1 1939, L’Amour et l’Occident. Le mythe de Tristan
1 t au suzerain. Le chevalier breton, tout comme le troubadour méridional, se reconnaît le vassal d’une Dame élue. Mais en fait, il
2 1939, L’Amour et l’Occident. Les origines religieuses du mythe
2 rtezia, l’amour courtois. 6.L’amour courtois : troubadours et cathares Que toute la poésie européenne soit issue de la poésie
3 la poésie européenne soit issue de la poésie des troubadours au xiie siècle, c’est ce dont personne ne saurait plus douter. « Oui
4 e, c’est-à-dire que le poète, ne pouvant être que troubadour , était tenu de parler — et de l’apprendre s’il ne le savait pas — le
5 l’apprendre s’il ne le savait pas — le langage du troubadour , qui n’a jamais été que le provençal.28 » Qu’est-ce que la poésie des
6 que le provençal.28 » Qu’est-ce que la poésie des troubadours  ? L’exaltation de l’amour malheureux. « Il n’y a dans toute la lyriqu
7 r mou castitaz (d’amour vient chasteté) chante le troubadour toulousain Guilhem Montanhagol. L’Amour suppose aussi un rituel : le
8 .32 » Or, s’il est à ce point « évident » que les troubadours ne tiraient rien de la réalité sociale, il paraît non moins évident q
9 : tout compte fait, cela ne se tient pas, car les troubadours , paraît-il, avaient trop peu de culture pour connaître cette poésie.
10 . Je me refuse à supposer un seul instant que les troubadours furent des faibles d’esprit, tout juste bons à répéter sans se lasser
11 7.Hérésie et poésie Doit-on considérer les troubadours comme les « croyants » de l’Église cathare, et comme les chantres de
12 on : comment et par quoi expliquer le lyrisme des troubadours , si l’on nie que l’hérésie cathare en ait été la source vive ? Otto R
13 o Rahn n’hésite point à écrire : « La plupart des troubadours étaient hérétiques, tous les cathares étaient troubadours. » Mais nou
14 urs étaient hérétiques, tous les cathares étaient troubadours . » Mais nous avons assez de bonnes raisons pour nous passer de toute
15 ion enthousiaste. Est-ce pure coïncidence, si les troubadours comme les cathares glorifient l’amour « perpétuellement insatisfait »
16 s. Voyons plutôt les arguments adverses. Tous les troubadours , dira-t-on, ne furent pas dans le camp de l’hérésie. Plusieurs finire
17 que ce fût possible en soi, que tels d’entre les troubadours ignoraient les analogies de leur lyrisme et du dogme cathare, on n’au
18 la beauté, plutôt courant ? Et si l’on dit : ces troubadours ne parlent point de leurs croyances dans les poésies qui nous restent
19 qui nous donne à penser si l’on songe à tous les troubadours qui devaient subir un apparent « mariage » avec l’Église de Rome dont
20 viendra l’aube. Mais à la fin de la chanson, le troubadour a-t-il trahi ses vœux ? Ou bien a-t-il trouvé au sein de la nuit la L
21 y voir la source du lyrisme courtois ; 2° Que les troubadours n’ont jamais dit qu’ils suivaient cette religion, ou que c’était d’el
22 naître une rhétorique aussi précise que celle des troubadours . Je répondrai dans l’ordre de ces critiques. 1. Religion mal connue S
23 le remarquer. Parlant de la lyrique abstraite des troubadours du xiiie siècle, et de la confusion qu’elle favorise, de Dieu et de
24 ans conséquences. Soit. Mais les théories que les troubadours développaient avec une si grave application, ne sont-elles pas aux an
25 Je ne vois pas qu’elle en trouve ailleurs. 2. Les troubadours gardent le secret Nous avons dit plus haut pour quelles raisons impér
26 symbolisme courtois, s’il explique de la part des troubadours certaines confusions ou abus, en explique davantage de notre part. Si
27 rité » (p. 199). C’est dire que le « secret » des troubadours était en somme une évidence symbolique aux yeux des initiés et des sy
28 de débrouiller ». (Op. cit., II, p. 16.) Mais le troubadour Alegret l’a fort bien dit : « Mon vers (poème) paraîtra insensé au s
29 e lui poser une énigme » ? On peut penser que les troubadours étaient mus par des passions moins puériles… « J’entrelace des mots r
30 mais elle demeure presque insoluble : comment les troubadours entendaient-ils leurs propres symboles ? Et d’une manière plus généra
31 … Qu’on se rappelle ce seigneur jaloux qui tue le troubadour favori de sa femme, et fait servir le cœur de la victime sur un plat.
