1 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Avertissement
1 donc unique — si nous voulons comprendre dans nos vies le sens et la fin de la passion. Il est donc entendu que j’ai simplif
2 complexe que tout ce qu’on peut en dire ? Que la vie soit confuse ne saurait signifier qu’une œuvre écrite doit l’imiter.
3 ’une science universelle qu’il faudrait plusieurs vies pour maîtriser, je me suis borné à rechercher ici et là des confirmat
4  Il m’a demandé une heure de travail, et toute la vie . » D. de R. 21 juin 1938.
2 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Préface à l’édition de 1956
5 ttre en mesure de détecter ses radiations dans la vie comme dans l’œuvre d’art. Amener quelques esprits à cette prise de co
3 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Le mythe de Tristan
6 c’est-à-dire de l’amour menacé et condamné par la vie même. Ce qui exalte le lyrisme occidental, ce n’est pas le plaisir de
7 ucation, dans les images qui font le décor de nos vies  ; enfin le besoin d’évasion exaspéré par l’ennui mécanique, tout en n
8 us en sommes venus à voir en elle une promesse de vie plus vivante, une puissance qui transfigure, quelque chose qui serait
9 exalte à ce qui semblerait combler notre idéal de vie harmonieuse ? Serrons de plus près cette contradiction, par un effort
10 st constitué le groupe. (Récits symboliques de la vie et de la mort des dieux, légendes expliquant les sacrifices ou l’orig
11 moins. Elle est toujours aussi dangereuse pour la vie de la société. Elle tend toujours à provoquer, de la part de la socié
12 et non point comme une catastrophe. Il vit de la vie même de ceux qui croient que l’amour est une destinée (c’était le phi
13 le bonheur, la société et la morale. Il vit de la vie même du romantisme en nous ; il est le grand mystère de cette religio
14 goût d’y voir clair, de prendre conscience de sa vie et de la vie de ses contemporains. Si je m’attache au mythe de Trista
15 r clair, de prendre conscience de sa vie et de la vie de ses contemporains. Si je m’attache au mythe de Tristan, c’est qu’i
16 permet de mettre à nu certain dilemme dont notre vie hâtive, notre culture et le ronron de nos morales sont en passe de no
17 ce. D’où le nom du héros, la couleur sombre de sa vie , et le ciel d’orage qui couvre la légende. Le roi Marc de Cornouaille
18 stinée « qui jamais ne leur fauldra jour de leurs vies , car ils ont beu leur destruction et leur mort ». Ils s’avouent leur
19 rêt de Morois. Trois ans durant, ils y mènent une vie « aspre et dure ». Un jour, Marc les surprend endormis. Mais il se tr
20 le pas d’opposer la fiction d’un certain idéal de vie aux réalités tyranniques ? Plus d’une énigme que nous pose le Roman n
21 la manière d’un rêve, et non point à celle de nos vies  : les prétextes du romancier, les actions de ses deux héros, et les p
22 figurer — au détriment de leur bonheur et de leur vie même… ⁂ Nous commençons à distinguer le sens secret et inquiétant du
23 rêt de Morois, après l’évasion de Tristan. Aspre vie meinent et dure : Tant s’entr’aiment de bonne amor L’un par l’autre n
24 Combien durra vostre folie ? Trop avez mené ceste vie . Ainsi les admoneste Ogrin. Tristan li dist : or escoutez Si longue
25 us heureuse dans le malheur d’amour que dans leur vie commune du Morois… ⁂ On sait d’ailleurs que par la suite, et bien que
26 la passion, jusqu’au point qu’ils en perdront la vie , « lui par elle, elle par lui… » L’égoïsme apparent d’un tel amour ex
27 souffrir (sa blessure se rouvre) et à risquer sa vie (il se sait épié). Mais la passion est alors si violente, si animale
28 lle Tristan le surmonte est une affirmation de la vie . En tout cela, Tristan n’obéit qu’à la coutume féodale des chevaliers
29 assion » sur le désir. Triomphe de la mort sur la vie . ⁂ Ainsi donc cette préférence accordée à l’obstacle voulu, c’était l
30 e, c’est essentiel à la grandeur exemplaire de sa vie . Les raisons de la Nuit ne sont pas celles du Jour, elles ne sont pas
31 pâlissent toute sagesse, toute « vérité », et la vie même. Il est au-delà de nos bonheurs, de nos souffrances. Il s’élance
