1 1942, La Part du diable. Introduction. Que la connaissance du vrai danger nous guérit des fausses peurs
1 ait sur l’intention de ce petit traité, si l’on y voyait un effort pour « démontrer » l’existence du diable. Il ne s’agit ici
2 1942, La Part du diable. L’Incognito et la Révélation
2 orme du serpent, jusqu’à l’avant-dernière où nous voyons Satan lié pour mille ans, puis délié et déchaîné sur les quatre parti
3 vie courante du siècle. 3. L’Ange déchu Je voyais Satan tomber du ciel comme un éclair. Luc 10.18. La Bible nous appr
4 comme des dieux, connaissant le bien et le mal1. Voyez  : avant la tentation proprement dite, il y a le doute ! Le premier pr
5 ici le deuxième temps de la tentation : La femme vit que l’arbre était bon à manger et agréable à la vue, et qu’il était p
6 ligence : elle prit de son fruit et en mangea.2 Voyez  : ce n’est pas le mal en soi qui tente, mais c’est toujours un bien q
7 de la tentation de gagner dans l’instant ce qu’on voit , quitte à se fermer l’invisible et l’infini du possible divin. Saisis
8 invariable du vrai. Si le client contrôle il peut voir qu’on le vole, et vous savez de combien vous le volez : une vérité re
9 suivons notre approche. 10. Pour ceux qui n’en voient que la queue Une remarque en passant, mais nécessaire. C’est au su
10 ans notre péché, et par lui seul… Si nous savions voir le diable dans le péché, nous serions beaucoup plus prudents, car le
11 peur, mais là seulement où nous ne savons pas le voir . Mais d’autres disent, au camp des vertuistes : « Pourquoi parler d’
12  : « Pourquoi parler d’un diable personnel ? Nous voyons bien le péché, mais pas le diable. Ne peut-on pas en faire l’économie
13 de la politique mondiale. Voici cependant où l’on verra percer le bout de son oreille pointue : c’est au moment précis où le
14 e ne pouvait plus se promener dans la rue sans se voir aussitôt attaquée par les oiseaux. Depuis des mois, elle en était réd
3 1942, La Part du diable. Hitler ou l’alibi
15 être tout de même passablement diabolique. Et je vois peu d’aspects de l’action du Führer qui ne portent en évidence l’insi
16 prononcer l’un de ses grands discours, et je l’ai vu à la sortie de son culte, debout dans sa voiture qui longeait très le
17 ur du siècle. On demande s’il est intelligent. Ne voit -on pas qu’un homme intelligent, qu’il le soit très peu ou follement,
18 llective. L’extraordinaire, l’effrayant, c’est de voir à quel point le Führer, le « guide », le directeur de l’inconscience
19 nir que ce délire représente « l’Ordre » ? Qui ne voit qu’une telle religion hait mortellement la foi chrétienne, tournée ve
20 ntes du monde : il ne les connaîtra jamais. Il ne verra que d’aveugles façades. Il s’est privé à tout jamais de quelque chose
21 périté. Nous avons mérité qu’Hitler nous le fasse voir , et par le seul moyen proportionné à notre insensibilité morale et sp
4 1942, La Part du diable. Le diable démocrate
22 r le Prince de ce monde et par Légion lui-même. «  Voyez , je ne suis qu’Hitler ! », nous dit Satan. Nous ne voyons qu’Hitler.