32 en de Troyes, et les poètes du Nord disciples des troubadours , Gace Brûlé, Gautier d’Épinal, Blondel de Nesle « qui font penser aux
33 t pourquoi vouloir à tout prix que les poèmes des troubadours comportent des notations « réalistes » et des descriptions précises d
34 l érudit qu’il semblerait que toute la poésie des troubadours fût l’œuvre d’un seul auteur louant une Dame unique !) Où est alors c
35 tit fait encore : deux des plus ardents parmi les troubadours à louer les beautés de leur Dame, Arnaut Daniel et l’Italien Guinizel
36 s de débauche que beaucoup ont portées contre les troubadours — l’on sait au vrai peu de choses de leurs vies — nous rappellerons l
37 athares, et plus encore chez leurs disciples, les troubadours . Des accusations horrifiantes figurent à cet égard dans les registres
38 naître une rhétorique aussi précise que celle des troubadours  ? C’est l’argument que les romanistes ont coutume d’opposer à l’inter
39 tions al-Hallaj, Al-Ghazali et Sohrawardi d’Alep, troubadours de l’Amour suprême, chantres courtois de l’Idée voilée, objet aimé ma
40 d’une pareille polémique s’appliquent au cas des troubadours , et plus tard, nous le verrons, au cas des grands mystiques occidenta
41 Or selon certains interprètes de la mystique des troubadours , la Dame des pensées ne serait autre que la part spirituelle et angél
42 l de la femme aimée, et signifie ici Dieu. Or les troubadours nommaient aussi la Dame de leurs pensées d’un nom conventionnel ou se
43 el), c’est un des thèmes constants du lyrisme des troubadours , puis de Dante et enfin de Pétrarque. Tous ces poètes attachent au « 
44 ngiers (médisants, indiscrets, espions) et que le troubadour couvre d’invectives. Nos savants commentateurs ne savent trop que fai
45 , roi d’Angleterre73. Elle emmenait avec elle ses troubadours . C’est par elle et par eux entre autres que les trouvères anglo-norma
46  » et tantôt plus « barbares » que les poèmes des troubadours , dont ils sont cependant inspirés de la manière la plus incontestable
47 d bien même les trouvères seraient inférieurs aux troubadours dans la connaissance mystique, ils n’ont pas introduit dans leurs rom
48 considérée comme une ascèse, le « mal aimé » des troubadours . Voici Tristan livré au plus cruel conflit, lorsqu’au soir de ses noc
49 de l’amour courtois, lorsqu’on passe du Midi des troubadours au Nord plus barbare des trouvères, nous sommes en mesure de voir dor
50 . Rahn fait probablement allusion à l’aventure du troubadour Pierre de Barjac. On connaît d’autres cas où l’amant d’une femme — to
51  belle ». 31. A. Jeanroy, La Poésie lyrique des troubadours , 1934. 32. A. Jeanroy, Introduction à une Anthologie des troubadour
52 2. A. Jeanroy, Introduction à une Anthologie des troubadours , 1927. Une page plus loin notre auteur écrit d’ailleurs : « La nobles
53 eviendra. 33. A. Jeanroy, La Poésie lyrique des troubadours , I, p. 69. 34. E. Wechssler, Das Kulturproblem des Minnesangs, Hall
54 ise, est un indice probable de catharisme chez un troubadour . Les cathares s’appliquaient à parler le langage orthodoxe, moyennant
55 onstration serrée, que l’on prenne les poèmes des troubadours comme sources d’études sur le catharisme. — Cf. sur Peire Cardinal hé
56 f. sur Peire Cardinal hérétique : J. Anolade, Les Troubadours , p. 209-210. 53. Poésie lyrique des troubadours, II, p. 306. Faut-i
57 Troubadours, p. 209-210. 53. Poésie lyrique des troubadours , II, p. 306. Faut-il que je m’excuse de revenir sans cesse à ce livre
58 c’est à-dire de la toute première génération des troubadours  ! Donc l’un des inventeurs de ces « formules ». Nous tenons ici un be
59 ndancieux. On veut à tout prix que le langage des troubadours soit le langage naturel de l’amour humain, transposé à l’amour divin.
