1 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Première partie. La Voie et l’Aventure — Où les voies se séparent
1  Tradition » universelle, remontant à la nuit des temps , et noyant les problèmes concrets de notre siècle dans une condamnati
2 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Première partie. La Voie et l’Aventure — Où le drame se noue
2 dans un corps d’animal ou d’homme, se répète aux temps sombres et catastrophiques : ainsi les dix incarnations de Vishnu (do
3 rpasse le bien et commence à prédominer. Ainsi le temps de l’avatar hindou est celui du Mythe, non de l’Histoire. L’avatar se
4 nsable. L’Incarnation de Dieu dans l’espace et le temps , dans le corps d’un homme à telle date, atteste aux yeux de l’esprit
3 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Deuxième partie. La Quête occidentale — La spire et l’axe
5 ssants, que les pires tyrannies ont rejoint notre temps  ? Et il est vrai, aussi, que le monde occidental est parti sans savoi
6 , il n’y a plus que « chacun pour soi ». Voici le temps du cosmopolitisme et de l’individu sans foi ni loi, dont le plus fort
7 tienne. De même que la prédication des « derniers temps  » et d’une fin du monde imminente fut d’un puissant attrait pour les
8 disputes christologiques avaient commencé dès les temps apostoliques. Elles éclatent au milieu du iie siècle, entre Grecs ph
4 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Deuxième partie. La Quête occidentale — Le Château aventureux
9 ais simplement comme d’une formule qui a fait son temps , — voilà qui sera ressenti comme sacrilège par l’intelligentsia occid
10 on refus de la chair fragile et provisoire, et du temps décisif de cette vie dans la chair, dans son angélisme essentiel, la
11 te notion a la même extension dans l’espace et le temps que le « monde christianisé ». S’il n’y a pas le socialisme en Asie,
12 ront. L’Orient n’a pas connu pareille coupure des temps , — cette coupure de l’histoire en deux, qui a fait l’Histoire. L’Asie
13 u non) de l’Église chrétienne, voilà ce que notre temps ne peut plus mettre en doute. Nazisme et stalinisme ont eu leur pape
14 streint, de s’affranchir de ses soucis privés (en temps de guerre), de se sentir comme transporté dans une espèce de transcen
15 ne immortelle » sont des expressions courantes en temps de guerre. Cette rhétorique émeut des millions d’hommes, qui en oubli
16 Mouvement essentiellement intempestif, — niant le temps , l’attente, les conditions données et substituant impatiemment à l’ob
17 nde, avec ce philtre enthousiasmant qui annule le Temps , il a « bu sa destruction et sa mort ». Sacraliser des buts qui ne so
18 l’absolu réalisé dans cette vie limitée, dans ce temps qui nous fuit, dans cette chair impérieuse et débile, n’a pas cessé d
5 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Deuxième partie. La Quête occidentale — L’expérience du temps historique
19 Chapitre VL’expérience du temps historique L’Occident découvre le temps De la Genèse mosaïque
20 ce du temps historique L’Occident découvre le temps De la Genèse mosaïque jusqu’aux débuts du siècle dernier, les Occi
21 rêt pour peu que l’on considère les dimensions du temps décrites par les anciennes cosmologies de l’Orient. Pour l’Inde, l’un
22 cosmologies de l’Orient. Pour l’Inde, l’unité de temps — le Kalpa ou Jour de Brahma — est de quatre-milliards-trois-cent-vin
23 grandes religions de l’Orient et de l’Occident au temps cosmique comme au temps des humains, plaçons maintenant ce double fai
24 rient et de l’Occident au temps cosmique comme au temps des humains, plaçons maintenant ce double fait : le sens de l’Histoir
25 t dans notre siècle, ont enseigné des théories du temps , et presque toutes décrivent un temps cyclique. Elles croient aussi à
26 théories du temps, et presque toutes décrivent un temps cyclique. Elles croient aussi à la métempsycose, à l’astrologie et au
27 dait plus des astres ni d’un cours calculable des temps , mais d’une intention personnelle, inscrutable et pourtant manifestée
28 annonce la Résurrection, qui est victoire sur le Temps comme sur la mort. Mais c’est bien à partir de là que les hommes touc
29 uchés par le message évangélique ont découvert le temps irréversible de l’Histoire, et qu’ils ont osé l’accepter. La prédicat
