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apparences. Et leurs rencontres dans ces pages ne
sauraient
être justifiées qu’à titre, si j’ose dire, de métaphores critiques, p
2
e rationalisme, sans tension ni grandeur : ils ne
savent
pas voir dans la sagesse faustienne qu’elle est surtout une défense c
3
Goethe ? Il est un fait de sa jeunesse dont on ne
saurait
exagérer l’importance à la fois historique et symbolique : les premie
4
n devine chaque phrase sous-tendue et que rien ne
saurait
mieux trahir que la retenue même de l’expression. C’est pourquoi nous
5
l’esprit, dans la région où seul accède celui qui
sait
préserver sa passion au sein d’une interminable patience. N’est-ce po
6
joue d’un coup. La grandeur de Goethe est d’avoir
su
vieillir, celle de Rimbaud de s’y être refusé. Transportez la dialec
7
bée, faisant place à une stupeur désolée. « Je ne
sais
plus parler. » Le renoncement dès lors est fatal. « Moi ! moi qui me
8
e ses aspects le suggèrent. C’est l’opposition du
savoir
et du pouvoir, de la connaissance et de la souffrance, de la spéculat
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a pas connu de tels déchirements. C’est lui qui a
su
vivre cette maxime de la Saison : « Pas de partis de salut violents »
10
résulte de la définition même d’un tel yoga. Tout
savoir
doit être confirmé par un faire, qui le tait et l’exprime à la fois.
11
t ceux-là seuls entendront ce silence, qui auront
su
percevoir l’accent dominateur et tendu des pages les plus égales et s
12
nne aussi. Mais gardons-nous de tirer de là je ne
sais
quel critère de jugement qui permettrait de placer Goethe « au-dessus
13
nce de Goethe n’est pas moins dangereux, pour qui
sait
l’entendre, que l’imprécation de Rimbaud ; et tous deux nous contraig
14
veux dire entre ce qui lui fut donné et ce qu’il
sut
tirer de ces données ? Car Goethe est en ceci un homme moderne, que s
15
ut ici est organe, tout est nature. Et Goethe l’a
su
. Mais quand nous contemplons de loin cet arbre vénérable, aux basses
16
de Paracelse, de Jacob Boehme, de Swedenborg. On
sait
qu’avec Mlle de Klettenberg il se livra même à des expériences d’alch
17
nné de voir, de contempler, de se reposer dans le
savoir
pur. Le Second Faust est un anti-Goethe — ou mieux : c’est la « perso
18
e dire — et à la manière allemande —, parce qu’il
sut
réaliser en lui d’abord la médiation d’une valeur irrationnelle et d’
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santeries, il avait sa légende « d’original ». On
savait
aussi qu’il était le meilleur écrivain de son pays. Sa première œuvre
20
n autre esprit du siècle ne les dépasse. » Nul ne
saurait
mesurer aujourd’hui le développement promis à l’influence de Kierkega
21
. Il force les hommes à être attentifs. Ah ! Dieu
sait
s’ils deviennent attentifs — ils le tuent. Mais c’est là ce qu’il vou
22
Sous cette réserve, on peut louer ce sage : il a
su
choisir une pensée suffisamment stérile et désabusée par nature pour
23
avec la plus grande rigueur. Ceci dit, il reste à
savoir
si son échec final le jettera dans la foi, ou bien dans le néant. C’e
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lière de cette idée. Pourquoi cela ? Parce qu’ils
savaient
que leur idée pouvait mourir, — sans eux. L’amour, la volonté de puis
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evant l’Éternité. La substance du sérieux vrai ne
saurait
exister que dans l’acte qui rend l’éternité présente. Le seul fait ac
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tre même une éthique héroïque. Mais tout cela, on
sait
de quoi c’est fait. On sait ce que vaut la menace. Une seule réalité
27
e. Mais tout cela, on sait de quoi c’est fait. On
sait
