1 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Préface
1 cru capable, de tout temps, sous prétexte qu’il a vécu , ne m’intéressent. S’il fallait à tout prix choisir, je le ferais pro
2 . ⁂ Donc de l’Histoire. J’écris le temps que j’ai vécu de 1926 à 1946, c’est-à-dire des premiers tressaillements annonciateu
3 qui dure encore et que je compte raconter, vue et vécue de l’intérieur, dans une suite à ce recueil, jusqu’à rejoindre l’étap
2 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Le paysan du Danube — Le sentiment de l’Europe centrale
4 rtaines, selon l’égarement du temps, tentèrent de vivre par elles-mêmes. Elles retirent les parcs qui les alliaient à la camp
5 ntensité mortelle de la vie. Car la conscience de vivre implique une réflexion concrète qui exalte la vie ; et dans le même t
6 s du tout le contraire du rationalisme (mais nous vivons sur des distinctions de manuels). Il est même étonnant de constater c
7 nier luxe, notre dernière gravité. C’était encore vivre sa vie. Mais ils s’achètent des voitures de course pour brûler les ét
3 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Le paysan du Danube — Châteaux en Prusse
8 plaisirs ! Il s’agirait plutôt du seul plaisir de vivre . Que demander à un milieu social ? Qu’il vous laisse la franchise du
9 ulle gêne d’aucune sorte. Le confort véritable de vivre , comment le concevoir ailleurs qu’au sein d’une nature qui, sans cess
10 ien changé à l’organisme de leur vie sociale. Ils vivent en paysans, de leurs produits. Ils consomment fort peu d’idéologies i
4 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Le paysan du Danube — Une « tasse de thé » au palais c…
11 au bar assourdissant et les visages se prennent à vivre , dangereusement. Ô fête d’une époque où tout ce qui vaut qu’on l’aime
5 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Le paysan du Danube — Voyage en Hongrie
12 de s’user, ne tarde pas à devenir notre raison de vivre . Mais combien votre sort, ô grands empêtrés ! me paraît enviable : vo
13 adisme, et ces vents vastes ; et cette passion de vivre au-dessus de ses moyens — c’est-à-dire au-dessus du Moyen — qui est c
14 caractéristique du Hongrois. — « Comment peux-tu vivre si largement ? » demande certaine hargne à cet artiste de la prodigal
15 lité. — « Ah ! répond-il, j’aimerais bien pouvoir vivre comme je vis ! » Voici les cigognes, dont Andersen assure qu’elles pa
16 Bon point de vue pour déconsidérer nos raisons de vivre . La maladie aussi. Rien ne ressemble au voyage comme la maladie. C’es
6 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Le paysan du Danube — La tour de Hölderlin
17 mps doit vouer l’attention la plus grave — car il vécut dans ces marches de l’esprit humain qui confinent peut-être à l’Espri
18 t durant trente années, ce pauvre corps abandonné vivra dans la petite tour de Tubingue, chez un charpentier — vivra très dou
19 la petite tour de Tubingue, chez un charpentier —  vivra très doucement, inexplicablement, une vie monotone de vieux maniaque.
