1
Tradition » universelle, remontant à la nuit des
temps
, et noyant les problèmes concrets de notre siècle dans une condamnati
2
dans un corps d’animal ou d’homme, se répète aux
temps
sombres et catastrophiques : ainsi les dix incarnations de Vishnu (do
3
rpasse le bien et commence à prédominer. Ainsi le
temps
de l’avatar hindou est celui du Mythe, non de l’Histoire. L’avatar se
4
nsable. L’Incarnation de Dieu dans l’espace et le
temps
, dans le corps d’un homme à telle date, atteste aux yeux de l’esprit
5
ssants, que les pires tyrannies ont rejoint notre
temps
? Et il est vrai, aussi, que le monde occidental est parti sans savoi
6
, il n’y a plus que « chacun pour soi ». Voici le
temps
du cosmopolitisme et de l’individu sans foi ni loi, dont le plus fort
7
tienne. De même que la prédication des « derniers
temps
» et d’une fin du monde imminente fut d’un puissant attrait pour les
8
disputes christologiques avaient commencé dès les
temps
apostoliques. Elles éclatent au milieu du iie siècle, entre Grecs ph
9
ais simplement comme d’une formule qui a fait son
temps
, — voilà qui sera ressenti comme sacrilège par l’intelligentsia occid
10
on refus de la chair fragile et provisoire, et du
temps
décisif de cette vie dans la chair, dans son angélisme essentiel, la
11
te notion a la même extension dans l’espace et le
temps
que le « monde christianisé ». S’il n’y a pas le socialisme en Asie,
12
ront. L’Orient n’a pas connu pareille coupure des
temps
, — cette coupure de l’histoire en deux, qui a fait l’Histoire. L’Asie
13
u non) de l’Église chrétienne, voilà ce que notre
temps
ne peut plus mettre en doute. Nazisme et stalinisme ont eu leur pape
14
streint, de s’affranchir de ses soucis privés (en
temps
de guerre), de se sentir comme transporté dans une espèce de transcen
15
ne immortelle » sont des expressions courantes en
temps
de guerre. Cette rhétorique émeut des millions d’hommes, qui en oubli
16
Mouvement essentiellement intempestif, — niant le
temps
, l’attente, les conditions données et substituant impatiemment à l’ob
17
nde, avec ce philtre enthousiasmant qui annule le
Temps
, il a « bu sa destruction et sa mort ». Sacraliser des buts qui ne so
18
l’absolu réalisé dans cette vie limitée, dans ce
temps
qui nous fuit, dans cette chair impérieuse et débile, n’a pas cessé d
20
ce du temps historique L’Occident découvre le
temps
De la Genèse mosaïque jusqu’aux débuts du siècle dernier, les Occi
21
rêt pour peu que l’on considère les dimensions du
temps
décrites par les anciennes cosmologies de l’Orient. Pour l’Inde, l’un
22
cosmologies de l’Orient. Pour l’Inde, l’unité de
temps
— le Kalpa ou Jour de Brahma — est de quatre-milliards-trois-cent-vin
23
grandes religions de l’Orient et de l’Occident au
temps
cosmique comme au temps des humains, plaçons maintenant ce double fai
24
rient et de l’Occident au temps cosmique comme au
temps
des humains, plaçons maintenant ce double fait : le sens de l’Histoir
25
t dans notre siècle, ont enseigné des théories du
temps
, et presque toutes décrivent un temps cyclique. Elles croient aussi à
26
théories du temps, et presque toutes décrivent un
temps
cyclique. Elles croient aussi à la métempsycose, à l’astrologie et au
27
dait plus des astres ni d’un cours calculable des
temps
, mais d’une intention personnelle, inscrutable et pourtant manifestée
28
annonce la Résurrection, qui est victoire sur le
Temps
comme sur la mort. Mais c’est bien à partir de là que les hommes touc
29
uchés par le message évangélique ont découvert le
temps
irréversible de l’Histoire, et qu’ils ont osé l’accepter. La prédicat
30
brise la croyance unanime aux retours éternels du
temps
cyclique. Dans le prolongement du temps dramatique des Prophètes s’ou
31
ernels du temps cyclique. Dans le prolongement du
temps
dramatique des Prophètes s’ouvre alors le temps du salut : temps de l
32
u temps dramatique des Prophètes s’ouvre alors le
temps
du salut : temps de l’attente active, de l’espérance patiente, et de
33
