1 1937, Journal d’un intellectuel en chômage. Préambule
1 e, la mer, le ciel, et le feu de la lumière. Nous vivrons bien ! ⁂ Je revois, je revis si bien cette traversée, cette tempête c
2 -chose. Encore faut-il savoir comment on y peut «  vivre  ». C’est à cette question judicieuse que j’ai voulu répondre par ce l
2 1937, Journal d’un intellectuel en chômage. N’habitez pas les villes !
3 vêtir, et quelques livres. Mais aussi, je ne puis vivre nulle part sans me créer des possessions, appelant ainsi toute chose
4 ente pour l’instant. Il nous reste encore de quoi vivre pendant six semaines environ, si du moins nos calculs sont justes : 9
5 le jour : 1 — (problème matériel) — si l’on peut vivre loin des villes sans emploi ni gain assuré, et se procurer tout de mê
6 l’épicière, quand on aborde le village où l’on va vivre . Celle-ci est énorme et goutteuse. Elle a des douleurs dans les jambe
7 es de treilles à l’italienne. Comme on voudrait y vivre  ! y passer des soirées attablé devant un verre de petit vin, à regard
8 33 Questions. — Est-ce donc si « naturel » de vivre sur une île ? Est-ce que l’insularité (géographique et morale) n’est
9 que les raisons économiques ? Pourquoi les hommes vivent -ils sur des îles ? Quand nous sortons pour une promenade et que nous
10 ent paraissent les absurdités sur lesquelles nous vivons depuis des siècles, dans un accord peut-être excessivement tacite. Je
11 ls sont d’accord. Il ne faut pas oublier que nous vivons à une époque de propagande forcenée, et je vous assure qu’un communis
12 pis, comme un hypocrite qui a trouvé le moyen de vivre sans travailler. Il m’a décrit son existence sans amertume. Il ne se
13 e son isolement intellectuel. Il trouve normal de vivre une vie humainement absurde. Non qu’il n’en distingue pas l’absurdité
14 l’air assez satisfait de mon état, le plaisir de vivre à ma guise dans une simplicité très favorable à mon travail, surpassa
15 L’intellectuel chômeur est celui qui ne peut plus vivre de son travail, soit qu’il ait perdu l’emploi régulier qui assurait s
16 même de ses travaux l’empêche d’en tirer de quoi vivre . (Combien y a-t-il en France d’écrivains qui vivent de leurs écrits ?
17 ivre. (Combien y a-t-il en France d’écrivains qui vivent de leurs écrits ? Peut-être deux sur cent — et ces deux-là auront pro
18 ent de 40 à 70 ans…) 2 — Le chômage tel qu’il est vécu aujourd’hui par une trentaine de millions d’hommes ne peut pas être v
19 e trentaine de millions d’hommes ne peut pas être vécu de la même façon par l’intellectuel. Il atteint les travailleurs manu
20 attent lentement pour en tirer tout juste de quoi vivre , j’hésite à reconnaître dans leur existence le beau mythe du peuple p
21 prises avec les éléments hostiles. En vérité, ils vivent à peine. Ils subsistent. À la fois aux limites du continent et aux li
22 instinct, au niveau le plus bas où l’homme puisse vivre sans misère, sans ambitions, sans rêves, sans tristesse. Chacun pour
23 e crois que c’est à peu près tout), mais pourquoi vivraient -ils autrement ? Bien entendu, certains d’entre eux sont morts ou vont
24 corder aux idéologies et aux politiciens. Il faut vivre à Paris pour y croire. Réveillez ce peuple, il sera peut-être capable
25 droite » et on les applaudit : la fondation fait vivre beaucoup de personnes de l’île. La moitié des maisons sont vides, et
26 ution pratique de la misère réelle, celle qui est vécue depuis longtemps ou depuis toujours par une partie du peuple, est au
27 certitude de quoi et de combien il a besoin pour vivre . S’il a plus ou s’il a moins, s’il est « riche » ou s’il est « pauvre
28 ue année onze fois la somme dont j’ai besoin pour vivre ici pendant un mois ; le nom du mois où je ne recevrai rien restant i
29 nir compte de ses circonstances. Sur ses bords ne vivait qu’une population nomade, qui portait l’uniforme de l’État, partout l
30 , qu’un écrivain a bien deux fois plus de peine à vivre qu’un homme normal, mettons qu’un fonctionnaire (c’était pour le flat
31 sans chemins creux et sans secrets, où les hommes vivent sans calcul ni prudence, dans la misère et dans la communion, superst
32 prix de ce travail, payé d’avance, que nous avons vécu depuis janvier, je crois que j’avais omis de le noter jusqu’ici.)