20 accès de fièvre… L’agrément de ce monde, je l’ai vécu . Les joies de la jeunesse, voilà si longtemps, si longtemps qu’elles
21 t lointains, Je ne suis plus rien, je n’aime plus vivre . Il y avait encore plus de paix que maintenant. La grande allée sur
22 térieux : « … la perfection n’a pas de plainte »… Vivait -il encore ? Ce lieu soudain m’angoisse. Mais le gardien : il y est co
23 ois de ces grandes questions naïves.) Lui aussi a vécu dans cette ville, tout semblable à ces théologiens aux yeux voilés, a
24 déjà je leur échappe — je t’échappe, ô douceur de vivre  ! Tout redevient autour de moi insuffisant, transitoire, allusif. Tou
7 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Le paysan du Danube — Petit journal de Souabe
25 la porte disparaît. Il aime sentir autour de lui vivre la grande maisonnée, cet espace cloisonné de murailles respectables,
26 nt de la peine à comprendre pourquoi je suis venu vivre dans ce bourg, chez eux justement… Comment leur confesser que je cher
27 es exultaient de clarté devant le ciel pâli. Tout vivait autour de moi dans une sorte d’ivresse lente et majestueuse, et bient
28 up question de la vie éternelle, et d’expériences vécues avec l’Ange gardien, mais c’est toujours en relations pratiques avec
29 e un cordial tout indiqué en l’occurrence.) Ainsi vivait l’Allemagne d’hier — celle de cette province encore — dans l’intimité
30 ferme à l’imagination, cette nuit qu’il eût fallu vivre tout entière et qui n’est plus bonne qu’à dormir… Alors j’ai eu ce re
31 are en géraniums, et il faut bien la regarder, la vivre un moment. Ce train paraît destiné à la réquisition de l’élément mina
8 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Sur l’automne 1932, ou la naissance du personnalisme
32 éjà pour moi une manière de saisir des phénomènes vécus aussi peu « littéraires » que possible — du moins voulais-je m’en per
33 ndemain de mes derniers examens. Je voulais aller vivre , agir, écrire, au lieu où se déroulait l’Aventure de l’esprit : ce ne
34 écrivain, du moins tel que je voulais être, pût «  vivre de sa plume » ni que ce fût acceptable. Quelques semaines après mes e
35 de l’époque « tardive » et « décadente » où nous vivions . J’écrivais sur ma table improvisée (un rayon de placard sur deux val
36 e notre humanisme, s’il est bien cette volonté de vivre « humainement » que dans le monde entier nous voyons se dresser contr
37 inéma. L’humanisme d’un homme de 1932 et qui veut vivre , au lieu d’amèrement languir, c’est la Révolution, mais quelle ? Défe
38 . Le seul aussi qui donne un sens à la douceur de vivre , à la tendresse. Et comment se défendre, sinon par l’attaque ? Sinon
39 ar pour nous désormais la Révolution vit, si nous vivons . Autour de nous tout craque et nous appelle. Sur les tenants d’un ord
40 s cette cacophonie de refus de la société où nous vivions (l’hitlérisme montant et la guerre jetaient déjà leurs ombres), on po
41 mortels. Pour la jeunesse de 1932, le conflit de vivre , le paradoxe fondamental de toute « existence » se concrétise dans un
42 ons à lutter maintenant, mais pour que les hommes vivent et demeurent des hommes. Il y a deux camps : ceux qui veulent en sort
43 ations de Vatican II. Chercher d’autres moyens de vivre à Paris ? Je ne l’essayai pas bien fort, à vrai dire. Je saisis l’occ
9 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Journal d’un intellectuel en chômage — Préambule
44 e, la mer, le ciel, et le feu de la lumière. Nous vivrons bien ! ⁂ Je revois, je revis si bien cette traversée, cette tempête c
45 -chose. Encore faut-il savoir comment on y peut «  vivre  ». C’est à cette question judicieuse que j’ai voulu répondre par ce l
10 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Journal d’un intellectuel en chômage — N’habitez pas les villes !
