1 1937, Journal d’un intellectuel en chômage. Préambule
1 ue, cette étrange coupure qu’elle a faite dans ma vie , entre les derniers jours passés à Paris non sans fièvre et cette arr
2 1937, Journal d’un intellectuel en chômage. N’habitez pas les villes !
2 n dire encore : je laisse tout cela se mêler à ma vie , dans l’heureux étourdissement de la lumière maritime. Pour mes pensé
3 Ce journal n’aura rien d’intime. J’ai à gagner ma vie , non pas à la regarder. Toutefois, noter les faits précis qui me para
4 ve. Me voici engagé dans une expérience forcée de vie pauvre, libre et solitaire — trois grands mots ! et pourtant c’est bi
5 de Pédenaud. J’ai l’impression que je lui gâte la vie . Trois fois la semaine au moins, il me voit venir avec une grande env
6 s sans gravité, bien sûr. Mais quel drame dans la vie d’un buraliste de recette auxiliaire ! Depuis lors, il rougit et tran
7 ment. C’est peut-être à cause du bonheur de notre vie . Trouver son rythme naturel, et les moyens de s’y réduire, voilà le b
8 est-il point trop facile de trouver son rythme de vie dans les conditions somme toute artificielles où mon chômage m’a plac
9 ce village ce qui est essentiel et solide dans ma vie . Le simple fait que je ne puis pas les persuader que je travaille vra
10 it voir « le peuple » pour la première fois de ma vie . Première constatation : l’apathie générale, aussi bien à A. qu’à la
11 e question de travail, de salaires, de prix de la vie , et là les intellectuels ne servent à rien. Enfin, les questions de p
12 ement intellectuel. Il trouve normal de vivre une vie humainement absurde. Non qu’il n’en distingue pas l’absurdité, mais s
13 er l’importance de l’élément d’insécurité dans ma vie actuelle. Certes, j’ai toujours les mêmes raisons matérielles de m’in
14 accidents imprévus qui donnaient brusquement à ma vie un cours nouveau, à deux reprises au moins, je me souviens parfaiteme
15 ient place où se glisser entre mon jugement et ma vie . (Fausse reconnaissance, diraient les psychologues. Mais une étiquett
16 raison d’abandonner cette partie mal engagée, ma vie , et de se retrouver neuf, enfantin, ou tout simplement jeune devant u
17 des hommes réels, leur imposant des conditions de vie précises et qu’il s’agit de regarder d’un œil actif. Février 1934
18 eaucoup de paroles. C’est à cela que se réduit la vie commune. Quelques-uns le déplorent parmi les vieux. Mais personne n’a
19 ramenée à ses deux dimensions premières. Pour la vie , l’homme debout et actif, il faut le pain. Pour la mort, l’homme qui
20 courette pleine de fleurs. Qu’ils n’aient pas de vie communautaire, cela ne signifie pas nécessairement qu’ils aient perdu
21 ix et le bonheur, pour oser bouleverser la petite vie de notre île. À noter et à souligner : Seules les guerres de religion
22 enser que le régime qui convient le mieux à cette vie obscure, j’entends celui qui la contente le mieux, à défaut de la dév
23 nné qu’à ceux qui croient à autre chose qu’à leur vie , à autre chose qu’à leur succès, ou à leurs aises, ou à leur rang, et
24 lements de fer les rythmes de cette île et de ces vies  ? 1er mars 1934 Minimum vital. — Il ne faut être ni riche ni p
25 formations qu’ils sont en train de causer dans la vie provinciale. Je n’ai pas compté le nombre de lignes actuellement expl
26 ys. La voie ferrée était une sorte d’insulte à la vie locale : elle la traversait abstraitement, sans la voir, sans tenir c
27 e. Mais aussi elle tient compte des rythmes de la vie locale, du calendrier des marées, de l’heure matinale des foires, dan
28 disposent, ne fût-ce que pour une heure, de leur vie . Oui, voilà bien les hommes avec lesquels je rêverais d’entreprendre
29 on excessive, deux choses qui compliquent fort la vie , je crois ; ou bien l’on écrit des choses intelligentes, et c’est enc
30 n l’on écrit simplement pour gagner sa chienne de vie , et c’est le bon moyen de traîner la misère la plus honteuse qui se p
31 ur un printemps qui viendra. C’est pour gagner ma vie , dit une raison borgne ; c’est aussi pour gagner ma mort, je le sais
32 qui est l’âge de l’attente la plus ardente de la vie est aussi l’âge le plus familier avec la mort.) Ainsi nos gestes se p
33 médiat, et borné son attente au salaire. Or toute vie est absurde et violemment inacceptable, qui ne s’ouvre pas sur l’atte
34 sible en Occident. Le romantisme s’évapore de nos vies . L’esprit pur a cessé de nous séduire : nous posons nos regards à hau
35 cupée, enfin de dominer dans l’espace d’une seule vie ce romantisme où trois générations vont se débattre et s’épuiser. Goe
36 i progrès de l’esprit, c’est l’ouverture de notre vie aux « influx de vigueur et de tendresse réelle », notre réponse d’hom
37 ouillant de merveilles, d’eaux ruisselantes et de vies monstrueuses, soudain porté à la lumière de midi, comme un secret tra
38 plus évident. 22 mai 1934 « C’est en notre vie seule que la nature vit. » (Coleridge). « Car nous sommes là pour de
39 dirait que l’homme n’est pas fait pour durer : la vie étale nous ennuie, c’est ce qui naît et ce qui meurt qui nous émeut.
