1 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Préface à l’édition de 1956
1 onnaisse que le mariage, dont dépend sa structure sociale , est plus grave que l’amour qu’elle cultive, et veut d’autres fondeme
2 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Le mythe de Tristan
2 hes traduisent les règles de conduite d’un groupe social ou religieux. Ils procèdent donc de l’élément sacré autour duquel s’e
3 a femme dans un groupe historique donné : l’élite sociale , la société courtoise et pénétrée de chevalerie du xiie et du xiiie
4 le d’avouer clairement un certain nombre de faits sociaux ou religieux, ou de relations affectives, que l’on tient cependant à
5 diteurs. Il faut bien voir que ces « cérémonies » sociales sont des moyens de faire admettre un contenu antisocial, qui est la p
6 user les pires dégâts. Que, par la suite, le lien social vienne à faiblir, ou que le groupe soit dissocié, le mythe cessera d’
7 élites faisaient un vaste effort de mise en ordre sociale et morale. Il s’agissait de « contenir », précisément, les poussées d
8 est que nous sommes parvenus au point de désordre social où l’immoralisme se révèle plus exténuant que les morales anciennes.
9 anque pas une occasion de rabaisser l’institution sociale , d’humilier le mari — roi aux oreilles de cheval, toujours si facilem
10 dans le Roman. Lorsque ce sont les circonstances sociales qui menacent les amants (présence de Marc, méfiance des barons, jugem
11 les amants, il substitue le signe de son pouvoir social , l’obstacle légal, objectif. Tristan relève ce défi : d’où le rebondi
12 u lecteur de roman. La chevalerie, c’est la règle sociale que les élites du siècle rêvent d’opposer aux pires « folies » dont e
3 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Les origines religieuses du mythe
13 doxies. On affecta de voir en elle la pire menace sociale . Ses fidèles furent massacrés, leurs écrits dispersés et brûlés. Si b
14 ue les troubadours ne tiraient rien de la réalité sociale , il paraît non moins évident que leur conception de l’amour venait d’
15 lle est née. Et non pas dans le milieu purement «  social  » au sens moderne, mais bien dans l’atmosphère religieuse qui se trou
16 ieuse qui se trouvait déterminer les formes, même sociales , de ce milieu.28 Partant de là, constatons qu’un grand fait historiq
17 utorité patriarcale réduit le fils au conformisme social et moral ; le poids de l’interdit lié à la mère (donc au principe fém
18 s est d’autant plus contraignant que la structure sociale est plus solide, la puissance du père plus assurée, et le dieu dont l
19 epose en fait sur des bases d’intérêt matériel et social , et se voit imposé aux époux sans qu’il soit tenu compte de leurs sen
20 té, la chair en général, et dans ce monde l’ordre social du temps (féodal, clérical, et guerrier), et dans cet ordre le mariag
21 ntent : le pauvre troubadour, de basse extraction sociale en général, s’est épris de la femme d’un haut baron, qui le dédaigne.
4 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Le mythe dans la littérature
22 es profondes et muettes des peuples, là où la vie sociale ne se prête plus aux formes nobles, ne fournit plus les beaux symbole
23 dédain de toutes les complications naturelles et sociales de l’amour, l’indulgence pour les mensonges et les égoïsmes de la vie
24 ctrine de Milton est bien plus « rationnelle » et sociale que celle des hérétiques du Midi. (Il considère par exemple le mariag
25 stan : c’est simplement le point d’honneur, manie sociale . C’est l’héroïne, ici, qui est la plus astucieuse lorsqu’il s’agit d’
26 ssement, et c’est le besoin de souffrir. Un corps social qui le cultive, s’alanguit, comme l’a montré le déclin du Moyen Âge ;
27 l’a montré le déclin du Moyen Âge ; mais un corps social qui l’ignore et croit pouvoir le ridiculiser, se dessèche et s’énerve
28 ion légale. D’où encore l’assimilation du préjugé social et des exigences d’une vertu déclarée religieuse par opportunité. Mai
29 ’est tantôt le mariage et l’honneur, ou le devoir social , ou la vertu, ou le secret mélancolique de l’amant, ou quelque scrupu
30 et que tout élément « sacré » disparaît de la vie sociale . 17.Stendhal, ou le fiasco du sublime Homme du xviiie siècle,
31 rganisée et entretenue par une sorte de consensus social , d’aveuglement tout à la fois juré et inconscient. À force de l’enten
32 t significatif au plus haut point de la nécessité sociale des mythes. (Mensonges d’autodéfense d’une société qui veut sauver sa
33 nt ne saurait d’ailleurs témoigner d’une vitalité sociale exceptionnelle : c’est plutôt la frivolité du public ordinaire des th
34 ernière tentative pour régulariser dans son cadre social l’influence anarchisante de la passion. Car celle-ci survivait à tout
35 sion conventionnelle, donc admissible par l’ordre social — ce fut le théâtre de Dumas à Bataille. La fameuse « pièce à trois p
36 antibourgeoises font partie intégrante de l’ordre social établi. L’instinct de conservation rend en effet cet ordre tolérant à
37 courtois, au xiie siècle, avait eu pour fonction sociale d’ordonner et de purifier les puissances anarchiques de la passion. U