60 pour répondre au reproche d’insincérité fait aux troubadours par nos érudits — reproche lui-même stéréotypé… 58. Mais catholique
61 ons dont il serait difficile de nier que certains troubadours n’aient pas été victimes. 62. Textes traduits et commentés dans Wolf
62 es rapports entre la lyrique hispano-arabe et les troubadours , voir les études de Menendez y Pelayo, Gonzalez de Palencia, et Riber
63 taine eut pour fils Richard Cœur de Lion, ami des troubadours gascons et troubadour lui-même, excommunié par Rome ; et pour fille M
64 hard Cœur de Lion, ami des troubadours gascons et troubadour lui-même, excommunié par Rome ; et pour fille Marie de Champagne. 74
3 1939, L’Amour et l’Occident. Passion et mystique
65 rances mystiques. On se souvient de la plainte du troubadour  : Dieu ! comment se peut-il faire Que plus m’est loin plus la désire
66 et rien ne l’attire vers le bas… » (Maximes.) Le troubadour Arnaut Daniel parlait aussi de cet « excès de désir » qui enlève « to
67 le à Dieu, à l’amour éternel. Mais supposez qu’un troubadour ait exprimé la même prière en feignant de l’adresser à sa Dame. L’ama
68 des Franciscains se répandit en Italie comme les troubadours s’étaient répandus dans le Midi de la France : par les routes, sur le
69 des Fioretti 103, attestent que la rhétorique des troubadours et des romans courtois sont les sources directes du lyrisme francisca
70 nous à énumérer les principaux thèmes communs aux troubadours et aux mystiques orthodoxes : « Mourir de ne pas mourir.106 » La « b
71 amour divin et de l’amour courtois, mais chez les troubadours provençaux du xiie siècle. Les plus féconds éléments de leur doctrin
72 angage passionnel nous vient de la rhétorique des troubadours . Rhétorique ambiguë par excellence : une dogmatique manichéenne y com
73 passe les limites de l’amour naturel », disait le troubadour Guido Cavalcanti, au xiiie siècle. Or le fait de dépasser les limite
74 ue la passion « enthousiaste », la joy d’amor des troubadours , devait fatalement aboutir à la passion humaine malheureuse. Cet amou
75 tion digne d’être étudiée minutieusement. 99. Un troubadour  : « Amour ne me quitte ni bien ne peut m’avoir. » 100. Th. Labande-J
4 1939, L’Amour et l’Occident. Le mythe dans la littérature
76 n courtoise du Languedoc, dispersant les derniers troubadours . Que va devenir la tradition d’Amour ? Il semble bien que dès le seco
77 ouplets sont échangés entre Rambaut de Vaqueiras, troubadour languedocien, et le puissant marquis Alberto Malaspina. Il semble bie
78 ie. Une fois de plus, la carte de l’influence des troubadours se confond avec celle des hérésies. Un peu plus tard, le mouvement fr
79 ette poésie courtoise du Sud s’inspira-t-elle des troubadours  ? La question est encore obscure. On ne trouve à la cour de Palerme q
80 lle rénove consciemment le langage symbolique des troubadours . Les Siciliens étaient tombés dans un douteux allégorisme : ils parla
81 ient la Science sacrée. Sincérité bien propre aux troubadours , et toute contraire à celle qu’un moderne imagine ! Dante la définira
82 eurs chez les poètes italiens le vrai mystère des troubadours , de même que c’est au crépuscule que se révèlent les sept couleurs do
83 on animant pour la première fois les symboles des troubadours d’un souffle parfaitement païen, et non plus du tout hérétique ! On e
84 e poésie courtoise130. Dante a vengé d’avance les troubadours en mettant en Enfer des « chevaliers de Marie », moines italiens appe
85 . Elle couvre la même étendue que l’influence des troubadours  : l’Europe entière. Les minnesänger (chanteurs de l’Amour) en Allemag
86 emander s’il connaissait la tradition secrète des troubadours . Mais on peut relever ce fait : que Vérone fut un des principaux cent
87 l. Racine, comme Pétrarque, était de la race des troubadours qui trahissent l’Amour pour l’amour : presque tous ont fini en religi