32 u’à nous faire accéder, malgré nous, à la « vraie vie  » dont parlent les poètes. Mais cette « vraie vie », c’est la vie imp
33 vie » dont parlent les poètes. Mais cette « vraie vie  », c’est la vie impossible. Ce ciel aux nuées exaltées, crépuscule em
34 nt les poètes. Mais cette « vraie vie », c’est la vie impossible. Ce ciel aux nuées exaltées, crépuscule empourpré d’héroïs
35 n’annonce pas le Jour, mais la Nuit ! La « vraie vie est absente », dit Rimbaud. Elle n’est qu’un des noms de la Mort, le
36 lheur qui le guette. Il y faut cette menace de la vie et des hostiles réalités qui l’éloignent dans quelque au-delà. La nos
37 l’on perd ce que l’on avait — la jouissance de la vie . Mais cette perte n’est pas sentie comme un appauvrissement, bien au
38 e en récompense ! Attirés par la mort loin de la vie qui les pousse, proies voluptueuses de forces contradictoires mais qu
39 tant que l’amour-passion rénove le mythe dans nos vies , nous ne pouvons plus ignorer, désormais, la condamnation radicale qu
40 que la passion est une ascèse. Elle s’oppose à la vie terrestre d’une manière d’autant plus efficace qu’elle prend la forme
41 re : une seule longue période de réunion (l’aspre vie ) à quoi répond la longue période de séparation (le mariage de Tristan
4 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Les origines religieuses du mythe
42 la vertu d’une telle discipline est relative à la vie même, non à l’esprit. Elle cède au succès obtenu. Elle ne cherche rie
43 on-désir. La dialectique d’Éros introduit dans la vie quelque chose de tout étranger aux rythmes de l’attrait sexuel : un d
44 onde médiéval. Ainsi l’Orient vint rêver dans nos vies , réveillant de très vieux souvenirs. Car du fond de notre Occident, l
45 14. Il est certain que les Celtes croyaient à une vie après la mort. Vie aventureuse, très semblable à celle de la terre, m
46 que les Celtes croyaient à une vie après la mort. Vie aventureuse, très semblable à celle de la terre, mais épurée, et dont
47 te conception dualiste, manichéenne, voit dans la vie des corps le malheur même ; et dans la mort le bien dernier, le racha
48 in de l’esprit, son but, c’est aussi la fin de la vie limitée, obscurcie par la multiplicité immédiate. Éros, notre Désir s
49 onheur terrestre. Considéré du point de vue de la vie , un tel Amour ne saurait être qu’un malheur total. Tel est le grand f
50 c Dieu, et la Parole était Dieu… En elle était la vie et la vie était la lumière des hommes. La lumière lui dans les ténèbr
51 la Parole était Dieu… En elle était la vie et la vie était la lumière des hommes. La lumière lui dans les ténèbres, et les
52 à sublimer l’homme, et aboutissent à condamner sa vie « finie ». Le dieu Éros exalte et sublime nos désirs, les rassemblant
53 appelle « mort à soi-même », c’est le début d’une vie nouvelle, dès ici-bas. Ce n’est pas la fuite de l’esprit hors du mond
54 Une recréation immédiate. Une réaffirmation de la vie , non pas certes de la vie ancienne, et non pas de la vie idéale, mais
55 Une réaffirmation de la vie, non pas certes de la vie ancienne, et non pas de la vie idéale, mais de la vie présente que l’
56 n pas certes de la vie ancienne, et non pas de la vie idéale, mais de la vie présente que l’Esprit ressaisit. Dieu — le vra
57 ancienne, et non pas de la vie idéale, mais de la vie présente que l’Esprit ressaisit. Dieu — le vrai Dieu — s’est fait hom
58 e au-delà de la mort, mais il se retourne vers la vie . Et cette conversion de l’amour fait apparaître le prochain. Pour l’É
59 tait que fuite illusoire au-delà du concret de la vie . Aimer devient alors une action positive, une action de transformatio
60 trême logique, aboutissait, du point de vue de la vie , au malheur absolu, qui est la mort. Le christianisme n’est un malheu
61 is un malheur recréateur et bienheureux dès cette vie pour le croyant que « saisit le salut ». 4.Orient et Occident E
62 temps son ascèse, la voie qui mène au-delà de la vie . Agapè au contraire ne cherche pas l’union qui s’opérerait au-delà d
