1 1965, La Suisse ou l’histoire d’un peuple heureux. Introduction
1 e de cette nation, et de chacun de ses vingt-cinq États , mais sur les arts et les institutions, la nature et l’économie. Et n
2 1965, La Suisse ou l’histoire d’un peuple heureux. Le paysage historique, ou comment se forme une fédération — Puissance du mythe
2 en quelques mois au milieu du xixe siècle, d’un État suisse très composite mais fortement noué, et stable depuis lors. Te
3 1965, La Suisse ou l’histoire d’un peuple heureux. Le paysage historique, ou comment se forme une fédération — « Le pacte de 1291 a fondé la Suisse »
3 isse » À strictement parler, la Suisse n’est un État que depuis 1848 (si l’on néglige l’éphémère République helvétique que
4 e laissèrent imposer par le Directoire). Mais cet État a englobé des territoires progressivement liés pendant des siècles pa
5 à vingt-deux cantons, finalement englobée dans l’ État fédéral, elle ne lie plus par une alliance particulière les trois val
6 confédération, une « Suisse des patries » ou des États , jusqu’au jour où les vices d’un tel système provoqueront une crise m
7 tel système provoqueront une crise mortelle, et l’ État fédéral en naîtra. Pour l’heure, les Waldstätten n’ont pas d’autre un
8 ce pays, et plus tard cette nation, et enfin cet État qu’on appelle aujourd’hui la Suisse, à l’acte liant les trois vallées
9 les ont battus, les Ligues se présentent comme un État , bien qu’elles n’aient d’autre organe commun qu’une diète sans nul po
10 ation renouvelée. Encore, le dernier de ces trois États , principauté dont le souverain est le roi de Prusse, ne deviendra-t-i
11 8, année qui vit la grande mutation des Ligues en État fédéral. Ce processus d’agrégation, assez bizarre et sans analogie da
12 aux et spécifiques du mode suisse d’exister comme État et d’agir sur le plan politique. L’inégalité des alliances, par exem
13 choquante tant que l’on s’imagine que les petits États entraient en confédération pour créer une nation, voire un marché com
14 t évidents dès que l’on admet qu’au contraire ces États ne se liguaient que pour mieux assurer leurs libertés particulières.
15 t que fédérale. Quelles que soient l’étendue d’un État , sa richesse, sa population et sa puissance militaire, il est tenu po
16 il est tenu pour l’égal en qualité de tout autre État dans l’alliance. Il en résulte deux séries de conséquences, qu’illust
17 ment toute tentative d’hégémonie. Qu’un « grand » État tel que Zurich entre en conflit avec l’un de ses petits voisins tel q
18 ns que dans l’évolution des Ligues suisses vers l’ État que nous connaissons, tout ne s’est pas opéré en vertu d’une impeccab
19 dois. Finalement, la libre adhésion de vingt-cinq États à la Constitution de 1848 fut préparée par une série de petites révol
20 rait se former que par l’action d’un chef ou d’un État fédérateur, — ou bien pour résister à un ennemi commun. Mais l’histoi
21 ces thèses, ou ces clichés. Aucun homme ni aucun État n’a provoqué l’union de nos premières Ligues puis la fédération propr
22 voilà qui est vrai, mais au départ on a pris les États tels qu’ils étaient. Point d’autres préalables à l’union que le respe
23 ée par un plus grand, que ce soit un monarque, un État , ou même un frère confédéré. On cherche alors l’appui des voisins aut
24 se demande si la « louable Confédération » est un État , et il répond oui, en ce sens que ses parties sont unies par un senti
4 1965, La Suisse ou l’histoire d’un peuple heureux. Le paysage historique, ou comment se forme une fédération — Ce « petit peuple pacifique… »
25 éraire : constituer au cœur du continent un grand État qui engloberait Lotharingie et Lombardie. Les gardiens du Gothard en
26 ambitions. La puissance militaire est là, mais l’ État fédéral n’existe pas. Les Suisses n’ont pas la politique de leurs moy
27 s par les cantons protestants. Un an plus tard, l’ État fédératif est proclamé. La Constitution de 1848, dans ses articles mi
28 urnis par les cantons (respect de l’autonomie des États membres). Elle ne sera pas permanente, car on se méfie d’une caste mi
29 ne caste militaire et l’on ne veut pas donner à l’ État fédéral un pouvoir dont il puisse abuser. Elle sera donc une armée de
30 e nécessité imposée par l’absence de cohésion des États membres. Pourtant, l’état d’esprit des Suisses, le tonus général de l
31 que la Suisse a une armée unique au service d’un État solidement fédéré, que les Suisses sont devenus ce que l’on croit à t