30 brise la croyance unanime aux retours éternels du temps cyclique. Dans le prolongement du temps dramatique des Prophètes s’ou
31 ernels du temps cyclique. Dans le prolongement du temps dramatique des Prophètes s’ouvre alors le temps du salut : temps de l
32 u temps dramatique des Prophètes s’ouvre alors le temps du salut : temps de l’attente active, de l’espérance patiente, et de
33 e des Prophètes s’ouvre alors le temps du salut : temps de l’attente active, de l’espérance patiente, et de la foi dans un re
34 s un retour unique du Christ glorieux. Et dans ce temps nouveau, le rôle de chaque personne devient unique et décisif, comme
35 a métempsycose, qui réduisaient toute vie dans le temps et la chair à l’insignifiance anonyme d’un passage éphémère dans l’Il
36 llusion. Ainsi l’Histoire, conscience nouvelle du temps des hommes, est née de la même rupture des grands rythmes cosmiques e
37 rouve alors le courage exceptionnel d’accepter le temps et l’Histoire. Si toutes les religions traditionnelles ont développé
38 gions traditionnelles ont développé des mythes du temps cyclique et de l’éternel retour, c’est parce que l’homme a peur du te
39 éternel retour, c’est parce que l’homme a peur du temps . Voilà le fait fondamental. Car le temps est lié à la mort comme à la
40 peur du temps. Voilà le fait fondamental. Car le temps est lié à la mort comme à la perte des paradis — Eden, âge d’or, enfa
41 rdent à ceux de l’âme. Ainsi le rêve universel du Temps cyclique et du retour sans fin de toutes les situations dévalorise le
42 r sans fin de toutes les situations dévalorise le temps vécu de la souffrance. Ce n’est plus la souffrance qui est vaine, dè
43 d un sens exemplaire dans le Mythe, mais c’est le temps lui-même qui perd sa réalité, puisqu’il n’apporte plus d’absolue nouv
44 e une Personne ; par un geste sans précédent ; au temps choisi par lui ; « une fois pour toutes » — voici ruiné d’un coup tou
45 ifice mythique des protections de l’âme contre le temps de l’Histoire. Il s’agit d’un vrai fait, non plus d’un avatar ni de l
46 ussi à la liberté ; il devient responsable de son temps sur la Terre. Ce serait intolérable si la Révélation n’apportait en m
47 ion n’apportait en même temps la certitude que le temps a été vaincu au matin de Pâques, que l’homme ne lui appartient que pa
48 ni l’heure ». Seule donc la négation réalisée du temps permet d’assumer le temps dans sa réalité. Sans la Résurrection, l’ho
49 la négation réalisée du temps permet d’assumer le temps dans sa réalité. Sans la Résurrection, l’homme n’aurait pas la preuve
50 rait pas la preuve d’une existence qui échappe au temps et à la mort. « Si le Christ n’est pas ressuscité, votre foi est vain
51 endant, non plus au Mythe, contre la dictature du temps , n’est effectif que pour celui qui croit « que Dieu peut tout à tout
52 naturel sera de chercher et d’inventer contre le temps d’autres défenses. Il essaiera d’abord de mythifier le Christ en nian
53 Kepler les astronomes. La conception linéaire du temps et du progrès continu de l’Histoire n’est guère soutenue que par un J
54 ts dont seules les Écritures, fort peu lues en ce temps , attestent l’historicité44. Tout ceci nous confirme dans la vue que l
55 rs chrétiens, ce qui rend supportable l’idée d’un temps vidé de rythmes et de mythes, c’est la croyance à la Fin imminente :
56 croyance à la Fin imminente : encore « un peu de temps  » et le Christ reviendra. Mais Rome s’écroule, l’Église s’installe, e
57 Christ ne marque plus pour lui le commencement du temps de la Fin, mais le « milieu des temps », symbole archétypique. Les te
58 encement du temps de la Fin, mais le « milieu des temps  », symbole archétypique. Les temps sont rétrécis à quelques millénair
59 e « milieu des temps », symbole archétypique. Les temps sont rétrécis à quelques millénaires dont la chronologie restera symb
60 réciser, tandis que la Fin et le Commencement des temps ne cessaient de s’éloigner dans le vague et l’infini. Or le Credo pre
61 us, qui ne faisons que l’habiter pour un atome de temps insignifiant. Elle est devenue le cours de la réalité, où ce qu’il y
62 i lui résistent — peut-on la distinguer encore du temps lui-même ? N’est-elle pas simplement une manière de le penser qui le
