1 1942, La Part du diable (1982). Introduction. Que la connaissance du vrai danger nous guérit des fausses peurs
1 ait sur l’intention de ce petit traité, si l’on y voyait un effort pour « démontrer » l’existence du diable. Il ne s’agit ici
2 1942, La Part du diable (1982). L’Incognito et la révélation
2 jaloux d’imiter Dieu, fût-ce à rebours puisqu’il voit tout d’en bas, nous dit comme Ulysse au Cyclope : « Je me nomme Perso
3 orme du serpent, jusqu’à l’avant-dernière où nous voyons Satan lié pour mille ans, puis délié et déchaîné sur les quatre parti
4 livre sur un quiproquo. 3. Pour ceux qui n’en voient que la queue Abordons la difficulté par son aspect simple et banal
5 s apparences naïves. On nous dit « Dieu » et nous voyons un grand vieillard à barbe blanche, Père éternel de Michel-Ange tonna
6 nt de la Sixtine. On nous dit « diable », et nous voyons un démon ricanant et cornu, qui circule dans l’ombre animé des plus m
7 s rabbins qui ont écrit le livre d’Énoch, où l’on voit des anges mauvais descendre sur la terre — et c’est la première chute
8 aires et superficielles. 5. L’Ange déchu Je voyais Satan tomber du ciel comme un éclair. Luc 10, 18. La Bible nous ap
9 comme des Dieux, connaissant le bien et le mal.4 Voyez  : avant la tentation proprement dite, il y a le doute ! Le premier pr
10 oici le deuxième temps de la tentation : La femme vit que l’arbre était bon à manger et agréable à la vue, et qu’il était p
11 lligence : elle prit de son fruit et en mangea.6 Voyez  : ce n’est pas le mal en soi qui tente, mais c’est toujours un bien q
12 de la tentation de gagner dans l’instant ce qu’on voit , quitte à se fermer l’invisible et l’infini du possible divin. Saisis
13 nvariable du vrai. Si le client contrôle, il peut voir qu’on le vole, et vous savez de combien vous le volez : une vérité re
14 surants ou flatteurs. « Déguisement, tu es, je le vois , une vilaine ruse par où notre Ennemi, fertile en artifices, étend so
15 onnaîtraient-ils Satan, puisqu’ils ne veulent pas voir leur être véritable, celui qui prend ses décisions, le seul auquel po
16 peur, mais là seulement où nous ne savons pas le voir . Il nous terroriserait s’il se montrait, et nous fuirions sans l’écou
17 hé nous fait moins peur qu’envie. Si nous savions voir le diable dans le péché, nous serions beaucoup plus prudents. Son ast
18 dans le conte du Chaperon rouge, alors qu’il fera voir ses cornes et sa grimace dans des fantaisies ridicules, bien loin du
19  : « Pourquoi parler d’un diable personnel ? Nous voyons bien le péché, mais pas le diable. Ne peut-on pas en faire l’économie
20 de la politique mondiale. Voici cependant où l’on verra percer le bout de son oreille pointue : c’est au moment précis où le
21 : elle ne pouvait se promener dans la rue sans se voir aussitôt attaquée par les oiseaux. Depuis des mois elle en était rédu
22 3, 6. 7. Shakespeare, Twelfth Night II. 2. 8. Voir plus bas les chapitres sur Hitler, puis sur l’amour et la passion. 9
3 1942, La Part du diable (1982). Hitler ou l’alibi
23 diabolique que ne l’imaginaient ceux qui ont cru voir en lui le diable en personne. Si le Führer était le diable ou l’Antéc
24 être tout de même passablement diabolique. Et je vois peu d’aspects de l’action du Führer qui ne portent en évidence l’insi
25 prononcer l’un de ses grands discours, et je l’ai vu à la sortie de son culte, debout dans sa voiture qui longeait très le
