1 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Introduction
1 en soit de la question des origines dont nous ne savons encore à peu près rien. Quant à la méthode que je me propose, je l’il
2 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Première partie. La Voie et l’Aventure — Où les voies se séparent
2 ymétrie, des antithèses qu’une sagesse supérieure saurait conduire à la synthèse. Je vois le danger. Mais il faut voir aussi qu
3 tus majeures qui dénotent une union véritable : à savoir sa fécondité et sa durée. Une sagesse supérieure et vraiment unitive
4 ymboliques ne peut manquer d’impressionner. On ne saurait la réduire à rien d’accidentel, de physique ou d’anecdotique. Car si
5 hœurs. Messes de Mozart, Passions de Bach : je ne sais rien de plus européen, ni de plus véritablement communautaire. Nous a
6 inexact s’il fait penser à « collectif », à je ne sais quoi d’organisé ou d’encadré. Je cherchais à dire autre chose. Kassne
7 a de n’en rien faire, tout en confessant qu’il ne saurait attendre de ses vassaux une telle docilité. […] Et chaque Européen ép
3 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Première partie. La Voie et l’Aventure — Où le drame se noue
8 e se répand dans un monde où tout ce qui pense ne saurait le faire qu’en termes élaborés par l’hellénisme. La foi chrétienne va
9 devait recevoir en héritage, et qu’il partit sans savoir où il allait18. » L’homme de la foi sera l’homme en chemin, le viator
10  », qui n’a pas ici-bas de cité permanente. Il ne sait pas, il croit. Il n’a pas, il espère. Il ne voit pas, il obéit. Et sa
11 , d’une libre appréciation de la personne quant à savoir si l’acte exprime l’amour, s’il édifie. « Pourquoi, en effet, ma libe
4 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Deuxième partie. La Quête occidentale — La spire et l’axe
12 ai, aussi, que le monde occidental est parti sans savoir où il allait, comme Abraham quittant son pays ; sinon serait-il vraim
13 , et de ne pas déclarer où l’on va, il est bon de savoir d’où l’on vient. Cherchant les origines de la notion de personne, don
14 mesure fragile et menacé, mortel et ignorant, il sait qu’il n’est pas dieu, ne rêve pas de le devenir, mais se sent d’autan
15 ns l’homme converti. Ces antinomies, en effet, ne sauraient être résolues qu’en vertu de la foi, dans l’amour, et par l’obéissanc
16 déclare, — maladie mortelle de tout Ordre qui n’a su qu’encadrer l’anarchie ? Du pain ? L’État l’assure à ses clients doci
17 sauver de la dissociation bien mieux que n’avait su le faire l’ordre impérial. Pourtant elle n’a pas suspendu le verdict
18 ndamentale, originelle, de la Personne divine, ne saurait être résolue ni dépassée. Elle doit être assumée par la foi, au prix
19 ée par aucune médiation théorique. La personne ne saurait être conçue, par exemple, comme une synthèse harmonieuse d’individual
20 sme et de collectivisme, non plus que la santé ne saurait naître d’un heureux compromis entre la peste et le choléra. Mais le c
5 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Deuxième partie. La Quête occidentale — Le Château aventureux
21 iges aux yeux de l’Européen et d’un pathos qui ne saurait tromper, ils représentent dans notre Quête du Graal l’épisode du Chât
22 pas de Juge pour ses crimes. Et dès lors qu’il se sait illégitime dans sa prétention à régner au nom de tous contre une moit
23 à la mort par une complicité originelle. Nous le savons , ou du moins le pressentons. Mais nous reculons aussi devant l’imagin
24 fi, l’homme dit : c’est trop pour moi, mais je ne saurais plus vivre et ressentir ma vie sans cet appel intime. Il pense alors 
25 . Ainsi toutes nos révoltes imitent, même sans le savoir , le dépit de l’amour qui dresse contre le Père les enfants qu’il n’a
26 mble historique n’a jamais été converti, et il ne saurait l’être, en vérité, du seul fait qu’il n’est pas une personne. Mais le
27 le ne l’était avant le xiie siècle. D’où l’on ne saurait conclure, en poussant à l’absurde, que l’incroyant moderne est plus «
28 la psychanalyse ! Les auteurs qu’ils admirent le savent , et se gardent bien de toucher à l’idole, même s’ils n’y croient plus