63 nne, car la personne se fonde dans ce qui juge le temps , le détruit et le renouvelle. Et si l’on rêve d’un monde coupé du tra
64 raie que la règle — d’où les martyrs des premiers temps du christianisme. Si au contraire le « sens » appartient à l’Histoire
65 ute pénible, mais normale. Le refus moderne du temps Cette description rapide d’une attitude nouvelle et d’un état de c
66 suite obligée de l’attitude chrétienne devant le temps  ? Notre époque aurait-elle simplement l’esprit « plus historique » qu
67 pas. Celle-ci marque un recul devant le risque du temps . La conscience de l’Histoire est née de l’acceptation d’un temps radi
68 ience de l’Histoire est née de l’acceptation d’un temps radicalement imprévisible. Et sa fin seule était certaine et serait b
69 D’ici là, nul soutien que la foi. À ce risque du temps , le Moyen Âge résiste par un retour aux conceptions cycliques et par
70 é et de l’avenir : cette espèce de congélation du temps a pour effet d’éliminer le devenir. Mais la Renaissance et les siècle
71 hématique. On ne peut plus limiter l’espace ni le temps , et lorsqu’au xxe siècle ils se dilatent soudain au-delà de tout ce
72 u vertige. Sa dernière résistance à l’angoisse du temps se manifeste alors par la manière dont il décide d’identifier au deve
73 e crimes ? Elle vient de notre angoisse devant le temps . Anticiper l’avenir, c’est tenter de se convaincre que le temps ne va
74 er l’avenir, c’est tenter de se convaincre que le temps ne va pas apporter la négation de ce que je suis, de ce que j’attends
75 l’avenir, c’est le dernier refus de l’aventure du temps — la fuite dans l’utopie. Utopies pessimistes, dans les démocraties :
76 il suffit que la foi faiblisse, ou que le défi du temps paraisse insurmontable. L’utopie est recul devant le temps ouvert, el
77 aisse insurmontable. L’utopie est recul devant le temps ouvert, elle refuse d’affronter cette situation béante qui fut celle
78 e. L’Histoire-devenir, qui est une conjuration du temps , exige des sacrifices sanglants bien plus massifs que n’en rêvèrent j
79 opochtli. Dilemme La crise de notre sens du temps pose un dilemme. L’Occident succombant au Devenir déifié va-t-il se m
80 à ses « lois », mais au contraire d’affronter le temps au nom d’un sens qui ne peut s’originer qu’en la personne. Bref, la q
81 agent d’avance une signification aux surprises du temps qui vient à nous. Et ces options n’agiront point par la violence de p
82 ouvert simultanément la liberté personnelle et le temps continu (au lieu du temps cyclique). Il est même intéressant de noter
83 berté personnelle et le temps continu (au lieu du temps cyclique). Il est même intéressant de noter que l’existence de Dieu s
84 x, de dignité humaine et d’efficacité. Pendant ce temps , Jean Monnet créait à Luxembourg la Haute Autorité du plan Schuman, e
6 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Deuxième partie. La Quête occidentale — L’expérience de l’espace
85 ique. La découverte et la relative acceptation du temps linéaire (et non plus cyclique) de l’Histoire se trouvent liées, en O
86 l’espace cosmique nous habituant à des mesures de temps d’un type nouveau. Et finalement, la conception d’un espace-temps, au
87 rt ajoute aux âges de l’homme, comme la mesure du temps calculée sur les astres a permis la navigation transocéane54. L’expér
88 ansocéane54. L’expérience de l’espace et celle du temps convergent. L’astronome a guidé l’explorateur du globe, les terres no
89 e de son Odyssée : la patrie du salut, au-delà du temps . 49. Chronique de Juan de Torquemada, l’un des compagnons de Corté
7 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Deuxième partie. La Quête occidentale — L’exploration de la matière
90 émiques aujourd’hui déprimées et stériles. Il est temps de renouveler la question et de rappeler les aspects positifs : ceux-
91 nos propres coutumes, à notre insu, remontent aux temps de l’animisme. En revanche, les spiritualistes n’ont pas lieu de pavo
92 le cosmos est vraiment l’infini à la fois dans le temps et dans l’espace — comme l’ont cru les atomistes grecs, puis Nicolas
93 éral sur d’assez grossières confusions : celle du temps infini et de l’Éternité, celle de l’immatériel et de l’Esprit, celle
94 e aux dés avec le monde », disait Einstein peu de temps avant sa mort. 59. Karl Jaspers, Nietzsche und das Christentum. 60.