ce que vaut la menace. Une seule réalité peut advenir, de l’extérieur
28
phétie fait briller devant lui comme un éclair. «
Sachez
qu’à l’origine — lit-on dans un dialogue de Kassner30 —, toutes les c
29
de Dieu, c’est le doute qui s’interpose entre le
savoir
et le faire, et c’est la lâcheté de l’homme qui se repose sur ses œuv
30
ons le temps est lié au péché, le pécheur seul le
sait
, dans l’instant de la foi, où par grâce il peut rompre ce lien. « Si
31
e contraire de l’acte, c’est le désespoir Nous
savons
tout cela comme nous savons qu’il faut mourir : sans y croire. À vrai
32
le désespoir Nous savons tout cela comme nous
savons
qu’il faut mourir : sans y croire. À vrai dire, nous avons toutes rai
33
sibilité de l’oser. Celui que la foi vient saisir
sait
maintenant que l’acte est le contraire du désespoir. Mais il le sait
34
l’acte est le contraire du désespoir. Mais il le
sait
d’une tout autre façon que le désespéré ne l’imagine. Parce que le ra
35
l’esprit ? « L’esprit, c’est la puissance que le
savoir
d’un homme exerce sur sa vie 46 ». Ce n’est pas le savoir, ce n’est p
36
’un homme exerce sur sa vie 46 ». Ce n’est pas le
savoir
, ce n’est pas la puissance, mais la puissance du savoir en exercice.
37
, ce n’est pas la puissance, mais la puissance du
savoir
en exercice. Qu’on ne croie pas à une subtilité : le savoir autonome,
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exercice. Qu’on ne croie pas à une subtilité : le
savoir
autonome, ou la puissance, font décorer celui qui les détient, mais l
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elui qui les détient, mais l’exercice effectif du
savoir
peut fort bien le conduire à la ruine, ou peut-être même au martyre.
40
ire qu’il a calculé la dépense ? Il faudrait bien
savoir
de quoi l’on parle, et ce n’est peut-être possible que si l’on sait b
41
le matérialisme au nom de biens qu’ils n’ont pas
su
défendre ni davantage sacrifier. Ils affirment trop tardivement que «
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u bien tu vois que la question brûlante, c’est de
savoir
si toi, tu es chrétien, — ou bien tu vitupères les sans-Dieu de Russi
43
u bien tu vitupères les sans-Dieu de Russie. Mais
sais
-tu bien de quoi tu souffres ? De ton péché ou de celui des autres ? C
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distingue. Suprême humilité du solitaire ! Il ne
saurait
se comparer qu’à la vocation qu’il reçoit. Où l’orgueil trouverait-il
45
ion d’être une foule et que personne peut-être ne
saurait
dire qui l’avait fait ou l’avait commencé, celles-là l’auraient eu,
46
s de ce temps. Le génie réaliste de Kierkegaard a
su
la dénoncer au plus intime de l’existence individuelle. Chaque fois q
47
r sera d’en revoir l’origine. » Seul, Kierkegaard
sait
nous la désigner : elle est dans le refus moderne de cette « catégori
48
s des romantiques. Je suis sujet, mais il reste à
savoir
d’où vient ce je, comment il peut agir. S’agit-il d’un impérialisme d
49
ntenant, tu vas témoigner de la puissance que ton
savoir
exerce sur ta vie. Tu te croyais un moi : témoigne que tu n’es pas fo
50
be du « héros », dernière insulte54. Il s’agit de
savoir
maintenant au nom de quoi tu agiras, si tu agis. Un « moi pur », son
51
’homme le plus réel, le plus présent. Parce qu’il
sait
qu’il existe un « ailleurs » et que l’Éternel vient à lui, il peut ré
52
nté », elle apparaît pour la première fois. Je le
sais
, je sais aussi ce qu’il m’en a coûté, ce que j’ai souffert. Je puis l
53
le apparaît pour la première fois. Je le sais, je
sais
aussi ce qu’il m’en a coûté, ce que j’ai souffert. Je puis l’exprimer
54
commode, surtout au regard des souffrances qu’il
sait
trop bien que lui vaudront ses attaques contre « l’église établie ».
