1 1970, Lettre ouverte aux Européens. Lettre ouverte
1 , et vous croyez devoir à cause de cela refuser l’ union de l’Europe : mais un jour vous découvrirez — ou vos enfants — que vo
2 iale ou idéologique ; – ou bien vous choisissez l’ union de l’Europe, et vous fondez le seul pouvoir capable de sauvegarder vo
3 st plus à l’échelle du monde nouveau. C’est que l’ union de l’Europe n’est pas faite, et il faut donc absolument la faire pour
4 xviie et au xviiie siècle, six plans majeurs d’ union européenne voient le jour : le Nouveau Cynée d’Émeric Crucé, moine pa
5 e n’a pu lire, et pour cause4. Tous appellent à l’ union contre la guerre, comme si la guerre n’était pas le jeu favori des pr
6 es de la Révolution. Alors, on change de motifs d’ union . Henri de Saint-Simon publie en 1815 un plan qu’il intitule : De la r
7 ces doctrines cependant ne devait pas résulter l’ union de l’Europe, mais les phalanstères de Fourier et les grandes entrepri
8 rité n’ont jamais convaincu nos responsables. À l’ union — seul moyen qui conduise à ces fins — ils ont préféré dans l’ensembl
9 moraux, sociaux, économiques et politiques d’une union de leurs pays et ils déclarent : Ces buts ne peuvent être atteints
10 e remédier à cette anarchie par la création d’une Union fédérale entre les peuples européens. On aura reconnu, dans ce langa
11 faire à Zurich son célèbre discours appelant à l’ union tous les peuples du continent (sauf les Anglais). On lui offrira la p
12 Haye fut la synthèse vivante des grands motifs d’ union représentés en fait par ses trois commissions, la politique, l’économ
13 a peur de Staline ait été le vrai moteur de notre union , la première institution européenne acceptée eût été logiquement la C
14 est pas notre idéal fédéraliste, mais un modèle d’ union très différent, l’« intégration », qui s’est vu proposé peu après à l
15 hommes, des idées et des biens ». Nous avons une union douanière qui n’a pas supprimé les douaniers ni même ces barrières pe
16 six pays sur les trente que j’énumérais. L’idée d’ union en général, la désacralisation des frontières, la conscience d’une co
17 à blanc que l’on publie impunément. Quant à notre union politique… Sur ce plan, il faut bien constater que l’on n’a pas avanc
18 ? Le défi serait-il moins pressant, les motifs d’ union moins nombreux, ou affaiblis ? Reconnaissons que certaines urgences n
19 réé de nouvelles urgences et de nouveaux motifs d’ union . L’industrialisation a fabriqué les grands ensembles où la vie perd s
20 ’Europe ? et comment ? Je dis qu’on peut fonder l’ union de l’Europe sur l’unité de culture qu’elle forme et qui la forme depu
21 ons ne saurait être que le fédéralisme, méthode d’ union dans la diversité, radicalement contraire à la méthode d’unité par l’
22 on risquer Yougoslavone ? etc. 4. Ce « plan » d’ union , d’une cohérence problématique, a été composé par les commentateurs à
2 1970, Lettre ouverte aux Européens. I. L’unité de culture
23 qui dure depuis un quart de siècle au sujet de l’ union nécessaire, une même question revient sans cesse : « L’Europe est-ell
24 e civilisation et de culture ? Peut-on fonder son union sur une unité préexistante ? Et comment définir cette unité ? » Natio
25 trastes séculaires, invoqué sans fatigue contre l’ union de l’Europe, n’est qu’une étourderie aux yeux de l’historien et de l’
26 , les formes politiques, etc.), interdisent toute union politique et font douter d’abord de l’unité de culture qui donnerait
27 unité de culture qui donnerait une assise à cette union . Mais : 1° les différences de langue, de religion, de « race », de co
28 édéral européen.) Ainsi l’obstacle qu’on pose à l’ union de l’Europe, et les dangers qu’on redoute de cette union, sont égalem
29 e l’Europe, et les dangers qu’on redoute de cette union , sont également imaginaires, comme le prouve l’expérience de la natio
30 nation elle-même, au nom de laquelle on refuse l’ union . 2° Si pittoresques et voyants que soient les contrastes entre Suédoi
31 ous et qui se continue en nous, pour aller vers l’ union dans la diversité. 2. Une unité non unitaire Je ne parle donc
32 verainetés nationales » comme obstacle majeur à l’ union nécessaire du continent. Il est donc urgent de faire voir : – que les
33 ition ; – personne et communauté ; – autonomie et union  ; – gauche et droite ; – midi et nord ; – évangélisme et ritualisme ;
34 s qu’ils ont unifiées par coups de force. Seule l’ union de l’Europe au-delà des États permettra de restaurer ces vraies natio
35 tre respect. À vouloir l’invoquer pour retarder l’ union , on court le risque de la faire apparaître aux yeux des peuples comme
36 de « cultures nationales » Ce qui s’oppose à l’ union de l’Europe et à la formation d’une conscience commune — condition pr
37 t c’est montrer son unité fondamentale, base de l’ union qu’il reste à faire. 15. Vingt langues, une littérature Je ne p
