1
c’est-à-dire de l’amour menacé et condamné par la
vie
même. Ce qui exalte le lyrisme occidental, ce n’est pas le plaisir de
2
ucation, dans les images qui font le décor de nos
vies
; enfin le besoin d’évasion exaspéré par l’ennui mécanique, tout en n
3
us en sommes venus à voir en elle une promesse de
vie
plus vivante, une puissance qui transfigure, quelque chose qui serait
4
exalte à ce qui semblerait combler notre idéal de
vie
harmonieuse ? Serrons de plus près cette contradiction, par un effort
5
st constitué le groupe. (Récits symboliques de la
vie
et de la mort des dieux, légendes expliquant les sacrifices ou l’orig
6
moins. Elle est toujours aussi dangereuse pour la
vie
de la société. Elle tend toujours à provoquer, de la part de la socié
7
et non point comme une catastrophe. Il vit de la
vie
même de ceux qui croient que l’amour est une destinée (c’était le phi
8
le bonheur, la société et la morale. Il vit de la
vie
même du romantisme en nous ; il est le grand mystère de cette religio
9
goût d’y voir clair, de prendre conscience de sa
vie
et de la vie de ses contemporains. Si je m’attache au mythe de Trista
10
r clair, de prendre conscience de sa vie et de la
vie
de ses contemporains. Si je m’attache au mythe de Tristan, c’est qu’i
11
permet de mettre à nu certain dilemme dont notre
vie
hâtive, notre culture et le ronron de nos morales sont en passe de no
12
ce. D’où le nom du héros, la couleur sombre de sa
vie
, et le ciel bas d’orage qui couvre la légende. Le roi Marc de Cornoua
13
stinée « qui jamais ne leur fauldra jour de leurs
vies
, car ils ont beu leur destruction et leur mort ». Ils s’avouent leur
14
rêt de Morois. Trois ans durant, ils y mènent une
vie
« aspre et dure ». Un jour, Marc les surprend endormis. Mais il se tr
15
le pas d’opposer la fiction d’un certain idéal de
vie
aux réalités tyranniques ? Plus d’une énigme que nous pose le Roman n
16
la manière d’un rêve, et non point à celle de nos
vies
: les prétextes du romancier, les actions de ses deux héros, et les p
17
figurer — au détriment de leur bonheur et de leur
vie
même… ⁂ Nous commençons à distinguer le sens secret et inquiétant du
18
rêt de Morois, après l’évasion de Tristan. Aspre
vie
meinent et dure : Tant s’entr’aiment de bonne amor L’un par l’autre n
19
Combien durra vostre folie ? Trop avez mené ceste
vie
. Ainsi les admoneste Ogrin. Tristan li dist : or escoutez Si longue
20
us heureuse dans le malheur d’amour que dans leur
vie
commune du Morois… ⁂ On sait d’ailleurs que par la suite, et bien que
21
la passion, jusqu’au point qu’ils en perdront la
vie
, « lui par elle, elle par lui… » L’égoïsme apparent d’un tel amour ex
22
souffrir (sa blessure se rouvre) et à risquer sa
vie
(il se sait épié). Mais la passion est alors si violente, si animale
23
lle Tristan le surmonte est une affirmation de la
vie
. En tout cela, Tristan n’obéit qu’à la coutume féodale des chevaliers
24
assion » sur le désir. Triomphe de la mort sur la
vie
. ⁂ Ainsi donc cette préférence accordée à l’obstacle voulu, c’était l
25
e, c’est essentiel à la grandeur exemplaire de sa
vie
. Les raisons de la Nuit ne sont pas celles du Jour, elles ne sont pas
26
pâlissent toute sagesse, toute « vérité », et la
vie
même. Il est au-delà de nos bonheurs, de nos souffrances. Il s’élance
27
u’à nous faire accéder, malgré nous, à la « vraie
vie
» dont parlent les poètes. Mais cette « vraie vie », c’est la vie imp
28
vie » dont parlent les poètes. Mais cette « vraie
