1 1939, L’Amour et l’Occident (1956). Le mythe de Tristan
1 au conte d’amour et de mort ?… » Rien au monde ne saurait nous plaire davantage. À tel point que ce début du Tristan de Bédier
2 mplicités cet artifice de « rhétorique profonde » sait -il rejoindre dans nos cœurs ? Que l’accord d’amour et de mort soit ce
3 ence, donc la mauvaise conscience des hommes… Qui sait où cela peut nous mener ? Là-dessus, il est temps de passer à l’opéra
4 ticulièrement, au roi. Aucune force extérieure ne saurait donc l’empêcher d’enlever Iseut et d’obéir à son destin. Les mœurs du
5 ction à l’anarchie brutale des mœurs féodales. On sait que le mariage, au xiie siècle, était devenu pour les seigneurs une
6 ariage, à la « satisfaction » de l’amour. « Il ne sait de donnoi vraiment rien celui qui désire l’entière possession de sa d
7 as encore répondre sur le fonds, car il s’agit de savoir pourquoi l’on préfère cet amour à l’autre, à celui qui se « réalise »
8 oman de rebondir 14. Cette remarque à son tour ne saurait constituer par elle-même une explication. À chacune de nos questions,
9 age « sérieux » sera d’autant plus exigeant qu’il sait que le déroulement des faits ne doit dépendre ni de son désir ni des
10 d’amour que dans leur vie commune du Morois… ⁂ On sait d’ailleurs que par la suite, et bien que le philtre n’agisse plus, le
11 sa blessure se rouvre) et à risquer sa vie (il se sait épié). Mais la passion est alors si violente, si animale pourrait-on
12 l’épée nue ou de la périlleuse chasteté. Sans le savoir , les amants malgré eux n’ont jamais désiré que la mort ! Sans le savo
13 gré eux n’ont jamais désiré que la mort ! Sans le savoir , en se trompant passionnément, ils n’ont jamais cherché que le rachat
14 avouable, que non seulement ceux qui la vivent ne sauraient prendre aucune conscience de sa fin, mais que ceux qui la veulent dép
15 Laissons de côté, pour le moment, la question de savoir si les auteurs des cinq poèmes primitifs étaient ou non conscients de
16 répondra que « c’est tout naturel », « qu’il n’en sait rien », « qu’il n’y attache pas d’importance ». S’il est poète, il pa
17 es du Roman sont celles que les auteurs n’ont pas su commenter, et qu’ils décrivent comme en toute innocence. ⁂ Il n’y aur
18 tains mystiques ont fait plus qu’avouer : ils ont su et se sont expliqués. Mais s’ils ont affronté « la Nuit obscure » ave
19 en nous. Liaison profonde de la souffrance et du savoir . Complicité de la conscience et de la mort ! (Hegel a pu fonder sur e
20 n radicale qu’il représente pour le mariage. Nous savons , par la fin du mythe, que la passion est une ascèse. Elle s’oppose à
21 2. 5. Ce serait ici le langage du poème : or on sait qu’il est des plus simples. 6. La raison dont je parle ici étant l’a
22 de mon réveil. Mais où ai-je fait séjour ? Je ne saurais le dire… C’était là où je fus toujours, et là où j’irai pour toujours
2 1939, L’Amour et l’Occident (1956). Les origines religieuses du mythe
23 ire à la meilleure propagation de l’espèce. On ne saurait voir dans ces processus vitaux autre chose que le support physiologiq
24 de semblable à l’amour de Tristan et d’Iseut. On sait assez que pour les Grecs et les Romains, l’amour est une maladie (Mén
25 ’instinct, c’est ne rien dire puisqu’il s’agit de savoir , précisément, quel est le facteur qui a pu causer cette déviation.