55
« Cette maladie n’est point à la mort ». Or Jésus
sait
que Lazare va mourir. Ce qu’il veut faire comprendre aux assistants,
56
Procès, ou la loi qui conduit à la mort Je ne
sais
pas si le Procès est le chef-d’œuvre de Kafka, mais il est difficile
57
urs lui apprennent qu’il est inculpé, mais ils ne
savent
pas de quoi, et n’ont pas qualité pour le savoir. Puis on lui rend la
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savent pas de quoi, et n’ont pas qualité pour le
savoir
. Puis on lui rend la liberté. Toute l’histoire sera celle non du proc
59
e. Nous sommes tous arrêtés, il vaudrait mieux le
savoir
: car nous saurions alors que réellement il n’y a rien à faire pour n
60
, pas même un seul », dit l’Écriture. Que nous le
sachions
ou non, nous avons tous failli, et nous sommes tous, virtuellement, d
61
s n’inspirent pas précisément confiance, mais qui
sait
? Nous n’avons pas le droit de négliger cette chance minime et humili
62
, non la miséricorde. C’est l’état de l’homme qui
sait
que Dieu existe, mais qui ne peut plus lui obéir, et qui ne sait pas
63
xiste, mais qui ne peut plus lui obéir, et qui ne
sait
pas comment l’atteindre, parce qu’il ne connaît pas « le chemin » qui
64
stant d’après… Mais non, Kafka suspend l’élan. Il
sait
qu’il faut sauter, mais au dernier moment, il ne croit plus que de l’
65
nce chrétienne — précisons : judéo-chrétienne. Il
sait
que Dieu et sa Justice existent, mais il le sait d’une manière négati
66
sait que Dieu et sa Justice existent, mais il le
sait
d’une manière négative, ou plutôt, il pressent qu’il l’a su, et cela
67
anière négative, ou plutôt, il pressent qu’il l’a
su
, et cela suffit à réveiller en lui le sens obscur d’une culpabilité ;
68
c’est concrètement la repentance. Or celle-ci ne
saurait
être provoquée que par la certitude du pardon… Mais justement la foi
69
me, par la venue du Christ dans l’histoire. Kafka
savait
qu’il devait y avoir un chemin, et cela suffisait à lui faire prendre
70
t suppose autre chose ? Mais il est impossible de
savoir
quoi : personne n’a traversé le voile et les messages interceptés ne
71
pas clairs… La transcendance, dans notre vie, ne
saurait
se manifester que sous une forme négative : dans l’angoisse, dans le
72
royait pur. Or la vision très singulière de Kafka
sait
discerner toutes ces poussières, mais sans le rayon. Cas unique, et p
73
anscendentale par des moyens purement humains, ne
saurait
aboutir ailleurs que dans l’éthique de l’immanence, qui est l’éthique
74
ur61 ? Nous sommes ici dans un domaine où l’on ne
saurait
imaginer de certitude non équivoque. Car c’est là le domaine de la fo
75
ntés d’inférer de ces trois œuvres géniales je ne
sais
quel jugement de valeur sur l’expérience intime qu’elles traduisent o
76
, il resterait à expliquer pourquoi le seul Kafka
sut
mettre en œuvre, d’une manière à ce point signifiante, cette prédispo
77
méconnaître : on prétend, sans l’avoir jamais lu,
savoir
qui il fut, qui il est. Certains ont parcouru les Propos de table, pr
78
toutes ses chances non sans ironie toutefois, et
sait
enfin conférer à son choix la force et la simplicité d’une constatati
79
é par le style, par le ton de l’ouvrage. (Nous ne
savons
que trop bien, nous modernes, séparer le fond de la forme ; admirer l
80
nt il pouvait, en l’occurrence, l’accabler. On ne
saurait
souligner trop fortement ce trait : c’est encore en théologien, en do
81
’objection parfaitement anachronique, mais que je
sais
inévitable, et qui consiste à affirmer que Luther est « déterministe
82
immobile c’est l’image même de la mort. L. — Que