46 vêtir, et quelques livres. Mais aussi, je ne puis vivre nulle part sans me créer des possessions, appelant ainsi toute chose
47 ente pour l’instant. Il nous reste encore de quoi vivre pendant six semaines environ, si du moins nos calculs sont justes : 9
48 le jour : 1. (Problème matériel : ) Si l’on peut vivre loin des villes sans emploi ni gain assuré, et se procurer tout de mê
49 l’épicière, quand on aborde le village où l’on va vivre . Celle-ci est énorme et goutteuse. Elle a des douleurs dans les jambe
50 es de treilles à l’italienne. Comme on voudrait y vivre  ! y passer des soirées attablé devant un verre de petit vin, à regard
51 33 Questions. — Est-ce donc si « naturel » de vivre sur une île ? Est-ce que l’insularité (géographique et morale) n’est
52 que les raisons économiques ? Pourquoi les hommes vivent -ils sur des îles ? Quand nous sortons pour une promenade et que nous
53 ent paraissent les absurdités sur lesquelles nous vivons depuis des siècles, dans un accord peut-être excessivement tacite. Je
54 ls sont d’accord. Il ne faut pas oublier que nous vivons à une époque de propagande forcenée, et je vous assure qu’un communis
55 pis, comme un hypocrite qui a trouvé le moyen de vivre sans travailler. Il m’a décrit son existence sans amertume. Il ne se
56 e son isolement intellectuel. Il trouve normal de vivre une vie humainement absurde. Non qu’il n’en distingue pas l’absurdité
57 l’air assez satisfait de mon état, le plaisir de vivre à ma guise dans une simplicité très favorable à mon travail, surpassa
58 L’intellectuel chômeur est celui qui ne peut plus vivre de son travail, soit qu’il ait perdu l’emploi régulier qui assurait s
59 même de ses travaux l’empêche d’en tirer de quoi vivre . (Combien y a-t-il en France d’écrivains qui vivent de leurs écrits ?
60 ivre. (Combien y a-t-il en France d’écrivains qui vivent de leurs écrits ? Peut-être deux sur cent — et ces deux-là auront pro
61 ment de 40 à 70 ans…) 2. Le chômage tel qu’il est vécu aujourd’hui par une trentaine de millions d’hommes ne peut pas être v
62 e trentaine de millions d’hommes ne peut pas être vécu de la même façon par l’intellectuel. Il atteint les travailleurs manu
63 attent lentement pour en tirer tout juste de quoi vivre , j’hésite à reconnaître dans leur existence le beau mythe du peuple p
64 prises avec les éléments hostiles. En vérité, ils vivent à peine. Ils subsistent. À la fois aux limites du continent et aux li
65 instinct, au niveau le plus bas où l’homme puisse vivre sans misère, sans ambitions, sans rêves, sans tristesse. Chacun pour
66 e crois que c’est à peu près tout), mais pourquoi vivraient -ils autrement ? Bien entendu, certains d’entre eux sont morts ou vont
67 corder aux idéologies et aux politiciens. Il faut vivre à Paris pour y croire. Réveillez ce peuple, il sera peut-être capable
68 droite » et on les applaudit : la fondation fait vivre beaucoup de personnes de l’île. La moitié des maisons sont vides, et
69 ution pratique de la misère réelle, celle qui est vécue depuis longtemps ou depuis toujours par une partie du peuple, est au
70 certitude de quoi et de combien il a besoin pour vivre . S’il a plus ou s’il a moins, s’il est « riche » ou s’il est « pauvre
71 ue année onze fois la somme dont j’ai besoin pour vivre ici pendant un mois ; le nom du mois où je ne recevrai rien restant i
72 nir compte de ses circonstances. Sur ses bords ne vivait qu’une population nomade, qui portait l’uniforme de l’État, partout l
73 , qu’un écrivain a bien deux fois plus de peine à vivre qu’un homme normal, mettons qu’un fonctionnaire (c’était pour le flat
74 sans chemins creux et sans secrets, où les hommes vivent sans calcul ni prudence, dans la misère et dans la communion, superst
75 prix de ce travail, payé d’avance, que nous avons vécu depuis janvier, je crois que j’avais omis de le noter jusqu’ici.)