vie
», c’est la vie impossible. Ce ciel aux nuées exaltées, crépuscule em
29
nt les poètes. Mais cette « vraie vie », c’est la
vie
impossible. Ce ciel aux nuées exaltées, crépuscule empourpré d’héroïs
30
n’annonce pas le Jour, mais la Nuit ! La « vraie
vie
est ailleurs », dit Rimbaud. Elle n’est qu’un des noms de la Mort, le
31
lheur qui le guette. Il y faut cette menace de la
vie
et des hostiles réalités qui l’éloignent dans quelque au-delà. La nos
32
l’on perd ce que l’on avait — la jouissance de la
vie
. Mais cette perte n’est pas sentie comme un appauvrissement, bien au
33
ne en récompense ! Attirés par la mort loin de la
vie
qui les pousse, proies voluptueuses de forces contradictoires mais qu
34
tant que l’amour-passion rénove le mythe dans nos
vies
, nous ne pouvons plus ignorer, désormais, la condamnation radicale qu
35
que la passion est une ascèse. Elle s’oppose à la
vie
terrestre d’une manière d’autant plus efficace qu’elle prend la forme
36
re : une seule longue période de réunion (l’aspre
vie
) à quoi répond la longue période de séparation (le mariage de Tristan
37
la vertu d’une telle discipline est relative à la
vie
même, non à l’esprit. Elle cède au succès obtenu. Elle ne cherche rie
38
on-désir. La dialectique d’Éros introduit dans la
vie
quelque chose de tout étranger aux rythmes de l’attrait sexuel : un d
39
onde médiéval. Ainsi l’Orient vint rêver dans nos
vies
, réveillant de très vieux souvenirs. Car au fond de notre Occident, l
40
21. Il est certain que les Celtes croyaient à une
vie
après la mort. Vie aventureuse, très semblable à celle de la terre, m
41
que les Celtes croyaient à une vie après la mort.
Vie
aventureuse, très semblable à celle de la terre, mais épurée, et dont
42
te conception dualiste, manichéenne, voit dans la
vie
des corps le malheur même ; et dans la mort le bien dernier, le racha
43
in de l’esprit, son but, c’est aussi la fin de la
vie
limitée, obscurcie par la mutiplicité immédiate. Éros, notre Désir su
44
onheur terrestre. Considéré du point de vue de la
vie
, un tel Amour ne saurait être qu’un malheur total. Tel est le grand f
45
c Dieu, et la Parole était Dieu… en elle était la
vie
, et la vie était la lumière des hommes. La lumière luit dans les ténè
46
la Parole était Dieu… en elle était la vie, et la
vie
était la lumière des hommes. La lumière luit dans les ténèbres, et le
47
à sublimer l’homme, et aboutissent à condamner sa
vie
« finie ». Le dieu Éros exalte et sublime nos désirs, les rassemblant
48
appelle « mort à soi-même », c’est le début d’une
vie
nouvelle, dès ici-bas. Ce n’est pas la fuite de l’esprit hors du mond
49
Une recréation immédiate. Une réaffirmation de la
vie
, non pas certes de la vie ancienne, et non pas de la vie idéale, mais
50
Une réaffirmation de la vie, non pas certes de la
vie
ancienne, et non pas de la vie idéale, mais de la vie présente que l’
51
n pas certes de la vie ancienne, et non pas de la
vie
idéale, mais de la vie présente que l’Esprit ressaisit. Dieu — le vra
52
ancienne, et non pas de la vie idéale, mais de la
vie
présente que l’Esprit ressaisit. Dieu — le vrai Dieu — s’est fait hom
53
e au-delà de la mort, mais il se retourne vers la
vie
. Et cette conversion de l’amour fait apparaître le prochain. Pour l’É
54
tait que fuite illusoire au-delà du concret de la
vie
. Aimer devient alors une action positive, une action de transformatio
55
trême logique, aboutissait, du point de vue de la