savons
-nous de l’éternité ? Les philosophes et la raison ne peuvent l’imagin
83
Dieu qui nous prédestina ! Quand le croyant, qui
sait
que Dieu a tout prévu éternellement, adresse à Dieu, au nom de sa pro
84
paradoxe luthérien et du paradoxe nietzschéen ne
saurait
être ramenée à quelque influence inconsciente, encore bien moins à un
85
férentes de poursuivre une même confidence. On ne
sait
plus si le journal est en marge de l’œuvre, ou si l’œuvre n’est qu’un
86
atures, reprises d’actes manqués… Il s’agirait de
savoir
si la vraie vie est dans ce qu’on fait, ou dans ce qu’on pense de ses
87
que à un pasteur : « Vous, vous croyez, mais nous
savons
! ») Ceci explique que le souci central de Gide ait été de débarrasse
88
esser ce que la chair ni le sang par eux-mêmes ne
sauraient
confesser. Alors seulement pourrait se poser en termes nets le problè
89
nfiniment complexes, sociales ou théologiques, ne
saurait
s’expliquer autrement que par une défiance d’artiste à l’égard des id
90
x trop « écrits » à son gré. Mais ce qui reste ne
saurait
tromper. On ne se débarrasse pas si facilement de la morale, même dé
91
au sein d’une société donnée, bien définie. Il ne
saurait
être question d’une société bourgeoise et citadine : celle-ci reste,
92
audois. On a loué cet « artiste raffiné » d’avoir
su
« se ravaler au niveau des simples ». Mais non, Ramuz ne descend pas
93
le tellement têtue qu’elle évoque peu à peu on ne
sait
quelle puissance naturelle, dans sa fascinante monotonie73. Un art do
94
cablante simplicité. Me tromperais-je ? Ai-je mal
su
lire tant de brillants essais sur le monde actuel et futur ? Est-ce l
95
que d’avoir cru distinguer dans ces œuvres je ne
sais
quelle complaisance qui les faisait éviter d’instinct tout point de v
96
convenables. Nous recherchons désormais ceux qui
savent
dévisager notre condition la plus nue. « Alors on voit paraître le gr
97
emière fois en public, on éprouve le sentiment de
savoir
par avance tout ce qu’il doit en dire. Je n’ai pu me défendre de cett
98
matière comme seuls les spiritualistes bourgeois
savaient
la mépriser. (Dix ans de discussions, chez les philosophes de Moscou,
99
ut ce que le résumé critique de la figure n’a pas
su
dire, nous le retrouvons indiqué dans le chapeau, le verre, la lampe.
100
pulaire, dont Ramuz est peut-être le seul à avoir
su
montrer la nécessaire dignité. Le sens de l’objet, chez Ramuz, est li
101
’est jamais « aussi direct que possible ». Goethe
sait
mal le grec, et connaît les statues par l’estampe. Il lui faut les in
102
Or une question ne peut être sérieuse que si l’on
sait
que la réponse existe. Il fallait nous apprendre cet embrassement, ce
103
nnaître, de cognoscere, sera : co-naître. Il faut
savoir
ce que parler veut dire. (D’où l’on vient, où l’on va : tel est le se
104
e sens « courant ». Dans cette affaire, celui qui
sait
où il va risque encore d’augmenter l’embarras, et de se faire copieus
105
ue son humanité, que son lyrisme, ou que ce je ne
sais
quoi de bouleversant obscurément qui saisit l’auditeur le plus profan
106
e très nettement la question : « Il nous faudrait
savoir
jusqu’à quel point nos songes nous appartiennent ». Quand nous rêvons
107
leur fera-t-elle accumuler pour dire que rien ne
saurait
être dit… Et pourtant si : romantiques et mystiques sont persuadés qu
108
ui fit la vie même. » Non sans lucidité, Moritz a
su
dépeindre l’état de conscience qui naît de cet obscur déchirement : «
109
ouvons rejoindre l’Autre, l’indicible. 89. On ne
saurait
trop insister sur l’importance du quiétisme pour la formation de la p