1 1939, L’Amour et l’Occident. Le mythe de Tristan
1 hes traduisent les règles de conduite d’un groupe social ou religieux. Ils procèdent donc de l’élément sacré autour duquel s’e
2 a femme dans un groupe historique donné : l’élite sociale , la chevalerie du xiie et du xiiie siècle. Ce groupe est à vrai dir
3 le d’avouer clairement un certain nombre de faits sociaux ou religieux, ou de relations affectives, que l’on tient cependant à
4 diteurs. Il faut bien voir que ces « cérémonies » sociales sont des moyens de faire admettre un contenu antisocial, qui est la p
5 user les pires dégâts. Que, par la suite, le lien social vienne à faiblir, ou que le groupe soit dissocié, le mythe cessera d’
6 élites faisaient un vaste effort de mise en ordre sociale et morale. Il s’agissait de « contenir », précisément, les poussées d
7 est que nous sommes parvenus au point de désordre social où l’immoralisme se révèle plus exténuant que les morales anciennes.
8 anque pas une occasion de rabaisser l’institution sociale , d’humilier le mari — roi aux oreilles de cheval, toujours si facilem
9 dans le Roman. Lorsque ce sont les circonstances sociales qui menacent les amants (présence de Marc, méfiance des barons, jugem
10 les amants, il substitue le signe de son pouvoir social , l’obstacle légal, objectif. Tristan relève ce défi : d’où le rebondi
11 u lecteur de roman. La chevalerie, c’est la règle sociale que les élites du siècle rêvent d’opposer aux pires « folies » dont e
2 1939, L’Amour et l’Occident. Les origines religieuses du mythe
12 ou les orthodoxies. On vit en elle la pire menace sociale . Ses fidèles furent massacrés, leurs écrits dispersés et brûlés. Si b
13 ue les troubadours ne tiraient rien de la réalité sociale , il paraît non moins évident que leur conception de l’amour venait d’
14 lle est née. Et non pas dans le milieu purement «  social  » au sens moderne, mais bien dans l’atmosphère religieuse qui se trou
15 ieuse qui se trouvait déterminer les formes, même sociales , de ce milieu35. Partant de là, constatons qu’un grand fait historiq
3 1939, L’Amour et l’Occident. Le mythe dans la littérature
16 es profondes et muettes des peuples, là où la vie sociale ne se prête plus aux formes nobles, ne fournit plus les beaux symbole
17 dédain de toutes les complications naturelles et sociales de l’amour, l’indulgence pour les mensonges et les égoïsmes de la vie
18 ctrine de Milton est bien plus « rationnelle » et sociale que celle des hérétiques du Midi. (Il considère par exemple le mariag
19 stan : c’est simplement le point d’honneur, manie sociale . C’est l’héroïne, ici, qui est la plus astucieuse lorsqu’il s’agit d’
20 ssement, et c’est le besoin de souffrir. Un corps social qui le cultive, s’alanguit, comme l’a montré le déclin du Moyen Âge ;
21 l’a montré le déclin du Moyen Âge ; mais un corps social qui l’ignore et croit pouvoir le ridiculiser, se dessèche et s’énerve
22 ion légale. D’où encore l’assimilation du préjugé social et des exigences d’une vertu déclarée religieuse par opportunité. Mai
23 ’est tantôt le mariage et l’honneur, ou le devoir social , ou la vertu, ou le secret mélancolique de l’amant ou quelque scrupul
24 et que tout élément « sacré » disparaît de la vie sociale . 17.Stendhal, ou le fiasco du sublime Homme du xviiie siècle,
25 rganisée et entretenue par une sorte de consensus social , d’aveuglement tout à la fois juré et inconscient. À force de l’enten
26 t significatif au plus haut point de la nécessité sociale des mythes. (Mensonges d’autodéfense d’une société qui veut sauver sa
27 nt ne saurait d’ailleurs témoigner d’une vitalité sociale exceptionnelle : c’est plutôt la frivolité du public ordinaire des th
28 ernière tentative pour régulariser dans son cadre social l’influence anarchisante de la passion. Car celle-ci survivait à tout