26 ur du siècle. On demande s’il est intelligent. Ne voit -on pas qu’un homme intelligent, qu’il le soit très peu ou follement,
27 llective. L’extraordinaire, l’effrayant, c’est de voir à quel point le Führer, le « guide », le directeur de l’inconscience
28 nir que ce délire représente « l’Ordre » ? Qui ne voit qu’une telle religion hait mortellement la foi chrétienne, tournée ve
29 ntes du monde : il ne les connaîtra jamais. Il ne verra que d’aveugles façades. Il s’est privé à tout jamais de quelque chose
30 périté. Nous avions mérité qu’Hitler nous les fît voir , et par le seul moyen proportionné à notre insensibilité morale et sp
31 pouvait attendre d’une victoire par délégation ? Voyez -le, qui se frotte les mains. La paix, pour lui, n’est pas le malheur
32 rne le prouve. À son défaut, Hitler l’aurait fait voir par le moyen de cette religion synthétique (comme le caoutchouc) que
4 1942, La Part du diable (1982). Le diable démocrate
33 c lequel nous n’avions vraiment rien de commun. «  Voyez , je ne suis qu’Hitler ! », disait Satan. Nous n’avons vu qu’Hitler. N
34 ne suis qu’Hitler ! », disait Satan. Nous n’avons vu qu’Hitler. Nous l’avons trouvé terrible. Nous l’avons détesté. Nous l
35 eilles vertus démocratiques. Nous n’avons plus su voir le démon parmi nous. Le tour est joué. Nous voilà pris. Si le diable
36 pris, des « hommes de bonne volonté »13. Pourtant voyez ce qui se passe dans le monde, et dites qui l’a fait. Le diable ? Oui
37 nous étions mis à agir sans réserve, nous aurions vu très vite que ce mal avait des racines dans nos vies aussi, et que d’
38 à coup sûr. Je parle ici comme un Européen qui a vu de près des phénomènes bizarres de désintégration démocratique et de
39 eillera brusquement et les renversera. Nous avons vu trop de cas de ce genre, individuels ou collectifs. Nous avons vu la
40 e ce genre, individuels ou collectifs. Nous avons vu la population de la Sarre se jeter dans les bras du Reich en 1935. No
41 jeter dans les bras du Reich en 1935. Nous avons vu la Vienne sozialdemokrat se transformer dans l’espace de vingt-quatre
42 enne délirante de passion hitlérienne. Nous avons vu quelques-uns de nos amis « occupés » découvrir subitement les « bons
43 que, dénonce d’avance comme totalitaires ceux qui verront dans les prochains chapitres les marques d’un esprit totalitaire. Qu’
44 us conte l’histoire d’un employé de banque qui se voit inculpé d’une faute indéterminée, et qui s’épuise en vains efforts po
45 tre Bien. Il sait mieux que vous, allez ! il en a vu bien d’autres. Il bluffe, il admet toutes vos objections, mais il vou
46 ment, docteur — et c’est Madame qui parle — je ne vois pas quel reproche nous aurions à nous faire à cet égard. S’il arrive
47 onnelle, les âmes moyennes utilisées. Comme on le voit , le régime totalitaire n’est que la forme basse de la démocratie. Déc
48 t gênées d’être moyennes et de faire nombre. On y verrait des élites dures, aux disciplines prestigieuses, le triomphe des peti
5 1942, La Part du diable (1982). Le diable dans nos Dieux et dans nos maladies
49 s modernes dans leur ensemble ? En fait, nous les voyons préoccupées de se maintenir dans le monde, au lieu d’y allumer des fo
50 t que cela se sent dans toute leur œuvre : ils ne verraient pas bien le rapport. Je pense qu’il s’agit là d’une attitude rétrogra