26 t, la voix des bardes celtes lui répondait. Je ne sais si c’était un écho, ou quelque harmonie ancestrale — toutes nos races
27 Désir dans des formes toujours semblables. Je ne sais ce que vaut l’hypothèse qui assimile jusque dans les détails les plus
28 général romain perdu dans sa rêverie nocturne : «  Sais -tu que je suis fée ? », dit-elle. Éros a revêtu les apparences de la
29 sidéré du point de vue de la vie, un tel Amour ne saurait être qu’un malheur total. Tel est le grand fond du paganisme oriental
30 devenue cette doctrine parmi nous ? « Personne ne saurait dire jusqu’à quelles couches profondes de l’humanité d’Occident ont p
31 er un support corporel. Mais il y a plus, nous le savons depuis Freud : le « type de femme » que chaque homme porte dans son c
32 adours au xiie siècle, c’est ce dont personne ne saurait plus douter. « Oui, entre les xie et xiie siècles, la poésie d’où q
33 ait tenu de parler — et de l’apprendre s’il ne le savait pas — le langage du troubadour, qui n’a jamais été que le provençal30
34 ouve là pour traduire la passion nouvelle ? On ne saurait trop souligner le caractère miraculeux de cette double naissance, si
35 ause historique précise — mais alors il s’agit de savoir pour quelles raisons elle est demeurée obscure jusqu’à nos jours. Ce
36 -ce par le moindre essai de les comprendre. Je ne saurais me contenter, pour ma part, d’une hypothèse à tel point scrupuleuse.
37 épéter sans se lasser des formules apprises on ne sait où. Et je me demande, après Aroux et Péladan, si le secret de toute c
38 t le premier millénaire du christianisme. Et l’on sait assez que la Gnose, de même que les doctrines de Mani ou Manès, plong
39 thares ? On a répété très longtemps qu’« on ne le saurait jamais » et cela pour l’excellente raison que l’Inquisition avait brû
40 st Amour, mais le monde est mauvais. Donc Dieu ne saurait être l’auteur du monde, de ses ténèbres et du péché qui nous enserre.
41  ! ses doux ris restent dans mon cœur ! » Or nous savons que tous ces châteaux sont des foyers connus de l’hérésie, ou même de
42 ui serait faite de lieux communs dont le poète ne saurait d’où ils viennent. N’est-ce pas, sauf la beauté, plutôt courant ? Et
43 s aurais-je par prouesse N’en ferais rien, car ne sais vouloir qu’ELLE ! Et ce cri de Bernart de Ventadour : Elle m’a pris
44 itiques que j’espère fécondes. Mais le lecteur me saura gré de tenir compte des doutes qui ont dû s’élever dans son esprit, e
45 de la victime sur un plat. La dame le mange sans savoir ce que c’est. Le seigneur le lui ayant dit : — » Messire, répond la d
46 ine d’autres poètes ! (Ce qui a fait dire à je ne sais plus quel érudit qu’il semblerait que toute la poésie des troubadours
47 dmirables poèmes à la louange de la Dame. Et nous savons par ailleurs que l’anneau (échangé par Tristan et Iseut) est le signe
48 eaucoup ont portées contre les troubadours — l’on sait au vrai peu de choses de leur vie — nous rappellerons l’exemple des s
49 uits à cause de leur inspiration sémite. Du moins sait -on par les pamphlets de ses adversaires que cette école proposait une
50 it à démontrer : 1° que le peu de choses que nous savons de la psychanalyse n’autorise pas à faire de cette doctrine la source
51 iatrique en particulier… Or il se trouve que nous savons exactement, nous autres hommes du xxe siècle, comment toutes ces cho
52 s improbables se sont réellement produites ; nous savons que les initiateurs du mouvement surréaliste ont lu Freud et l’ont vé
53 t surréaliste ont lu Freud et l’ont vénéré ; nous savons que sans lui, leurs théories et leur lyrisme eussent été tout différe
54 t leur lyrisme eussent été tout différents ; nous savons que ces poètes n’éprouvaient nul besoin et n’avaient pas la possibili
55 lité de parler de libido dans leurs poèmes ; nous savons même que c’est à la faveur d’une erreur initiale sur la portée exacte
56 capital pour l’analogie que je propose) ; et nous savons enfin qu’il a suffi que quelques-uns des chefs de cette école lisent
57 couvre d’invectives. Nos savants commentateurs ne savent trop que faire de ces encombrants losengiers, et tentent de s’en déba
58 de la Beauté attirant à elle les amoureux68. ⁂ On sait enfin que l’amour platonique fut révéré par une tribu dont le prestig
