1 1977, L’Avenir est notre affaire. Introduction. Crise de l’avenir
1 ntroduction Crise de l’avenir Quand les grandes villes déjà ne sont plus gouvernables, quand on ne peut plus y trouver ni so
2 gradation des relations humaines dans les grandes villes , et celui de l’agression technicienne contre la nature tout entière,
2 1977, L’Avenir est notre affaire. Système de la crise — La religion de la croissance
3 ux brut de reproduction est de 1,7 à 1,9 dans les villes , mais de 3,4 à 3,56 dans les régions sous-développées6. D’ailleurs, c
4 abord, puis décuple le nombre des étages dans les villes autour desquelles poussent les cheminées d’usine. D’où la déclaration
5 atique, 58 millions de Français logeront dans les villes en l’an 2000. » Comment le sait-il ? Quelle force cosmique, indépend
6 a France. Mais cela ne résout pas le problème des villes , qui est désormais mondial, du fait de l’Occident. La progression des
7 ondial, du fait de l’Occident. La progression des villes vers autre chose, que l’on tentera de caractériser faute de pouvoir l
8 rd’hui déjà, la moitié de l’humanité vit dans les villes . Si c’est quatre cinquièmes vers l’an 2000, tôt après, vers 2050, tou
9 rsonne dans les campagnes. Au surplus le terme de ville n’aurait plus aucun sens. Mais en a-t-il encore beaucoup, dans nos mé
10 -t-il encore beaucoup, dans nos mégalopoles ? Nos villes ne sont-elles pas l’exemple dramatique de ce que peut faire l’absence
11 iadis annonçaient, en 1969, la construction d’une ville mondiale — qu’ils nommaient Œcumenopolis — laquelle, vers la fin du p
12 du monde, où l’on voyait des points marquants les villes , entourées de prairies humanisées, puis de zones forestières plus ou
13 e veillent pas à la forme et à la structure de la ville mondiale de l’avenir avant qu’elle n’ait pris l’intolérable aspect d’
14 olérable aspect d’un immense amas de taudis ». La ville mondiale ne pouvant être alimentée par les îlots de verdure subsistan
15 New York et les campagnes subsistantes entre ces villes , soit 35 à 40 millions d’habitants. Une autre mégalopolis se constitu
16 tats-Unis existent, l’exode des campagnes vers la ville a été plus faible que le mouvement inverse9. Le tiers-monde, en revan
17 e tiers-monde, en revanche, se précipite dans ses villes nouvelles comme l’Europe aux débuts du siècle dernier. En fait, il s’
18 ux et politiques, les éléments préfabriqués d’une ville mondiale parfaitement uniformisée, garantie sans surprise dans la non
19 is trouve sa limite dans la définition même de la ville , laquelle dénote, entre autres, une « agglomération humaine dont les
20 ut le ravitaillement dont ils ont besoin ». Si la ville couvre la totalité des campagnes, elle mourra de faim. Les problèmes
21 lèmes financiers et administratifs de nos grandes villes sont déjà pratiquement insolubles, et faisaient dire au maire de New
22 s gouvernable. On sait qu’en Amérique les grandes villes se voient privées des revenus fiscaux de la population la plus aisée,
23 l’automobile et l’essentiel des ressources de la ville est destiné à soutenir les chômeurs10. » Il semble que la condition d
24 les chômeurs10. » Il semble que la condition des villes françaises, moins démesurées pourtant, ne s’annonce pas meilleure. Je
25 de liaison des maires des vingt-six plus grandes villes de l’Hexagone les phrases suivantes : « Le temps est proche où dans t
26 « Le temps est proche où dans toutes les grandes villes il sera rigoureusement impossible d’accepter les moindres hausses des
27 oindres hausses des impôts existants… Les grandes villes seront alors pratiquement en état de cessation de paiements devant la
28 e le coût de la vie12 ne cesse de monter dans les villes à proportion de leurs dimensions : ce coût serait donc théoriquement
29 onc pas les révoquer13. Plaçons, en regard de ces villes , des pays du même ordre de grandeur quant à la population : la Belgiq