38 européenne : s’ils la veulent, ils la bâtiront. L’ union de l’Europe ne se fera pas toute seule par un processus mécanique, ou
39 tue la seule propagande absolument honnête pour l’ union  : c’est aussi la plus efficace. Idée d’une liste des problèmes et des
40 ’Europe encore désunie et aux possibilités de son union . Dire que tout dépend de l’éducation, c’est dire que tout dépend des
41 ment secondaire de nos pays, les bases mêmes de l’ union sembleront se dérober sous les pas des hommes politiques et des écono
42 in qu’il révélerait de la sorte la nécessité de l’ union , et même les formes spécifiques quelle devrait et pourrait prendre. I
43 c’est aussi dire qu’il s’agit moins d’enseigner l’ union de l’Europe que d’éduquer dans nos enfants l’Européen, par le style m
44 prit des peuples neufs, empêchant au-dedans cette union fédérale qui ferait notre force pacifique, décuplant au-dehors la for
45 art et la science œcuméniques par excellence de l’ union dans la diversité, de la coexistence en tension des contraires. Car t
3 1970, Lettre ouverte aux Européens. II. L’union fédérale
46 II. L’ union fédérale 26. Traduire l’unité en union Si l’on me demande main
47 II. L’union fédérale 26. Traduire l’unité en union Si l’on me demande maintenant comment on peut traduire en termes d
48 traduire en termes de structures politiques cette union non unitaire et si hautement diversifiée que fonde notre culture comm
49 é différenciée se transpose tout naturellement en union des diversités, et cette forme d’union porte un nom bien connu dans l
50 llement en union des diversités, et cette forme d’ union porte un nom bien connu dans l’histoire des régimes politiques, c’est
51 mies seront perdues une à une si elles refusent l’ union qui ferait leur seule force ; mais en retour, cette union ne saurait
52 i ferait leur seule force ; mais en retour, cette union ne saurait être acquise au prix des libertés qu’elle doit servir. Rie
53 ure pluraliste, on ne peut fonder sur elle qu’une union fédérale. Ce qui paraît beaucoup plus difficile à expliquer, c’est qu
54 est l’obstacle apparemment insurmontable à cette union que tout indique, que tout exige, que tout le monde admet qu’il faut
55 s général de convergence inspire les mouvements d’ union continentale qui créent le Conseil de l’Europe et le Marché commun, p
56 et en Amérique latine, cependant qu’une volonté d’ union mondiale anime les Nations unies et l’Unesco, le Conseil œcuménique d
57 multinationales du type de la Regio Basiliensis, unions professionnelles et industrielles tendant à dévaloriser les frontière
58 ole, vers des autonomies plus totales et vers des unions plus vastes, qui est le battement même du cœur d’un régime sain, j’en
59 solution à la fois désirable et praticable que l’ union dans la diversité, c’est-à-dire le fédéralisme. Mais sitôt le mot pro
60 repli sur soi, voire séparatisme, au mépris de l’ union dans l’intérêt commun. Tel est le malentendu tragique et ridicule qui
61 ragique et ridicule qui bloque tous les efforts d’ union , parce qu’il paralyse la pensée politique, non seulement des national
62 e beaucoup de partisans des plus sincères d’une «  union plus étroite » de nos pays, comme disaient les traités de naguère. (P
63 ur ainsi dire congénital. Or, s’il est vrai que l’ union de l’Europe est l’entreprise capitale de ce siècle, et s’il est vrais
64 de ce siècle, et s’il est vraisemblable que cette union sera fédérale ou ne sera pas, on sent tous les dangers qu’entraînent
65 n deux natures, sans confusion (ni) séparation. L’ union n’a pas supprimé la différence des natures, mais plutôt elle a sauveg
66 natures « sans confusion ni séparation » et de l’ union qui, « loin de supprimer la différence des natures, sauvegarde leurs
67 ence C’est dans ce double dynamisme créateur d’ unions plus vastes à proportions de tâches nouvelles, mais aussi de communau
68 cle. Nous voici sur le seuil de l’ère des grandes unions et des petites unités fonctionnelles, et l’on vient de trouver, dans
4 1970, Lettre ouverte aux Européens. III. La puissance ou la liberté
69 uissance ou la liberté 34. L’obstacle à toute union possible L’obstacle à toute union possible de l’Europe, donc à tou
70 acle à toute union possible L’obstacle à toute union possible de l’Europe, donc à toute union fédérale, n’est autre que l’
71 à toute union possible de l’Europe, donc à toute union fédérale, n’est autre que l’État-nation, tel que Napoléon en a posé l
72 diversité réelle. À l’extérieur, il refuse toute union , alléguant une indépendance et une souveraineté absolues aussi peu dé
73 cle. Rien, donc, de plus hostile à toute espèce d’ union tant soit peu sérieuse ou sincère que cet État-nation qui, par ailleu
74 c’est sur la base de cet obstacle radical à toute union que l’on s’efforce depuis vingt-cinq ans d’unir l’Europe ! Voilà qui