vie
, au malheur absolu, qui est la mort. Le christianisme n’est un malheu
56
is un malheur recréateur et bienheureux dès cette
vie
pour le croyant que « saisit le salut ». 4.Orient et Occident E
57
temps son ascèse, la voie qui mène au-delà de la
vie
. Agapè au contraire ne cherche pas l’union qui s’opérerait au-delà d
58
cherche pas l’union qui s’opérerait au-delà de la
vie
. « Dieu est au ciel, et toi tu es sur la terre. » Et ton sort se joue
59
du moi en Dieu. L’Amour divin est l’origine d’une
vie
nouvelle, dont l’acte créateur s’appelle la communion. Et pour qu’il
60
umineuse, au-delà de tout amour possible en cette
vie
. Voilà pourquoi l’Amour suppose la chasteté. E d’amor mou castitaz (d
61
e donner un sens au phénomène qu’ils passent leur
vie
à étudier. Il est vrai que Wechssler, dans un ouvrage fameux34, a cru
62
du cycle de leurs épreuves — comportant plusieurs
vies
, physiques ou autres, pour les hommes non encore illuminés — la créat
63
a doctrine n’exigeait-elle pas qu’on mît fin à sa
vie
« non par lassitude ni par peur ou douleur, mais dans un état de parf
64
n mystique de l’homme, fortement attestée dans la
vie
même des âmes. Essayons à nouveau de repérer, entre les pointes et le
65
es ; celui, entre autres, du mystique Suso : « La
vie
de la chrétienté médiévale est, dans toutes ses manifestations, satur
66
u sang et de l’eau. Voilà la sanctification de la
vie
poussée à ses extrêmes limites57. » Dira-t-on que l’on tombe ici du s
67
badours — l’on sait au vrai peu de choses de leur
vie
— nous rappellerons l’exemple des sectes gnostiques, qui condamnaient
68
-Hallaj et Sohrawardi devaient même payer de leur
vie
cette accusation d’hérésie65. Il est bien émouvant de constater que t
69
ort. Pour moi cependant la mort par amour est une
vie
; je rends grâce à ma Bien-aimée de me l’avoir offerte. Celui qui ne
70
t mourir que de vivre, et vivre que de mourir. La
vie
, c’est en effet le jour terrestre des êtres contingents et le tourmen
71
de l’hérésie, entre l’exigence des Parfaits et la
vie
réelle des Croyants… Citons là-dessus l’un des plus sensibles interpr
72
n’occupaient tout de même pas le plus clair de la
vie
, et n’avaient tout de même pas supprimé toute espèce d’impulsions nat
73
les aider à vivre, mais non pas à comprendre leur
vie
. Car tous, tant que nous sommes, sans le savoir, menons nos vies de c
74
tant que nous sommes, sans le savoir, menons nos
vies
de civilisés dans une confusion proprement insensée de religions jama
75
oïsme, mais en vue de prolonger la jeunesse et la
vie
en économisant le principe vital, plutôt que de conquérir la liberté
76
rcabru.) Voici le Service de la Dame : Prenez ma
vie
en hommage, belle et dure merci, pourvu que vous m’accordiez que par
77
resterait indifférent s’il n’avait gardé dans nos
vies
, au travers des nombreux avatars dont nous allons décrire la processi
78
ruides qu’ils ne se rencontreraient pas dans leur
vie
, mais qu’ils se rencontreraient après la mort, pour ne jamais se sépa
79
traduisible — comment il peut se recréer dans une
vie
ou dans une œuvre. 13.Du roman breton à Wagner, en passant par Got
80
a fois rive à la sexualité, qui est une loi de la
vie
, et contraint à la dépasser dans un hybris libérateur, au-delà du seu
81
erté dont on ignore si elle ne lui a pas coûté la
vie
. Mais il est non moins clair que le cadre du roman, son intrigue et s
82
e que le reflux et l’invasion anarchique dans nos
vies