30 t-à-dire au profit des promoteurs. Plus grande la ville , plus grand le mécontentement chronique des habitants, et plus coûteu
31 et plus coûteux leur entretien15. Plus grande la ville , moindres deviennent les avantages de la taille, et bientôt ils seron
32 eront négatifs. Au-delà de 300 000 habitants, une ville d’un de nos « grands » pays, pour un budget à tout le moins vingtuplé
33 fre rien de plus et bientôt beaucoup moins qu’une ville de 100 000 habitants en Suisse ou en Hollande, au point de vue cultur
34 « grandes surfaces » sans rencontres, hors de la ville , aux cortèges de la haine sociale de droite ou de gauche, prenant la
35 otre troisième question à Toynbee, à savoir si la ville mondiale serait souhaitable, a trouvé sa réponse. Une société fonc
36 ient pas à s’entendre sur ce que devrait être une ville moderne, je proposai cette définition de ce qu’elle est, dès qu’elle
37 a pas eu seulement pour effet de dé-civiliser les villes , d’y dégrader les relations humaines, et d’y créer la plèbe au lieu d
38 nt la crise déclarée sous nos yeux, alors que les villes , au sens actuel de la Chose, n’étaient encore que des faubourgs ouvri
39 ndérance toujours croissante de la population des villes qu’elle agglomère dans de grands centres, la production capitaliste,
40 temps, c’est que le mal qu’on fait à l’homme des villes , on le fait aussi nécessairement à l’agriculteur et à sa terre, par u
41 nes en soi et nécessaires : trop de gens dans des villes trop grandes, trop de bruit, trop d’excitations, trop d’informations
42 les vignobles, et presque toutes les plus grandes villes du globe. Voilà notre homme de l’An 2000 : sans eau potable, sans pai
43 produisent les « foules solitaires » des grandes villes . Trop de remèdes développent des maladies nouvelles. Trop de sollicit
44 sur les routes de campagne, donnera Détroit, les villes irrespirables, puis la puissance des Émirs, une menace mortelle sur I
45 ties on the Move, Oxford, 1969, Trad. franç. : La Ville dans l’histoire, Paris, 1972. 9. Toynbee semblait avoir admis une cr
46 s se passer. Comment l’Europe peuplerait-elle une ville allant de Cadix à Kiev et d’Édimbourg à Istanbul, avec les quelque 10
47 licenciant d’un seul coup 37 000 employés que la ville ne pouvait plus payer. 14. Un jour, le préfet de la région parisienn
48 s banlieusards (L’Express, 17 mars 1974). Plus la ville est grande, plus ses habitants maudissent la circulation… (85 % des h
3 1977, L’Avenir est notre affaire. Système de la crise — Le grand litige
49 zone de 15 à 65 kilomètres de rayon autour de la ville de Bâle. Les chiffres américains seraient à multiplier par 5 à 10 pou
50 eure partie de leur production : dans les grandes villes industrielles, voire au cœur de nos capitales, comme Paris, Londres,
51 ies rejetées, avec le reste on chauffera toute la ville . En fonction de la réponse des promoteurs, on verra bien s’ils croien
52 (qui doit être construite à dix kilomètres de la ville ) fait une conférence sur l’énergie nucléaire, et je lis dans les comp
53 fus d’exploiter les résultats acquis. J’ai vu les villes , villages et villas des côtes de l’Anatolie, de la Syrie, du Liban, d
54 passagers de l’échelle de coupée au centre de la ville par hélicoptère ou métro. (Gain de deux fois une heure. Total trois h
4 1977, L’Avenir est notre affaire. Système de la crise — La clé du système ou l’État-nation
55 ait de ton territoire, de ses paysages, et de ses villes , de ses forêts et de ses eaux ? », il ne peut nous répondre piteuseme
56 urel de l’humanité, et du patrimoine culturel des villes et des régions ; les maladies du sens civique ; le nombre des procès
57 ire sans tuer trop de paysages, de privilèges, de villes et de jeunes gens. Et même, dans le cas présent, à la sixième reprise
5 1977, L’Avenir est notre affaire. De la prévision — Un « Essai sur l’avenir » en 1948