29 sion conventionnelle, donc admissible par l’ordre social , — ce fut le théâtre de Dumas à Bataille. La fameuse « pièce à trois
30 antibourgeoises font partie intégrante de l’ordre social établi. L’instinct de conservation rend en effet cet ordre tolérant à
31 courtois, au xiie siècle, avait eu pour fonction sociale d’ordonner et de purifier les puissances anarchiques de la passion. U
4 1939, L’Amour et l’Occident. Amour et guerre
32 évale dans l’ordre éthique. « C’est une nécessité sociale , un besoin d’autant plus impérieux que les mœurs sont plus féroces. I
33 jouaient un rôle parfois considérable dans la vie sociale . Les plus célèbres se distinguaient par leur culture, récitant et fai
34 chevalerie, bien qu’elle remplît la même fonction sociale (mais à la mesure de notre société). Ce n’était plus, en effet, un pr
35 ociation, au sens précis de relâchement des liens sociaux . La guerre européenne fut le jugement d’un monde qui avait cru pouvoi
5 1939, L’Amour et l’Occident. Le mythe contre le mariage
36 contre l’ordre naturel et un crime contre l’ordre social . Car le sacrement unissait tout à la fois deux âmes fidèles, deux cor
37 e visible. Elle tendait enfin à détruire un ordre social qui permettait et exigeait la guerre, comme expression du vouloir-viv
38 lit menace en permanence toutes nos « sécurités » sociales . En d’autres temps, ce fut la fonction du mythe que d’ordonner cette
39 t déprimé et profané en même temps que les formes sociales dont il tirait ses éléments plastiques. Si maintenant il tentait de s
40 e faire « bénir » par un prêtre. 2. — Contraintes sociales Les questions de rang, de sang, d’intérêts familiaux, et même d’argen
41 bien plutôt une volonté de s’évader de l’ambiance sociale et de souligner le caractère privé de ce qu’on appelle le bonheur des
42 nguer le christianisme des contraintes sacrées et sociales , elle le repousse avec horreur. Car l’engagement religieux est pris «
43 sant d’être garanti par un système de contraintes sociales ne peut plus se fonder, désormais, que sur des déterminations individ
44 ière à la ruine du mariage en tant qu’institution sociale . 3.« Aimer, c’est vivre ! » Dès le xiie siècle provençal, l’am
45 ccède à une humanité plus haute, où les barrières sociales , entre autres, s’évanouissent. Le Tzigane peut enlever la princesse,
46 ccurrence — de la primauté de l’amour sur l’ordre social établi. Que la passion profane soit une absurdité, une forme d’intoxi
47 ient d’accuser, mais il est la victime d’un ordre social où les obstacles se sont dégradés. Ils cèdent trop vite, ils cèdent a
48 s menaces évidemment intolérables pour tout ordre social , quel qu’il soit. (Et je ne parle même pas du danger spirituel que fa
49 . D’où l’absolue nécessité de restaurer les bases sociales , c’est-à-dire l’élément statique et stabilisateur au premier chef qu’
50 u’à Staline ? Le processus de ruine des obstacles sociaux , pour s’y être développé sans violences extérieures, n’avait que plus
51 eugénique, selon certains critères statistiques : sociaux , raciaux, physiologiques, rigoureusement indépendants des « goûts » i
52 disqualifiée, et définie comme simple déficience sociale (ou sabotage) devra se réfugier dans le secret. Mais alors elle retro
6 1939, L’Amour et l’Occident. L’Amour action, ou de la fidélité
53 romantiques, ou l’homme moral pris dans les rets sociaux , et incapable désormais de concevoir les vérités « cruelles » de l’es
54 ni de facteurs : caractère, beauté, fortune, rang social … Mais pour peu que se précisent les exigences individuelles197, ces d
55 qu’on en tire. Seul un respect acquis de l’ordre social soutient encore, en fait, l’idée de fidélité. Mais l’obstacle n’est p
7 1939, L’Amour et l’Occident. Appendices
56 pas en mesure de discerner un réel développement social , se servait de la fiction de l’idéal chevaleresque à l’aide de laquel