d’une hérésie spiritualiste dont nous avons perdu la clef ; 2° qu’à l
83
et le mythe de la passion n’agissent que dans nos
vies
privées. La mystique d’Occident est une autre passion dont le langage
84
e ses situations romanesques la progression d’une
vie
mystique. Certains « moments » relèvent de la pure tradition cathare,
85
a vocation qui la surprend comme malgré elle. Une
vie
nouvelle commence ici106. Normalement, ce premier et décisif appel de
86
lle d’Irlande, amoureuse et sauvage ! » Toute une
vie
de pénitence devra maintenant racheter le sacrilège. Mais le malheur
87
ants. Reprenons par exemple le récit de l’« aspre
vie
» dans la forêt de Morois. « Nous avons perdu le monde, et le monde n
88
psychologique : la passion n’est nullement cette
vie
plus riche dont rêvent les adolescents ; elle est, bien au contraire,
89
ariage spirituel » de Dieu et de l’âme, dès cette
vie
, tandis que l’hérétique espère l’union et la fusion totale, mais au-d
90
t ne pouvaient connaître ce retour de l’âme à une
vie
rénovée. « Je meurs de ne pas mourir », dit sainte Thérèse, mais c’es
91
c’est de ne pas mourir assez pour vivre toute la
vie
nouvelle, et pour obéir sans tourments. Je ne trouve rien, dans Trist
92
le péché. « Toutes les créatures passent de leur
vie
à leur être. Toutes les créatures se portent dans ma raison afin d’êt
93
a mort m’est un gain », c’est que « Christ est ma
vie
», et Christ s’est incarné, c’est-à-dire abaissé. Ainsi le chrétien n
94
presque fatalement amené à transposer dans notre
vie
profane toutes ces allégories trop bien voilées. Il est facile d’imag
95
langage de la passion Le fait central de toute
vie
religieuse de forme et de contenu chrétiens, c’est l’événement de l’I
96
nirvana ne peut accueillir le samsara (qui est la
vie
diverse, infiniment mouvante). Au contraire, Eckhart verra Dieu prése
97
ue, par l’âme du croyant, elles « passent de leur
vie
à leur être ». La confrontation est rendue possible par le fait qu’il
98
e chrétien, la mort à soi-même est le début d’une
vie
plus réelle ici-bas, non la catastrophe de ce monde. D’ailleurs Otto
99
ans sa jeunesse des romans de chevalerie (voir sa
Vie
par elle-même, chap. ii) ; elle eut même, paraît-il, l’idée d’en comp
100
our parfait se communique à nous au travers de la
vie
. (Ils ne croient pas l’humanité du Christ.) Ils veulent aller tout dr
101
le.) Refusant que le Jour les enseigne dans cette
vie
et par le moyen de la « matière », méconnaissant une Agapè qui sancti
102
istoire de la déchéance du mythe courtois dans la
vie
« profanée ». C’est le récit des tentatives de plus en plus désespéré
103
… « L’âme échappe à sa nature, à son être et à sa
vie
, et naît dans la Divinité. C’est là qu’est son devenir. Elle devient
104
ne anthologie). 119. ID., ibid., et P. Sabatier,
Vie
de saint François d’Assise. 120. B. de Ligt, la Paix créatrice, II,
105
ouches profondes et muettes des peuples, là où la
vie
sociale ne se prête plus aux formes nobles, ne fournit plus les beaux
106
Pitié) — jusqu’à ce que tous aient pu recevoir la
Vie
nouvelle138 ? Ce qui doit paraître ici-bas blasphématoire, c’est l’éq
107
éfinir enfin ce dont on parle. « Cet Amour est-il
vie
ou mort ? » demande courageusement le premier. Et le second répond :
108
; de même celui qui est pénétré d’amour puise la
vie
dans la contemplation de sa dame, car ainsi il soulage sa grande pein
109
tendres, angéliques étincelles, béatitudes De ma
vie
où s’allume le plaisir Qui doucement me consume et détruit. (Les Yeux