5 1965, La Suisse ou l’histoire d’un peuple heureux. Le paysage historique, ou comment se forme une fédération — « Ce petit peuple égalitaire… »
32 tout, c’est le pouvoir excessif d’un des membres, État , corporation, famille ou individu. On veut bien que les barons d’Atti
33 ité de conseils exerçant le pouvoir réel dans des États de dimensions réduites. Rien de comparable chez nous pour le prestige
34 iqué de ce minuscule pays souverain, le Conseil d’ État formait l’exécutif. Ses membres étaient choisis dans une vingtaine de
35 accroissement de l’entropie sociale. Au sein de l’ État fédéral constitué en 1848, le vieux réflexe antihégémonique devait l’
36 vernement. 29. Lettres de M. William Coxe sur l’ État politique, civil et naturel de la Suisse, traduites de l’anglais (par
6 1965, La Suisse ou l’histoire d’un peuple heureux. Le paysage historique, ou comment se forme une fédération — « Un pays traditionnellement neutre »
37 limitait quelque peu l’absolue souveraineté de l’ État dont elle garantissait l’indépendance : la Suisse se voyait interdire
38 de leur poids, s’agissant de sanctions contre un État agresseur (à l’époque de la SDN) ou de l’opposition entre l’Est total
39 tait mieux que celle de la SDN à l’admission d’un État neutre, la Suisse a fait un acte dont je doute parfois qu’elle ait me
40 ilitaire pouvait seule empêcher l’éclatement d’un État dont la partie alémanique souhaitait généralement la victoire de l’Al
41 ité ne les a pas protégés premièrement contre des États qui ne la mettaient pas en question en 1914, et deuxièmement contre u
7 1965, La Suisse ou l’histoire d’un peuple heureux. Le paysage historique, ou comment se forme une fédération — « Il a fallu plus de six siècles pour fédérer les cantons suisses »
42 a fallu plus de six siècles aux vingt-cinq petits États suisses pour y arriver. Mais l’histoire nous montre au contraire : 1°
43 mplexe système d’alliances « confédérales » entre États souverains, sans pouvoir supérieur ; 2° Qu’il a fallu exactement neuf
44 n d’une crise décisive, pour passer de la Ligue d’ États de l’ancienne Suisse à un État fédératif ; 3° Que la notion de fédéra
45 ser de la Ligue d’États de l’ancienne Suisse à un État fédératif ; 3° Que la notion de fédéralisme, loin de remonter à Guill
46 mée suisse à l’agresseur. L’un après l’autre, les États souverains furent soumis et pillés, deux d’entre eux annexés par la F
47 flottement dans son idée de la Suisse en tant qu’ État distinct : on ne savait trop, à l’époque si l’on avait affaire à un É
48 avait trop, à l’époque si l’on avait affaire à un État bien cohérent ou seulement à une constellation de souverainetés et d’
49 m d’Acte de Médiation) : « La nature a fait votre État fédératif’, vouloir la vaincre n’est pas d’un homme sage. » Et il ajo
50 éloignant l’idée de ressemblance avec les autres États , écartent celle de vous confondre avec eux et de vous y incorporer. »
51 mouvement de retour à la souveraineté absolue des États membres allait s’exagérer pendant toute la période de Restauration qu
52 nsuffisances du lien « confédéral » (alliance des États souverains) se révélèrent en premier lieu et sous les formes les plus
53 Tous. Les partisans de la souveraineté totale des États membres invoquent inversement les « maximes fédéralistes » contre tou
54 e. Elle compte vingt-trois membres, conseillers d’ État cantonaux, bourgmestres, députés, ou officiers supérieurs. Elle siège
55 ée par la Diète, soumise au vote du peuple et des États , solennellement proclamée, et elle est entrée en vigueur sans nulle m
56 sue de cette lutte, c’est-à-dire le triomphe de l’ État fédératif sur les ruines du système des alliances, « seul lien depuis
57 nts ne cessaient de réclamer leur indépendance. L’ État fédératif apparaît comme un compromis entre ces intérêts et ces préfé
58 utes, le stade de la simple « confédération »54 d’ États souverains. La « transaction » intervenue est en réalité un optimum d
59 par la présente alliance [suit l’énumération des États ], forment dans leur ensemble la Confédération suisse. Article 3. — L
60 de conclure la paix, ainsi que de faire avec les États étrangers des alliances et des traités, notamment des traités de péag
61 énumérées55. Non seulement on n’a pas demandé aux États membres de renoncer à leur souveraineté, mais encore, cette dernière
62 paix qu’elle a values à deux douzaines de petits États dès le jour où ils l’ont acceptée, pourraient donner à réfléchir aux
63 rait voir, qu’en réalité les souverainetés de nos États européens ont cessé depuis longtemps d’être absolues, et ne sont plus
