1 1939, L’Amour et l’Occident. Avertissement
1 t pour cynique, et ceux qui n’ont jamais connu la vraie passion s’étonneront de m’y voir consacrer tout un livre. Les uns dir
2 1939, L’Amour et l’Occident. Le mythe de Tristan
2 il au même degré les qualités contraignantes d’un vrai mythe ? Cette question ne peut être esquivée. Elle nous porte au cœur
3 mer d’un feu pur ; et qu’il est plus fort et plus vrai que le bonheur, la société et la morale. Il vit de la vie même du rom
4 tive. Peut-on soutenir que la faute morale est le vrai sujet de la légende ? Le Tristan de Wagner par exemple, ne serait-il
5 à la passion que l’on désire éprouver. Ainsi, le vrai sujet d’une œuvre est révélé par la nature des « trucs » que l’auteur
6 tuité même des obstacles invoqués peut révéler le vrai sujet d’une œuvre, la vraie nature de la passion qu’elle met en jeu.
7 voqués peut révéler le vrai sujet d’une œuvre, la vraie nature de la passion qu’elle met en jeu. Il faut sentir qu’ici tout e
8 l que l’aiment les Occidentaux. Quel est alors le vrai sujet de la légende ? La séparation des amants ? Oui, mais au nom de
9 r jusqu’à nous faire accéder, malgré nous, à la «  vraie vie » dont parlent les poètes. Mais cette « vraie vie », c’est la vie
10 vraie vie » dont parlent les poètes. Mais cette «  vraie vie », c’est la vie impossible. Ce ciel aux nuées exaltées, crépuscul
11 oïsme, n’annonce pas le Jour, mais la Nuit ! La «  vraie vie est ailleurs », dit Rimbaud. Elle n’est qu’un des noms de la Mort
12 n’est pas réciproque ne passe point pour un amour vrai . La grande trouvaille des poètes de l’Europe, ce qui les distingue av
13 ou du moins, qu’ils en sont persuadés. Et il est vrai qu’ils sont, l’un envers l’autre, d’une fidélité exemplaire. Mais le
14 ntradictions. Alors a commencé notre recherche du vrai sujet de la légende. Derrière la préférence accordée par l’auteur à l
15 rt, qui se révèle au terme de l’aventure comme la vraie fin, le désir désiré dès le début de la passion, la revanche sur le d
16 ond avec notre goût de la guerre. Enfin, s’il est vrai que la passion, et le besoin de la passion, sont des aspects de notre
3 1939, L’Amour et l’Occident. Les origines religieuses du mythe
17 ion de ces faits. Le plus bas nous paraît le plus vrai . C’est la superstition du temps, la manie de « ramener » le sublime à
18 la vie présente que l’Esprit ressaisit. Dieu — le vrai Dieu — s’est fait homme, et vrai homme. En la personne de Jésus-Chris
19 aisit. Dieu — le vrai Dieu — s’est fait homme, et vrai homme. En la personne de Jésus-Christ, les ténèbres vraiment ont « re
20 énomène qu’ils passent leur vie à étudier. Il est vrai que Wechssler, dans un ouvrage fameux34, a cru pouvoir tout éclaircir
21 es vides de sens ». Excellent « matériel » il est vrai , pour un philologue qui se respecte et n’entend pas « solliciter » le
22 ésire ? Et voici Guiraut de Bornheil qui prie la vraie 49 Lumière en attendant l’aube du jour terrestre : cette aube qui doi
23 deux par deux) : Roi glorieux, lumière et clarté vraie Puissant Dieu, Seigneur, s’il vous agrée À mon copain fidèle soit aid
24 bien a-t-il trouvé au sein de la nuit la Lumière vraie dont il ne faut se séparer ? Beau doux copain, tant riche est ce séj
25 chant devine ce que chaque mot signifie. » Il est vrai qu’il ajoute — boutade ou précaution ? — « car moi-même je suis embar
26 ont portées contre les troubadours — l’on sait au vrai peu de choses de leurs vies — nous rappellerons l’exemple des sectes
27 la part spirituelle et angélique de l’homme, son vrai moi. Ce qui pourrait nous orienter vers une compréhension nouvelle de