40 ration d’une absolue sagesse à l’œuvre dans cette vie . Il y a sur toute la terre de ces moments de pureté. Il faut penser à
41 -espoir.) Équivalent, pour la façon de traiter la vie , de la médecine des homéopathes. 16 juin 1934 La banque d’A. n’
42 es où se font les « carrières » sans sortir de la vie véritable ; et qu’on peut vivre de très peu sans cesser de vivre son
43 ste. Je suis devenu tout doucement amoureux de ma vie , et je crois bien que c’est un penchant qu’elle agrée. Non point qu’e
44 à vingt ans, rencontrer le « réel » ou la « vraie vie  » dans je ne sais quelle embuscade du destin, comme qui dirait au coi
45 « pour voir », qui est la manière des amateurs de vie intense, trahit je crois d’assez banales complaisances. Et le destin
46 s pour l’ébahissement de ceux qui rêvent d’autres vies que la leur ! Mais plutôt je voudrais afficher la prétention assez mo
47 terre ; et aussi le grain de nos idées, de notre vie , plus facile à décrire avec les mots de notre langue. Il ne se passe
48 e ce qu’ils aiment ou voudraient aimer ? de cette vie attentive et sans intrigue, de cette « lenteur des choses » dont la m
3 1937, Journal d’un intellectuel en chômage. Pauvre province
49 mois ou quatre sans trop de soucis matériels. La vie paraît un peu moins chère dans ce pays-ci que dans notre île. Mais le
50 maines, A… qui de loin paraît en ruine, prouve sa vie par ses odeurs et la saleté de ses ruelles. Un ruisseau coule au mili
51 des faubourgs des grandes villes. Le goût de « la vie saine » et du grand air, vous ne le trouverez que dans la « banlieue
52 iance obscurément accordée à l’instinct ou à « la Vie  », ou à la solidarité de l’espèce humaine, malgré tout. Pourtant c’es
53 renseignements : famille paysanne, de tout temps. Vie laborieuse, peu ou point de gains depuis des années. Pas de relations
54 une pesée patiente et ferme. Les adorateurs de la Vie m’ont souvent donné l’impression d’une sensualité défaillante, qui so
55 créations de la raison et des impulsions de « la Vie  », ils sacrifient les premières aux secondes, ce qui revient en fait
56 es lieux communs, sur quoi repose, tacitement, la vie sociale, sont aujourd’hui vidés de leur signification à la fois symbo
57 nverse. Par où l’on voit que le contraire de la «  vie spirituelle », c’est « le public ». Cette vie spirituelle et ce publi
58 a « vie spirituelle », c’est « le public ». Cette vie spirituelle et ce public nous posent des exigences dont il faut admir
59 laissent enfin sans secours devant l’énigme de sa vie . C’est émouvant… Mais la plupart de nos contemporains, est-ce qu’ils
60 nes allusions, je devine qu’il est « seul dans la vie  ». Pourtant, il porte une alliance. Pauvre gaieté de la vie de garçon
61 rtant, il porte une alliance. Pauvre gaieté de la vie de garçon, reprise par nécessité… Nous arrivons sur la place de mon v
62 ce sujet quelqu’un qui connaît bien son monde. La vie même de cet homme consiste, en effet, à connaître intimement le plus
63  c’est souvent la même chose — leurs idées sur la vie , sur la mort, sur le mariage. Et quand je dis que sa vie consiste à c
64 r la mort, sur le mariage. Et quand je dis que sa vie consiste à connaître ces choses, il faut prendre le mot dans le sens
65 seigner le sens dernier des circonstances de leur vie . C’est le pasteur. Sa paroisse comprend les villages de N. et de V. o