76 toute attente…) 7 avril 1934 Recette pour vivre de peu. La première condition c’est de gagner peu.   (J’ai écrit cel
77 sité désordonnée des êtres et des choses, où nous vivons  ? « Je pense, donc j’en suis. » Et je ne suis guère, si je n’en suis
78 z étrange, utile en soi33, le « beau travail » du vivre goethéen n’ayant de fin que dans l’individu le plus parfait de son es
79 est le vrai ressort de toute l’Histoire. ⁂ Goethe vivait dans un ordre social dont les signes visibles et tangibles paraissaie
80 contre lui, ou plutôt contre sa mort. Le moyen de vivre — de survivre à Werther — et de supporter la condition sociale, ce se
81 on et de la correction d’un manuscrit nous a fait vivre jusqu’en avril. Pendant ce temps, j’ai pu écrire quelques articles… M
82 les revues ou les journaux exigent, et qu’il faut vivre assez longtemps loin de Paris, comme nous vivons ici, pour arriver à
83 t vivre assez longtemps loin de Paris, comme nous vivons ici, pour arriver à distinguer : eux ne s’en doutent pas, ils l’ont n
84 » sans sortir de la vie véritable ; et qu’on peut vivre de très peu sans cesser de vivre son plein. Voici un an bientôt que j
85  ; et qu’on peut vivre de très peu sans cesser de vivre son plein. Voici un an bientôt que j’ai quitté Paris pour notre « Mai
86 réponse à son ennui — faut-il dire à sa peur — de vivre . Cette manière romantique, et somme toute vaniteuse, de tenter le des
87 e renseigner quelques personnes sur les moyens de vivre en liberté, à peu de frais. Je dis quelques personnes : sont-elles si
88 de secret que je donnerais là, une « recette pour vivre de peu »… Qui sait si beaucoup n’aimeraient pas qu’un homme parle dev
11 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Journal d’un intellectuel en chômage — Pauvre province
89 anatisme. J’observe aussi qu’ils s’arrangent pour vivre plus mal que la population des faubourgs des grandes villes. Le goût
90 cceptent leurs risques, c’est-à-dire acceptent de vivre , malgré l’État laïque qui leur conseille plutôt l’épargne. 9 octob
91 ra-t-elle fondée sur la réalité telle qu’elle est vécue et voulue par les hommes réels et concrets, ou bien sur la réalité te
92 as plus marxistes que moi. Ils veulent avant tout vivre et travailler raisonnablement. Mais rien ne se présente pour les sout
93 voilent et colorent, et rassemblent, et qui font vivre un peu au-dessus, un peu au-delà de ce que l’on touche et voit. Je sa
94 ar des retraités, des pensionnés, des assurés qui vivent dans la rouspétance contre ces « cochons-là » et dans la crainte de l
95 es « gens » avec lesquels on se voit contraint de vivre par suite d’un accident du sort, ont toutes les chances d’apparaître
96 scure protestation contre la vie défaite que nous vivons . Or, il ne s’agit pas d’étouffer cette protestation, mais au contrair
97 e d’une manière tout à fait précise : l’exception vécue , reconnue, c’est cela même qui nous fait découvrir notre commune cond
98 ien du terme, que les phantasmes de notre peur de vivre . On les ramènerait aisément à ce « complexe de castration » qui se no
99 emain. — Admettez que cela ne vous empêche pas de vivre assez bien, à votre idée. Vous avez l’air très satisfait de votre sit
100 ifiques ? Vendredi saint (avril 1935) Pour vivre de peu. — (Avoir peu.) Atteindre cet état que l’on dit avoir été celu
101 ce qu’elles étaient », — pour montrer que je sais vivre … Parler du temps qu’il fait, occupation fondamentale des paysans et d
102 arriverez à leur tirer quelque chose de sensé, de vécu , de réel, — et qui renversera les conclusions cyniques de tout à l’he
103 trouve de bâcler son ouvrage, pour gagner de quoi vivre , tentation perpétuelle de changer de condition. Ils vous diront aussi
104 t-il pas mieux respecter les vieux pendant qu’ils vivent  ? Déjà les voisines arrivent, par petits groupes, parlant beaucoup.
105 un mort dans la maison ? Il faut bien continuer à vivre , et à manger, et à laver, il me semble ? — Je ne pense pas comme vous
106 demi-heure. Il n’y a pas de route. On imagine de vivre là, dans un style colonial-moyenâgeux. On pourrait loger bien du mond
107 la communauté soit pour chacun la possibilité de vivre mieux sa vie. Mais cela pose des problèmes techniques beaucoup plus v
12 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Journal d’un intellectuel en chômage — L’été parisien
108 et chansons, accordéon… Je me dis qu’on pourrait vivre là. Non pas comme eux, traqués, rejetés, sans espoir et sans poésie.