28 sie occidentale, à une époque plus tardive il est vrai . Je ne puis ici que renvoyer à ces travaux si justement célèbres72. I
29 pénétration nous ferait voir au contraire que la vraie barbarie est dans la conception moderne du roman, photographie truqué
30 , il n’est pas « pur ». Seuls les « purs » et les vrais « sauvages » comme Bohor, Perceval et Galaad parviendront à l’initiat
31 point à vrai dire capital. 49. L’emploi du mot «  vraie  » devant Dieu, Lumière, Foi, Église, est un indice probable de cathar
4 1939, L’Amour et l’Occident. Passion et mystique
32 is nous savons que c’est la souffrance qui est le vrai but de la séparation voulue… Nous rejoignons alors la situation mysti
33 igne matériel d’un processus de divinisation. Les vrais mystiques, tout au contraire, sont la prudence même, la rigueur même,
34 s éléments de l’homme fervent. » Pour Eckhart, la vraie voie mystique n’est pas celle qui, s’élevant d’un état de sentiment,
35 ité et non similitude. Par le Dieu vivant, il est vrai qu’il n’y a plus là aucune distinction. Cette thèse, extraite des œu
36 n forment à elles deux la vérité. L’une n’est pas vraie sans l’autre, et ne se peut concevoir que par rapport à l’autre. Affi
37 réjugé consiste à croire que le physique est plus vrai et plus réel que le spirituel ; qu’il est donc à la base de tout ; qu
38 Agapè qui sanctifie la créature, ignorant donc la vraie nature de ce qu’ils tiennent pour le péché, ils courent le risque de
5 1939, L’Amour et l’Occident. Le mythe dans la littérature
39 ents, je m’en tiendrai à un jugement certainement vrai pour la plupart des cas : dès avant le milieu du xiiie siècle, la li
40 te courtoise —, c’est l’amour de la femme idéale, vraie femme déjà mais femme inaccessible dans son jardin givré d’allégories
41 end mieux qu’ailleurs chez les poètes italiens le vrai mystère des troubadours, de même que c’est au crépuscule que se révèl
42 xiiie siècle, exprimant dans une petite fable la vraie nature de l’Amour qu’il chante, et le danger de s’arrêter aux formes
43 rarque. Et ce qu’il y a de mieux, c’est que c’est vrai … Qu’appelle-t-on un homme simplement amoureux ? Rien d’analogue. Lui
44 tourne autour de toi immortel et paré ! S’il est vrai , qu’ici-bas tant joyeux de son mal votre désir s’apaise par un coup d
45 cte. Chaque moment de cette progression vers le «  vrai  » se trouve lié, plus étroitement qu’au précédent, à un moment corres
46 que du xviie siècle qui inventa le happy end. Le vrai roman courtois débouchait dans la mort, s’évanouissait dans une exalt
47 les ruses du mythe, nous ferait bien voir que la vraie volonté du personnage est exactement opposée à ces hautaines déclarat
48 faveur d’une crise révélant à Racine lui-même la vraie nature de son délire. Phèdre est un moment décisif non seulement dans
49 e la Champmeslé, et les premières atteintes d’une vraie foi vont le pousser comme malgré lui, et plus qu’il n’espérait, aux e
50 ême ; les faiblesses de l’amour y passent pour de vraies faiblesses ; les passions n’y sont présentées aux yeux que pour démon
51 is pour toi des sentiments plus paisibles, il est vrai , mais plus affectueux et de plus de différentes espèces… Les douceurs
52 ilence ! ceci paraît exalté, et pourtant c’est si vrai  !) Voilà le seul accomplissement. Mais nous avons des devoirs sacrés
53 définition de l’amour-par-essence-impossible, le vrai amour qui repousse tout objet pour s’élancer à l’infini. C’est, dit-i
54 lusions désolées. Certes, Chénier décrit comme un vrai romantique. L’enthousiasme errant, fils de la pâle Nuit. Et la célè
