1 1946, Journal des deux mondes. Journal d’attente
1 u’à faire la guerre pour leurs histoires ! Moi je sais ce que c’est, je l’ai faite la guerre. Mais cette fois-ci, j’ai tout
2 uent ici, moi, j’ammpoisonne tout le pays ! Je ne sais comment il s’y prendra, mais voilà qui s’appelle un beau redressement
3 intellectuelle et de raffinements affectifs, ont su capter quelques secrets de notre existence ; cependant que les masses
4 s du printemps de 1939. M’absoudras-tu de n’avoir su prendre parti entre ces deux ardeurs montées jusqu’à la haine ? En
5 l y a depuis un moment une musique de radio on ne sait d’où venue, dominant tout. Des trompettes solennelles au début, et ma
6 asiment désespéré. Seulement, maintenant, cela se sait . Voilà la grande et la seule différence. Et voilà notre chance aussi.
7 e plus consciente et réelle. Quoi qu’il advienne, sachons voir, en toutes choses, la double possibilité qu’elles offrent, le ma
8 Prenons notre régime de vie tendue : il suffit de savoir ce qui compte, et que la joie ne dépend pas de nos misères. J’y songe
2 1946, Journal des deux mondes. Puisque je suis un militaire…
9 st qu’on nous a « mis dedans ». (Je dis on, je ne sais pas qui c’est. Comme le brave paysan vaudois, après la grêle, qui dés
10 n’existe qu’héroïque ou sentimentale, et l’on ne sait plus la reconnaître au ras du sol, au niveau des choses brutes et bru
11 es et cherche à la caler sous son coude droit. Il sait que d’une seconde à l’autre peut venir l’ordre de bondir. Ça ne l’emp
12 e, et s’ils la font, c’est parce qu’ils n’ont pas su se fédérer progressivement, au lieu de s’unifier brutalement. Oui, ce
13 cela, dans une grande gare de cette Europe qui ne sait plus répondre aux menaces que par l’extinction des lumières, — de tou
14 tes les autres — était camouflé, illisible. Je ne saurai jamais si j’ai rêvé. Mais au matin, oui, c’était bien Paris, et les s
15 du paysage urbain de la Hollande. Tout ce que je sais de ce pays, après deux semaines de voyage, je puis le lire et le reli
16 nction solennelle. Il est vrai qu’aujourd’hui, je sais pas mal de choses sur ce lieu et son rôle historique. (J’en ai même b
17 ôle historique. (J’en ai même beaucoup écrit.) Je sais que ce nœud de fleuves et de montagnes percé par le seul col qui reli
18 ibertés et de notre union fédérale. Quand je n’en saurais rien, j’ai lieu de supposer que l’impression ne serait pas moins fort
19 les Suisses sont-ils sensibles à cette qualité ? Savent -ils qu’ils ont au Gothard un haut lieu, non pas seulement un tunnel e
20 plus tonifiant dans ce pays des Assis, où l’on ne sait plus dévisager les vraies menaces. Oui, je veux opposer la Suisse de
21  assurés ». Sérieuse et impétueuse comme ceux qui savent que la vie n’est pas le but de la vie, qu’elle ne mérite pas de majus
22 aurent le Magnifique. Manuel et ses contemporains savent et disent à leur manière que de demain rien n’est certain. Mais ce qu
23 acé, ce n’est point la jeunesse et l’amour, je ne sais quel printemps platonicien, c’est la vie savoureuse et forte qui figu
24 nnes-en une part à sept et même à huit, car tu ne sais pas quel malheur peut arriver sur la terre. » Le secret de la vie gén
25 Manuel, et de plusieurs à son époque, est d’avoir su conduire leur vie vers un but qui transcende toutes nos activités. Fo
26 A. W., ce qui veut dire : « Personne ne peut tout savoir  » (Nieman kan alls wüssen). Comme pour s’excuser, comme s’il croyait
27 er, comme s’il croyait au fond qu’on devrait tout savoir , et que pourtant… C’est la passion de la Renaissance, si l’on veut. J
28 ne unité de sens spirituel, inaccessible à tout «  savoir  » aussi vaste qu’on l’imagine. ⁂ Le 21 mars 1530, Manuel parut pour l
29 de malade, peint avec la véracité d’un homme qui sait exactement ce que vaut une vie d’homme devant Dieu. 9 mars 1940
3 1946, Journal des deux mondes. Anecdotes et aphorismes