64 chez nous depuis 1848 et comment les cantons et l’ État ont-ils trouvé en elle leur modus vivendi ? Nous avons vu que les deu
65 est de rêver une uniformité obtenue par décrets d’ État aux dépens de la réalité diverse des cantons. Ce complexe de tensions
66 tiative, le référendum et l’élection du Conseil d’ État par le peuple. Ces deux courants aboutissent à une révision générale
67 le pouvoir central et le peuple, l’autonomie des États membres s’amenuise. Le droit et l’armée sont largement unifiés ; la l
68 plus en plus fréquent des mesures proposées par l’ État fédéral. L’hostilité instinctive du citoyen aux pouvoirs centraux se
69 voir, en combinaisons d’ailleurs variables avec l’ État central, les cantons et le peuple. ⁂ Les conflits plus ou moins viole
70 fédéralistes, les cantons s’envisagent comme des États isolés, dont chacun soigne son économie particulière sans égard à la
71 ue communautaire, indispensable à la sauvegarde d’ États trop petits pour se défendre seuls, mais on redoutait qu’en devenant
72 i oppose le principe fédéraliste à toute idée d’«  État européen unique », qu’il tient d’ailleurs pour irréalisable. Le mot e
73 e des cantons catholiques, — analogue à celle des États sudistes qui provoqua la guerre de Sécession. 52. Au Parlement genev
74 une république fédérative au lieu d’une réunion d’ États souverains… Avec une position géographique, des mœurs, des antécédent
75 des États-Unis d’Amérique, moins respectueuse des États .
8 1965, La Suisse ou l’histoire d’un peuple heureux. L’union, sauvegarde de la diversité ou comment fonctionne une fédération — Les institutions et la vie politique
76 transformer la France en une fédération de petits États . « Aux jacobins, on agita gravement la question du fédéralisme, et on
77 omposition ethnique. Or, dans le petit groupe des États les plus stables, la Suisse occupe une position très singulière. Tous
78 t autant de causes de divisions : l’autonomie des États membres, l’absolue liberté confessionnelle, les privilèges des groupe
79 de naître sous nos yeux. La commune : un petit État La fédération des États-Unis d’Amérique est née de l’union des Éta
80 des États-Unis d’Amérique est née de l’union des États , comme celle de la Suisse de l’union des cantons, mais ceux-ci ne son
81 ernier lieu. « En Suisse, la commune est un petit État  », déclarait récemment le conseiller fédéral Roger Bonvin, réinventan
82 nos cantons doivent de n’être jamais devenus des États bureaucratiques et centralisés, mais d’être restés jusqu’à nos jours
83 ralisés, mais d’être restés jusqu’à nos jours des États populaires, fondés sur le droit et dont la première mission est l’adm
84 . Fleiner, a démontré que la caractéristique de l’ État populaire suisse « réside dans la dépendance de l’administration vis-
85 un rôle comparable à celui des préfets dans maint État moderne. Là où le préfet donne les ordres du pouvoir central, la comm
86 et devinrent de la sorte les capitales de petits États complets, agricoles et urbains, mais toujours gouvernés par les autor
87 t Neuchâtel enfin, principauté souveraine, fut un État dès le haut Moyen Âge, lentement élargi aux frontières actuelles par
88 et facilitèrent le passage d’une confédération d’ États égaux à l’État fédéral actuel. Mais que sont aujourd’hui les cantons,
89 le passage d’une confédération d’États égaux à l’ État fédéral actuel. Mais que sont aujourd’hui les cantons, en droit publi
90 rd’hui les cantons, en droit public ? Ce sont les États souverains « dans la mesure où leur souveraineté n’est pas limitée pa
91 abituels. L’exécutif généralement nommé Conseil d’ État , est un collège de cinq à onze membres, élu par le peuple. Chacun des
92 e et imposée, dans les limites territoriales de l’ État , des réalités les plus hétérogènes de l’existence : langue, culture,
93 oncret ? La répartition des compétences entre les États membres et le pouvoir central est le problème spécifique de la vie d’
94 utre. Il est frappant de constater que ces petits États , qu’aucune frontière visible ne sépare plus, s’occupent en somme très
95 les raisons économiques et militaires une ligue d’ États s’est transformée en un État fédératif. Acte essentiellement politiqu
96 itaires une ligue d’États s’est transformée en un État fédératif. Acte essentiellement politique, mais au meilleur sens de c
97 tional, représentant le peuple, et le Conseil des États , représentant les cantons. Ces deux conseils ont des pouvoirs égaux.
