1 1937, Journal d’un intellectuel en chômage. Préambule
1 r les quais déserts de ce port fantomatique, sans ville derrière lui, vaguement américain et militaire, sous un ciel bas coul
2 nières années de Paris m’avaient appris que cette ville , au moins pour la jeunesse sans argent, est la ville des gérants igno
3 le, au moins pour la jeunesse sans argent, est la ville des gérants ignobles et des concierges, des Lieux-sombres-et-populeux
2 1937, Journal d’un intellectuel en chômage. N’habitez pas les villes !
4 Première partieN’habitez pas les villes  ! Début de novembre 1933 Je commencerai par l’inventaire de mo
5 (problème matériel) — si l’on peut vivre loin des villes sans emploi ni gain assuré, et se procurer tout de même le strict néc
6 sent observé derrière les fenêtres. Ô liberté des villes  ! Mais ne point oublier qu’à Paris, c’est chez soi, dans les petits d
7 a vitrine, je vois le vieux port de cette vieille ville , la plus proche de notre île, et où nous devons encore passer deux he
8 tion s’expatrient volontiers, ou vont habiter les villes .) En été, la petite ville se remplit de baigneurs, et l’auditoire du
9 s, ou vont habiter les villes.) En été, la petite ville se remplit de baigneurs, et l’auditoire du temple est décuplé : cela
10 pparaître, aux yeux des habitants de cette petite ville comme une espèce de fou, d’ailleurs inoffensif. Ou peut-être encore,
11 y a pas de raison pour que les habitants de cette ville soient sensiblement plus laids que ceux du reste de la France. Peut-o
12 ensée : mon état d’esprit, quand je suis dans une ville étrangère, où rien ne m’appelle ni ne me parle, où je me sens perdre
13 200 000 francs, que leurs fils iront perdre à la ville  : je crois cependant que la proportion des fous est moindre ici que s
14 au goût de souvenir, que trop de téléphones, à la ville , de tout à l’heure, d’heures de bureau, d’impitoyables rendez-vous d’
15 pour l’argent. Si vous prenez N., par exemple (la ville prochaine sur le continent), ils n’auraient pas idée de ça, au contra
16 rrait être utile de montrer qu’on peut sortir des villes où se font les « carrières » sans sortir de la vie véritable ; et qu’
17 ntement ? Je songe à ceux qui voudraient fuir les villes , et qui peut-être en me lisant, se diraient un instant que c’est poss
3 1937, Journal d’un intellectuel en chômage. Pauvre province
18 de la vallée, la rivière et la plaine. La petite ville reste invisible, massée au pied des rochers, en retrait sur notre gau
19 est certain, nous saurons tout sur les gens de la ville … 5 octobre 1934 Petite cité tassée à la base d’une paroi de roc
20 s mal que la population des faubourgs des grandes villes . Le goût de « la vie saine » et du grand air, vous ne le trouverez qu
21 bien y a-t-il de classes entre la bourgeoisie des villes et le prolétariat ? L’opposition que veulent voir les marxistes entre
22 es cas concrets, dès que je sors des très grandes villes et de leur caricature de société. — Simard, le jardinier, est à demi
23 est en ruines, — tout le centre. On croirait une ville bombardée. 2300 habitants. Cent personnes au culte. Dans la campagne
24 que les gens s’en vont d’ici pour travailler à la ville . C’est comme partout. Bon. Alors les catholiques descendent de la mon
25 ons parfaitement contents de notre sort, loin des villes , pour tout ce qui est de notre vie privée, de nos travaux et de notre
26 ité de l’écrivain. Pour l’avoir négligée dans nos villes , au milieu des feuilletonistes et des snobs, nous en sommes arrivés à
27 pprouve la jeunesse qui délaisse la terre pour la ville . (« C’est mort, ici ! » phrase entendue un peu partout dans la provin
28 itions matérielles plus favorables que celles des villes . Il ne s’agit pas d’échapper à la misère pour tomber dans l’ascèse vo
29 hniques beaucoup plus vastes. « N’habitez pas les villes  ! », bien sûr. Reste à savoir si la province est habitable, dans l’ét
30 s deux formules de notre renaissance : mettre les villes au vert, urbaniser tout le reste du pays… 5 juin 1935 …Et un b
31 s — si jamais ils en ont assez de se plaindre des villes , où ils s’incrustent — la province deviendra vivable. La révolution s
4 1937, Journal d’un intellectuel en chômage. L’été parisien
32 e la banlieue. La campagne ici touche à la grande ville , et aussitôt elles se dégradent l’une l’autre. Zone : mélange de pylô
33 ux balcons. (Je distingue nos fenêtres obscures.) Ville aérienne, où la hauteur des murs n’évoque plus les parois d’un puits
34 centre — rive gauche, boulevards, Champs-Élysées. Ville des souvenirs ! Rien n’a bougé. Les mêmes têtes aux mêmes heures à la