30 personnages, ce combat, si “total” qu’il soit, ne saurait figurer pour nous qu’un exercice, une première escarmouche, un entraî
31 ie, c’est la franchise. On nous répète : « Qui ne sait se taire nuit à son pays. » Fort bien. Mais il y a des silences plus
32 les paroles imprudentes… Il y a des cas où qui ne sait parler nuit à son pays et à l’humanité en général. C’est ce que j’ai
33 est une idée. (Et pendant une seconde je n’ai pas su s’il était ironique ou sérieux.) Une bonne idée… Seulement ce n’est r
34 réalités humaines qu’ils ont tuées. « …car ils ne savent ce qu’ils font. » Lundi 17 juin 1940, soir Faisons le point, b
35 l’événement quand il arrive. Je vois ce pré et je sais qu’il peut y apparaître dans un instant des hommes qui me tireront de
4 1946, Journal des deux mondes. La route de Lisbonne
36 précises, sous un ciel et dans une lumière qui ne savent encore parler que de bonheur et de libre sagesse… Comment croire à la
37 elle de 1918) : « Nous autres civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. » Oui, nous savons maintenant q
38 maintenant que nous sommes mortelles. » Oui, nous savons maintenant que c’est possible : on peut détruire une grande nation, t
39 . Ces opérations, qui se poursuivent depuis je ne sais plus combien d’heures, ressemblent de plus en plus à une torture chin
40 Pourquoi parler de l’Espagne ? C’est un pays qui sait vous faire sentir qu’il n’a guère envie qu’on le voie. Un pays qui se
41 tomber sur la tête. Il se relève, se tâte, et ne sait pas encore où il a mal. Va-t-il vivre ? A-t-il rêvé ? Serait-il déjà
42 et sans retirer son mégot, que de l’autre côté on savait tout cela, et qu’au surplus, on en faisait autant, avec des armes fou
43 is battus, parce que nous sommes un peuple qui ne sait pas quand il est battu. » J’ai pensé aux chefs français trop cartésie
44 lle n’oppose plus que deux nations : l’une qui ne sait pas vaincre, mais qui gagne, et l’autre qui ne sait pas être vaincue,
45 it pas vaincre, mais qui gagne, et l’autre qui ne sait pas être vaincue, mais qui perd ? Les Allemands en effet, même victor
46 on rêve. Premiers accords d’une symphonie dont on savait les thèmes par cœur pour avoir étudié la partition, mais voici qu’on
5 1946, Journal des deux mondes. Premiers contacts avec le Nouveau Monde
47 e civilisation matérielle demeure hanté par on ne sait quelle sauvagerie des hauteurs ; et ce lieu d’extrême densité humaine
48 remière victoire sur Hitler. Ah ! pourvu qu’on le sache en Europe ! Princeton, 10 novembre 1940 Religion. — Nous somme
49 que qu’on doit feindre d’avoir mérité, bien qu’on sache qu’il n’a pas le moindre rapport avec ce je ne sais quoi d’inavouable
50 he qu’il n’a pas le moindre rapport avec ce je ne sais quoi d’inavouable, d’incertain par définition, de pas sérieux vraimen
51 instinctive, et parfois émue de la « vie »… On ne sait trop. Le savent-ils eux-mêmes ? L’exigence que nous gardons encore de
52 t parfois émue de la « vie »… On ne sait trop. Le savent -ils eux-mêmes ? L’exigence que nous gardons encore de dégager, d’expl
53 colonne à propos de ma maison et de vous-même. — Savez -vous que mon livre est sur la liste noire des Allemands et même de l’
54 ême de l’organisation vichyssoise des libraires ? Savez -vous que la Gestapo en a saisi, brûlé, mis au pilon tous les exemplai
55 l attend des jugements entiers. — Quitte à ne pas savoir ce qu’il juge, ni pourquoi. Quitte à rivaliser d’intolérance brutale
56  ! » Peu comprennent, et beaucoup ne veulent rien savoir … Beaucoup là-bas ont perdu leur maison, et c’était leur pays et leur
57 tous ces fous qui s’entretuent. C’est vrai. Vous savez traiter vos affaires sans canons. Vous nous avez admis, et nous avons
58 scèse purifiante avant la lutte ! Mais vous ne le savez pas, vous ne m’écoutez pas, c’est pourquoi vous serez confus dans vot
59 on lirait l’arrêté du Destin. C’est bien ce qu’il savait , mais maintenant il le sait. Il s’appuie contre la paroi, le cœur bat