63 cherche pas l’union qui s’opérerait au-delà de la vie . « Dieu est au ciel, et toi tu es sur la terre. » Et ton sort se joue
64 du moi en Dieu. L’Amour divin est l’origine d’une vie nouvelle, dont l’acte créateur s’appelle la communion. Et pour qu’il
65 umineuse, au-delà de tout amour possible en cette vie . Voilà pourquoi l’Amour suppose la chasteté. E d’amor mou castitaz (d
66 e donner un sens au phénomène qu’ils passent leur vie à étudier. Il est vrai que Wechssler, dans un ouvrage fameux27, a cru
67 du cycle de leurs épreuves — comportant plusieurs vies , physiques ou autres, pour les hommes non encore illuminés — la créat
68 a doctrine n’exigeait-elle pas qu’on mît fin à sa vie « non par lassitude ni par peur ou douleur, mais dans un état de parf
69 ne conception mystique fortement attestée dans la vie même des âmes. Essayons à nouveau de repérer, entre les pointes et le
70 es ; celui, entre autres, du mystique Suso : « La vie de la chrétienté médiévale est, dans toutes ses manifestations, satur
71 u sang et de l’eau. Voilà la sanctification de la vie poussée à ses extrêmes limites. »50 Dira-t-on que l’on tombe ici du
72 badours — l’on sait au vrai peu de chose de leurs vies  — nous rappellerons l’exemple de sectes gnostiques, qui condamnaient
73 -Hallaj et Sohrawardi devaient même payer de leur vie cette accusation d’hérésie.58 Il est bien émouvant de constater que
74 rt. Pour moi cependant la mort par amour est une vie  ; je rends grâce à ma Bien-aimée de me l’avoir offerte. Celui qui ne
75 mourir que de vivre, et vivre que de mourir. La vie , c’est en effet le jour terrestre des êtres contingents et le tourmen
76 de l’hérésie, entre l’exigence des Parfaits et la vie réelle des Croyants… Citons là-dessus l’un des plus sensibles interpr
77 n’occupaient tout de même pas le plus clair de la vie , et n’avaient tout de même pas supprimé toute espèce d’impulsions nat
78 les aider à vivre, mais non pas à comprendre leur vie . Car tous, tant que nous sommes, sans le savoir, menons nos vies de c
79 tant que nous sommes, sans le savoir, menons nos vies de civilisés dans une confusion proprement insensée de religions jama
80 oïsme, mais en vue de prolonger la jeunesse et la vie en économisant le principe vital73, plutôt que de conquérir la libert
81 cabru.) Voici le Service de la Dame : Prenez ma vie en hommage, belle de dure merci, pourvu que vous m’accordiez que par
82 resterait indifférent s’il n’avait gardé dans nos vies , au travers des nombreux avatars dont nous allons décrire la processi
83 ruides qu’ils ne se rencontreraient pas dans leur vie , mais qu’ils se rencontreraient après la mort, pour ne jamais se sépa
84 traduisible — comment il peut se recréer dans une vie ou dans une œuvre. 13.Du roman breton à Wagner, en passant par Got
85 a fois rive à la sexualité, qui est une loi de la vie , et contraint à la dépasser dans un hybris libérateur, au-delà du seu
86 nt on ignore encore si elle ne lui a pas coûté la vie . Mais il est non moins clair que le cadre du roman, son intrigue et s
87 e que le reflux et l’invasion anarchique dans nos vies d’une hérésie spiritualiste dont nous avons perdu la clef ; 2° qu’à l
88 et le mythe de la passion n’agissent que dans nos vies privées. La mystique d’Occident est une autre passion dont le langage
5 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Passion et mystique
89 e ses situations romanesques la progression d’une vie mystique. Certains « moments » relèvent de la pure tradition cathare,
90 a vocation qui la surprend comme malgré elle. Une vie nouvelle commence ici (Appendice 9). Normalement, ce premier et décis
91 lle d’Irlande, amoureuse et sauvage ! » Toute une vie de pénitence devra maintenant racheter le sacrilège. Mais le malheur
92 ants. Reprenons par exemple le récit de l’« aspre vie  » dans la forêt de Morois. « Nous avons perdu le monde, et le monde n
93 psychologique : la passion n’est nullement cette vie plus riche dont rêvent les adolescents ; elle est, bien au contraire,
94 ariage spirituel » de Dieu et de l’âme, dès cette vie , tandis que l’hérétique espère l’union et la fusion totale, mais au-d
