraiment elle ne sait pas, un démon le saura pour elle. Chez l’homme qui se laisse aller à ce genre d’argument, c’
52 simple : — Cessez donc d’aimer « malgré vous » et sachez un peu ce que vous faites, c’est une question de tenue morale, et c’e
53 urquoi t’ai-je battu ? lui dit-elle ? Si tu ne le sais pas, c’est que tu m’aimes bien mal. Défiguré par sa raclée, il ouvrit
54 juste pour voir si par hasard elle était là. Vous savez que c’est compliqué, ce bâtiment. Des couloirs et des escaliers parto
55 a règle du club : ni questions ni réponses. Je ne savais plus que dire, parce que j’avais une chose à dire. D’ailleurs, même s
56 simplement. Nous étions couchés chez nous. Je ne sais combien de temps cela va durer. Elle délire et j’ai cette balle dans
57 es fatalités ? Nous le pouvions, nous n’avons pas su . Nous le pouvions peut-être et nous n’y avons pas cru. Peut-être auss
58 dre ? Pour un avenir que nous devinons à peine et savons encore moins créer ? Pour cette démocratie qui ne croyait qu’au bonhe
59 ’y a plus rien à perdre ! Cet « en avant » qui ne sait pas où il va… Je me souviens des temps heureux — notre illusion. « Vo
60 ommes les bons, n’embrouillez donc pas tout. » Je sais , nous sommes en guerre, et il s’agit de gagner. Mais à quel Bien et à
61 intelligence avec l’ennemi ! Et si j’y crois, je sais qu’il est aussi dans moi. Il est donc aussi dans mon livre. Alors pou
62 ou qui croit voir le diable partout ? D’autres ne savent le voir nulle part. C’est plus dangereux. N’auraient-ils pas regardé
6 1942, La Part du diable. Le Bleu du Ciel
63 e serons pas joués, mais les trois grandes Vertus sauront nous préserver de l’abus des vertus mineures, par où le diable pourra
64 Mais si je parle, est-il déjà venu ? Lui seul le sait . Somnium narrare vigilantis est, disait Sénèque : conter le rêve est
65 ils ignorent, et ils se corrompent dans ce qu’ils savent naturellement, comme des brutes… Ce sont des nuées sans eau, poussées
66 chemin un obstacle imperceptible, mais qui, on ne sait comment, grandit ensuite et devient insurmontable ; comme un faible r
67 re, ce ne sera qu’au prix de ma perte, et sans le savoir , que je contribuerai au plan providentiel. Mais si je réponds à l’app
68 èrement incompatible avec tout cela ; ceux qui ne savent pas prouver qu’ils l’ont compris — ceux-là n’ont aucun droit de se di
69 ucun droit de revendiquer une liberté dont ils ne sauraient rien tirer s’ils la recevaient par impossible, et qui leur ferait plu
70 e, et qui leur ferait plus peur qu’envie s’ils en savaient les conditions. Mais il serait insuffisant de démasquer l’hypocrisie,
71 it insuffisant de démasquer l’hypocrisie, et Dieu sait si les mots démocratie et liberté en sont une, pitoyable ou scandaleu
72 e pour eux avec d’autant plus de passion que l’on sait moins clairement ce qu’ils signifient. J’ai dit que l’ordre véritable
73 l’on pût déclarer sans hésiter. Si chacun de vous savait ce qu’il défend. (Car se faire tuer ne prouve rien : les nazis aussi
74 Hélas, qu’avons-nous fait de la parole ! Elle ne saurait plus même mentir dans certaines bouches, elle est tombée plus bas que
75 être plus vrai que la parole claire et nette ! Il sait qu’en confondant notre langage, il détruit la communauté. Il sait qu’
76 ndant notre langage, il détruit la communauté. Il sait qu’en détruisant nos structures sociales, il précipite la confusion d
77 s, il précipite la confusion de notre langage. Il sait que les hommes ne peuvent s’engager que par des paroles claires et ne
78 ots, il détruit la base même de nos fidélités. Il sait que partout où l’on appelle un chat un chat, le mal recule et perd de
79 langue des diplomates et ses pudeurs insanes. Il sait que rien au monde ne pourra nous faire taire, maintenant que nous avo
80 rais indiquer vingt remèdes de ce genre : mais je sais trop qu’ils seront sans vertu dans le monde informe et gigantique où
81 parler : elle n’était plus que la moralité. Je ne sais quel ridicule s’attachait au mot même, qui avait électrisé jadis les
82 ’esprit de vengeance et de ressentiment, elles ne surent opposer que leurs inquiétudes de propriétaires fatigués, et cela s’ap
83 ous ? La bêtise est inexorable : rien au monde ne saurait l’empêcher de se détruire. Et si l’on tue ce qui était déjà mort, je
84 , car l’Ecclésiaste avait raison, « les hommes ne savent rien, tout est devant eux, tout arrive également à tous : même sort p