23 je ne suis qu’Hitler ! », nous dit Satan. Nous ne voyons qu’Hitler. Nous le trouvons terrible. Nous le détestons. Nous lui opp
24 n nos vieilles vertus démocratiques, — et nous ne voyons plus le démon parmi nous. Le tour est joué, nous voilà pris. Si le di
25 mpris, des « hommes de bonne volonté »4. Pourtant voyez ce qui se passe dans le monde, et dites qui l’a fait. Le diable ? Oui
26 nous étions mis à agir sans réserve, nous aurions vu très vite que ce mal avait des racines dans nos vies aussi, et que d’
27 à coup sûr. Je parle ici comme un Européen qui a vu de près des phénomènes bizarres de désintégration démocratique et de
28 eillera brusquement et les renversera. Nous avons vu trop de cas de ce genre, individuels ou collectifs. Nous avons vu la
29 e ce genre, individuels ou collectifs. Nous avons vu la population de la Sarre se jeter dans les bras d’Hitler en 1935. No
30 jeter dans les bras d’Hitler en 1935. Nous avons vu la Vienne sozialdemokrat se transformer dans l’espace de vingt-quatre
31 enne délirante de passion hitlérienne. Nous avons vu quelques-uns de nos amis « occupés » découvrir subitement les « bons
5 1942, La Part du diable. Le diable dans nos dieux et dans nos maladies
32 vertissements de la chaire chrétienne, a toujours vu dans la « mondanité » quelque chose de vaguement satanique. Il imagin
33 que le diable s’en mêle, et que les meilleurs se voient tentés plus que les autres d’accepter les conseils de ce génial Souff
34 abîme ou simplement vers le fond de la vallée, où vit le commun des mortels. Vous êtes délivré de votre effort, tout est fa
35 du capitalisme et du nationalisme. Lui seul avait vu le diable à l’œuvre dans ces œuvres — les nôtres, à nous, nations dém
36 t : Le serpent m’a séduite, et j’en ai mangé.10 Voyez  : ils vont se cacher, ils n’y sont plus. Et quand on les attrape, ils
37 ue à la colère de l’Éternel, qui « descendit pour voir la ville et la tour que bâtissaient les fils des hommes. Et l’Éternel
38 oute commune mesure dans notre siècle. Nous avons vu trop grand pour nos pouvoirs, nous avons perdu en chemin la règle d’o
39 oins qu’il ne s’y prenne par mégarde, comme on le vit récemment en Illinois : des ouvriers montaient une maison préfabriqué
40 e matérialiste le droit de se dire objective. J’y vois trop facilement le coup de pouce du diable. Certes, je n’accuse pas l
41 ’avais signé ce traité, dit une nation, mais vous voyez qu’il lèse mes intérêts vitaux. Alors plus rien ne tient, naturelleme
42 ntise abusivement parée de ce beau nom. Or chacun voit que « l’amour » moderne est une immense faillite intime de notre civi
43 e soi. C’était tout perdre, ou pire : c’était mal vu . Aujourd’hui l’obsédé se rend intéressant. Tous les romanciers l’étud
44 « C’était fatal. Voilà, je suis un obsédé. » On y voit une excuse et non plus une défaite, — et moins encore un ridicule. Ce
45 même où nous savons le mieux que nous le sommes. Voyez cette héroïne de Stendhal : « Je ne me fais plus aucune illusion, lui
46 us fait souffrir dix fois plus le même être. Vous voyez le mal, vous le déplorez sans doute, mais « honnêtement », irrésistib
47 elle y est de surcroît parfaitement inutile. « Je vois bien le mal que je fais et les souffrances que je cause, mais qu’y pu
48 ves. Ce culte de la passion toujours fuyante, j’y vois le signe d’une espèce de névrose ou de vertige épidémique : le besoin
49 l’on vient de dire de la passion suffit à laisser voir les chances extraordinaires qu’elle offre à l’action démoniaque. Une
50 cruelle, « tout et rien ». Le passionné finit par voir dans ses souffrances le signe même de l’authenticité de sa passion. A
51 même de l’authenticité de sa passion. Alors il ne voit plus qu’il aime peut-être comme on hait, que sa tendresse avide tyran
52 efeuille du voisin, mais presque tout homme s’est vu tenté de prendre la femme du voisin, soit en recourant aux raisons pa
53 armée que l’homme contre Satan, c’est ce que fait voir le récit de la Chute. Croyez bien que ce n’est point par politesse qu
54 films, et contre l’opinion courante du temps, qui voient le signe de la vraie passion dans le cri « c’est plus fort que moi ! 
55 -on. Bref, je suis entré, c’était tout juste pour voir si par hasard elle était là. Vous savez que c’est compliqué, ce bâtim
56 délivrer ? Dira-t-on que je suis un fou qui croit voir le diable partout ? D’autres ne savent le voir nulle part. C’est plus
57 it voir le diable partout ? D’autres ne savent le voir nulle part. C’est plus dangereux. N’auraient-ils pas regardé l’époque
6 1942, La Part du diable. Le Bleu du Ciel
58 est pas terni par les nuées de notre angoisse. Et voyez  : le jugement final lui-même ne nous appartient pas, non plus que le
59 tricheur nous affole à plaisir. Nietzsche a bien vu que la philosophie de ce monde-là ne pouvait être que le nihilisme. E
60 eux qui ne croient pas en Dieu. C’est ce que nous voyons se produire dans les États atteints de gigantisme, où les relations h
61 ous les mots clairs sont des mots d’ordre. Or que voyons -nous aujourd’hui ? « Liberté », « ordre », « esprit », « démocratie »
62 me responsable. Mais combien de bourgeois apeurés voient encore dans Hitler, cet homme des masses, « le rempart » de leur ordr
63 strophe, parce qu’en ayant sondé les causes, elle voit que celles-ci se détruisent par leurs propres effets, et que ni l’ord
64 re. Et si l’on tue ce qui était déjà mort, je n’y vois pas d’inconvénient. Tout cela ne m’empêchera pas d’avoir confiance !
65 dans cette leçon, que l’époque nous rappelle, je vois notre chance de grandeur : elle nous rend à la réalité. Les vraies ve