95 t ne pouvaient connaître ce retour de l’âme à une vie rénovée. « Je meurs de ne pas mourir », dit sainte Thérèse, mais c’es
96 c’est de ne pas mourir assez pour vivre toute la vie nouvelle, et pour obéir sans tourments. Je ne trouve rien, dans Trist
97 le péché. « Toutes les créatures passent de leur vie à leur être. Toutes les créatures se portent dans ma raison afin d’êt
98 a mort m’est un gain », c’est que « Christ est ma vie  », et Christ s’est incarné, c’est-à-dire abaissé. Ainsi le chrétien n
99 presque fatalement amené à transposer dans notre vie profane toutes ces allégories trop bien voilées. Il est facile d’imag
100 langage de la passion Le fait central de toute vie religieuse de forme et de contenu chrétiens, c’est l’événement de l’I
101 nirvana ne peut accueillir le samsara (qui est la vie diverse, infiniment mouvante). Au contraire, Eckhart verra Dieu prése
102 ue, par l’âme du croyant, elles « passent de leur vie à leur être ». La confrontation est rendue possible par le fait qu’il
103 e chrétien, la mort à soi-même est le début d’une vie plus réelle ici-bas, non la catastrophe de ce monde. D’ailleurs Otto
104 ans sa jeunesse des romans de chevalerie (voir sa Vie par elle-même, chap II) ; elle eut même, paraît-il, l’idée d’en compo
105 our parfait se communique à nous au travers de la vie . (Ils ne croient pas l’humanité du Christ.) Ils veulent aller tout dr
106 le.) Refusant que le Jour les enseigne dans cette vie et par le moyen de la « matière », méconnaissant une Agapè qui sancti
107 istoire de la déchéance du mythe courtois dans la vie « profanée ». C’est le récit des tentatives de plus en plus désespéré
108 … « L’âme échappe à sa nature, à son être et à sa vie , et naît dans la Divinité. C’est là qu’est son devenir. Elle devient
109 e anthologie). 109. Id., ibid., et P. Sabatier, Vie de saint François d’Assise. 110. B. de Ligt, la Paix créatrice, II,
6 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Le mythe dans la littérature
110 ouches profondes et muettes des peuples, là où la vie sociale ne se prête plus aux formes nobles, ne fournit plus les beaux
111 Pitié) — jusqu’à ce que tous aient pu recevoir la Vie nouvelle127 ? Ce qui doit paraître ici-bas blasphématoire, c’est l’éq
112 éfinir enfin ce dont on parle. « Cet Amour est-il vie ou mort ? » demande courageusement le premier. Et le second répond :
113  ; de même celui qui est pénétré d’amour puise la vie dans la contemplation de sa dame, car ainsi il soulage sa grande pein
114 tendres, angéliques étincelles, béatitudes De ma vie où s’allume le plaisir Qui doucement me consume et détruit. (Les Yeux
115 our moi, ne ressemblent plus à la lumière et à la vie  : c’est une nuit infernale et une cruelle mort. Et pourtant ! (voici
116 suis enfermé Qui me clôt le chemin vers une telle vie  ! (Chanson 72.) La « nuit infernale » devient le Jour, la « cruelle
117 ernale » devient le Jour, la « cruelle mort » une Vie nouvelle, et pour qu’à la passion ne manque pas le sublime, voici la
118 rebours : la gauloiserie Imposer un style à la vie des passions — ce rêve de tout le Moyen Âge païen tourmenté par la lo
119 dulgence pour les mensonges et les égoïsmes de la vie sexuelle, la vision d’une jouissance infinie, tout cela ne fait que d
120 n humain de substituer à la réalité le rêve d’une vie plus heureuse. C’est encore une aspiration à la vie sublime, tout com
121 e plus heureuse. C’est encore une aspiration à la vie sublime, tout comme l’autre, mais cette fois du côté animal. C’est un
122 pelés aussi « chevaliers joyeux » à cause de leur vie dissolue, et malgré leur saint patronage. 6.Suite de la chevalerie
123 e Wagner. Tant qu’on ignore à peu près tout de la vie , voire de l’identité de Shakespeare, il est vain de se demander s’il
124 isons même de vérité. Ici c’est l’art et non « la vie  » qui mène le jeu. Nous sommes en face d’une création de l’esprit, et
125 e n’est pas obligée, comme elle, de renoncer à la vie . » L’on sent tout l’artifice et la faiblesse du « raisonnement » qui
126 e, son aspect diurne, son reflet moral dans notre vie de créatures finies. Il y manque l’aspect nocturne, l’épanouissement