6 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Deuxième partie. La Quête occidentale — L’expérience du temps historique
29 erme est promis à l’Histoire, encore que nul n’en sache « le jour ni l’heure ». Seule donc la négation réalisée du temps perm
30 a vue que le Moyen Âge, loin de représenter je ne sais quel « âge d’or du christianisme » — comme on l’a ressassé depuis les
31 tait sur celle du jugement dernier, « car nous ne savons ni le jour ni l’heure ». Et c’est pourquoi le progrès de la vision hi
32 urvu d’origine et de but connaissable, on ne peut savoir son sens, mais seulement l’épouser, et l’on ne peut le penser qu’en s
33 scrupule de conscience ou sursaut de belle âme ne saurait écarter cette conséquence, sans doute pénible, mais normale. Le re
34 ù l’a plongé sa science par une mutation brusque, saura-t -il en tirer une liberté nouvelle ? Je céderais à la tentation que j’a
35 choix fondamentaux. Car la question n’est pas de savoir « ce qui arrivera », mais de savoir dès maintenant ce que nous sommes
36 n’est pas de savoir « ce qui arrivera », mais de savoir dès maintenant ce que nous sommes disposés à laisser arriver ou à fai
7 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Deuxième partie. La Quête occidentale — L’expérience de l’espace
37 et quelque chose de cet esprit d’exode dont on ne sait s’il procède davantage de leurs tribulations ou de leur foi. Quant au
38 ord et son premier modèle : Abraham partit « sans savoir où il allait », obéissant à une vocation aussi obscure qu’impérieuse.
39 me au cœur d’un Croisé… Il est bon de partir sans savoir où l’on va, mauvais de rêver des voies qu’on appellera divines : fabu
40 tre du monde est dans l’homme Jamais Colón n’a su ce qu’il avait trouvé, et que c’était un Nouveau Monde qui ne portera
41 , rien ne serait plus faux que d’en inférer je ne sais quel vieillissement de l’Occident. Restituer le néolithique n’est pas
42 trouvons en marche comme Abraham qui partit sans savoir où il allait. S’il nous parle d’une Inde aux cités pavées d’or, sacho
43 S’il nous parle d’une Inde aux cités pavées d’or, sachons qu’il pense à délivrer Jérusalem, qui est pour lui le centre du monde
8 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Deuxième partie. La Quête occidentale — L’exploration de la matière
44 pu se produire en dehors d’une civilisation qui a su valoriser la matière et le corps, objets de la science, en même temps
45 nier ? La seule question sérieuse reste alors de savoir de quelle manière la science, agissant dans nos vies, procède des opt
46 posés mais en même temps vraiment valables. On ne saurait donc chercher la solution ni dans la réduction de l’un des termes, ni
47 main (au prix des équivoques et des abus que l’on sait ) il n’en va plus de même des couples gauche et droite, liberté et aut
48 ianisme. C’est ainsi que Nietzsche, le premier, a su décrire la différence fondamentale qui sépare la science grecque de n
49 ar des pensées spécieuses. Il exige de l’homme un savoir qui cependant paraît sans cesse se tourner en réquisitoire contre lui
50 entre l’énergie et quelque « ondulation » d’on ne sait quoi, que la frontière intelligible s’est évanouie ; mais c’est aussi
51 e se résolvait en une sorte de vide animé d’on ne savait trop quoi, sauf que « cela » restait calculable. « Une figure passagè
52 science à la théologie La question se ramène à savoir qui décide, et qui détient la preuve de la réalité. L’Occidental moye
53 t dans un « champ » au sein duquel agissent on ne sait quels archétypes formateurs… Le monde phénoménal n’est plus qu’une ap
54 nous juge et pose nos limites, qui sont celles du savoir humain, mais elle pose en même temps l’existence de l’idée d’un Aille
9 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Deuxième partie. La Quête occidentale — L’aventure technique
55 s nationaux. La question qui se pose est alors de savoir si l’Occident qui pense n’a pas pris l’habitude, depuis une cinquanta
56 tion occidentale. Il s’agit, une fois de plus, de savoir si elle signale une impasse ou une crise de croissance, l’échec de l’
