1 1932, Le Paysan du Danube. Le sentiment de l’Europe centrale
1 et de vergers — c’est la Souabe, la Thuringe, la vie bourgeoise sans avarice ; — puis le contraste d’un massif central de
2 t nulle part la « province ». Elles condensent la vie de leur contrée, en donnent la visible formule, petites capitales enr
3 ractéristique des organismes humains isolés de la vie végétale. C’est ainsi que Berlin réglemente la circulation de ses fer
4 tuelles, sur une petite superficie minérale où la vie se décompose avec virulence. Mais Stuttgart, plus moderne, plante des
5 fondé sur cette vision de la réalité humaine : la vie est manque et compensation de ce manque ; contradictions et dépasseme
6 onne naissance à une lâcheté singulière devant la vie . Né d’un retard dans l’actualisation, il peut tourner alors en un ref
7 c’est-à-dire, un état d’intensité mortelle de la vie . Car la conscience de vivre implique une réflexion concrète qui exalt
8 vre implique une réflexion concrète qui exalte la vie  ; et dans le même temps, un jugement abstrait, qui la tue. Le sentime
9 , notre dernière gravité. C’était encore vivre sa vie . Mais ils s’achètent des Bugatti pour brûler les étapes d’un destin q
2 1932, Le Paysan du Danube. Le Paysan du Danube — Un soir à Vienne avec Gérard
10 es, répondit Gérard, malgré les apparences, cette vie sentimentale est une des seules réalités qui correspondent encore à l
11 le rattachaient aux buts les plus hauts de notre vie . Ces citadins blasés s’amusent plus grossièrement que des barbares, i
12 ils s’imaginent pouvoir faire une place dans leur vie aux « divertissements » entre 10 heures du soir et 4 heures du matin,
13 qu’elle entraîne, nous révèle le sens réel de nos vies , et peu à peu, de leurs moindres rencontres. La fatigue calme son lyr
14 barbarie spirituelle. Il plaisante. Il dit que sa vie ressemble surtout à un film où les épisodes s’appellent par le simple
15 orrespondances, chaque geste, chaque minute d’une vie résume cette vie entière, et fait allusion à tout ce qu’il y a sous l
16 haque geste, chaque minute d’une vie résume cette vie entière, et fait allusion à tout ce qu’il y a sous le soleil, et même
17 me ailleurs. Croyez-moi, vous pourriez écrire une Vie simultanée de Gérard : elle tiendrait toute en une heure, en un lieu,
3 1932, Le Paysan du Danube. Le Paysan du Danube — Une « tasse de thé » au Palais C…
18 a l’idée d’y croire. Le pire mensonge est dans la vie réputée pratique, parce qu’il n’y est pas avoué. — Ce que je me dis l
4 1932, Le Paysan du Danube. Le Paysan du Danube — Voyage en Hongrie
19 e Richard Strauss m’aura jamais adressée en cette vie  : « Bonsoir, Monsieur, je suis fatigué, je vais au lit… » C’était au
20 s regards lucides qu’il arrive qu’on porte sur la vie , tout d’un coup, à trois heures de l’après-midi par exemple —, non sa
21 ouvenir de voyage, et partir en croyant qu’ici la vie a parfois moins de hargne, et les petites gens plus de bonté… Déjà je
22 une glace panachée qu’il m’arrive de douter de la vie , comme d’autres aux approches du mal de mer. À la nuit, j’ai rôdé dan
23 désorientées ; le sentiment du « non-sens » de la vie n’est-il pas comparable à ce que les mystiques appellent leur désert,
24 t à voir ? — Mais il fallait aller le voir ! — La vie est presque partout la même… — Mais en voyage on la regarde mieux. —
25 même… — Mais en voyage on la regarde mieux. — La vie … (une sorte de cauchemar de la pensée, qui ne peut plus s’arrêter de
26 e penser). Se peut-il qu’on cherche le sens de la vie  ! Je sais seulement que ma vie a un but. M’approcher de mon être véri
27 rche le sens de la vie ! Je sais seulement que ma vie a un but. M’approcher de mon être véritable. Seul au milieu des miens
28 encore dans ce monde et dans d’autres, dans cette vie et dans d’autres vies, pour approcher de tous côtés un But dont tu ne
29 et dans d’autres, dans cette vie et dans d’autres vies , pour approcher de tous côtés un But dont tu ne sais rien d’autre que
30 e commun avec ce que tu sais de toi-même en cette vie  ? Mais le voir, ce serait mourir dans la totalité du monde, effacer t
5 1932, Le Paysan du Danube. La lenteur des choses — La tour de Hölderlin
