2
s de ces Cahiers ont déclaré qu’ils rejetaient la
violence
, les méthodes de violence, les solutions de violence, et qu’ils s’eff
3
ré qu’ils rejetaient la violence, les méthodes de
violence
, les solutions de violence, et qu’ils s’efforçaient d’y substituer un
4
lence, les méthodes de violence, les solutions de
violence
, et qu’ils s’efforçaient d’y substituer une méthode de collaboration
5
e discipline commune. Mais toute nouveauté « fait
violence
» à un état de choses donné ; réduire ou surmonter des antagonismes,
6
ou surmonter des antagonismes, c’est leur « faire
violence
» ; et s’imposer une discipline en vue d’atteindre un but commun, c’e
7
e d’atteindre un but commun, c’est encore « faire
violence
» aux intérêts particuliers. Toute collaboration créatrice implique d
8
ollaboration créatrice implique donc une certaine
violence
. Autrement, il ne s’agirait que d’un assemblage purement quantitatif
9
veaux Cahiers, à préciser la signification du mot
violence
, dans la mesure où cela dépend de nous, c’est-à-dire à l’intérieur du
10
e de la nation. Essayons donc de définir le mot «
violence
», c’est-à-dire de décrire son contenu actuel d’une part, et d’autre
11
l’ordre nouveau. Origine du préjugé contre la
violence
Il faut reconnaître, tout d’abord, que la violence est généralemen
12
ence Il faut reconnaître, tout d’abord, que la
violence
est généralement « mal vue » de la majorité des Français. (Mais c’est
13
u’on la regarde mal ?) On en est venu à assimiler
violence
à brutalité, à contrainte par la force matérielle : on parle des « vi
14
ntrainte par la force matérielle : on parle des «
violences
policières ». On la considère comme une passion basse et vulgaire, ou
15
isons, et qui frappe du poing sur la table. Ainsi
violence
ne se confond pas seulement avec brutalité, mais avec bêtise. Qu’il y
16
Nous retrouvons ici le glissement sémantique de «
violence
» à « brutalité ». Puis, ayant de la sorte disqualifié la violence —
17
utalité ». Puis, ayant de la sorte disqualifié la
violence
— car tout le monde est d’accord pour condamner la brutalité —, on se
18
ender le marxisme en le traitant de « doctrine de
violence
». Or, rien n’est moins « violent » que la doctrine de Marx, rigoureu
19
des bourgeois. Les seules véritables doctrines de
violence
apparues dans notre époque sont celles de Nietzsche et de Georges Sor
20
avec le style de la pensée marxiste. La vraie
violence
Nous pouvons maintenant essayer de préciser une distinction radica
21
ssayer de préciser une distinction radicale entre
violence
et brutalité, — avec l’espoir de sauver le mot « violence » de ses dé
22
et brutalité, — avec l’espoir de sauver le mot «
violence
» de ses déviations sémantiques intéressées, et de le restaurer dans
23
staurer dans sa puissance active, libératrice. La
violence
est le fait même de l’esprit, j’entends de l’esprit créateur. Dès que
24
dans le monde, pour y réaliser ses vues, il fait
violence
à un état de choses. Et ceci dans n’importe quel domaine, qu’il s’agi
25
er la paix, mais le glaive. » Et le terme même de
violence
que la plupart des moralistes chrétiens d’aujourd’hui ont coutume de
26
comme le soutiennent des polémistes ignorants. La
violence
étant le fait de l’esprit, elle se confond avec la liberté. C’est ell
27
on l’est à la vie individuelle. D’ailleurs, si la
violence
est libératrice, elle n’est pas pour autant anarchique. Elle libère p
28
e pour construire, elle détruit pour ré-ordonner.
Violence
et construction sont si loin de s’opposer que j’y verrais plutôt deux
29
: on y retrouve ces trois caractères de la vraie
violence
spirituelle, ou de la vraie création révolutionnaire : la pierre est
30
ertu d’une décision de l’esprit2. Enfin, la vraie
violence
n’exclut nullement la délicatesse (voir Nietzsche), ni la subtilité d
31
’à ceux qui n’auraient pas su distinguer la vraie
violence
de la brutalité, du simple fait qu’elles sont souvent liées. (Il y a
32
de tons purs dans la vie.) La brutalité tue la
violence
Par opposition à la violence, signe de l’esprit agissant, la bruta
33
brutalité tue la violence Par opposition à la
violence
, signe de l’esprit agissant, la brutalité peut être définie comme un
34
gique ; elle la déteste absolument, tandis que la
violence
l’effraye mais la tente en même temps. La définition la plus frappant
35
l’esprit. Elle ne déteste rien tant que la vraie
violence
, inventive et imprévue, qui viendrait déranger ses constructions à la
36
tâche de tuer dans la jeunesse toute velléité de
violence
spirituelle. L’éducation fasciste ou stalinienne a pour effet systéma
37
rieux : alors que la bourgeoisie disqualifiait la
violence
en la confondant avec la brutalité, les dictatures totalitaires tente
38
ntent de requalifier la brutalité en la baptisant
violence
. D’où le recours constant des nationaux-socialistes à Nietzsche, abus
39
à le gouvernement despotique. » Le refus de la
violence
appelle la brutalité Confondre la violence et la brutalité, c’est
40
la violence appelle la brutalité Confondre la
violence
et la brutalité, c’est se placer dans une position spirituelle inféri
41
ncipe inférieure à l’agressivité. Se méfier de la
violence
, avoir peur des risques féconds qu’elle institue, c’est se priver des
42
ont nous disposions contre la brutalité. La vraie
violence
est en définitive pacifiante : elle accepte les conflits, les fait mû
43
scismes le démontre avec éclat : la crainte de la
violence
suscite mécaniquement une brutalité qui, à son tour, ne peut pas supp
44
é qui, à son tour, ne peut pas supporter la vraie
violence
. Le libéralisme et la dictature affectent l’un et l’autre la violence
45
isme et la dictature affectent l’un et l’autre la
violence
(spirituelle) du signe moins (en fait sinon en théorie). C’est pourqu
46
science vigoureuse de la valeur libératrice de la
violence
. Que ceux qui pensent qu’il est déjà trop tard sachent qu’ils sont pa
47
rait lieu aussi d’analyser la valeur ambiguë de «
violence
» dans l’acte du viol, qui paraît une brutalité. Mais cela nous entra
48
mplement le caractère essentiellement viril de la
violence
, et d’ailleurs de l’esprit créateur en général. Et, d’autre part, l’e
49
r comme la femelle s’offre au viol redouté. a. «
Violence
et brutalité », Les Nouveaux Cahiers, Paris, n° 6, 1er juin 1937, p.