e des Prophètes s’ouvre alors le temps du salut :
temps
de l’attente active, de l’espérance patiente, et de la foi dans un re
34
s un retour unique du Christ glorieux. Et dans ce
temps
nouveau, le rôle de chaque personne devient unique et décisif, comme
35
a métempsycose, qui réduisaient toute vie dans le
temps
et la chair à l’insignifiance anonyme d’un passage éphémère dans l’Il
36
llusion. Ainsi l’Histoire, conscience nouvelle du
temps
des hommes, est née de la même rupture des grands rythmes cosmiques e
37
rouve alors le courage exceptionnel d’accepter le
temps
et l’Histoire. Si toutes les religions traditionnelles ont développé
38
gions traditionnelles ont développé des mythes du
temps
cyclique et de l’éternel retour, c’est parce que l’homme a peur du te
39
éternel retour, c’est parce que l’homme a peur du
temps
. Voilà le fait fondamental. Car le temps est lié à la mort comme à la
40
peur du temps. Voilà le fait fondamental. Car le
temps
est lié à la mort comme à la perte des paradis — Eden, âge d’or, enfa
41
rdent à ceux de l’âme. Ainsi le rêve universel du
Temps
cyclique et du retour sans fin de toutes les situations dévalorise le
42
r sans fin de toutes les situations dévalorise le
temps
vécu de la souffrance. Ce n’est plus la souffrance qui est vaine, dè
43
d un sens exemplaire dans le Mythe, mais c’est le
temps
lui-même qui perd sa réalité, puisqu’il n’apporte plus d’absolue nouv
44
e une Personne ; par un geste sans précédent ; au
temps
choisi par lui ; « une fois pour toutes » — voici ruiné d’un coup tou
45
ifice mythique des protections de l’âme contre le
temps
de l’Histoire. Il s’agit d’un vrai fait, non plus d’un avatar ni de l
46
ussi à la liberté ; il devient responsable de son
temps
sur la Terre. Ce serait intolérable si la Révélation n’apportait en m
47
ion n’apportait en même temps la certitude que le
temps
a été vaincu au matin de Pâques, que l’homme ne lui appartient que pa
48
ni l’heure ». Seule donc la négation réalisée du
temps
permet d’assumer le temps dans sa réalité. Sans la Résurrection, l’ho
49
la négation réalisée du temps permet d’assumer le
temps
dans sa réalité. Sans la Résurrection, l’homme n’aurait pas la preuve
50
rait pas la preuve d’une existence qui échappe au
temps
et à la mort. « Si le Christ n’est pas ressuscité, votre foi est vain
51
endant, non plus au Mythe, contre la dictature du
temps
, n’est effectif que pour celui qui croit « que Dieu peut tout à tout
52
naturel sera de chercher et d’inventer contre le
temps
d’autres défenses. Il essaiera d’abord de mythifier le Christ en nian
53
Kepler les astronomes. La conception linéaire du
temps
et du progrès continu de l’Histoire n’est guère soutenue que par un J
54
ts dont seules les Écritures, fort peu lues en ce
temps
, attestent l’historicité44. Tout ceci nous confirme dans la vue que l
55
rs chrétiens, ce qui rend supportable l’idée d’un
temps
vidé de rythmes et de mythes, c’est la croyance à la Fin imminente :
56
croyance à la Fin imminente : encore « un peu de
temps
» et le Christ reviendra. Mais Rome s’écroule, l’Église s’installe, e
57
Christ ne marque plus pour lui le commencement du
temps
de la Fin, mais le « milieu des temps », symbole archétypique. Les te
58
encement du temps de la Fin, mais le « milieu des
temps
», symbole archétypique. Les temps sont rétrécis à quelques millénair
59
e « milieu des temps », symbole archétypique. Les
temps
sont rétrécis à quelques millénaires dont la chronologie restera symb
60
réciser, tandis que la Fin et le Commencement des
temps
ne cessaient de s’éloigner dans le vague et l’infini. Or le Credo pre
61
us, qui ne faisons que l’habiter pour un atome de
temps
insignifiant. Elle est devenue le cours de la réalité, où ce qu’il y
62
i lui résistent — peut-on la distinguer encore du
temps
lui-même ? N’est-elle pas simplement une manière de le penser qui le
63
nne, car la personne se fonde dans ce qui juge le
temps
, le détruit et le renouvelle. Et si l’on rêve d’un monde coupé du tra