110
our moi, ne ressemblent plus à la lumière et à la
vie
: c’est une nuit infernale et une cruelle mort. Et pourtant ! (voici
111
suis enfermé Qui me clôt le chemin vers une telle
vie
! » (Chanson 72.) La « nuit infernale » devient le Jour, la « cruell
112
ernale » devient le Jour, la « cruelle mort » une
Vie
nouvelle, et pour qu’à la passion ne manque pas le sublime, voici la
113
rebours : la gauloiserie Imposer un style à la
vie
des passions — ce rêve de tout le Moyen Âge païen tourmenté par la lo
114
dulgence pour les mensonges et les égoïsmes de la
vie
sexuelle, la vision d’une jouissance infinie, tout cela ne fait que d
115
n humain de substituer à la réalité le rêve d’une
vie
plus heureuse. C’est encore une aspiration à la vie sublime, tout com
116
e plus heureuse. C’est encore une aspiration à la
vie
sublime, tout comme l’autre, mais cette fois du côté animal. C’est un
117
pelés aussi « chevaliers joyeux » à cause de leur
vie
dissolue, et malgré leur saint patronage. 6.Suite de la chevalerie
118
e Wagner. Tant qu’on ignore à peu près tout de la
vie
, voire de l’identité de Shakespeare, il est vain de se demander s’il
119
isons même de vérité. Ici c’est l’art et non « la
vie
» qui mène le jeu. Nous sommes en face d’une création de l’esprit, et
120
e n’est pas obligée, comme elle, de renoncer à la
vie
. » L’on sent tout l’artifice et la faiblesse du « raisonnement » qui
121
e, son aspect diurne, son reflet moral dans notre
vie
de créatures finies. Il y manque l’aspect nocturne, l’épanouissement
122
spect nocturne, l’épanouissement mystique dans la
vie
infinie de la Nuit. Il y manque ce que l’on pourrait appeler, symétri
123
ouble. L’Éros courtois voulait nous libérer de la
vie
matérielle par la mort ; et l’Agapè chrétienne veut sanctifier la vie
124
a mort ; et l’Agapè chrétienne veut sanctifier la
vie
; mais les « passions excitées » par Racine, cette « tristesse » à la
125
hèdre est un moment décisif non seulement dans la
vie
du poète, mais dans l’évolution du mythe à travers l’histoire de l’Eu
126
e Rousseau, pas plus que Pétrarque à la fin de sa
vie
, n’est dupe de la « religion » d’amour. Qu’on relise la grande lettre
127
urs enivrantes pour lesquelles je donnerais mille
vies
, mais rends-moi tout ce qui n’était point elles, et les effaçait mill
128
artient peut-être à l’amour comme le sommeil à la
vie
. Ce n’est pas la plus noble part, et l’homme vigoureux préférera touj
129
sans consumer, toute la félicité ineffable de la
vie
supérieure, germée au plus secret de l’âme. L’esprit déploie mille an
130
devez emporter René dans les espaces d’une autre
vie
», c’est le chant pur de la passion de la Nuit. Mais il n’est point d
131
ur ne sera pas longtemps félicité ineffable de la
vie
supérieure » dont parle E. T. A. Hoffmann ; mais plutôt cet amour « t
132
d’intérêt naïf pour les formes quotidiennes de la
vie
facilitera le détachement de l’esprit, la purification abstraite du s
133
passe en eux, entre les lois inacceptables de la
vie
terrestre et finie, et le désir d’une transgression de nos limites, m
134
nt, et que tout élément « sacré » disparaît de la
vie
sociale. 17.Stendhal, ou le fiasco du sublime Homme du xviiie
135
pessimisme incompatible avec la conception de la
vie
qu’il s’était faite ? C’est la question qu’il ne se pose jamais. Il n
136
me faite pour les passions sent d’abord que cette
vie
heureuse (le mariage) l’ennuie, et peut-être aussi qu’elle ne lui don