60 C’est bien ce qu’il savait, mais maintenant il le sait . Il s’appuie contre la paroi, le cœur battant… À partir de ce moment,
61 ler au séminaire de littérature. Que veut-il donc savoir  ? Simplement si c’est vrai. S’il est vrai que j’ai vécu ce que j’écri
62 toutes ont une démarche de libre animal. Et je ne sais pourquoi je dis « presque ». ⁂ Les Madrigaux de Monteverde, chantés p
63 ruit que nul mot d’aucune langue à tout jamais ne saurait exprimer. À ma droite, les girafes ont dansé, à ce bruit, un ballet d
6 1946, Journal des deux mondes. Voyage en Argentine
64 cette même heure en France, et en Russie… Nous le savons tous. Que sert de comparer ? Quel sens ? Il y a des roses dans les ru
65 oût 1941, en mer Escale à Barbados, dont je ne savais le nom que par les catalogues de timbres-poste de mon enfance. On nou
66 où l’on discute mes idées sur le diable. — Qu’en savez -vous ? Je n’ai pas encore écrit ma conférence ? — Nous savons tout,
67 Je n’ai pas encore écrit ma conférence ? — Nous savons tout, prenez ce fauteuil. — Vous en savez donc plus que moi. Il se p
68 Nous savons tout, prenez ce fauteuil. — Vous en savez donc plus que moi. Il se peut. Dans tout ce bâtiment qu’occupent les
69 s jours, et provoque une série d’accidents. On ne sait jamais quand cela va commencer, mais ce n’est pas plus d’une fois par
70 eaux par milliers s’y rassemblent. Mon guide, qui savait en nommer une trentaine d’espèces différentes, prétend qu’il y en a d
71 attend — je l’ai connue tout juste assez pour le savoir . Maintenant j’y entre pour de bon. ⁂ Intermède douanier Après a
72 entielle. — Qu’est-ce que c’est ? — Eh bien, vous savez ce que c’est que la philosophie, puisque vous me demandez quelle espè
73 hie, puisque vous me demandez quelle espèce. Vous savez ce que c’est que l’existence ? C’est de quoi je m’occupe. C’en est tr
7 1946, Journal des deux mondes. Solitudes et amitiés
74 giner des centaines en s’inspirant de ce que l’on sait de l’Europe occupée par Hitler, mais aucun fait qu’on puisse énumérer
75 Il ne se passe rien. Il manque seulement un je ne sais quoi dans l’air, en vous, dans la démarche des passants, et voilà l’é
76 h bien ce sera le 7 décembre 1941. Si vous voulez savoir comment les choses se passent, allons ce soir, en rentrant à New York
77 ils ne pouvaient pas même imaginer la veille… Qui sait si la guerre n’arrange pas autant de situation sans espoir qu’elle n’
78 déserts. Téléphone de Bernstein, il voudrait bien savoir un peu ce qui se passe… « N’êtes-vous pas l’auteur du Secret ? Souffr
79 t le premier soir dans le hall. Maintenant, on ne saurait plus le faire sortir de Bevin House. Il s’est remis à écrire un conte
80 e, à l’instant même où le GQG américain nous fait savoir qu’on peut y aller. Bevin House, fin octobre 1942 Dans cette ma
8 1946, Journal des deux mondes. Intermède
81 Intermède … mais sachez -le : nous n’étions pas absents de vous plus que de nous-mêmes. Vous é
9 1946, Journal des deux mondes. L’Amérique en guerre
82 Rockefeller : c’est l’un des quelques hommes qui savent tout ce qu’on invente et tout ce qu’on est en train de rechercher dan
83 crainte vague de perdre une liberté dont nous ne savons plus formuler les conditions… Avril 1943 Restrictions. — Le ti
84 eure justement, s’était mise dans ce cas. ⁂ On ne savait plus juger du « bien écrire » sinon par référence à des modèles ancie
85 ui ne passent plus pour telles, et qui portent. ⁂ Savoir ne point se limiter constamment à la qualité. Car cela irait à préfér
10 1946, Journal des deux mondes. Virginie
86 œuvre à la communauté, c’est un service qu’on ne saurait chiffrer, je le lui donne. En retour, elle me doit les moyens de mon
87 lles. Qui sont ces gens ? Elle dit : — « Je ne le sais pas plus que vous. Ils sont dans la maison depuis deux ou trois jours
88 isent les amis de Jim. — Mais où est Jim ? —Je ne sais pas. Il est parti. » Jim était l’intendant, une sorte de géant toujou