31 sagement des odes à la liberté… Et voici dans sa vie cette double venue de l’amour et du chant prophétique, confondant leu
32 ier — vivra très doucement, inexplicablement, une vie monotone de vieux maniaque. Le buisson ardent quitté par le feu se de
33 te… Quel est donc ce sommeil « dans la nuit de la vie  » — et cet aveu mystérieux : « La perfection n’a pas de plainte… » Vi
34 leurs chopes. « Gemütlichkeit. » Évidemment : la vie normale. Il y a pourtant cette petite chambre… Est-ce que tout cela e
6 1932, Le Paysan du Danube. La lenteur des choses — Petit journal de Souabe
35 . (Ils l’aiment bien, — ne la voient plus.) La vie du pont m’occupe, comme les remous dans l’eau. Un char traverse lente
36 x-nouveau riche ruiné par l’inflation, partage sa vie entre la vente des articles de sport et les joies de l’esprit. Quand
37 l me confiera quelques fragments du « livre de sa vie  », dont il compose chaque matin deux pages à la machine. Il y juge du
38 Merveille de penser au fil du désordre lent de la vie d’un jardin, dans l’odeur des feuilles vivantes, de la terre noire, d
39 s bien curieuses dans les « considérations sur ma vie  » du père Reinecke. Il y est beaucoup question de la vie éternelle, e
40 u père Reinecke. Il y est beaucoup question de la vie éternelle, et d’expériences vécues avec l’Ange gardien, mais c’est to
41 ques. De là peut-être cette dignité conférée à la vie bourgeoise, qui fait un peu sourire, et qui est si réconfortante.
42 vec un sourd gémissement de la pensée. J’ai vu la vie , c’est fini, je rentre en moi ; n’ai pas bougé. Le père Reinecke ferm
43 rop doux, hein !… » Tout cela est très juste ; la vie doit être ainsi : parfaitement compréhensible et d’une vulgarité tout
44 je rêve d’elle ». Son sérieux enfantin devant la vie . « Es ist doch Schicksal, es ist alles Schicksal ! » Avec un soupir c
45 ssédaient sans mesure tout ce que l’anxiété de la vie nous dérobe : la nudité, la plénitude et la violence infiniment combl
46 jours, je crois, oui je crois bien que je sens la vie tout le temps… 15 juillet 1929 Le père Reinecke me félicite de
47 ’ai pensé aux gens des villes, au décor de leur «  vie  ». J’ai vu clairement qu’ils sont en péril d’inanition spirituelle. I
48 ont un charme consolant et secret qui favorise la vie intérieure. Longues randonnées sur les plateaux de la Souabe, vous re
49 ous resterez pour moi comme une introduction à la vie lente — celle que mène l’esprit humain parmi les formes désirables du
50 errogation des visages devant l’atrocité de notre vie sociale ! Je baisse les yeux sur mon livre. Et la foule menaçante se
51 st libéré dans tout mon être et s’élance vers ces vies proches. Oh ! s’ils savaient, s’ils pouvaient seulement savoir ! Part
52 , c’est de donner sans mesure un amour dont notre vie , peut-être, n’a que faire. ⁂ Le reste de la vie, c’est toujours entre
53 e vie, peut-être, n’a que faire. ⁂ Le reste de la vie , c’est toujours entre deux voyages d’Allemagne. On peut s’éprendre d’
54 des arbres désirables, que ne vous ai-je donné ma vie  ! Encore un peu, qu’on me laisse au regret de vos paysages, de vos fi
7 1932, Le Paysan du Danube. La lenteur des choses — Châteaux en Prusse
55 ux de glace. À ces détails près, le même train de vie bottée. Les écuries résonnent sous les coups de pied des étalons de c
56 le risque et la violence physiques jouent dans la vie de chaque jour leur rôle naturel et tonique. On lâche les garçons à c
57 ais mis en question la nécessité de leur genre de vie , et verraient une sorte d’inconvenance dans l’approbation que je pour
58 naie : cela n’a rien changé à l’organisme de leur vie sociale. Ils vivent en paysans, de leurs produits. Ils consomment for
8 1932, Le Paysan du Danube. La lenteur des choses — Le balcon sur l’eau
59 re et leur songe… Odeur de l’eau, — pour toute la vie . (1929)
9 1932, Le Paysan du Danube. La lenteur des choses — Appendice. Les Soirées du Brambilla-Club, (1930)
60 es qui ont pu dire, ne fut-ce qu’une fois en leur vie  : « J’ai horreur de la sentimentalité ».) Nous voici donc en taxi, « 
61 la notion n’en soit toute relative aux modes de «  vie  » bourgeois ; et puis, la comédie n’est pas mon fort, même la triste.