137
lus loin : « Il y a peu de peines morales dans la
vie
qui ne soient rendues chères par l’émotion qu’elles excitent. » Voilà
138
der, ce qu’il faut au bourgeois pour ressentir sa
vie
… Qu’on y soit parvenu si rapidement et complètement ne saurait d’aill
139
apparente victoire : de cette blessure par où la
vie
s’écoule, elle fait le gage de la suprême guérison, celle que chanter
140
un dualisme douloureux, permanent au niveau de la
vie
, mais qui s’évanouit dans la grâce lumineuse au-delà de la mort physi
141
s sacrilèges contre la vraie divinité, qui est la
Vie
. Et la vie, c’est l’instinct libéré de l’esprit, la grande puissance
142
s contre la vraie divinité, qui est la Vie. Et la
vie
, c’est l’instinct libéré de l’esprit, la grande puissance solaire qui
143
qu’une vache. » ⁂ Cette nouvelle mystique de la «
Vie
» a pu donner naissance à de belles œuvres littéraires. Mais elle por
144
cause de toute la confusion, et il l’a payé de sa
vie
, voilà qui est clair. Mais j’ajouterai ceci, qui est non moins clair
145
’infect, l’on croit retrouver l’authentique de la
vie
, et l’on ne fait pourtant que s’abandonner au torrent des déchets de
146
ire ! À l’infini, jusqu’à la consomption de toute
vie
et de tout esprit. Voilà ce que peut faire l’homme qui se prend pour
147
plice, elle voudrait y passer ce qui lui reste de
vie
. » 144. Saint Jean de la Croix : « Ô brûlure suave ! » et tout le co
148
n est un embrassement. Sa tuerie est de donner la
vie
pour l’aimé. » ⁂ On a vu que la rhétorique courtoise traduit, à l’ori
149
elle est la défaite du monde et la victoire de la
vie
lumineuse. Amour et mort sont reliés par l’ascèse, comme par l’instin
150
gle étrange, si l’on en croit Froissart, coûta la
vie
, dès le début de l’ordre, à plus de quatre-vingts d’entre eux. » De m
151
re l’une à côté de l’autre deux conceptions de la
vie
: la conception pieuse, ascétique, attire à elle tous les sentiments
152
cole quasi sacral ; la conception ascétique de la
vie
militaire (jeûnes prolongés avant l’épreuve des armes) ; les conventi
153
oujours à cheval, couvert d’armes et assuré de la
vie
lorsqu’on se rend prisonnier… La vie des vaincus est presque toujours
154
assuré de la vie lorsqu’on se rend prisonnier… La
vie
des vaincus est presque toujours respectée. Ils ne sont pas longtemps
155
nes jouaient un rôle parfois considérable dans la
vie
sociale. Les plus célèbres se distinguaient par leur culture, récitan
156
nt, tenant conversation. Cette paganisation de la
vie
sexuelle dénote un recul sensible des influences courtoises, une dépr
157
ivilité. Il n’était plus question de condamner la
vie
. Et « l’instinct de mort » semblait neutralisé. ⁂ C’est sur cette Ita
158
rsuadé qu’un bon général pourra la faire toute sa
vie
sans s’y voir obligé. » S’il faut cependant en venir aux mains, ce se
159
but de leurs pensées et la grande affaire de leur
vie
… Que de combinaisons de romancier et de stratégiste ! Pas un n’attaqu
160
mais l’aggraver alors en la faisant peser sur la
vie
même des peuples ainsi constitués en blocs. L’État totalitaire est bi
161
que pour modeler et organiser dans ses limites la
vie
complexe des hommes, même militarisés. Des mesures de police ne font
162
vouer qu’elle ne joue plus un rôle direct dans la
vie
de nos sociétés, qu’elle a tant contribué à former. Ce qui explique,
163
que tout homme doit un jour connaître, et que la
vie
ne saurait être à plein vécue que par ceux qui « ont passé par là ».