98 r Chambre des Députés. En réalité, le Conseil des États n’est pas du tout l’équivalent de la Chambre Haute en France et en It
99 es de la fédération, à raison de deux députés par État , grand ou petit64. Et l’on retrouve ici l’un des principes essentiels
100 comportement et leur composition. Le Conseil des États est beaucoup plus « à droite » que le national quant à la distributio
101 onal). Il est extrêmement rare que l’on élise aux États un candidat qui n’a pas occupé auparavant de charge politique ou publ
102 ent inférieure à celle des membres du Conseil des États , ce qui a valu à ce dernier le surnom familier de Stœckli : car le St
103 . Le mandat impératif est interdit au Conseil des États tout aussi bien qu’au national65. « L’autorité directoriale et exécut
104 illes qui caractérisent la vie politique d’autres États européens. Elle ne connaît pas non plus, comme les États-Unis, le vet
105 aux, dont les ancêtres furent les fondateurs de l’ État fédéral, ont gardé très longtemps quatre représentants au Conseil féd
106 le Tribunal fédéral n’ont pas, comme le Conseil d’ État français ou la Cour suprême des États-Unis, le droit d’examiner la co
107 urrait aussi bien désigner la volonté d’union des États , et la désigne en effet sur le plan européen, depuis une vingtaine d’
108 i ne se retrouve à quelques nuances près dans les États environnants, n’était ce fait déterminant que l’idéologie politique d
109 nue et de fines retouches. Or les rouages de leur État , bizarrement ajustés et engrenés selon les règles de l’efficacité et
110 non à des lois préparées par les Chambres, par l’ État fédéral, ou par le Conseil d’État d’un canton. Trois autres droits ex
111 Chambres, par l’État fédéral, ou par le Conseil d’ État d’un canton. Trois autres droits existent. Toute modification constit
112 xemple dans d’autres pays — montre à quel point l’ État fait confiance au citoyen et redoute peu l’éventualité de menées subv
113 emple et durable, c’est bien cela : cette forme d’ État non nationale, et cette communauté de peuples différents, inébranlabl
114 cette diversité, précisément, que tous les grands États voisins ont de tout temps considérée comme cause de faiblesse matérie
115 rmina par la transformation d’une confédération d’ États vieille de cinq-cents ans en un État fédératif ; développement d’un o
116 édération d’États vieille de cinq-cents ans en un État fédératif ; développement d’un organisme vivant qui, par son énergie
9 1965, La Suisse ou l’histoire d’un peuple heureux. L’union, sauvegarde de la diversité ou comment fonctionne une fédération — Les paradoxes de la vie économique
117 ture d’ailleurs soutenue à coups de subventions d’ État  ; un commerce qui s’étend au monde entier, et met la Suisse, en 1960,
118 finiment complexes de la fédération de vingt-deux États parmi les plus petits du monde. Mais la qualité du travail, si elle p
119 nt pas les derniers à revendiquer la « manne de l’ État  ». Les coopératives agricoles méritent une mention particulière : ell
120 0 % aux mains des corporations de droit public. L’ État fédéral contrôle également le régime des assurances, l’organisation i
121 is que l’administration relève des PTT, donc de l’ État . Ce régime mixte s’est développé en Suisse sous la pression des néces
10 1965, La Suisse ou l’histoire d’un peuple heureux. L’union, sauvegarde de la diversité ou comment fonctionne une fédération — Interaction de l’économique et du politique
122 t déjà jouée à ce stade. En effet, le Conseil des États reflète fidèlement les réactions des cantons, déjà connues. Et plus d
123 on de leur fédération, accru les compétences de l’ État , dévalorisé les partis, évacué les idéologies et rendu l’exercice des
124 normal qui augmente sans cesse la dépendance de l’ État fédéral et de chaque Suisse à l’égard du monde extérieur. Or, il sera
125 re part l’accroissement continu des pouvoirs de l’ État fédéral. Ce processus n’est pas seulement inévitable : il est conform