127 spect nocturne, l’épanouissement mystique dans la vie infinie de la Nuit. Il y manque ce que l’on pourrait appeler, symétri
128 ouble. L’Éros courtois voulait nous libérer de la vie matérielle par la mort ; et l’Agapè chrétienne veut sanctifier la vie
129 a mort ; et l’Agapè chrétienne veut sanctifier la vie  ; mais les « passions excitées » par Racine, cette « tristesse » à la
130 hèdre est un moment décisif non seulement dans la vie du poète, mais dans l’évolution du mythe à travers l’histoire de l’Eu
131 e Rousseau, pas plus que Pétrarque à la fin de sa vie , n’est dupe de la « religion » d’amour. Qu’on relise la grande lettre
132 urs enivrantes pour lesquelles je donnerais mille vies , mais rends-moi tout ce qui n’était point elles, et les effaçait mill
133 artient peut-être à l’amour comme le sommeil à la vie . Ce n’est pas la plus noble part, et l’homme vigoureux préférera touj
134 sans consumer, toute la félicité ineffable de la vie supérieure, germée au plus secret de l’âme. L’esprit déploie mille an
135 devez emporter René dans les espaces d’une autre vie  », c’est le chant pur de la passion de la Nuit. Mais il n’est point d
136 ur ne sera pas longtemps félicité ineffable de la vie supérieure » dont parle E. T. A. Hoffmann ; mais plutôt cet amour « t
137 d’intérêt naïf pour les formes quotidiennes de la vie facilitera le détachement de l’esprit, la purification abstraite du s
138 passe en eux, entre les lois inacceptables de la vie terrestre et finie, et le désir d’une transgression de nos limites, m
139 nt, et que tout élément « sacré » disparaît de la vie sociale. 17.Stendhal, ou le fiasco du sublime Homme du xviiie
140 pessimisme incompatible avec la conception de la vie qu’il s’était faite ? C’est la question qu’il ne se pose jamais. Il n
141 me faite pour les passions sent d’abord que cette vie heureuse (le mariage) l’ennuie, et peut-être aussi qu’elle ne lui don
142 lus loin : « Il y a peu de peines morales dans la vie qui ne soient rendues chères par l’émotion qu’elles excitent. » Voilà
143 der, ce qu’il faut au bourgeois pour ressentir sa vie … Qu’on y soit parvenu si rapidement et complètement ne saurait d’aill
144 apparente victoire : de cette blessure par où la vie s’écoule, elle fait le gage de la suprême guérison, celle que chanter
145 un dualisme douloureux, permanent au niveau de la vie , mais qui s’évanouit dans la grâce lumineuse au-delà de la mort physi
146 s sacrilèges contre la vraie divinité, qui est la Vie . Et la vie, c’est l’instinct libéré de l’esprit, la grande puissance
147 s contre la vraie divinité, qui est la Vie. Et la vie , c’est l’instinct libéré de l’esprit, la grande puissance solaire qui
148 qu’une vache. » ⁂ Cette nouvelle mystique de la «  Vie  » a pu donner naissance à de belles œuvres littéraires. Mais je la re
149 cause de toute la confusion, et il l’a payé de sa vie , voilà qui est clair. Mais j’ajouterai ceci, qui est non moins clair 
150 ’infect, l’on croit retrouver l’authentique de la vie , et l’on ne fait pourtant que s’abandonner au torrent des déchets de
151 ire ! À l’infini, jusqu’à la consomption de toute vie et de tout esprit. Voilà ce que peut faire l’homme qui se prend pour
152 plice, elle voudrait y passer ce qui lui reste de vie . » 133. Saint Jean de la Croix : « Ô brûlure suave ! » et tout le c
7 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Amour et guerre
153 n est un embrassement. Sa tuerie est de donner la vie pour l’aimé. » ⁂ On a vu que la rhétorique courtoise traduit, à l’ori
154 elle est la défaite du monde et la victoire de la vie lumineuse. Amour et mort sont reliés par l’ascèse, comme par l’instin
155 gle étrange, si l’on en croit Froissart, coûta la vie , dès le début de l’ordre, à plus de quatre-vingts d’entre eux. » De m
156 re l’une à côté de l’autre deux conceptions de la vie  : la conception pieuse, ascétique, attire à elle tous les sentiments
157 cole quasi sacral ; la conception ascétique de la vie militaire (jeûnes prolongés avant l’épreuve des armes) ; les conventi