164
inalités s’excluent. De leur coexistence dans nos
vies
surgissent sans fin des problèmes insolubles, et ce conflit menace en
165
ont pas de se produire un jour ou l’autre dans la
vie
du couple. Or c’est de tout cela, justement, que les modernes font dé
166
it un malheur plus beau et plus « vivant » que la
vie
normale, plus exaltant que son « petit bonheur »… Ou l’ennui résigné
167
assion : tel est le dilemme qu’introduit dans nos
vies
l’idée moderne du bonheur. Cela va de toute manière à la ruine du mar
168
mour fatal quelque révélation, sur lui-même ou la
vie
en général : dernier relent de la mystique primitive. De la poésie à
169
t toujours l’aventure. C’est ce qui va changer ma
vie
, l’enrichir d’imprévu, de risques exaltants, de jouissances toujours
170
et il l’épousera ! Avec elle, ce sera la « vraie
vie
», ce sera l’épanouissement de ce Tristan qu’il porte en soi comme so
171
n signifiait « vivre » pour Tristan, car la vraie
vie
qu’il appelait, c’était la mort transfigurante. Mais nous avons perdu
172
ture occidentale, et le fondement solide de toute
vie
personnelle ; selon le second, l’union monogamique serait la forme la
173
poser à l’idéal antisocial de « bonheur » et de «
vie
dangereuse » un idéal collectiviste. Gemeinnutz geht vor Eigennutz !
174
plutôt l’impression qu’il met de l’ordre dans sa
vie
et qu’il s’ouvre un nouvel avenir. L’économie de l’épargne, une fois
175
meilleures chances de durer : buts et rythmes de
vie
, vocations comparées, caractères et tempéraments. Si l’on veut le mar
176
e. L’émancipation de la femme (son entrée dans la
vie
professionnelle et sa revendication d’égalité) est un facteur non nég
177
gence que leurs ancêtres quant au mariage et à la
vie
matrimoniale. Ces exigences iront croissant avec la diffusion des « s
178
e opinion : « Les crimes sont un tribut payé à la
vie
. » (Carpocrates, cf. Schultz, Dokumente der Gnosis.) 203. Encore que
179
cable, que signifie le choix de la mort contre la
vie
. Et comment échapper au démon que l’on fixe ? Pour attaquer la passio
180
vre, quand c’est la terre qui est méprisée, et la
vie
qui est la faute à racheter ! Mais tuer l’homme avant qu’il ne se tue
181
t, et après coup, tel que je le reconnais dans ma
vie
. Et ce n’est à aucun degré une solution que je propose. Car outre qu’
182
t la suprême valeur du « stade esthétique » de la
vie
; puis la surmonte en exaltant le mariage, suprême valeur du « stade
183
e que signifie le choix d’une femme pour toute la
vie
, l’on en vient à cette conclusion : choisir une femme, c’est parier.
184
les chances de votre côté — et je suppose que la
vie
vous laisse le temps de calculer — jamais vous ne pourrez prévoir vot
185
la prétention de résoudre d’un coup, en une seule
vie
, le problème de l’adaptation de deux êtres physiques et moraux des pl
186
on en vertu de laquelle on s’engage pour toute la
vie
« advienne que pourra ». Mais justement cette décision comme telle pa
187
rité : c’est vous que je choisis pour partager ma
vie
, et voilà la seule preuve que je vous aime. (Vraiment, pour dire : Ce
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r revendication fondamentale, leur religion de la
Vie
, s’y oppose diamétralement. Ils considèrent la fidélité comme une dis
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damentale de créateur. Ainsi, dans la plus humble
vie
, la promesse de fidélité introduit une chance de faire œuvre, et de s
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ur toutes. Seul l’irrévocable est sérieux.) Toute
vie
, fût-elle la plus déshéritée, détient sa chance immédiate de grandeur
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re de l’« instinct de mort » inséparable de toute
vie
créée, et il le transfigure en lui donnant un but essentiellement spi
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alors une manière de se sauver et d’accéder à une
vie
supérieure, la « joie suprême » d’Isolde agonisante. Fidélité qui con
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me » d’Isolde agonisante. Fidélité qui consume la
vie
, mais qui consume aussi la faute, et divinise un moi purifié, « innoc
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a gardé parmi nous que l’illusion d’accéder à une
vie
plus ardente. Mais l’empire de cette illusion trahit encore l’obscure
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délité courtoise ; une négation sans retour de la
vie
. Mais la fidélité dans le mariage est au contraire un engagement pris