59 l fait avec son corps — cette part du diable — ne saurait engager le salut de son âme : « Point de péché au-dessous du nombril 
60 du Foix, de l’Albigeois étaient « croyantes » et savaient — bien qu’elles fussent mariées — que le mariage était condamné par l
61 leur vie. Car tous, tant que nous sommes, sans le savoir , menons nos vies de civilisés dans une confusion proprement insensée
62 t comme de purs « rhétoriqueurs82 ». D’Amour, je sais qu’il donne aisément grande joie à celui qui observe ses lois, dit le
63 Patience : De courtoisie peut se vanter celui qui sait garder Mesure… Le bien-être des amoureux consiste en Joie, Patience e
64 bientôt indifférente : J’ai une amie, mais je ne sais qui elle est, car jamais de par ma foi je ne la vis… et je l’aime for
65 ystique dont l’Inde, la Chine et le Proche-Orient surent les recettes. Tout cela me paraît vraisemblable, tout cela peut être
66 irés de la manière la plus incontestable. Nous ne savons si Chrétien de Troyes a bien compris les lois d’amour que lui enseign
67 ur que lui enseignait Marie de Champagne. Nous ne savons dans quelle mesure il a voulu que ses romans fussent des chroniques s
68 nce et de surenchère. » (II, p. 234.) Enfin, l’on sait que les jeunes Celtes au moment de la puberté, donc au sortir de la m
69 rendent vraisemblable la conclusion d’Hubert : à savoir que la mythologie celtique s’est transmise au cycle courtois non par
70 , II, p. 336.) Ce « son particulier », que Bédier sut faire rendre à sa moderne transcription de la légende, est si netteme
71 doublement, étant poétique et mystique. Mais nous savons maintenant d’où vient le mythe, et où il mène. Et peut-être pressento
72 victimes dans un au-delà de toute morale, qui ne saurait être que divin. Ainsi le philtre à la fois rive à la sexualité, qui e
73 s les menteurs ou les parjures étaient brûlés. On sait qu’Iseut, soupçonnée de trahir sa fidélité au roi Marc, s’offre au ju
74 que les Bretons n’avaient pas voulu dire, ou pas su dire, et s’étaient curieusement contentés d’illustrer en actions roma
75 us, en faveur d’une morale survivante que nous ne savons plus justifier. ⁂ Il s’en faut d’ailleurs de beaucoup que la passion
76 iés par C. Schmidt, à Stuttgart, en 1935. 53. On sait que l’un des lieux communs de la rhétorique courtoise consiste à se p
77 e de ce monde. En vérité, la question se ramène à savoir pourquoi le poète choisit d’aimer si haut, choisit l’Inaccessible. 5
78 e j’avais mentionnée au chapitre 7 de ce Livre, à savoir que les poèmes des troubadours pouvaient être — selon Rahn, Aroux et
3 1939, L’Amour et l’Occident (1956). Passion et mystique
79 pport quelconque entre ces deux réalités. Reste à savoir dans quelle mesure ce rapprochement ne nous est pas suggéré par la se
80 ue de la sexualité, c’est autant dire que l’on ne sait pas de quoi l’on parle. Si au contraire on rapporte cet amour à quelq
81 voire bouddhistes). En tout état de cause, on ne saurait plus parler d’un vulgaire roman d’adultère : l’infidélité d’Iseut, c’
82 , a trouvé l’amour. Mais tout d’abord, il n’a pas su le reconnaître. Quand le roi Marc — l’autorité constituée — l’envoie
83 voque.) ⁂ Voici un autre point de comparaison. On sait combien les mystiques espagnols ont coutume d’insister sur le récit d
84 trois sortes de biens qui peuvent consoler l’âme, savoir les temporels, les naturels, et les spirituels » ; enfin, « sur cette
85 il aime, plus il endure de souffrances. Mais nous savons que c’est la souffrance qui est le vrai but de la séparation voulue…
86 les qu’elles soient, de telles correspondances ne sauraient être, en toute honnêteté, réduites à des coïncidences. Mais si les fo
87 cependant — à tort peut-être — pour platonicien, sait dire en termes magnifiques que l’âme pure est le lieu de rédemption d
88 re et nos passions utilisent par abus, et sans le savoir , un langage dont la seule mystique définissait le sens valable. Plus
89 les chefs précis dont Otto le montre adversaire : savoir l’union essentielle et l’abandon des œuvres. On est toujours à l’Orie
90 et ses séides. » Et encore : « Ils ne veulent ni savoir , ni connaître, ni vouloir, ni aimer, ni remercier, ni louer, ni désir
91 es eckhartiens — écrit l’abbé Paquier116 —, je ne sais si l’on rencontre jamais le langage de l’amour humain. » À l’inverse,