5 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Amour et guerre
38 évale dans l’ordre éthique. « C’est une nécessité sociale , un besoin d’autant plus impérieux que les mœurs sont plus féroces. I
39 jouaient un rôle parfois considérable dans la vie sociale . Les plus célèbres se distinguaient par leur culture, récitant et fai
40 chevalerie, bien qu’elle remplît la même fonction sociale (mais à la mesure de notre société). Ce n’était plus, en effet, un pr
41 ociation, au sens précis de relâchement des liens sociaux . La première guerre européenne fut le jugement d’un monde qui avait c
6 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Le mythe contre le mariage
42 contre l’ordre naturel et un crime contre l’ordre social . Car le sacrement unissait tout à la fois deux âmes fidèles, deux cor
43 e visible. Elle tendait enfin à détruire un ordre social qui permettait et exigeait la guerre, comme expression du vouloir-viv
44 lit menace en permanence toutes nos « sécurités » sociales . En d’autres temps, ce fut la fonction du mythe que d’ordonner cette
45 t déprimé et profané en même temps que les formes sociales dont il tirait ses éléments plastiques. Si maintenant il tentait de s
46 er se faire bénir par un prêtre. 2. — Contraintes sociales . — Les questions de rang, de sang, d’intérêts familiaux et même d’arg
47 bien plutôt une volonté de s’évader de l’ambiance sociale et de souligner le caractère privé de ce qu’on appelle le bonheur des
48 nguer le christianisme des contraintes sacrées et sociales , elle le repousse avec horreur. Car l’engagement religieux est pris «
49 sant d’être garanti par un système de contraintes sociales ne peut plus se fonder, désormais, que sur des déterminations individ
50 ière à la ruine du mariage en tant qu’institution sociale définie par la stabilité. 3.« Aimer, c’est vivre ! » Dès le xii
51 ccède à une humanité plus haute, où les barrières sociales s’évanouissent. Le Tzigane peut enlever la princesse, le mécano épous
52 ccurrence — de la primauté de l’amour sur l’ordre social établi. Que la passion profane soit en réalité une forme d’intoxicati
53 ient d’accuser, mais il est la victime d’un ordre social où les obstacles se sont dégradés. Ils cèdent trop vite, ils cèdent a
54 s menaces évidemment intolérables pour tout ordre social , quel qu’il soit. (Et je ne parle même pas du danger spirituel que fa
55 . D’où l’absolue nécessité de restaurer les bases sociales , c’est-à-dire l’élément statique et stabilisateur au premier chef qu’
56 u’à Staline ? Le processus de ruine des obstacles sociaux , pour s’y être développé sans violences extérieures, n’avait que plus
57 eugénique, selon certains critères statistiques : sociaux , raciaux, physiologiques, rigoureusement indépendants des « goûts » i
58 opéen voit surtout une rupture créant un désordre social , et la perte d’un patrimoine de souvenirs et d’expériences communes,
59 ure, au dédain des convenances démodées de milieu social et religieux, d’éducation et de fortune. On pourrait certes imaginer
60 al. Le mariage qui se fondait sur les convenances sociales , donc du point de vue de l’individu, sur le hasard, avait au moins au
61 he du bonheur individuel primant sur la stabilité sociale , et le respect de l’évolution psychologique primant sur le sens du se
62 ines, ou à d’autres niveaux de la réalité, tantôt sociale , tantôt psychique. L’émancipation de la femme (son entrée dans la vie
63 e notre crise du mariage par des mesures morales, sociales ou scientifiques, déduites du seul désir d’arrêter les dégâts, ne ser
7 1939, L’Amour et l’Occident (1972). L’amour action, ou de la fidélité
64 romantiques, ou l’homme moral pris dans les rets sociaux , et incapable désormais de concevoir les vérités « cruelles » de l’es
65 de facteurs : caractère, physique, fortune, rang social … Mais pour peu que se précisent les exigences individuelles201, ces d
66 qu’on en tire. Seul un respect acquis de l’ordre social soutient encore, en fait, l’idée de fidélité. Mais l’obstacle n’est p
8 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Appendices
67 pas en mesure de discerner un réel développement social , se servait de la fiction de l’idéal chevaleresque à l’aide de laquel
9 1972, L’Amour et l’Occident (1972). Post-scriptum
68 tels que le mariage comme facteur de néguentropie sociale , ou le respect de l’autre en tant que différent, sont invoqués avec u
69 t leurs aires de diffusion, tant géographique que sociale . C’est un fait que l’hérésie s’est répandue chez les marchands des vi
70 is des nombreux aspects littéraires ou religieux, sociaux ou psychologiques du problème, mais beaucoup de ces thèses s’annulent
71 sme intérieur mais de ces facteurs historiques et sociaux . Mon livre est donc devenu le premier argument que Les Temps moderne
72 iques, nouvelles séparations pour éviter la faute sociale , mais aussi pour recréer la situation courtoise d’amour de loin (tout
73 ou de l’inceste, et tout s’effondrerait — l’ordre social  — dans une extase éblouissante. Or il respecte l’ordre féodal, il ne
74 unique d’être avec tous. Le couple est la cellule sociale originelle, dont les forces constitutives sont deux êtres de lois sin