158 oujours à cheval, couvert d’armes et assuré de la vie lorsqu’on se rend prisonnier… La vie des vaincus et presque toujours
159 assuré de la vie lorsqu’on se rend prisonnier… La vie des vaincus et presque toujours respectée. Ils ne sont pas longtemps
160 nes jouaient un rôle parfois considérable dans la vie sociale. Les plus célèbres se distinguaient par leur culture, récitan
161 nt, tenant conversation. Cette paganisation de la vie sexuelle dénote un recul sensible des influences courtoises, une dépr
162 ivilité. Il n’était plus question de condamner la vie . Et « l’instinct de mort » semblait neutralisé. ⁂ C’est sur cette Ita
163 rsuadé qu’un bon général pourra la faire toute sa vie sans s’y voir obligé. » S’il faut cependant en venir aux mains, ce se
164 but de leurs pensées et la grande affaire de leur vie … Que de combinaisons de romancier et de stratégiste ! Pas un n’attaqu
165 mais l’aggraver alors en la faisant peser sur la vie même des peuples ainsi constitués en blocs. L’État totalitaire est bi
166 que pour modeler et organiser dans ses limites la vie complexe des hommes, même militarisés. Des mesures de police ne font
8 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Le mythe contre le mariage
167 vouer qu’elle ne joue plus un rôle direct dans la vie de nos sociétés, qu’elle a tant contribué à former. Ce qui explique,
168 e tout homme doit un jour la connaître, et que la vie ne saurait être à plein vécue que par ceux qui « ont passé par là ».
169 inalités s’excluent. De leur coexistence dans nos vies surgissent sans fin des problèmes insolubles, et ce conflit menace en
170 ont pas de se produire un jour ou l’autre dans la vie du couple. Or c’est de tout cela, justement, que les modernes font dé
171 it un malheur plus beau et plus « vivant » que la vie normale, plus exaltant que son « petit bonheur »… Ou l’ennui résigné
172 assion : tel est le dilemme qu’introduit dans nos vies l’idée moderne du bonheur. Cela va de toute manière à la ruine du mar
173 mour fatal quelque révélation, sur lui-même ou la vie en général : dernier relent de la mystique primitive. De la poésie à
174 t toujours l’aventure. C’est ce qui va changer ma vie , l’enrichir d’imprévu, de risques exaltants, de jouissances toujours
175 et il l’épousera ! Avec elle, ce sera la « vraie vie  », ce sera l’épanouissement de ce Tristan qu’il porte en soi comme so
176 n signifiait « vivre » pour Tristan, car la vraie vie qu’il appelait, c’était la mort transfigurante. Mais nous avons perdu
177 ture occidentale, et le fondement solide de toute vie personnelle ; selon le second, l’union monogamique serait la forme la
178 poser à l’idéal antisocial de « bonheur » et de «  vie dangereuse » un idéal collectiviste. Gemeinnutz geht vor Eigennutz !
179 plutôt l’impression qu’il met de l’ordre dans sa vie et qu’il s’ouvre un nouvel avenir. L’économie de l’épargne, une fois
180 meilleures chances de durer : buts et rythmes de vie , vocations comparées, caractères et tempéraments. Si l’on veut le mar
181 e. L’émancipation de la femme (son entrée dans la vie professionnelle et sa revendication d’égalité) est un facteur non nég
182 gence que leurs ancêtres quant au mariage et à la vie matrimoniale. Ces exigences iront croissant avec la diffusion des « s
183 e opinion : « Les crimes sont un tribut payé à la vie . » (Carpocrate, cf. Schultz, Dokumente der Gnosis.) 189. Encore que
9 1939, L’Amour et l’Occident (1972). L’amour action, ou de la fidélité
184 cable, que signifie le choix de la mort contre la vie . Et comment échapper au démon que l’on fixe d’un œil fasciné ? Pour a
185 vre, quand c’est la terre qui est méprisée, et la vie qui est la faute à racheter ! Mais tuer l’homme avant qu’il ne se tue
186 t, et après coup, tel que je le reconnais dans ma vie . Et ce n’est à aucun degré une solution que je propose. Car outre qu’
187 t la suprême valeur du « stade esthétique » de la vie  ; puis la surmonte en exaltant le mariage, suprême valeur du « stade
188 e que signifie le choix d’une femme pour toute la vie , l’on en vient à cette conclusion : choisir une femme, c’est parier.