109 er une bonne nouvelle à ceux qui l’attendent pour vivre . Kagawa aux carrefours des bas-fonds de Kobé. 7 juillet 1935 De
110 ms de femmes, rien que pour regarder des êtres et vivre un moment auprès d’eux, le temps de trois stations, le temps d’imagin
111 vertes frémissantes telles que j’en ai sans doute vécues , adolescent et sûrement ce serait bien autre chose… La femme descend
112 es artistes semble-t-il, pour des gens qui aiment vivre intensément, et qui exagèrent autant qu’ils peuvent l’intensité de le
13 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Journal d’Allemagne — Journal (1935-1936)
113 ompent, je saurai mieux pourquoi. De toute façon, vivre à l’époque d’Hitler, et n’aller point l’entendre et voir, quand une n
114 , la pensée véritable des hommes avec qui je vais vivre . Comme tous les refoulés, ils ne se trahissent guère que par certains
115 d’excès possible, c’en est fait de la douceur de vivre . Mais le tout est de savoir pour quels excès l’on se réserve. L’argen
116 rreur des conceptions sociales sur lesquelles ils vivaient « avant janvier 1933 », etc. Ils vous expliquent surtout quels sont l
117 ble, ils ont fait une expérience maximum, ils ont vécu quelque chose d’extrême, et rien ne peut remplacer cela pour nous. No
118 ous déclencher exprès une nouvelle avalanche pour vivre aussi cela, cette « expérience héroïque », cet Erlebnis admirable qui
119 condes. La civilisation et la culture naissent et vivent de tensions de ce genre. Prenez l’exemple d’un tableau. Il ne s’agit
120 t sont en fait ceux qui communient dans la foi où vivait le Danois. Mais moi qui ne suis pas de ce pays, moi qui ne vis pas en
121 écrit : Lorsque le Führer s’écria : « Je ne puis vivre que si ma foi puissante dans le Peuple allemand est sans cesse renfor
122 moyen, comme s’ils ne sentaient rien de ce qui se vivait autour d’eux, comme s’ils ne sentaient pas ce je ne sais quoi dans l’
123 e je suis sûr du peuple. » (Cloots.) « Je ne puis vivre que si ma foi puissante dans le peuple allemand est sans cesse renfor
124 URSS du dehors ; nous croyons que tous ceux qui y vivent sont affectés d’un signe de haine ou d’approbation enthousiaste pour
125 alade, de peur de lui ôter sa dernière volonté de vivre . Le peuple n’est pas encore mûr pour la nouvelle conception du monde,
14 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Journal d’Allemagne — Conclusions
126 us voulions croire à quelque chose, nous voulions vivre pour quelque chose. Nous avons été reconnaissants à celui qui nous ap
127 nisé, appel irrationnel à de nouvelles raisons de vivre , volonté angoissée de croire à la première qui se présente — fût-elle
15 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Journal d’Allemagne — Post-scriptum 1939, ou Conclusions à n’en plus finir
128 à tel point de nature religieuse que ceux qui en vivent n’ont pas besoin de le savoir ! Comme pour jouir plus librement de sa
129 l’isolement réel où sont les hommes contraints de vivre entassés et sans liens spirituels dans les villes, le sens social ren
16 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Vers la guerre
130 l’émotion finale de la journée que nous venons de vivre , mais tout cela transposé dans les termes d’une sorte d’action sacral
131 ère. Tant que les écrivains mettaient leur soin à vivre en marge de tous les conflits et refusaient d’être considérés comme d
17 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Journal des deux mondes — Le bon vieux temps présent
132 e même est-ce — aujourd’hui ? Mais oui, peut-être vivons -nous, ici, dans ce Paris de mars 1939, les derniers jours du bon vieu
133 une existence que nos fils appelleront douceur de vivre  ? Déjà nous éprouvons que le monde a glissé dans une ère étrange et b
18 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Journal des deux mondes — Journal d’attente