64
raie que la règle — d’où les martyrs des premiers
temps
du christianisme. Si au contraire le « sens » appartient à l’Histoire
65
ute pénible, mais normale. Le refus moderne du
temps
Cette description rapide d’une attitude nouvelle et d’un état de c
66
suite obligée de l’attitude chrétienne devant le
temps
? Notre époque aurait-elle simplement l’esprit « plus historique » qu
67
pas. Celle-ci marque un recul devant le risque du
temps
. La conscience de l’Histoire est née de l’acceptation d’un temps radi
68
ience de l’Histoire est née de l’acceptation d’un
temps
radicalement imprévisible. Et sa fin seule était certaine et serait b
69
D’ici là, nul soutien que la foi. À ce risque du
temps
, le Moyen Âge résiste par un retour aux conceptions cycliques et par
70
é et de l’avenir : cette espèce de congélation du
temps
a pour effet d’éliminer le devenir. Mais la Renaissance et les siècle
71
hématique. On ne peut plus limiter l’espace ni le
temps
, et lorsqu’au xxe siècle ils se dilatent soudain au-delà de tout ce
72
u vertige. Sa dernière résistance à l’angoisse du
temps
se manifeste alors par la manière dont il décide d’identifier au deve
73
e crimes ? Elle vient de notre angoisse devant le
temps
. Anticiper l’avenir, c’est tenter de se convaincre que le temps ne va
74
er l’avenir, c’est tenter de se convaincre que le
temps
ne va pas apporter la négation de ce que je suis, de ce que j’attends
75
l’avenir, c’est le dernier refus de l’aventure du
temps
— la fuite dans l’utopie. Utopies pessimistes, dans les démocraties :
76
il suffit que la foi faiblisse, ou que le défi du
temps
paraisse insurmontable. L’utopie est recul devant le temps ouvert, el
77
aisse insurmontable. L’utopie est recul devant le
temps
ouvert, elle refuse d’affronter cette situation béante qui fut celle
78
e. L’Histoire-devenir, qui est une conjuration du
temps
, exige des sacrifices sanglants bien plus massifs que n’en rêvèrent j
79
opochtli. Dilemme La crise de notre sens du
temps
pose un dilemme. L’Occident succombant au Devenir déifié va-t-il se m
80
à ses « lois », mais au contraire d’affronter le
temps
au nom d’un sens qui ne peut s’originer qu’en la personne. Bref, la q
81
agent d’avance une signification aux surprises du
temps
qui vient à nous. Et ces options n’agiront point par la violence de p
82
ouvert simultanément la liberté personnelle et le
temps
continu (au lieu du temps cyclique). Il est même intéressant de noter
83
berté personnelle et le temps continu (au lieu du
temps
cyclique). Il est même intéressant de noter que l’existence de Dieu s
84
x, de dignité humaine et d’efficacité. Pendant ce
temps
, Jean Monnet créait à Luxembourg la Haute Autorité du plan Schuman, e
85
ique. La découverte et la relative acceptation du
temps
linéaire (et non plus cyclique) de l’Histoire se trouvent liées, en O
86
l’espace cosmique nous habituant à des mesures de
temps
d’un type nouveau. Et finalement, la conception d’un espace-temps, au
87
rt ajoute aux âges de l’homme, comme la mesure du
temps
calculée sur les astres a permis la navigation transocéane54. L’expér
88
ansocéane54. L’expérience de l’espace et celle du
temps
convergent. L’astronome a guidé l’explorateur du globe, les terres no
89
e de son Odyssée : la patrie du salut, au-delà du
temps
. 49. Chronique de Juan de Torquemada, l’un des compagnons de Corté
90
émiques aujourd’hui déprimées et stériles. Il est
temps
de renouveler la question et de rappeler les aspects positifs : ceux-
91
nos propres coutumes, à notre insu, remontent aux
temps
de l’animisme. En revanche, les spiritualistes n’ont pas lieu de pavo
92
le cosmos est vraiment l’infini à la fois dans le
temps
et dans l’espace — comme l’ont cru les atomistes grecs, puis Nicolas
93
éral sur d’assez grossières confusions : celle du
temps
infini et de l’Éternité, celle de l’immatériel et de l’Esprit, celle
94
e aux dés avec le monde », disait Einstein peu de
temps
avant sa mort. 59. Karl Jaspers, Nietzsche und das Christentum. 60.