189 les chances de votre côté — et je suppose que la vie vous laisse le temps de calculer — jamais vous ne pourrez prévoir vot
190 la prétention de résoudre d’un coup, en une seule vie , le problème de l’adaptation de deux êtres physiques et moraux des pl
191 on en vertu de laquelle on s’engage pour toute la vie « advienne que pourra ». Mais justement cette décision comme telle pa
192 rité : c’est vous que je choisis pour partager ma vie , et voilà la seule preuve que je vous aime. (Vraiment, pour dire : Ce
193 r revendication fondamentale, leur religion de la Vie , s’y oppose diamétralement. Ils considèrent la fidélité comme une dis
194 damentale de créateur. Ainsi, dans la plus humble vie , la promesse de fidélité introduit une chance de faire œuvre, et de s
195 ur toutes. Seul l’irrévocable est sérieux.) Toute vie , fût-elle la plus déshéritée, détient sa chance immédiate de grandeur
196 re de l’« instinct de mort » inséparable de toute vie créée, et il le transfigure en lui donnant un but essentiellement spi
197 alors une manière de se sauver et d’accéder à une vie supérieure, la « joie suprême » d’Isolde agonisante. Fidélité qui con
198 me » d’Isolde agonisante. Fidélité qui consume la vie , mais qui consume aussi la faute, et divinise un moi purifié, « innoc
199 a gardé parmi nous que l’illusion d’accéder à une vie plus ardente. Mais l’empire de cette illusion trahit encore l’obscure
200 délité courtoise ; une négation sans retour de la vie . Mais la fidélité dans le mariage est au contraire un engagement pris
201 que la fidélité dans le mariage est la loi d’une vie nouvelle ; et non point de la vie naturelle (ce serait la polygamie)
202 st la loi d’une vie nouvelle ; et non point de la vie naturelle (ce serait la polygamie) — et non plus de la vie pour la mo
203 elle (ce serait la polygamie) — et non plus de la vie pour la mort (c’était la passion de Tristan). L’amour de Tristan et d
204 ers le jour afin d’attester notre alliance. ⁂ Une vie qui m’est alliée — pour toute la vie, voilà le miracle du mariage. Un
205 iance. ⁂ Une vie qui m’est alliée — pour toute la vie , voilà le miracle du mariage. Une vie qui veut mon bien autant que le
206 ur toute la vie, voilà le miracle du mariage. Une vie qui veut mon bien autant que le sien, parce qu’il est confondu avec l
207 ndu avec le sien : et si ce n’était pour toute la vie , ce serait encore une menace. (Il y a toujours une telle menace dans
208 ruit. Je ne veux pas la mort du pécheur, mais sa vie . ⁂ Éros s’asservit à la mort parce qu’il veut exalter la vie au-dess
209 s’asservit à la mort parce qu’il veut exalter la vie au-dessus de notre condition finie et limitée de créatures. Ainsi le
210 si le même mouvement qui fait que nous adorons la vie nous précipite dans sa négation. C’est la profonde misère, le désespo
211 ’exprimant, Agapè l’en délivre. Agapè sait que la vie terrestre et temporelle ne mérite pas d’être adorée, ni même tuée, ma
212 nt aussitôt, et par là même, le pire ennemi de la vie , la séduction du Rien. Mais dès lors que le Verbe s’est fait chair et
213 l’ascension interminable du Désir qui consume la vie , mais ici-bas, dans l’obéissance à la Parole. ⁂ Et qu’aurions-nous al
214 ecret, et d’en attendre un mystérieux surcroît de vie . J’essaierai de le faire concevoir par l’examen d’un fait connu. Le c
215 grave d’une existence autonome, étrangère, d’une vie totale dont il n’a désiré vraiment qu’un illusoire ou fugitif aspect,
216 t lent et difficile, il engage vraiment toute une vie , et il n’exige pas moins que cet engagement pour révéler sa vérité. E
217 e. Don Juan, l’homme des coups de foudre et de la vie « orageuse », serait une sorte de surhomme, de surmâle. Mythe d’une p
218 là où les religions païennes menaient encore une vie secrète. L’amour-passion n’est pas l’amour chrétien, ni même le « sou
219 goût de la guerre procède d’une conception de la vie ardente qui est un masque du désir de mort. Dynamisme inverti, et aut