92 moins frappant de l’usage des thèmes courtois. On sait que saint François d’Assise avait appris le français dans sa jeunesse
93 n grand baron adoré du monde entier118. » Et l’on sait d’autre part de quelle manière il inaugura son ministère : sur la gra
94 out cela relève d’une déviation sexuelle. Et l’on sait que les conclusions des savants du xixe siècle sont devenues nos pré
95 , soulignons bien que le langage des mystiques ne saurait être confondu avec la nature profonde de l’expérience qu’ils ont vécu
96 e nous faisions au précédent chapitre ? « Comment savoir , écrit J. Baruzi, si certaines images que Jean de la Croix emprunte a
97 collaboration avec son frère Rodrigue127. » Nous savons d’autre part que les auteurs religieux dont elle faisait sa nourritur
98 » et « refoulement », c’est simplement refuser de savoir de quoi l’on parle. Où est le refoulement, où est la censure, lorsque
99 e repose, non moins insoluble, quand il s’agit de savoir , en fin de compte, si c’est l’« esprit » ou la « matière » qui sont l
100 e, tenue pour primitive. Il se peut. Mais d’où le sait -on ? Les personnes qui croient cela, le croient-elles pour des raison
101 sens dit « propre » et le sens dit « figuré » ne sauraient être « ramenés » l’un à l’autre, car tous les deux traduisent « propr
102 ignorent… Ainsi les arguments s’annulent. Nous ne savons rien des origines premières. Ce que nous avons pu dégager, c’est uniq
103 à l’instinct. Le responsable d’un tel mensonge ne saurait être que « l’esprit ». (On sent ici à quelle profondeur l’amour-passi
104 a femme ; gardant de ses origines mystiques on ne sait quoi de divin, de faussement transcendant — une illusion de gloire li
105 tre proposée comme un critère lorsqu’il s’agit de savoir si tel mystique croyait ou non à l’union essentielle ? Dans ce cas, l
4 1939, L’Amour et l’Occident (1956). Le mythe dans la littérature
106 poque. « La musique adoucit les mœurs ? » Je n’en sais rien, et personne ne saurait le démontrer. Et la peinture, quelle peu
107 t les mœurs ? » Je n’en sais rien, et personne ne saurait le démontrer. Et la peinture, quelle peut bien être son action ? L’ar
108 ent à la ressemblance du « sublime » qu’elles ont su rendre inoubliable. C’est pourquoi l’on n’aura pas grand-peine à jalo
109 ut se demander dans quelle mesure les Siciliens «  savaient  » encore ce qu’est l’Amour. N’avaient-ils retenu du trobar clus que l
110 lus de chaleur amoureuse, mais en même temps, ils savent et disent (dans ce dire est la nouveauté) que la Dame est purement sy
111 onde, et sur le moindre rocher que trempe la mer, sait qu’un homme a été superlativement amoureux et c’est Pétrarque. Et ce
112 occasion d’une torture qu’il préfère à tout : Je sais , suivant mon feu partout où il me fuit, Brûler de loin — de près gele
113 rs. Et le secret de cette mélancolie, Pétrarque a su l’analyser mieux que les plus lucides victimes de ce que l’on baptise
114 connais très bien ton mal. Tout à l’heure, tu en sauras la cause. Dis-moi : qu’est-ce qui te rend triste à ce point ? Est-ce
115 s, sans trace de scepticisme ou d’ironie. Nous ne savons presque rien de Shakespeare — mais nous avons le Songe d’une Nuit d’é
116 été qui l’emporte, et dès lors la fin du roman ne saurait être qu’un retour à ce qui n’est plus le roman : au bonheur. Les gran
117 e pouvons résister… On ne donne point ce qu’on ne saurait nous refuser. » Voici qui est bel et bon. Mais nous n’oublions pas qu
118 L’essence du mythe de l’amour malheureux, nous le savons , c’est une passion inavouable. L’originalité de Corneille demeure d’a
119 tesse » à laquelle il nous invite à prendre on ne sait quel « plaisir », cela révèle en définitive d’assez morbides complais
120 dre, c’est la revanche de la mort. Oui, Racine le sait maintenant, c’est une nécessité qu’il y ait du sang et des morts dans
121 re est une fois marquée Le ciel de nos raisons ne sait point s’informer. (I, 1) Ce n’est pas ce ciel-là qu’eût adoré Cornei
122 tout — malgré même ce dernier trait que Racine a su faire mentir j’en viens à croire qu’il est sincère dans sa Préface lo
123 tre XVIII), analysant le passé des amants : on ne saurait dépister avec plus de rigueur, quoique féminine, les confusions intér
124 ile des larmes vertueuses, reconnaissable à je ne sais quel frisson funèbre. À peine Saint-Preux voit-il ses « vœux » comblé