33 toute attente…) 7 avril 1934 Recette pour vivre de peu. La première condition c’est de gagner peu. (J’ai écrit cela,
34 sité désordonnée des êtres et des choses, où nous vivons  ? « Je pense, donc j’en suis. » Et je ne suis guère, si je n’en suis
35 ez étrange, utile en soi7, le « beau travail » du vivre goethéen n’ayant de fin que dans l’individu le plus parfait de son es
36 est le vrai ressort de toute l’Histoire. ⁂ Goethe vivait dans un ordre social dont les signes visibles et tangibles paraissaie
37 contre lui, ou plutôt contre sa mort. Le moyen de vivre — de survivre à Werther — et de supporter la condition sociale, ce se
38 on et de la correction d’un manuscrit nous a fait vivre jusqu’en avril. Pendant ce temps, j’ai pu écrire quelques articles… M
39 les revues ou les journaux exigent, et qu’il faut vivre assez longtemps loin de Paris, comme nous vivons ici, pour arriver à
40 t vivre assez longtemps loin de Paris, comme nous vivons ici, pour arriver à distinguer : eux ne s’en doutent pas, ils l’ont n
41 » sans sortir de la vie véritable ; et qu’on peut vivre de très peu sans cesser de vivre son plein. Voici un an bientôt que j
42  ; et qu’on peut vivre de très peu sans cesser de vivre son plein. Voici un an bientôt que j’ai quitté Paris pour notre « Mai
43 réponse à son ennui — faut-il dire à sa peur — de vivre . Cette manière romantique, et somme toute vaniteuse, de tenter le des
44 e renseigner quelques personnes sur les moyens de vivre en liberté, à peu de frais. Je dis quelques personnes : sont-elles si
45 de secret que je donnerais là, une « recette pour vivre de peu »… Qui sait si beaucoup n’aimeraient pas qu’un homme parle dev
3 1937, Journal d’un intellectuel en chômage. Pauvre province
46 anatisme. J’observe aussi qu’ils s’arrangent pour vivre plus mal que la population des faubourgs des grandes villes. Le goût
47 cceptent leurs risques, c’est-à-dire acceptent de vivre , malgré l’État laïque qui leur conseille plutôt l’épargne. 9 octob
48 ra-t-elle fondée sur la réalité telle qu’elle est vécue et voulue par les hommes réels et concrets, ou bien sur la réalité te
49 as plus marxistes que moi. Ils veulent avant tout vivre et travailler raisonnablement. Mais rien ne se présente pour les sout
50 voilent et colorent, et rassemblent, et qui font vivre un peu au-dessus, un peu au-delà de ce que l’on touche et voit. Je sa
51 ar des retraités, des pensionnés, des assurés qui vivent dans la rouspétance contre ces « cochons-là » et dans la crainte de l
52  Les gens » avec lesquels on se voit contraint de vivre par suite d’un accident du sort, ont toutes les chances d’apparaître
53 scure protestation contre la vie défaite que nous vivons . Or, il ne s’agit pas d’étouffer cette protestation, mais au contrair
54 e d’une manière tout à fait précise : l’exception vécue , reconnue, c’est cela même qui nous fait découvrir notre commune cond
55 ien du terme, que les phantasmes de notre peur de vivre . On les ramènerait aisément à ce « complexe de castration » qui se no
56 emain. — Admettez que cela ne vous empêche pas de vivre assez bien, à votre idée. Vous avez l’air très satisfait de votre sit
57 ifiques ? Vendredi saint (avril 1935) Pour vivre de peu. — (Avoir peu.) Atteindre cet état que l’on dit avoir été celu
58 ce qu’elles étaient », — pour montrer que je sais vivre … Parler du temps qu’il fait, occupation fondamentale des paysans et d
59 arriverez à leur tirer quelque chose de sensé, de vécu , de réel, — et qui renversera les conclusions cyniques de tout à l’he
60 trouve de bâcler son ouvrage, pour gagner de quoi vivre , tentation perpétuelle de changer de condition. Ils vous diront aussi
61 t-il pas mieux respecter les vieux pendant qu’ils vivent  ? — Déjà les voisines arrivent, par petits groupes, parlant beaucoup.
62 un mort dans la maison ? Il faut bien continuer à vivre , et à manger, et à laver, il me semble ? — Je ne pense pas comme vous
63 demi-heure. Il n’y a pas de route. On imagine de vivre là, dans un style colonial-moyenâgeux. On pourrait loger bien du mond
64 la communauté soit pour chacun la possibilité de vivre mieux sa vie. Mais cela pose des problèmes techniques beaucoup plus v
4 1937, Journal d’un intellectuel en chômage. L’été parisien
65 et chansons, accordéon… Je me dis qu’on pourrait vivre là. Non pas comme eux, traqués, rejetés, sans espoir et sans poésie.
66 er une bonne nouvelle à ceux qui l’attendent pour vivre . Kagawa aux carrefours des bas-fonds de Kobé. 7 juillet 1935 De
67 es artistes semble-t-il, pour des gens qui aiment vivre intensément, et qui exagèrent autant qu’ils peuvent l’intensité de le