66 nt un film dont la musique vient de se taire. Une vie sans accompagnement profond. Dès qu’on a perçu ce silence où plus rie
67 . Il est bon de toucher le grain rugueux de cette vie sans horizon, sans dimensions, qui est la vie du très grand nombre. I
68 tte vie sans horizon, sans dimensions, qui est la vie du très grand nombre. Il faut partir d’ici, du niveau le plus bas, du
69 omme c’est pourtant toujours le cas dans la vraie vie … Je suis assis dans un grand restaurant désert, près d’une baie qui
70 udain tellement pauvre et banale, au regard de ma vie à A. Allons, remontons vers la « réalité rugueuse ». 8 janvier 193
71 . Il reste par bonheur : les assurances sociales, vie , décès, « avec doublage », vieillesse, accidents du travail, incendie
72 sait plus bien ce qu’il craint davantage : de la vie qui ne rapporte plus, ou de la mort qui rapporte « en doublage »…
73 tourent, c’est une obscure protestation contre la vie défaite que nous vivons. Or, il ne s’agit pas d’étouffer cette protes
74 ppelle mes souvenirs, je retrouve partout dans ma vie des déterminations non moins précisément « superstitieuses ». En y re
75 ourtant l’empiètement excessif du général dans la vie réelle. Telle est notre situation — celle du monde bourgeois capitali
76 ser nos préjugés en fonction du vrai but de notre vie , de nous refaire une hiérarchie éthique, et de rendre ainsi à l’argen
77 l, à Cassis. Le village vit tout doucement, d’une vie enfantine. Point de touristes dans les ruelles jaunes, ni d’autos sur
78 des opinions de son journal, mais à l’aide de sa vie concrète. Celui-là seul peut faire sentir à l’écrivain ce qui est sol
79 journal socialiste du Midi sous la rubrique « La vie régionale » qui chaque jour m’apporte d’inénarrables sujets de médita
80 ains de nos voisins sacrifient davantage que leur vie  : leur dignité de personnes, — et celle des autres… » 31 mars 1935
81 r. Aller demander à la Nature la révélation d’une vie saine et délivrée de toute contrainte mauvaise, c’est trahir cette « 
82 par un ordre inhumain, il ne sait plus penser sa vie . Interrogez ce vigneron, ce mécano, ce métayer ou ce rentier, sur son
83 eure. Ils vous diront d’abord que le fond de leur vie , c’est l’ennui. Ils expliqueront presque toujours cet ennui par les c
84 ndront de ce que dans leur pays, il n’y a plus de vie , d’initiative, de vrai plaisir. On n’est plus fier d’en être, on appr
85 ue formulent des individus pris à part, dans leur vie concrète. Je constate qu’elles vont toutes dans le sens de ce que pro
86 ls avaient eu toute la peine que j’ai eue dans ma vie , moi, ça serait autrement, je vous assure ! Ils sont trop orgueilleux
87 ne devrait pas avoir pour but la colonie, mais la vie plus normale et plus féconde de chacun de ses membres. L’idéal commun
88 soit pour chacun la possibilité de vivre mieux sa vie . Mais cela pose des problèmes techniques beaucoup plus vastes. « N’ha
4 1937, Journal d’un intellectuel en chômage. L’été parisien
89 s seuls hommes qui se préoccupent de colorer leur vie . On n’en a pas assez tenu compte dans la littérature moderne, faite u
90 ystère que représente pour chaque homme sa propre vie , dès que la question de Dieu s’y pose. L’observation des sociologues
91 ostoïevski, Lagerlöf ou Ramuz — ont su prendre la vie des hommes « quelconques » sur le fait de l’invraisemblable, de la vé
92 ésirent et qui les satisfait ? Pourquoi pas cette vie aux allées droites bordées de gazon ras, en teintes plates et pâles c