89 les meubles, humides et tremblants. « Mais je ne sais pas recevoir ! dit-elle moqueuse. Voulez-vous que je vous joue du pia
90 information personnelle à l’appui de ce que l’on savait , ou même à l’encontre parfois, mais si le tableau se compliquait alor
91 ur un avenir très vague. Ceux qui sont morts n’en savaient pas plus que nous. Les héros. Et moi ? Si je ne suis pas héros, c’est
92 insupportable que tous les cris de haine. Ils ne savaient pas cela, les jeunes Allemands, on ne leur avait jamais parlé du vrai
93 ec une rage panique ; ils continuent, mais ils se savent battus. Depuis qu’ils ont rencontré ce regard. 16. On peut bien di
11 1946, Journal des deux mondes. Intermède. Mémoire de l’Europe
94 Intermède Mémoire de l’Europe Je ne savais pas que tout était si près, là-bas. J’étais baigné. J’étais fondé. Et
95 l’Europe est la mémoire du monde, parce qu’elle a su garder en vie tant de passé, et garder tant de morts dans la présence
12 1946, Journal des deux mondes. Le choc de la paix
96 , si le danger a vraiment disparu ; et si nous ne savons rien tirer de cette épreuve de nos forces. Or presque aucun danger n’
97 i que ce soit… Le pire c’est que tout le monde le sait ou le pressent depuis un certain temps déjà, du moins ici en Amérique
98 é à subir passivement le choc d’une paix que l’on savait elle-même mal préparée. Ici les mots de pessimisme et d’optimisme per
99 ction juive. Là-dessus, il devient éloquent. — Et savez -vous que ces Juifs ont le toupet de faire payer la pension beaucoup p
100 vec ivresse aux délices d’une diatribe que chacun sait par cœur. « Some of my best friends are Jews… », cette phrase class
101 t que non. L’officier s’étonne, puis se fâche. Ne sait -on pas dans le monde entier que le peuple allemand plébiscita cinq fo
102 Pourquoi jeune ? Elle a dit son âge ? — Oh ! nous savons , nous avons l’habitude. Le 4, un jeune homme qui arrivait de Chicago.
103 ela ? — et il voulait absolument vous voir, il ne sait pas comment continuer. Voici son numéro… Je vous en prie appelez-le,
104 rue, ces hurlements de femme, chaque soir, je ne sais jamais s’il s’agit d’une ivrogne ou d’une évangéliste qui maudit nos
105 e location à Mr. John D. Rockefeller, car tout se sait . Des haut-parleurs répandaient sans relâche l’Adeste Fideles et des c
106 s ne souffrent pas la description. Il faudrait en savoir tant de choses qu’on n’oserait plus jamais en parler. C’est un peu co
13 1946, Journal des deux mondes. Journal d’un retour
107 t était antipatriotique, ou anticommuniste, je ne sais plus. On m’écrit cela de Paris et l’on ajoute que je ferais bien de r
108 venue, à telle heure du jour ou de la nuit, je le sais et j’y vais encore une fois, comme pour la retrouver déjà… Que signif
109 . Ils me demanderont pourquoi je l’aime, et je ne saurai comment répondre. Sait-on jamais pourquoi l’on aime un être ? Voici l
110 quoi je l’aime, et je ne saurai comment répondre. Sait -on jamais pourquoi l’on aime un être ? Voici longtemps qu’on a cessé
111 férez y vivre ? Vous reniez l’Europe ? Mais je ne sais pas du tout si l’Amérique est bien ou mal, si elle vaut mieux que l’E
112 assion. L’amour n’est pas encore rationné, que je sache  ? Et s’il est vrai, s’il n’est pas le masque d’une haine, s’il m’ouvr
113 une autre plus loin, et plusieurs en écho. Je ne savais plus, après six ans de New York, qu’il y a des cloches qui sonnent le
14 1946, Journal des deux mondes. Le mauvais temps qui vient
114 s dur, est plus grave que pécher par excès. On ne saurait exagérer la profondeur d’une telle révolution dans la patrie du moral
115 affronter les mauvais temps qui viennent. Ils le savaient , ils acceptaient ce fait, et posaient l’ordre en face de lui comme un
116 maintenues ou reposées par les hommes qui auront su , pour leur compte, s’équilibrer dans le chaos, aussi loin d’ignorer s