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que la fidélité dans le mariage est la loi d’une
vie
nouvelle ; et non point de la vie naturelle (ce serait la polygamie)
197
st la loi d’une vie nouvelle ; et non point de la
vie
naturelle (ce serait la polygamie) — et non plus de la vie pour la mo
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elle (ce serait la polygamie) — et non plus de la
vie
pour la mort (c’était la passion de Tristan). L’amour de Tristan et d
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ers le jour afin d’attester notre alliance. ⁂ Une
vie
qui m’est alliée — pour toute la vie, voilà le miracle du mariage. Un
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iance. ⁂ Une vie qui m’est alliée — pour toute la
vie
, voilà le miracle du mariage. Une vie qui veut mon bien autant que le
201
ur toute la vie, voilà le miracle du mariage. Une
vie
qui veut mon bien autant que le sien, parce qu’il est confondu avec l
202
ndu avec le sien : et si ce n’était pour toute la
vie
, ce serait encore une menace. (Il y a toujours une telle menace dans
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uit. « Je ne veux pas la mort du pécheur, mais sa
vie
. » ⁂ Éros s’asservit à la mort parce qu’il veut exalter la vie au-des
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s’asservit à la mort parce qu’il veut exalter la
vie
au-dessus de notre condition finie et limitée de créatures. Ainsi le
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si le même mouvement qui fait que nous adorons la
vie
nous précipite dans sa négation. C’est la profonde misère, le désespo
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’exprimant, Agapè l’en délivre. Agapè sait que la
vie
terrestre et temporelle ne mérite pas d’être adorée, ni même tuée, ma
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nt aussitôt, et par là même, le pire ennemi de la
vie
, la séduction du Rien. Mais dès lors que le Verbe s’est fait chair et
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l’ascension interminable du Désir qui consume la
vie
, mais ici-bas, dans l’obéissance à la Parole. ⁂ Et qu’aurions-nous al
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ecret, et d’en attendre un mystérieux surcroît de
vie
. J’essaierai de le faire concevoir par l’examen d’un fait connu. Le c
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grave d’une existence autonome, étrangère, d’une
vie
totale dont il n’a désiré vraiment qu’un illusoire ou fugitif aspect,
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t lent et difficile, il engage vraiment toute une
vie
, et il n’exige pas moins que cet engagement pour révéler sa vérité. E
212
e. Don Juan, l’homme des coups de foudre et de la
vie
« orageuse », serait une sorte de surhomme, de surmâle. Mythe d’une p
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là où les religions païennes menaient encore une
vie
secrète. L’amour-passion n’est pas l’amour chrétien, ni même le « sou
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goût de la guerre procède d’une conception de la
vie
ardente qui est un masque du désir de mort. Dynamisme inverti, et aut
215
e est née ne sauraient proposer comme but à notre
vie
la maîtrise de la Nature, puisque c’est là le but et la fonction orig
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nos plus belles créations. Mais ce qui produit la
vie
produit aussi la mort. Il suffit qu’un accent se déplace pour que le
217
e des chances nouvelles à la passion. C’est notre
vie
et notre mort. Et c’est pourquoi la crise moderne du mariage est le s
218
ins qui obsède aujourd’hui tant de fronts ? Notre
vie
ne se joue pas dans l’au-delà temporel, mais dans les décisions toujo
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uire à néant ». Du point de vue du monde et de la
vie
naturelle, Dieu apparaît alors comme « mon ennemi mortel ». Nous nous
220
xtrême de la passion, la mort d’amour, initie une
vie
nouvelle, où la passion ne cesse d’être présente, mais sous l’incogni
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lut, que par cette action d’obéissance qui est la
vie
de fidélité. Vivre alors « comme tout le monde », mais « en vertu de
222
stion qu’elles nous posent et la réponse de notre
vie
.) ⁂ Le second thème que j’esquisserai n’est peut-être pas d’une natur
223
ar la rencontre d’un autre, par l’admission de sa
vie
étrangère, de sa personne à tout jamais distincte, mais qui offre une