88 eulement serait la délivrance, — selon la foi des troubadours … 14. La Nouvelle Héloïse Paysan de Genève, Rousseau échappe à
89 , c’est l’état d’âme créé chez les imitateurs des troubadours par une doctrine qu’ils « sécularisaient », n’en connaissant que la r
90 thousiasme est réel, c’est l’« endieusement » des troubadours , l’endiosada des mystiques espagnols, la joy d’amor dans son délire d
91 les lois de l’amour chaste transforme l’hymne des troubadours en un roman157 — ainsi les puissances du jour, évoquées par le premie
92 s par rapport à l’amour courtois. La religion des troubadours se prêtait aux complicités les plus sournoises avec l’instinct qu’ell
93 des cathares, la véritable noblesse est celle du troubadour , de celui qui connaît et pratique les leys d’amors. Dante soutiendra
94 agit ici, à l’inverse de ce qui se passa chez les troubadours . Béatrice deviendra successivement la Philosophie, la Sagesse et la S
95 Remarques sur les premiers poètes français et les troubadours , et de trois volumes (anonymes) de mémoires sur Pétrarque. 143. « On
96 mands, p. 285). 150. Tieck raconte l’histoire du troubadour Jauffré Rudel dans Sternbald, et caractérise longuement l’amour court
97 e personnage constant des poèmes courtois que les troubadours nommaient le losengier. 157. Cf. chap. 10, livre II. Le roman est un
5 1939, L’Amour et l’Occident. Amour et guerre
98 ng féodal comme le culte de la chasteté, chez les troubadours , s’oppose à l’exaltation érotique du xiie siècle. « Dans la conscien
6 1939, L’Amour et l’Occident. Le mythe contre le mariage
99 il ennoblissait mais encore il anoblissait : les troubadours accédaient socialement au niveau de l’aristocratie, qui les traitait
7 1939, L’Amour et l’Occident. Appendices
100 ence possible de la mystique cistercienne sur les troubadours . En effet, « chronologiquement parlant, les deux mouvements sont à pe
101 a donc supposé une filiation des cisterciens aux troubadours . M. Gilson réfute cette hypothèse en montrant : 1° que l’objet de l’a
102 n’est pas le même pour saint Bernard et pour les troubadours , ces derniers exaltant, selon lui, la sensualité naturelle ; 2° que l
103 00). Certes, une opinion assez répandue prête aux troubadours une attitude idéaliste du même genre que celle de saint Bernard. Pour
104 étaphores courtoises « grossières » aux mœurs des troubadours , ma déduction serait inverse de celle des savants modernes. Marcabru
105 er d’être débarrassé de l’amour de Dieu. » Or les troubadours gémissent sous le joug de l’Amour. Donc cet amour n’est pas spirituel
106 roix, reprendront bel et bien les expressions des troubadours , et souhaiteront d’être libérés des tourments de l’amour divin : c’es
107 our divin : c’est là bien entendu, comme chez les troubadours , une manière d’exprimer la violence de leur passion, une sorte d’anti
108 ce dont M. Gilson ne saurait se réjouir. c) Les troubadours chantent l’amour malheureux. Mais l’amour divin des cisterciens obtie
109 eure M. Gilson). On retrouve donc la situation du troubadour vis-à-vis de l’amour des êtres. Certes : « la pureté de l’amour court
110 ns lyriques, romans et épopées chevaleresques des troubadours (1856). C’est un lexique donnant la traduction d’environ 500 termes,
111 xemple : « Arbres morts ». — Les catholiques. Les troubadours traitaient les membres du clergé catholique d’arbres automnals morts.
112 ageait l’engouement des Italiens du Nord pour les troubadours qui y séjournaient fréquemment (tels Peire Vidal, Peire d’Auvergne, R
113 té, le régime de la grâce et de l’Amour. Certains troubadours le connurent. (Richard Cœur de Lion par exemple). Les deux doctrines
114 s de l’amour qui sont les plus suspectes chez les troubadours  ? Au point que l’on se demande parfois s’ils n’en venaient pas à conf