58 érature avec l’époque industrielle et ses grandes villes . Il est contemporain des horaires, qui furent probablement la créatio
59 ennuient pas, mais bien la traversée d’une grande ville inconnue. Ce qui provoque l’ennui, dans un cas comme dans l’autre, c’
60 u xviiie siècle la destruction instantanée d’une ville par suite de la dissociation d’un invisible point de matière. Ce sont
6 1977, L’Avenir est notre affaire. De la prévision — Naissance de la prospective
61 velle Terre, et descend la nouvelle Jérusalem, la ville sainte où l’on ne voit plus de Temple « car la gloire de Dieu l’éclai
62 dicales contre la pollution, ou de construire des villes habitables, ou encore de créer et de fédérer des régions autonomes),
7 1977, L’Avenir est notre affaire. De la prévision — Première histoire de fous : l’auto
63 t, un jour où je me rendais avec mon père à cette ville . J’avais alors 12 ans. Je me rappelle la locomotive comme si je l’ava
64 ant à leur usine et des paysans allant parfois en ville , mais non pas aux loisirs et aux exploits sportifs. Au cours des ans,
65 piéton peu pressé — dans le centre de nos grandes villes , qu’elle asphyxie. Elle devait libérer, elle asservit. Ivan Illich a
66 pratiques, utilitaires, comme on le voit dans nos villes embouteillées. Si je veux aller vite à coup sûr, ou si je veux rester
67 occidentale depuis Napoléon Ier. L’auto a tué la ville en permettant de lui donner une extension kilométrique qui fait éclat
68 s rencontres et des attroupements. L’auto rend la ville invivable par des embouteillages qui ressemblent à des infarctus ; ir
69 ent et de la culture101 ; bref, l’auto a rendu la ville à tel point insensée que tous les samedis elle se vide — et c’est enc
70 du territoire. Parce qu’il ne peut plus vivre en ville , le citadin se rue sur la campagne et ne tarde pas à la dénaturer. Au
71 monde en quelques dizaines d’années, et voici nos villes invivables, le bétonnage universel, la nature défigurée, la morale qu
72 elle de la technique du béton armé pour créer des villes énormes exigeant des transports par auto, d’où pollution de l’air, br
73 e l’Occident ? » Cris dans le désert. Déserts des villes fiévreuses où le fracas des machines couvre déjà la plainte humaine…
74 mieux-être de la masse ouvrière. Ainsi naquit la ville enfer de Détroit. Ainsi se renforcèrent par la suite nos États, maîtr
8 1977, L’Avenir est notre affaire. De la prévision — Deuxième histoire de fous : Hitler
75 onfrontation stupéfiante de cet homme et de cette ville était peut-être nécessaire pour faire comprendre au monde entier qu’i
9 1977, L’Avenir est notre affaire. Repartir de l’homme — Devenir soi-même
76 rée ; les surfaces prises à l’agriculture par les villes et les autoroutes, le bétonnage universel détruisant l’humus pour des
77 us. L’avenir n’est plus à nous, compromis par nos villes qui sont là, difficiles à détruire mais impossibles à gouverner ; inf
78 par excellence, il y a ceci : l’homme des grandes villes , des longues avenues qui asphyxient ou tuent qu’elles soient emboutei
79 tué en nous, ça ne se voit pas 118. » L’homme des villes d’aujourd’hui ne parvient plus à être ni solitaire ni solidaire pour
80 c’est tout un. Le vide social qui se crée dans la ville physiquement et moralement démesurée, et l’encadrement militaire impo
81 l’histoire et de l’économie, de la technique, des villes , des cultures, des paysages… Enfin l’homme, en tant que personne, est
10 1977, L’Avenir est notre affaire. Repartir de l’homme — Passage de la personne à la cité
82 uisses, les conseils des communes urbaines et des villes d’empire subsistantes. Althusius qualifie les éphores comme « les pre
11 1977, L’Avenir est notre affaire. Repartir de l’homme — Les variétés de l’expérience communautaire
83 nuits de bateau. Il arrive qu’elle enveloppe une ville entière.) Point de communauté vivante sans communications fréquentes,
