1 1939, L’Amour et l’Occident. Le mythe de Tristan
1 passion d’amour signifie, de fait, un malheur. La société où nous vivons et dont les mœurs n’ont guère changé, sous ce rapport,
2 et adultère se confondent le plus souvent dans la société qui est la nôtre, n’est-ce pas une première preuve de ce fait paradox
3 errons que ce n’est pas seulement la nature de la société , mais l’ardeur même de la sombre passion qui exige un aveu masqué. Le
4 e est toujours aussi dangereuse pour la vie de la société . Elle tend toujours à provoquer, de la part de la société, une mise e
5 Elle tend toujours à provoquer, de la part de la société , une mise en ordre équivalente. D’où la permanence historique non poi
6 ’il est plus fort et plus vrai que le bonheur, la société et la morale. Il vit de la vie même du romantisme en nous ; il est le
7 odin, si l’on songe qu’il se traduisait, dans les sociétés primitives, non par cette répugnance que je prévois, mais par la mise
8 à illustrer le conflit de la chevalerie et de la société féodale — donc le conflit de deux devoirs ou même, nous l’avons vu pa
2 1939, L’Amour et l’Occident. Les origines religieuses du mythe
9 mentalité du siècle. Elles pénétrèrent bientôt la société féodale. Celle-ci ne connaissait pas toujours l’origine et la portée
10 ue, I, p. 1-65. 18. J. Vendryès, Mémoires de la société linguistique, XX, 6, 265. 19. Op. cit., I, p. 18, et II, p. 328. 2
3 1939, L’Amour et l’Occident. Passion et mystique
11 lier ni la lyre ni l’épée symbolique du défi à la société constituée ! Est-il beaucoup de nos poètes qui aient trouvé leur « am
12 leur passion étant inavouable tant aux yeux de la société (qui la réprouve comme un crime) qu’à leurs yeux propres (puisqu’elle
4 1939, L’Amour et l’Occident. Le mythe dans la littérature
13 oyen d’une littérature idéalisante, l’élite de la société médiévale. D’où la réaction « réaliste » qui ne pouvait manquer de s’
14 l’on veut que tout rentre dans l’ordre, c’est la société qui l’emporte, et dès lors la fin du roman ne saurait être qu’un reto
15 ise en ordre (pour ne pas dire mise au pas) de la société féodale par l’État-roi, entraîne des modifications assez profondes da
16 jours quelque séparation et quelque obstacle : la société , le péché, la vertu, notre corps, notre moi distinct. Et de là vient
17 dal. Un Richelieu ou un Lauzun dans la plus haute société , un Bezenval et un Casanova au niveau de l’aventure scélérate, tels s
18 he » du romantisme, et fréquentant d’ailleurs une société des plus sceptiques, Stendhal nous offre un exemple parfait pour l’an
19 ociale des mythes. (Mensonges d’autodéfense d’une société qui veut sauver sa forme, tandis que les individus qui la composent s
20 a loi tout animale des corps — ce qu’il faut à la société pour procréer et se consolider, ce qu’il faut au bourgeois pour resse
21 ’adaptation du mythe de Tristan à la mesure d’une société moderne. Le roi Marc est devenu le Cocu ; Tristan, le jeune premier,
22 t à la propagation de l’espèce et à la guerre, la société devait la persécuter. Ce fut Rome qui porta le fer et le feu dans les
23 un art aristocratique. Et quand les cadres de la société vinrent à craquer — sous l’effet de poussées d’un tout autre ordre d’
5 1939, L’Amour et l’Occident. Amour et guerre
24 est, selon J. Huizinga l’aspiration suprême de la société médiévale dans l’ordre éthique. « C’est une nécessité sociale, un bes
25 bien des jugements sur l’unité spirituelle de la société médiévale !) Or s’il est vrai que cette morale courtoise ne parvint g
26 manière à la rendre acceptable au jugement de la société . Le tournoi « joue » le mythe, physiquement : — « Les transports de l
27 s dans les pays nordiques. Les femmes de la haute société recevaient une éducation aussi complète que celle des hommes, et joui
28 de jeu dans la guerre, on peut en déduire que la société et sa culture font un effort pour recréer le mythe de la passion, c’e
29 urtre du Roi — action sacrée et rituelle dans les sociétés primitives — redevient quelque chose d’horrifiant et d’attirant tout
30 même fonction sociale (mais à la mesure de notre société ). Ce n’était plus, en effet, un principe spirituel qui inspirait les
31 assion et l’instinct de mort font peser sur toute société . La réponse du xiie siècle avait été la chevalerie courtoise, son ét
32 es, comme il ne cesse de nous travailler dans nos sociétés libérales. C’est l’éventualité de la paix que j’envisagerai dans les
6 1939, L’Amour et l’Occident. Le mythe contre le mariage
33 morales s’affrontaient au Moyen Âge : celle de la société christianisée, et celle de la courtoisie hérétique. L’une impliquait
34 qu’elle joue un rôle restreint dans la vie de nos sociétés . Ce qui explique, à mon sens l’état présent de dé-moralisation généra
35 nce : d’une part, une morale de l’espèce et de la société en général, mais plus ou moins empreinte de religion — c’est ce que l
36 tionnelle des relations entre les sexes, dans une société libérée des contraintes de classes et d’argent. D’autres enfin s’effo