126 us difficile, s’agissant de relier tant de petits États . Bien peu de communes seraient en mesure de se charger de la section
127 nds pour la construction routière, c’est-à-dire l’ État fédéral, finance les travaux à raison de 85 % à 95 %. Aucun canton, q
128 ouvent le recours à des fournitures étrangères. L’ État fédéral est donc intervenu à titre de coordinateur d’abord, puis de b
129 vrait jouer ici en faveur d’une intervention de l’ État , voire d’ententes internationales : les dimensions de la tâche l’indi
130 indiquent. Elles débordent évidemment celles d’un État de la taille du nôtre, de même que les dimensions des autoroutes débo
131 puis l’association des cantons qui a constitué l’ État fédéral, n’est pas né d’autre chose que de l’expansion des besoins et
132 inal et pour motivation première la création d’un État en soi et pour soi, mais l’utilité de chacun et le bien commun des me
133 décidait de bloquer le processus au niveau de cet État pris pour terme absolu de l’évolution historique, on courrait le risq
134 nte autonomie : elles devraient tout demander à l’ État , et cet État deviendrait unitaire, contrairement à sa vocation. Il se
135  : elles devraient tout demander à l’État, et cet État deviendrait unitaire, contrairement à sa vocation. Il semble donc que
136 , c’est-à-dire dans l’agrégation progressive de l’ État suisse à un plus vaste corps fédératif. Refuser cela au nom d’une con
11 1965, La Suisse ou l’histoire d’un peuple heureux. La morale quotidienne et le climat de culture ou comment on vit dans une fédération
137 iques contraints par les dimensions mêmes de leur État au classicisme véritable, celui qui exprime le plus en disant le moin
138 monde ont une fin — la fatale faiblesse de notre État  : cette habitude de nous sentir « en règle », et donc de nous croire
139 un pays exceptionnellement composite : vingt-cinq États distincts (quoique sans frontières sensibles), quatre langues, deux c
140 te, vers 1800. Un Collège peu voyant administre l’ État , on ne saurait dire qu’il gouverne les Suisses, et c’est très bien. M
141 que lui imposent les petites dimensions de notre État et les conditions de sa paix. Se rendre invisible, passer inaperçu.
142 nelle de populations qui vivent dans sept ou huit États différents. Il faut donc commencer par faire violence aux réalités li
143 seul fait de la composition linguistique de leur État . Ils sont en mesure de savoir mieux que d’autres que la vie culturell
144 La culture, dans nos cantons, n’est pas liée à l’ État , et n’a jamais été un moyen de puissance de l’État87 ; 2° La culture
145 On ne saurait être moins conforme aux devises des États totalitaires. On ne saurait être plus libre de se choisir, j’entends
146 ire homme à sa manière, et non point à celle de l’ État . D’où la densité culturelle de ce petit coin de pays, — éducation au
147 ut la réformer. Après quoi l’on pourra rebâtir un État … La sagesse des manuels a le don de stériliser d’un seul mot l’exempl
148 une langue centralisée et réglée par décrets de l’ État , comme en France95 : chaque province du domaine germanique parle un a
149 ible. Elles ne sont pas soumises à une doctrine d’ État , mais reflètent le genius loci et les diversités linguistiques et rel
150 istique que la seule haute école qui dépende de l’ État fédéral, le Polytechnicum de Zurich, soit un institut de recherches e
151 ). Tandis qu’il me souvient d’une subvention de l’ État dont le montant proposé s’élevait environ à un cinquante-millième du
152 e sur la structure fédéraliste du pays. Liées à l’ État , ou libres et vivant des dons des fidèles ou d’un impôt ecclésiastiqu
153 ne doctrine catholique spécifiquement suisse de l’ État et du fédéralisme, illustrée dès le Moyen Âge par les grands ordres r
154 isciplines totalitaires, et sur une doctrine de l’ État qui prévient l’extension illimitée de ses pouvoirs et sauvegarde la p