134 vouer que cette menace leur rend enfin le goût de vivre  ? Privilégiés qui n’éprouvent de désir pour leurs biens qu’à la veill
135 eur et charme, à travers la vision d’un saint qui vivrait sa vie consacrée dans les rues, les cafés, les métros. Je le vois sor
136 s crises sociales et politiques. Et pourtant nous vivons  ! Et notre vie, loin de se replier dans la crainte, s’exalte aux appr
137 té sans précédent, à ceux du moins qui osaient la vivre avec lucidité. L’Europe a connu des paniques et des nuits plus terrib
138 à notre chance aussi. L’homme n’est pas fait pour vivre en état de guerre, au sens moderne de l’expression. Mais il n’est pas
139 expression. Mais il n’est pas fait davantage pour vivre en l’état d’illusion qu’on nomme généralement la paix : cette ignoran
140 tonifie. Dans l’atmosphère de catastrophe où nous vivons , une profonde ambiguïté se manifeste. Tout invite à désespérer ? Mais
141 est vraiment le gage d’une vie qui vaille d’être vécue . Les générations d’avant-guerre eurent sans doute l’existence plus fa
142 r mieux dans le vide… L’homme n’est pas fait pour vivre sans menaces, sans résistances, sans vigilance. Notre génération trou
143 t aussi ! » C’est toujours le même drame que nous vivons , qu’il s’agisse de flèches ou d’obus. Car ce qui compte, en fin de co
144 us ou moins grand de la cité, mais les raisons de vivre des hommes qui l’habitent. Ce n’est pas la somme de leurs soucis et d
145 vicissitudes acceptées. Acceptons notre chance de vivre une vie plus consciente et réelle. Quoi qu’il advienne, sachons voir,
146 ence, la délivrance, le « malgré tout » dont nous vivrons  ! 10 juin 1939 L’origine de toutes nos haines, l’origine de tou
147 penser ? Non, mais d’y croire. « Si tu crois, tu vivras . » 71. Par Gisèle Freund. 72. Suppression : « Ainsi l’Europe, en
19 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Journal des deux mondes — « Puisque je suis un militaire… »
148 la vie civile, dans le pays des règlements.) Nous vivons à côté de la population, mêlés à elle, et cependant hors de sa vie. M
149 ue certains rêves, et certains cauchemars, soient vécus  ; j’ai connu cela, dans une grande gare de cette Europe qui ne sait p
150 achement serait étrange, voire haïssable, si nous vivions dans un monde acceptable ou simplement à la mesure de notre action. J
151 ise qui nous émeut comme un adieu à la douceur de vivre , à la confiance. Cela se passait dans l’autre monde, au début de l’ét
152 ous longions cette rue silencieuse, imaginant d’y vivre un jour dans une fermette aux volets pâles, sans adresse, au ras de l
153 gé, la guerre est là, mais rien n’arrive. Et nous vivons dans le suspens. À moins que ce ne soit dans une chute prolongée, ava
154 udrait-il mieux qu’alors ? Saurions-nous mieux le vivre , augmenté du souvenir de sa perte ? Mais le passé ne reviendra jamais
155 guerre était gagnée, même si demain nous devions vivre encore… À quoi pensent-ils, ceux de la bataille ? Ont-ils de ces reto
156 vec des chars les dons de l’âme et les raisons de vivre dont on manque. Qu’ils fassent dix fois le tour du monde ! Ils ne ren
20 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Journal des deux mondes — La route de Lisbonne
157 tâte, et ne sait pas encore où il a mal. Va-t-il vivre  ? A-t-il rêvé ? Serait-il déjà mort ? J’ai vu l’Espagne de cendre et
158 t, dernier symbole d’une liberté qui ne peut plus vivre que sous la cuirasse. Hâtons-nous, car tout peut périr. Nous qui somm
21 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Journal des deux mondes — Premiers contacts avec le Nouveau Monde
159 in building a house » en ce temps-là. Et ceux qui vivent ici dans la paix se trompent, il n’y a pas de paix. Et ceux qui meure
160 aucoup n’attendent plus rien, ayant recommencé de vivre ailleurs, dans un pays où personne ne les attendait, eux, leurs enfan