125 té foisonnante que les plus purs poètes allemands savaient goûter malgré leur nostalgie170. René s’amuse un jour à effeuiller un
126 e dissoudre, ni se posséder ni être possédé. Nous savions que Tristan n’aimait pas Iseut pour elle-même, mais seulement pour l’
127 L’homme qui a écrit cela (dans Tristan et Isolde) savait que la passion est quelque chose de plus que l’erreur : qu’elle est u
128 n y soit parvenu si rapidement et complètement ne saurait d’ailleurs témoigner d’une vitalité sociale exceptionnelle ; c’est pl
129 uxquels Wagner, par une géniale simplification, a su réduire les trois actes du drame, exposent la signification profonde
130 elle de ce mode d’expression et des sujets qu’ils surent choisir. La musique seule peut bien parler de la tragédie, dont elle
131 es idéalisées et perverses auxquelles personne ne sait plus croire. Vous avez fait de la femme une espèce de divinité coquet
132 nu du mythe inonda notre vie quotidienne. Nous ne savions plus ce que signifiait cette diffuse exaltation de l’amour. Nous la p
133 l’idéalisation courtoise tient en ceci : Stendhal sait qu’il y aura décristallisation (retour à la lucidité). Le contrepoiso
5 1939, L’Amour et l’Occident (1956). Amour et guerre
134 ceptes de la religion, avait sa culture à elle, à savoir la courtoisie, et elle y puisait les normes de sa conduite184. » (Nou
135 e y puisait les normes de sa conduite184. » (Nous savons en effet que la courtoisie non seulement ne devait rien à l’Église, m
136 d’avisés diplomates, d’astucieux commerçants. Ils savaient le prix d’un soldat. Leur tactique consistait essentiellement à faire
137 on, et ils ne sont pas tous aussi chers, comme on sait  ; mais enfin, il y aurait encore moitié à gagner en finance, et tout
138 me de drame effrayant et passionné (Jomini) ». On sait par ailleurs quelle explosion de sentimentalisme précéda et accompagn
139 s’adresse la passion assumée par la Nation… Nous savons toutefois que la passion d’amour, par exemple, est en son fond un nar
140 ssi seul et puissant que Dieu. Elle veut (sans le savoir ) qu’au-delà de cette gloire, sa mort soit véritablement la fin de tou
141 e qui signifie littéralement : libérer… Hitler le sait peut-être un peu trop bien : Dans sa grande majorité, écrit-il, le pe
6 1939, L’Amour et l’Occident (1956). Le mythe contre le mariage
142 ut homme doit un jour connaître, et que la vie ne saurait être à plein vécue que par ceux qui « ont passé par là ». Or la passi
143 ns la mesure où la conscience moderne comme telle sait encore distinguer le christianisme des contraintes sacrées et sociale
144 ans le monde de la comparaison, où nul bonheur ne saurait s’établir, tant que l’homme ne sera pas Dieu. Le bonheur est une Eury
145 ’est l’alibi — où se complaisent les modernes, ne sait plus même être fidèle, puisqu’elle n’a plus pour fin la transcendance
146 si tous la jugent la plus belle). C’est qu’il ne sait plus posséder, ni plus aimer ce qu’il a dans le réel. Il a perdu la s
147 réalisé (d’après les recettes). Personne, que je sache , n’a encore osé dire que l’amour tel qu’on l’imagine de nos jours est
148 e que l’on prétend fonder sur lui. C’est qu’on ne sait pas au juste ce qu’est l’amour-passion, ni d’où il vient, ni où il va
149 ui se pose à l’historien, au sociologue, c’est de savoir quel mécanisme va se déclencher pour rétablir la situation — ou quel
150 s raisonnables, mais dont les effets lointains ne sauraient être évalués tant que le sens général de la crise nous échappe. Il s’
151 de raisons sociologiques et économiques que je ne saurais exposer ici. 209. En réalité, des phénomènes analogues affectèrent c
7 1939, L’Amour et l’Occident (1956). L’amour action, ou de la fidélité
152 Croisade, au total, fut un échec dont la passion sut profiter.) C’est qu’avant tout et après tout, à l’origine et à la fin
153 dre à cet homme qu’il n’ait déjà mieux dit ? Il a su louer le philistin et le romantique, et leur donner raison au point d
154 s » de l’esprit, dont parle Nietzsche. Mais si je sais que l’Apôtre a raison, et si je l’accepte, je considère alors l’équil
155 ttente — heureuse ou malheureuse — du parfait. Je sais que je tente une entreprise folle (et en même temps toute naturelle !