95
utaire. Est-ce bien sa faute ? Et la théologie du
temps
— je pense surtout à celle des pays protestants, les plus féconds, al
96
trer cette théorie tragique, reflétant le goût du
temps
plus que la réalité. L’homme primitif — qui vit encore en chacun de n
97
nos populations eut l’occasion, durant ce laps de
temps
, d’emprunter le chemin de fer, par exemple, et tous les trains de 183
98
e loisir, a diminué d’un tiers pendant ce laps de
temps
. Un deuxième but, qui est d’assurer la subsistance d’une humanité qui
99
’ils donnent le vertige. Nous sommes au seuil des
temps
où la culture va devenir le sérieux de la vie. (Elle l’a toujours été
100
à très bas prix ces conditions élémentaires, le «
temps
vide » du loisir83 deviendra le vrai temps de nos existences quotidie
101
, le « temps vide » du loisir83 deviendra le vrai
temps
de nos existences quotidiennes. La question « Que faire de ma vie ? »
102
l’a fait voir à une échelle réduite, mais dans un
temps
trop court pour qu’on distingue la suite. Une expérience un peu plus
103
s déjà — comme en vue de lendemains qui auront le
temps
de chanter — les occasions de mieux comprendre nos vies comme aussi d
104
ture finale du Progrès. 67. N’oublions pas Les
Temps
modernes de Chaplin, lequel a contribué plus que nul autre au dévelop
105
Encyclopédie de 1765 définit le loisir comme « le
temps
vuide. » Elle suppose donc que le travail est le vrai temps, le temps
106
e. » Elle suppose donc que le travail est le vrai
temps
, le temps plein. Cette hiérarchie des valeurs a dominé jusqu’à nos jo
107
suppose donc que le travail est le vrai temps, le
temps
plein. Cette hiérarchie des valeurs a dominé jusqu’à nos jours. Elle
108
atrices de loisirs (automation) c’est-à-dire de «
temps
vide », que l’on appelle chômage. On refuse de considérer le loisir c
109
crise Malgré notre illusion de provinciaux du
temps
, le xxe siècle n’a guère plus de raisons qu’aucun autre siècle connu
110
est pas moins utopique que celle qui prévalait du
temps
des enthousiastes d’un progrès mécanique et fatal. Car tenter de plan
111
leur présence, lorsqu’il les voit de loin dans le
temps
ou l’espace) qu’il nomme des saints. Mais prenons garde que s’il les
112
écis. Les religions orientales ont fourni de tout
temps
des recettes d’immortalité89, dont on ne sache pas qu’aucune ait jama
113
otre honte, y pourrait être supprimée dans peu de
temps
par l’évolution de la technique. Une conclusion s’impose au vu de ce
114
passé ». C’est s’interdire d’être vraiment de son
temps
, d’être vraiment moderne, comme le furent sans le vouloir tous les si
115
La prise de conscience élargie de l’espace et du
temps
historique, la connaissance approfondie de la matière et du cosmos, e
116
retraite. On peut penser que l’Europe a fait son
temps
et donné ce qu’elle avait à donner au genre humain. (C’est peut-être
117
être un peu plus que ce qu’ont fait, dans le même
temps
, toutes les autres régions additionnées de la planète, mais enfin c’e
118
ont achevé l’œuvre sous nos yeux. Désormais, les
temps
et les rythmes des civilisations et de leurs nations sont destinés à
119
nt en fait, que l’Asie s’industrialise, et que le
temps
des voyages cesse de nous séparer (nous faisons en un jour d’avion un
120
un jour d’avion un trajet qui prenait deux ans du
temps
de Plan Carpin et de Marco Polo) il devient urgent de corriger les ab
121
Égyptiens et les Romains avaient déclaré en leur
temps
: « Point de culture tant que des hommes ont faim ! » il n’y aurait p
122
pas là quelque injustice profonde ? N’est-il pas
temps
de reconnaître que nos valeurs n’étaient en somme pas si mauvaises, p
123
ues ; mais elle est devenue dans l’Église, dès le
temps
des conciles, et sans nul doute par contamination de l’ambition impér
124
faire du monde ainsi domestiqué, de l’espace, du
temps
et du loisir conquis ? Nous voulions aussi démontrer l’impossibilité
125
el. Nous cherchons plutôt les moyens de gagner du
temps
, et les trouvons par la technique. Sur quoi le mandarin visitant nos
126
in visitant nos usines : quand vous aurez tout le
temps
, qu’en ferez-vous ? (Mais lui, s’il devenait immortel ?) Le problème
127
l devenait immortel ?) Le problème de l’emploi du
temps
libre se posera donc demain, par notre fait, dans la réalité sérieuse
128
s son plan : il faut passer au-delà, soit dans le
temps
et l’espace, soit dans les dimensions spirituelles. L’au-delà des cri