55 ui conclut sur une épigramme : « Et encore est-il vrai que bien des hommes attachent leur destinée à des choses d’aussi peu
56 un regard désabusé, cesseront bientôt d’être les vrais obstacles. Et le mythe, appauvri de ses formes extérieures, deviendra
57 par l’émotion qu’elles excitent. » Voilà qui est vrai  : nous aimons la douleur, et le bonheur nous ennuie un peu… Cela vous
58 de série, le théâtre à succès, enfin le film. Le vrai tragique de notre époque est diffus dans la médiocrité. Le vrai série
59 de notre époque est diffus dans la médiocrité. Le vrai sérieux dès lors, implique la connaissance, le rejet ou l’acceptation
60 ané du mythe. Celui-ci cesse d’ailleurs d’être un vrai mythe dès qu’il se trouve privé de son cadre sacral, et que le secret
61 res160 et non plus religieuses ou morales. À dire vrai , les seuls écarts considérés comme intolérables sont ceux qui entraîn
62 e renversement des rôles : l’instinct devenant le vrai support d’une rhétorique dont les figures lui prêtent désormais un se
63 urifier. Vos tabous sont des sacrilèges contre la vraie divinité, qui est la Vie. Et la vie, c’est l’instinct libéré de l’esp
6 1939, L’Amour et l’Occident. Amour et guerre
64 les situer dans la logique du mythe, qui est mon vrai sujet. On peut penser d’ailleurs que l’examen des formes n’est pas mo
65 pirituelle de la société médiévale !) Or s’il est vrai que cette morale courtoise ne parvint guère à transformer les mœurs p
66 its ne laissent pas de doute sur ce qui flatte la vraie passion de l’homme du Moyen Âge. Gloire du sang ! Mais le xviiie siè
67 on, un amour narcissiste du Soi collectif. Il est vrai que sa relation avec autrui s’avoue rarement comme un amour : presque
7 1939, L’Amour et l’Occident. Le mythe contre le mariage
68 vorce, et il l’épousera ! Avec elle, ce sera la «  vraie vie », ce sera l’épanouissement de ce Tristan qu’il porte en soi comm
69 ue. (Pas même la couronne s’il est roi). Voilà le vrai « mariage d’amour » moderne : le mariage avec la passion ! Mais auss
70 passion signifiait « vivre » pour Tristan, car la vraie vie qu’il appelait, c’était la mort transfigurante. Mais nous avons p
71 lui qui la commet. Tandis que du point de vue des vrais cathares, nous l’avons vu, le véritable crime, c’est d’avoir « consom
8 1939, L’Amour et l’Occident. L’Amour action, ou de la fidélité
72 ⁂ Tout ce qu’on peut dire contre le mariage est vrai , par conséquent doit être dit, soit du point de vue des romantiques —
73 comme si l’on ne croyait pas — alors que le seul vrai problème est de savoir comment Lui obéir.) Car la fidélité est sans r
74 iaisons », et de tous ces Tristans qui ne sont au vrai que des Don Juan au ralenti). Où est alors la différence ? Et le mari
75 qui s’ignore, naturellement, et qui croit être un vrai amour pour l’autre. L’analyse des légendes courtoises nous a révélé q
76 on obsession de l’amour contrarié. Il serait plus vrai de dire après M. Croce que « le mariage est le tombeau de l’amour sau
77 anisme et le secret de notre dynamisme. Et il est vrai que ces trois termes : christianisme, passion, dynamisme, corresponde
78 t la tentation orientale de l’Occident ? S’il est vrai qu’elle ne s’est développée dans notre histoire et nos cultures qu’à
79 offre une alliance sans fin, initiant un dialogue vrai . Alors l’angoisse comblée par la réponse, la nostalgie comblée par la
9 1939, L’Amour et l’Occident. Appendices
80 ions religieuses les plus insistantes : Alors la vraie Minne La fougueuse déesse Le pénétra de ses ardeurs Et son cœur brûla