220 e est née ne sauraient proposer comme but à notre vie la maîtrise de la Nature, puisque c’est là le but et la fonction orig
221 nos plus belles créations. Mais ce qui produit la vie produit aussi la mort. Il suffit qu’un accent se déplace pour que le
222 e des chances nouvelles à la passion. C’est notre vie et notre mort. Et c’est pourquoi la crise moderne du mariage est le s
223 ins qui obsède aujourd’hui tant de fronts ? Notre vie ne se joue pas dans l’au-delà temporel, mais dans les décisions toujo
224 uire à néant ». Du point de vue du monde et de la vie naturelle, Dieu apparaît alors comme « mon ennemi mortel ». Nous nous
225 xtrême de la passion, la mort d’amour, initie une vie nouvelle, où la passion ne cesse d’être présente, mais sous l’incogni
226 lut, que par cette action d’obéissance qui est la vie de fidélité. Vivre alors « comme tout le monde », mais « en vertu de
227 stion qu’elles nous posent et la réponse de notre vie .) ⁂ Le second thème que j’esquisserai n’est peut-être pas d’une natur
228 ar la rencontre d’un autre, par l’admission de sa vie étrangère, de sa personne à tout jamais distincte, mais qui offre une
10 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Appendices
229 t et ressuscite, c’est-à-dire élève l’initié à la vie de l’esprit. Tout cela est vraisemblable, et contesté. Dans les Mabin
230 se pose pas. Ils n’ont pas à poursuivre toute la vie cette ombre : l’amour, ce sentiment aussi vague, incertain, indéfini
231 L’attitude de l’Européen qui se demande toute sa vie  : « Est-ce de l’amour ou non ? Est-ce que j’aime vraiment cette femme
232 mes fous sans nous en rendre compte ; toute notre vie est fondée sur la passion, et nous voulons la paix, la tranquillité !
233 mier regard des amants, qui va changer toute leur vie , correspond à la première touche de l’amour divin, à la conversion du
234 t il souffrait. Alors commença pour lui une autre vie . Il entra dans une vie nouvelle Où tout son être fut changé. Il devi
235 ommença pour lui une autre vie. Il entra dans une vie nouvelle Où tout son être fut changé. Il devint un autre homme. Tout
236 Minne Et comme délivrés De leur frein naturel. Sa vie se consumait. (Traduction Bossert.) Les trois derniers vers sont une
237 ent manichéenne de la Création : « Le principe de vie dans tous les êtres n’est autre que celui de la mort ; nous les recev
238 ette antithèse est purement apparente. Mais si la vie et la Nature créée ne sont que noirceurs et cruauté, il faut alors po
11 1972, L’Amour et l’Occident (1972). Post-scriptum
239 e leurs gourous. Des influences produites dans la vie de mes lecteurs, je ne puis rien dire, hors la correspondance où elle
240 nt littéraire qui intéresse au plus haut point la vie intellectuelle de notre région. Denis de Rougemont vient de publier u
241 re part, on nous assure que Suso demeura toute sa vie un dominicain très fidèle aux disciplines et dogmes de son ordre ; et
242 aliste ou manichéisante du Moyen Âge ? Prenez ma vie en hommage Belle de dure merci, Pourvu que vous m’accordiez Que par v
243 l’odorat ; et il remercia Dieu d’avoir soutenu sa vie jusqu’à ce qu’il l’eût vue. Et ainsi il mourut entre ses bras : et el
244 de débauche » (p. 152). Principal événement de sa vie  : il se croise au printemps de 1101, subit une écrasante défaite à Hé
245 dans une contrée déserte pour y mener une sainte vie d’ermites. En 1101, il décide de créer pour ses adeptes une colonie d
246 ner la Provence. Ces dates encadrent celles de la vie de Guillaume IX et de toute la première génération des troubadours, q
247 ut pour femme, sachant bien que Tristan risque sa vie s’il retourne au pays du Morholt. Et Tristan le sait aussi : « Quand
248 condition sine qua non de toute œuvre d’art ou de vie dont l’élaboration exige du temps et une concentration de toutes les
249 totalitaire et détruit à mes yeux l’intérêt de la vie , pour parler d’une manière très générale ; quant au sujet qui nous oc
250 res cathares, 1959 ; Le Phénomène cathare, 1969 ; Vie quotidienne des cathares du Languedoc au xiie siècle, 1969. 234. No