84 ient normalement des compétences municipales. Les villes de plus d’un million d’habitants commencent à devenir mal habitables,
85 s le statut de Copenhague ? Celui d’une lointaine ville de province. […] Imaginez maintenant que le Danemark, part intégrante
86 ui existent dans chacune de nos régions et de nos villes , associations de militants de toutes croyances, chrétiens ou socialis
87 ys du centre de l’Europe, de l’Italie du Nord aux villes hanséatiques, en passant par les cantons suisses, la Rhénanie, le Ben
88 l’Ancien Régime comme de nos jours, il n’y avait ville , bourg, village, ni si petit hameau en France, hôpital, fabrique, cou
89 it du moins déjà la chose152. » Quant aux grandes villes , il est patent que la notion même de commune s’y est perdue, dissoute
90 oup pensent qu’à la fin de ce siècle, ces grandes villes auront aspiré et encagé la quasi-totalité du genre humain. Les notion
91 eux ou trois millions — sont aussi différentes de villes du xviiie qu’un avion supersonique d’une diligence. Face à la catast
92 ropéens, mais déjà la population des plus grandes villes . Peut-on accélérer ce processus ? Évacuer systématiquement les mégalo
93 e. Serait-il opportun d’avertir les habitants des villes menacées de séisme dans tel délai que la science, désormais, peut pré
94 prêter in extremis des sommes astronomiques à la ville de New York : elle coûte beaucoup trop cher, c’est évident, mais elle
95 tions de bon sens, il s’agit de survivre dans les villes telles qu’elles sont. Dans la plupart de nos pays occidentaux (Europe
96 des possibilités communautaires dans les grandes villes . La condition première de la vie d’une commune étant le respect des p
97 très bon substitut, puisqu’un quartier de grande ville , en général, n’est pas un tout varié mais une parcelle trop homogène
98 tous pays, soulignent la nécessité de fonder les villes neuves (ou de modifier dans ce sens les quartiers adoptés comme unité
99 structures, s’il n’y a qu’un vide au centre de la ville — bureaux déserts dès la fin de l’après-midi — si la conduite de la c
100 quement, et à peu de frais, dans une trentaine de villes de 15 000 à 80 000 habitants, permettent à tous ceux qui le désirent
101 tre est plus facile au village que dans la grande ville , par là même moins intéressant. Et l’on pourrait penser que les affai
102 rcelées) qui contribuent à la désagrégation de la ville  », les GAM se caractérisent par les principes suivants : « Volonté d’
103 u ras du bitume”, etc. — Perception globale de la ville qui n’exclut pas les opérations localisées mais qui ne fait pas d’une
12 1977, L’Avenir est notre affaire. Repartir de l’homme — Les variétés de l’expérience régionale
104 és communautaires latentes dans certains milieux, villes et villages, et qu’il serait tentant de faire émerger, d’inciter à un
13 1977, L’Avenir est notre affaire. Repartir de l’homme — L’autogestion politique
105 essources d’une commune seraient décidés dans une ville moins éloignée que la ville capitale : ce n’est pas la distance qui c
106 ient décidés dans une ville moins éloignée que la ville capitale : ce n’est pas la distance qui compte ici, mais l’extériorit
14 1977, L’Avenir est notre affaire. Repartir de l’homme — Stratégie
107 taines de milliers d’hectares que nous bétonnons ( villes et autour des villes usines, supermarchés, parkings, autoroutes, aéro
108 hectares que nous bétonnons (villes et autour des villes usines, supermarchés, parkings, autoroutes, aéroports) dessinent d’or
109 mbat de la gauche. » La corrosion des champs, des villes , des eaux, de l’air, des corps et du sommeil par l’industrie et par l
110 sées dans nos divers pays — c’est-à-dire dans des villes distantes en moyenne d’une heure un quart d’avion — ne tiennent des r
111 ntin Doxiadis, « Œcumenopolis ou la forêt dans la ville  », Paris, Preuves, n° 8, 1971. À opposer aux vues de Toynbee résumées