161 Simplement si c’est vrai. S’il est vrai que j’ai vécu ce que j’écris. C’est la question que je préfère. Leur familiarité ré
162 , — américaine. 12 mai 1941 « Recette pour vivre de peu. » — Je me souviens de ce sous-titre de mon Journal d’un inte
22 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Journal des deux mondes — Voyage en Argentine
163 bœufs qui nourrissent l’Angleterre, et dont elles vivaient à Paris et dans tous les palaces européens. C’est pourquoi l’événemen
164 és par le vent tiède. Couché sur l’herbe, je sens vivre une terre étrange, plus jeune et plus ancienne qu’aucune autre. Galop
23 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Journal des deux mondes — Solitude et amitiés
165 l’École libre des hautes études. Cela ne fait pas vivre son homme plus d’un mois, mais cela fait vivre un peu de culture fran
166 as vivre son homme plus d’un mois, mais cela fait vivre un peu de culture française — encore que les ouvrages qui m’ont le mi
167 it, dans la cité, dans la passion…). 2. Mais nous vivons dans le monde de la tricherie. (La lutte contre les lois est menée pa
168 elle la substance à ce que j’appelle la raison de vivre . (La preuve en reste à faire, bien sûr, je parle pour moi, et ni lui
169 mon enfance, en marge du temps de la guerre, j’ai vécu des journées soustraites au Destin. La mer est grise, le soir vient,
24 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Journal des deux mondes — L’Amérique en guerre
170 c. On y est fort sensible à Paris. Cependant nous vivons au xxe siècle, et je voudrais un style qui supporte le transport. ⁂
171 , du dixième au trentième étage du River Club, où vivent des milliardaires et des acteurs. Et tout près, ces jardins suspendus
25 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Journal des deux mondes — Virginie
172 st sérieux, plus qu’aucun autre peuple dont j’aie vécu la vie. Seulement, il est sérieux sans pose, avec pudeur, préférant a
26 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Journal des deux mondes — Le choc de la paix
173 us long terme. Mais les facilités de l’Europe ont vécu , et celles de l’Amérique n’ont qu’un délai de grâce. L’engagement ser
174 in ce soir : — Vous me disiez qu’on n’a jamais vu vivre un groupe humain dans l’anarchie telle que je la préconise. Pourtant
175 ui devait repartir pour l’attaque du Japon : « Je vivrai donc !… » Les autres se taisaient. New York, fin octobre 1945
176 , des fenêtres s’allument et s’éteignent. On peut vivre ici comme ailleurs, mais dans un cadre strictement rectangulaire. Tou
177 pages dont un Américain ou un Européen qui aurait vécu longtemps ici ne puisse me dire avec quelque raison : ce n’est qu’un
27 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Journal des deux mondes — Journal d’un retour
178 l’exil par principe ou dégoût. Mais simplement de vivre au xxe siècle, en tenant compte des réalités que nous avons créées o
179 orts, par exemple. Combien d’hommes d’aujourd’hui vivent leur temps et se trouvent pratiquement en mesure de le vivre ? Combie
180 temps et se trouvent pratiquement en mesure de le vivre  ? Combien sont-ils encore du Moyen Âge, ou du bourgeois et lent xixe
181 billet d’aller et retour. La poésie des voyages a vécu , la tragédie des départs a vécu. Mais ce qui naît, ce qui peut naître
182 sie des voyages a vécu, la tragédie des départs a vécu . Mais ce qui naît, ce qui peut naître parmi nous, c’est un amour plus
183 ment que l’Amérique est si bien ? Vous préférez y vivre  ? Vous reniez l’Europe ? » Mais je ne sais pas du tout si l’Amérique
184 i. Leur journée est sur ce trottoir, leurs soucis vivent en Amérique. Je pourrais rester moi aussi, laisser partir l’avion, ou
28 1946, Journal d’une époque — 1926-1946 (1968). Journal des deux mondes — Le mauvais temps qui vient
185 s, et quand je repense aux années que je viens de vivre loin de lui, je vois cependant que mon destin n’a pas cessé d’être li