156 ) pour vivre le parfait dans l’imparfait. Mais je sais néanmoins que cet effort porte en lui-même une vérité imperturbable,
157 ! (C’est pourtant à cette utopie qu’obéit sans le savoir le mal marié, lorsqu’il se persuade qu’un second ou qu’un troisième e
158 e à croire que tout se ramène à une sagesse, à un savoir  ; et non pas à une décision. Or ce savoir ne pouvant être qu’imparfai
159 e, à un savoir ; et non pas à une décision. Or ce savoir ne pouvant être qu’imparfait, et provisoire, devrait se doubler d’une
160 gens qui s’attendent, en vertu du mythe, à je ne sais quels transports divins — il faut n’avoir connu que peu de solitude e
161 egaard, dans une ignorance qu’il faudrait muer en savoir , mais dans un savoir qui exige sa réalisation. » Ce n’est pas l’engag
162 rance qu’il faudrait muer en savoir, mais dans un savoir qui exige sa réalisation. » Ce n’est pas l’engagement qui est problém
163 yait pas — alors que le seul vrai problème est de savoir comment Lui obéir.) Car la fidélité est sans raisons — ou elle n’est
164 sures et nos équivalences n’ont plus cours). Mais savons -nous encore imaginer une grandeur qui n’ait rien de romantique ? Et q
165 plaisir d’une « liaison »). Mais combien d’hommes savent -ils la différence entre une obsession que l’on subit et un destin que
166 acte. Or, l’engagement que signifie le mariage ne saurait honnêtement s’appliquer à l’avenir d’un état où l’on se trouve aujour
167 cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée » ne saurait concerner que des actes. Il serait totalement absurde d’exiger de l’h
168 Agapè se venge d’Éros en le sauvant. Car Agapè ne sait pas détruire et ne veut même pas détruire ce qui détruit. « Je ne veu
169 ble : — en l’exprimant, Agapè l’en délivre. Agapè sait que la vie terrestre et temporelle ne mérite pas d’être adorée, ni mê
170 relle. Il peut maintenant espérer autre chose, il sait qu’il est une autre délivrance du péché. Et voici que l’Éros à son to
171 ersonne chez la femme. C’est autant dire qu’il ne sait pas encore aimer. Le viol et la polygamie privent la femme de sa qual
172 e occidental, j’entends notre génie technique, ne saurait être un seul instant ramené à la passion. L’attitude humaine qu’il ré
173 passion ni la foi hérétique dont elle est née ne sauraient proposer comme but à notre vie la maîtrise de la Nature, puisque c’es
174 er le milieu naturel (d’où la technique). Reste à savoir si le christianisme, accueilli par les Indes ou la Chine, y eût produ
175 ssement. Or le moyen de dépasser notre dilemme ne saurait être la pure et simple négation de l’un de ses termes. Je l’ai dit et
176 biographiques nous sont suffisamment connues. On sait que l’événement qui devint pour Kierkegaard le point de départ de tou
177 subjective, singulière et incomparable, qu’on ne saurait en pressentir la gravité sans invoquer la foi de Kierkegaard. Selon l
178 ierkegaard. Selon lui, l’homme fini et pécheur ne saurait entretenir avec son Dieu — qui est l’Éternel et le Saint — que des re
179 passion, née du mortel désir d’union mystique, ne saurait être dépassée et accomplie que par la rencontre d’un autre, par l’adm
180  143. 222. Je répète toutefois que le mariage ne saurait être fondé sur des « arguments » de ce genre. Il s’agit ici, simpleme