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t d’abord un sentiment. J’avais, avant d’y venir,
vu
tant de films et lu tant de romans américains : ils donnaient, je le
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moins frappants, les plus quelconques. Mais je ne
voyais
pas l’Amérique dans ces photos et ces livres où elle est. Et quand j’
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ns moins jugé, moins jaugé, pour tout dire, moins
vu
qu’en Europe. Parce qu’ils sont moins conscients de leur vie et d’aut
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ns le monde, et dans ce continent américain on en
voit
chaque jour tant d’exemples. Tant d’espèces de gens, et de gens sans
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t là quelque chose de typiquement américain, j’en
vois
la preuve dans les formalités d’une nature pour le moins particulière
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L’Amérique n’est pas un pays de rêve quand on y
vit
, mais c’est un pays de rêveurs. Je vais parfois les regarder dans les
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nt joue à joue, avec n’importe qui, comme sans se
voir
, dans une demi-obscurité rougeâtre. Des garçons seuls, assis sur des
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t les amertumes, rêve simplement de son foyer. Il
voit
sa maison blanche, sa femme et le drugstore du coin. Huit à neuf fois
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ut est faux, tout le monde est beau, jamais on ne
voit
percer la trame nue du réel. Jamais un choc, pour tant de coups de po
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ble de deux dans cinq minutes ? Merci. Vous allez
voir
que cela vaut le dérangement. Je me déplace. Elle entre sur ses talon
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côté, et le profil du rêve. J’eusse préféré ne la
voir
jamais, mais j’avoue qu’elle est très jolie, malgré la minceur de ses
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ôme… ⁂ Revenons à nos moutons de Hollywood. Je ne
vois
qu’un homme en Amérique, qui ait su tirer du cinéma quelques-uns des
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ameublements ou des jardins comme nous pouvons en
voir
sans l’aide d’une caméra, et sur les rythmes habituels de notre vie.
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rd font partie de la légende de ce siècle. Je les
vois
s’agiter sur l’écran comme des ludions qui nous rendraient visibles l
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nse. Tout changera, comme par enchantement ! Vous
verrez
les idées affluer. Quant au public… Eh bien ! pendant que j’y suis, u
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référer les films européens, dès qu’il pourra les
voir
? Tous les signes sont là. Dépêchez-vous ! Mais peut-être qu’il est t
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ts dans ce même jeu ? On ne le croirait pas à les
voir
. Curieux trio : un loup déguisé en mouton et deux moutons vêtus de le
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ans quel autre pays de notre monde du xxe siècle
verrait
-on un journal de l’importance du New York Times donner une page entiè
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à l’appui, devant le lecteur. Mais ce que vous ne
verrez
jamais, dans ce même journal, c’est une polémique contre un autre jou
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essai. Le correspondant américain cherche à faire
voir
, il tend au roman. Sa gloire et son statut social éclipsent bien souv
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que nous appelons le roman-feuilleton, et que je
vois
encore, en pleine période de disette de papier, encombrer le tiers de
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plus, en facilitant à un de nos compatriotes qui
vit
à l’étranger, la possibilité de s’exprimer librement sur l’un des pro
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elui de son nouveau salaire. Et puis en avant, et
voyons
ce que le coming man va nous sortir. S’il réussit, sa gloire sera gra
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n Roosevelt. L’Amérique atteignant ses limites se
voit
donc subitement confrontée non plus avec sa nature, ses déserts, ses
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uand on peut faire sans lui, comme on vient de le
voir
aux Philippines. J’entends d’ici nos méfiants à moustaches et à col d
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spire l’innocence et ronronne l’hygiène. Ceux qui
voient
dans le frigidaire une menace pour leur civilisation semblent avouer
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es) et il cessera d’être un artiste. Sinon, il se
voit
contraint d’inventer son langage, sa rhétorique, ses sujets, et peu à
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ucture sociale et la politique de l’époque. Je ne
vois
pas comment un artiste pourrait s’en désintéresser, ni comment il pou
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e, qui sont d’ores et déjà internationales, on ne
voit
pas ce qui pourrait empêcher la guerre d’éclater. (La peur de la guer
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uoi vous mêlez-vous ? » Bref, trente ans que nous
voyons
dans leurs réponses à nos appels désespérés autant de preuves de leur
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à l’Amérique latine, à l’Asie et à la Russie, on
voit
ce qui reste pour l’Europe — pour la solidité de l’argument stalinien