75 n n’a pas avancé d’un mètre en direction de notre union politique. Qu’on l’appelle Europe des patries, des nations, des État
76 s, des nations, des États ou des souverainetés, l’ union de l’Europe ne se fera pas sur la grande confusion, si chère aux homm
77 seulement dans les discours des adversaires de l’ union fédérale. Non pas comme une réalité positive, mais bien comme un prét
78 européenne » mélangera les déclarations louant l’ union et les professions de foi nationalistes. Entre l’union de l’Europe et
79 et les professions de foi nationalistes. Entre l’ union de l’Europe et les États-nations sacralisés, entre une nécessité huma
80 précise, en Europe, il nous faut décider si notre union aura pour but la puissance collective ou la liberté des personnes. Il
81 : ces deux finalités commandent deux politiques d’ union , dont je crains bien que l’on ne puisse impunément continuer à mêler
82 dilemme puissance ou liberté comme finalités de l’ union . Mais je ne crois pas qu’il y ait un tiers parti tenable. Je ne crois
83 s ministres, d’essayer d’apaiser les ennemis de l’ union en jurant de ne jamais toucher aux droits sacrés de vos États-nations
5 1970, Lettre ouverte aux Européens. IV. Vers une fédération des régions
84 alisme et de l’État totalitaire — par le besoin d’ union au-delà des nations, partout ressenti et déclaré, et qui a donné nais
85 bêtise, que les États-nations sont impropres à l’ union . Leurs relations normales sont de rivalité, non de coopération. Leur
86 r les grandes nations étatistes. Le problème de l’ union de l’Europe à partir des États-nations paraissant insoluble en théori
87 ses données29, il va falloir ou bien renoncer à l’ union ou bien modifier les données mêmes du problème, c’est-à-dire chercher
88 mes du problème, c’est-à-dire chercher à fonder l’ union sur autre chose que les États-nations. Renoncer à résoudre le problèm
89 ats-nations. Renoncer à résoudre le problème de l’ union , c’est faire, en somme, ce que l’on fait actuellement, c’est-à-dire l
90 . Mais changer les données mêmes du problème de l’ union pour le rendre soluble, c’est d’abord accepter de remettre en questio
91 ver les éléments nouveaux avec lesquels bâtir une union praticable. 45. Une règle d’or du fédéralisme Parlant de la mis
92 ositions 30. Je venais d’écrire de mon côté : L’ union , pour deux États-nations, n’est jamais qu’une mesure de fortune, voir
93 voire un expédient désespéré (comme par exemple l’ union de la Grande-Bretagne et de la France proposée par Churchill en juin
94 t bâtir sur autre chose que sur les obstacles à l’ union  ; opérer sur un autre plan que celui-là, précisément, où le problème
95 peut sembler curieux, Messieurs, qu’à l’âge de l’ union des nations et des intégrations continentales, vous vous préoccupiez
96 éer une métropole locale. L’effort général vers l’ union , et votre effort qu’on soupçonnera de favoriser la division, peuvent
97 l’Europe de la fin du xxe siècle. La politique d’ union européenne, désormais, doit consister à effacer nos divisions pour do
98 s encore faite ? b) La vitesse du progrès vers l’ union politique à partir des États-nations souverains étant demeurée nulle
6 1970, Lettre ouverte aux Européens. Lettre ouverte, suite et fin
99 on vient de le voir, n’est nullement de refuser l’ union au nom de « l’indépendance » qui obsède les ministres, mais n’obsède
100 raient les abandons de souveraineté qu’implique l’ union européenne ? Je réponds que les peuples ne retrouveront l’usage de le
101 s avez donc pour la plupart et librement choisi l’ union , non seulement en principe, pour la beauté de la chose, mais aussi da
102 s demandait si vous accepteriez un président de l’ union européenne qui ne fût pas de votre nation, et 59 % d’entre vous ont d
103 e vous ont dit oui. Tout cela fait en faveur de l’ union une majorité « franche et massive », selon les exigences gaulliennes.
104 infère sans scrupules qu’on ne peut pas réussir l’ union de l’Europe à partir des États-nations, car ce serait l’union des enn
105 urope à partir des États-nations, car ce serait l’ union des ennemis de l’Europe, voire des ennemis de toute union en général.
106 s ennemis de l’Europe, voire des ennemis de toute union en général. Nul ne fera l’Europe des États, vrai nom, selon de Gaulle
107 préconisée par des obnubilés de l’Hexagone. Car l’ union de l’Europe implique un certain sens de la coopération honnête. Or on
108 tion. ⁂ Le but de la composition, construction ou union fédérale de l’Europe, ne saurait être « politique », au sens bellique
109 Tout au contraire, le but que nous assignons à l’ union , nous autres vrais fédéralistes européens, est politique au sens écol
110 rvivance de nos États-nations, il est clair que l’ union de l’Europe ne peut pas se faire et ne se fera jamais, nonobstant les