51 vertissements de la chaire chrétienne, a toujours vu dans la mondanité quelque chose de vaguement satanique. Il imaginerai
52 uelque chose qui n’a pas de prix ? Mr. Time ne le verrait même pas, à supposer qu’on le lui montre du doigt, car il faut le tem
53 que le diable s’en mêle, et que les meilleurs se voient tentés plus que les autres d’accepter les conseils de ce génial Souff
54 abîme ou simplement vers le fond de la vallée, où vit le commun des mortels. Vous êtes délivré de votre effort, tout est fa
55 énéficiaire. En échange de sa pureté d’âme, il se verrait doté de pouvoirs extraordinaires, dont la source ne saurait être — ai
56 asses. Et c’est à leur échelle seulement que nous verrons se déployer la Grande Stratégie du diable dans ce siècle. La meilleur
57 du capitalisme et du nationalisme. Lui seul avait vu le diable à l’œuvre dans ces œuvres — les nôtres, à nous, nations dém
58 t : Le serpent m’a séduite, et j’en ai mangé.23 Voyez  : ils vont se cacher, ils n’y sont plus. Et quand on les attrape, ils
59 ue à la colère de l’Éternel, qui « descendit pour voir la ville et la tour que bâtissaient les fils des hommes. Et l’Éternel
60 oute commune mesure dans notre siècle. Nous avons vu trop grand pour nos pouvoirs, nous avons perdu en chemin la règle d’o
61 oins qu’il ne s’y prenne par mégarde, comme on le vit récemment en Illinois : des ouvriers montaient une maison préfabriqué
62 e entendue partout : « Je ne sais pas pourquoi je vis . » Que trahit-elle ? Sinon l’affaiblissement ou l’extinction presque
63 e matérialiste le droit de se dire objective. J’y vois trop facilement le coup de pouce du diable. Certes, je n’accuse pas l
64 ’avais signé ce traité, dit une nation, mais vous voyez qu’il lèse mes intérêts vitaux. Alors plus rien ne tient, naturelleme
65 ntise abusivement parée de ce beau nom. Or chacun voit que « l’amour » moderne est une immense faillite intime de notre civi
66 e soi. C’était tout perdre, ou pire : c’était mal vu . Aujourd’hui l’obsédé se rend intéressant. Tous les romanciers l’étud
67 « C’était fatal. Voilà, je suis un obsédé. » On y voit une excuse et non plus une défaite, — et moins encore un ridicule. Ce
68 même où nous savons le mieux que nous le sommes. Voyez cette héroïne de Stendhal : « Je ne me fais plus aucune illusion, lui
69 us fait souffrir dix fois plus le même être. Vous voyez le mal, vous le déplorez sans doute, mais « honnêtement », irrésistib
70 elle y est de surcroît parfaitement inutile. « Je vois bien le mal que je fais et les souffrances que je cause, mais qu’y pu
71 ves. Ce culte de la passion toujours fuyante, j’y vois le signe d’une espèce de névrose ou de vertige épidémique : le besoin
72 l’on vient de dire de la passion suffit à laisser voir les chances extraordinaires qu’elle offre à l’action démoniaque. Une
73 uelle, — « tout et rien ». Le passionné finit par voir dans ses souffrances le signe même de l’authenticité de sa passion. A
74 même de l’authenticité de sa passion. Alors il ne voit plus qu’il aime peut-être comme on hait, que sa tendresse avide tyran
75 efeuille du voisin, mais presque tout homme s’est vu tenté de prendre la femme du voisin, soit en recourant aux raisons pa
76 armée que l’homme contre Satan, c’est ce que fait voir le récit de la Chute. Croyez bien que ce n’est point par politesse qu
77 films, et contre l’opinion courante du temps, qui voient le signe de la vraie passion dans le cri « c’est plus fort que moi ! 