57 et de l’homme, son vis-à-vis et son miroir. Il ne sait pas encore qu’il n’y voit que ses songes, et que les âmes des choses
58 rent en jeu qu’après coup ? Le problème revient à savoir comment et pourquoi la technique a pris un brusque essor à tel moment
59 visée que celle qui orientait leurs travaux. Nous savons aujourd’hui que le rêve des alchimistes n’était pas de faire de l’or
60 humaine (conditionnée par les trois dominantes du savoir pur, de la puissance et du salut) dans le rôle d’un ingénieur créant
61 hnique et la manière de s’en servir. Elle n’a pas su prévoir l’effroyable rançon qu’elle aurait à payer fatalement pour le
62 que les libère subitement à ce degré-là ? Je n’en sais rien. Savait-on beaucoup mieux, aux environs de 1830, ce qu’allait pr
63 ère subitement à ce degré-là ? Je n’en sais rien. Savait -on beaucoup mieux, aux environs de 1830, ce qu’allait produire la tec
64 de facteurs matériels que j’aurais oubliés ou ne saurais prévoir, qu’en vertu de nos libres décisions. (Ce n’est pas l’inventi
65 relative de cette invasion de la culture, nul ne saurait en préjuger : je dis seulement que tout y mène pour le meilleur et po
66 res — en bénéficieront très certainement. Et l’on sait , d’autre part, que la passion pour l’occulte ne cesse de grandir dans
67 politique, le cinéma, ou l’Art lui-même. Quant à savoir si cela représentera un progrès ou un risque nouveau, voilà qui nous
68 vitaux ». Etc. 71. Cf. Ma Vie par Henry Ford. On sait que ce rêveur incurable, bricoleur sans culture ni génie, cherchait à
10 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Deuxième partie. La Quête occidentale — Les ambivalences du progrès
69 sure de trancher la question confusément posée de savoir dans quel sens, bénéfique ou néfaste, vont se développer les conséque
70 seul » et que pourtant il devrait être saint. Il sait que le péché consiste à être séparé de la Vérité vivante, et que tous
71 grâce. Il est donc un inquiet perpétuel, mais qui sait les raisons de son inquiétude ; il sait qu’elle est normale, et non d
72 mais qui sait les raisons de son inquiétude ; il sait qu’elle est normale, et non désespérée, puisqu’elle est produite par
73 cience avance. L’Oriental pose ici la question de savoir si l’Occidental ne préférerait pas la recherche à la pleine possessio
74 ut temps des recettes d’immortalité89, dont on ne sache pas qu’aucune ait jamais réussi. L’Occident, lui, s’est contenté de m
75 mais d’œuvres signifiantes. L’Orient l’a toujours su et devrait nous le rapprendre, au lieu de perdre sa vertu en nous cop
76 utant, et son interdiction dans les deux camps ne saurait être considérée comme un acte réactionnaire. Le progrès suppose au co
77 personne que nous pourrions être ? La réponse ne saurait dépendre d’une enquête. La personne n’est jamais mesurable : elle mes
11 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Troisième partie. Où allons-nous ? — Le drame occidental
78 ligion de l’Empire romain, qui pour autant que je sache , n’a jamais suscité une seule vocation missionnaire. C’est donc moins
12 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Troisième partie. Où allons-nous ? — Où l’Aventure et la Voie se rejoignent
79 les côtes des Indes, pendant un Moyen Âge qui ne savait même pas le nom de l’hindouisme, ni du bouddhisme, ni du tao93. Enfin
80 adopter nos méthodes, et avec elles, mais sans le savoir ni l’assumer, un ensemble d’options qui ne sont pas orientales. Trans
81 ues, ni même des sociologues. Le dialogue vrai ne saurait donc s’instituer qu’au niveau des options de base, qui sont d’ordre m
82 par ce qui atteint les corps, dont les besoins ne sauraient être tenus pour primordiaux. Les vérités de l’Orient gardent donc leu
83 la ! Qu’est-ce que cela prouve, sinon ce que nous savions déjà ? Serrons encore d’un peu plus près le malentendu, et la nécessi
13 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Troisième partie. Où allons-nous ? — La quête sans fin
84 refuserait de la trouver lui-même, dès lors qu’il sait qu’il n’en est point de vraiment générale et transposable — il quitte