95 utaire. Est-ce bien sa faute ? Et la théologie du temps — je pense surtout à celle des pays protestants, les plus féconds, al
8 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Deuxième partie. La Quête occidentale — L’aventure technique
96 trer cette théorie tragique, reflétant le goût du temps plus que la réalité. L’homme primitif — qui vit encore en chacun de n
97 nos populations eut l’occasion, durant ce laps de temps , d’emprunter le chemin de fer, par exemple, et tous les trains de 183
98 e loisir, a diminué d’un tiers pendant ce laps de temps . Un deuxième but, qui est d’assurer la subsistance d’une humanité qui
99 ’ils donnent le vertige. Nous sommes au seuil des temps où la culture va devenir le sérieux de la vie. (Elle l’a toujours été
100 à très bas prix ces conditions élémentaires, le «  temps vide » du loisir83 deviendra le vrai temps de nos existences quotidie
101 , le « temps vide » du loisir83 deviendra le vrai temps de nos existences quotidiennes. La question « Que faire de ma vie ? »
102 l’a fait voir à une échelle réduite, mais dans un temps trop court pour qu’on distingue la suite. Une expérience un peu plus
103 s déjà — comme en vue de lendemains qui auront le temps de chanter — les occasions de mieux comprendre nos vies comme aussi d
104 ture finale du Progrès. 67. N’oublions pas Les Temps modernes de Chaplin, lequel a contribué plus que nul autre au dévelop
105 Encyclopédie de 1765 définit le loisir comme « le temps vuide. » Elle suppose donc que le travail est le vrai temps, le temps
106 e. » Elle suppose donc que le travail est le vrai temps , le temps plein. Cette hiérarchie des valeurs a dominé jusqu’à nos jo
107 suppose donc que le travail est le vrai temps, le temps plein. Cette hiérarchie des valeurs a dominé jusqu’à nos jours. Elle
108 atrices de loisirs (automation) c’est-à-dire de «  temps vide », que l’on appelle chômage. On refuse de considérer le loisir c
9 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Deuxième partie. La Quête occidentale — Les ambivalences du progrès
109 crise Malgré notre illusion de provinciaux du temps , le xxe siècle n’a guère plus de raisons qu’aucun autre siècle connu
110 est pas moins utopique que celle qui prévalait du temps des enthousiastes d’un progrès mécanique et fatal. Car tenter de plan
111 leur présence, lorsqu’il les voit de loin dans le temps ou l’espace) qu’il nomme des saints. Mais prenons garde que s’il les
112 écis. Les religions orientales ont fourni de tout temps des recettes d’immortalité89, dont on ne sache pas qu’aucune ait jama
113 otre honte, y pourrait être supprimée dans peu de temps par l’évolution de la technique. Une conclusion s’impose au vu de ce
114 passé ». C’est s’interdire d’être vraiment de son temps , d’être vraiment moderne, comme le furent sans le vouloir tous les si
115 La prise de conscience élargie de l’espace et du temps historique, la connaissance approfondie de la matière et du cosmos, e
10 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Troisième partie. Où allons-nous ? — Le drame occidental
116 retraite. On peut penser que l’Europe a fait son temps et donné ce qu’elle avait à donner au genre humain. (C’est peut-être
117 être un peu plus que ce qu’ont fait, dans le même temps , toutes les autres régions additionnées de la planète, mais enfin c’e
118 ont achevé l’œuvre sous nos yeux. Désormais, les temps et les rythmes des civilisations et de leurs nations sont destinés à
11 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Troisième partie. Où allons-nous ? — Où l’Aventure et la Voie se rejoignent
119 nt en fait, que l’Asie s’industrialise, et que le temps des voyages cesse de nous séparer (nous faisons en un jour d’avion un
120 un jour d’avion un trajet qui prenait deux ans du temps de Plan Carpin et de Marco Polo) il devient urgent de corriger les ab
121 Égyptiens et les Romains avaient déclaré en leur temps  : « Point de culture tant que des hommes ont faim ! » il n’y aurait p
122 pas là quelque injustice profonde ? N’est-il pas temps de reconnaître que nos valeurs n’étaient en somme pas si mauvaises, p
123 ues ; mais elle est devenue dans l’Église, dès le temps des conciles, et sans nul doute par contamination de l’ambition impér
124 faire du monde ainsi domestiqué, de l’espace, du temps et du loisir conquis ? Nous voulions aussi démontrer l’impossibilité
125 el. Nous cherchons plutôt les moyens de gagner du temps , et les trouvons par la technique. Sur quoi le mandarin visitant nos
126 in visitant nos usines : quand vous aurez tout le temps , qu’en ferez-vous ? (Mais lui, s’il devenait immortel ?) Le problème
127 l devenait immortel ?) Le problème de l’emploi du temps libre se posera donc demain, par notre fait, dans la réalité sérieuse
128 s son plan : il faut passer au-delà, soit dans le temps et l’espace, soit dans les dimensions spirituelles. L’au-delà des cri