78 -on. Bref, je suis entré, c’était tout juste pour voir si par hasard elle était là. Vous savez que c’est compliqué, ce bâtim
79 délivrer ? Dira-t-on que je suis un fou qui croit voir le diable partout ? D’autres ne savent le voir nulle part. C’est plus
80 it voir le diable partout ? D’autres ne savent le voir nulle part. C’est plus dangereux. N’auraient-ils pas regardé l’époque
6 1942, La Part du diable (1982). Le Bleu du Ciel
81 est pas terni par les nuées de notre angoisse. Et voyez  : le jugement final lui-même ne nous appartient pas, non plus que le
82 tricheur nous affole à plaisir. Nietzsche a bien vu que la philosophie de ce monde-là ne pouvait être que le nihilisme. E
83 eux qui ne croient pas en Dieu. C’est ce que nous voyons se produire dans les États atteints de gigantisme, où les relations h
84 us les mots clairs sont des mots d’ordre. Or que voyons -nous aujourd’hui ? « Liberté », « ordre », « esprit », « démocratie »
85 strophe, parce qu’en ayant sondé les causes, elle voit que celles-ci se détruisent par leurs propres effets, et que ni l’ord
86 re. Et si l’on tue ce qui était déjà mort, je n’y vois pas d’inconvénient. Tout cela ne m’empêchera pas d’avoir confiance !
87 dans cette leçon, que l’époque nous rappelle, je vois notre chance de grandeur : elle nous rend à la réalité. Les vraies ve
7 1982, La Part du diable (1982). Postface après quarante ans
88 plus charmants dans toute la ville, et je les ai vus presque chaque jour le mois dernier. Mais ce soir-là, je n’avais rien
89 ur ce format, le facteur devrait le savoir ! » Je voyais une mince enveloppe grise pliée en V derrière la porte sans jour de l
90 t plus ni rien de moi ni rien en moi. Par où l’on voit qu’il est presque impossible de parler de lui d’une manière innocente
91 c mon être naturel, de le juger, et d’abord de le voir . Je me vois mauvais, qu’est-ce à dire ? Sinon que le mal que je vois
92 aturel, de le juger, et d’abord de le voir. Je me vois mauvais, qu’est-ce à dire ? Sinon que le mal que je vois agit en moi
93 uvais, qu’est-ce à dire ? Sinon que le mal que je vois agit en moi sans être moi. C’est un personnage étranger qui parasite
94 sur, mettons, dix milliards. Mais cette chance se verrait aussitôt compromise par l’activité divergente ou antagoniste de 1010_
95 tion. — À Madrid, dans le parc du Retiro, on peut voir une statue du diable Créateur. C’est une espèce de Prométhée. J’ai cr
96 Créateur. C’est une espèce de Prométhée. J’ai cru voir la même à Catane, au pied de l’Etna : mais j’avais l’esprit plein d’E
97 vies, quoique à doses infinitésimales, et cela se verra dans la Fin. Le douteur cherche une certitude, le négateur crée malgr
98 des instincts religieux, au nom desquels elles se voient rejetées comme répressives et frustratrices. Je songe aux stupéfiante
99 du… Mais je me suis repris au jeu, on vient de le voir  : dès que j’essaie de serrer de plus près son action supposée dans ma
100 n vain — dans l’idée de la dénaturer. Par où l’on voit que l’entropie n’est pas seulement la dégradation de l’énergie, mais
101 ble devrait exister en tant que personne. Or on a vu qu’il n’est qu’un ange déchu, réduit à une fonction relative à l’homm
102 ui choisit le Néant en chacun de nous, et l’on ne voit pas comment sa salvation ne serait pas ipso facto sa suppression.
103 l’absence d’être ? Le mal est ce qui m’empêche de voir ma fin, de distinguer ma vocation, et d’y tendre de toutes mes vraies
104 sans perdre du même coup mes moyens de vivre ? On voit ici que le pacte avec le diable est non seulement inévitable mais vit
105 ce sur Le diable au xxe siècle, août 1941. 41. Voir Journal d’une époque, Gallimard, 1968, p. 79 et 80. 42. « Das Nicht
106 e en chaleur, est un accroissement de l’entropie ( voir là-dessus mon Amour et l’Occident ). 47. Karpokraces, selon une lég