155 s profonds et essentiels quant à la doctrine de l’ État , ni d’écoles ou de fractions irréductibles, comme celles dont les lut
156 quasi-unanimité des penseurs chrétiens du pays, l’ État et la vie politique depuis un siècle n’ont cessé de se séculariser. A
157 ons politiques ou sociales. Cependant, bien que l’ État demeure officiellement laïque, ce n’est jamais d’une manière agressiv
158 nos libertés, et la Suisse elle-même, en tant qu’ État , gardent encore un sens et pourront subsister ? Inquiétude spirituell
159 éclatement de la Suisse en 1914, enfin doctrine d’ État ces derniers temps, et là-dessus l’on peut et l’on doit discuter —, m
160 nt supérieur, du vieux duel de la commune et de l’ État , de la montée d’un « matérialisme jouisseur, calculateur, éludant le
161 aient moins difficiles chez vous, dans vos petits États fédérés. — Oui, disent les Suisses d’un air soucieux, mais rien ne pr
162 t au xvie siècle et Genève n’était pas suisse. L’ État n’intervient aujourd’hui que par l’octroi de subventions et par des a
163  ; à Jérôme enfin, qui fut président du Conseil d’ État , d’importantes collections d’histoire naturelle. 114. Cf. Léo Moulin
12 1965, La Suisse ou l’histoire d’un peuple heureux. La Suisse, dans l’avenir européen
164 ique : celle du propriétaire terrien, gérant d’un État national. Or, nous avons vu que la Suisse n’est pas d’abord un territ
165 et sont en principe concevables. a) L’Europe des États (faussement dite des patries, expression d’ailleurs corrigée par de G
166 te-Alliance des monarques, transposée au niveau d’ États laïques et en majorité républicains. C’est dérisoire face aux empires
167 l’intention avouée des partisans de l’Europe des États ou des patries, j’entends la volonté de sauvegarder les diversités de
168 f à cet égard. b) L’Europe unifiée à l’image de l’ État français, c’est-à-dire culturellement uniformisée et administrativeme
169 cet ouvrage, à cette différence près que les six États conservent des pouvoirs que nos cantons ont abandonnés depuis longtem
170 reste ainsi la seule solution praticable. Unir 19 États à l’ouest (plus 6 à l’est un jour ou l’autre) en un corps politique a
171 ssible ou non l’avenir de ce pays. Une Europe des États conviendrait à ravir à la majorité de nos dirigeants politiques et in
172 être une Europe des cités, formée de très petits États « où tous les citoyens se connaissent mutuellement », mais qu’unissen
173 digeant son Projet d’Organisation d’une société d’ États européens (1879). Auteur du Code civil de son canton natal, Bluntschl
174 ’autre (ou bien la Chine), c’est opérer un coup d’ État contre notre présent statut de neutralité, et c’est absurde : car la
175 bilités européennes en tant que Suisses, et comme État qui entend garder une raison d’être. Il s’agit de savoir et de dire c
176 la neutralité, il tient à l’essence même de notre État . C’est notre création majeure. Il nous oblige. Et en son nom, nous no
177 er dominantes dans l’ordonnance des choses et des États , céderont le pas aux notions d’interaction et de simultanéité. Distan
178 ’après nature. Ainsi Jacob Burckhardt : Le petit État existe pour qu’il y ait dans le monde un coin de terre où le plus gra
179 ualité de citoyens, au vrai sens du mot… Le petit État ne possède rien d’autre que la véritable et réelle liberté par laquel
180 énormes avantages et même la puissance des grands États . Alexandre Vinet constate que l’histoire des petites sociétés politi
181 révèle. Le sort nous a confié une conception de l’ État dont la portée historique n’éclate aux yeux qu’aujourd’hui, un idéal
182 ilisations opposées s’entredéchirent, notre petit État revendique l’honneur d’un idéal national dominant les nationalités et
183 âce au besoin qu’il a du reste du monde, le petit État échappe — ou devrait échapper — à l’exclusivisme, au fanatisme borné,
184 on de la vie publique, les avantages du « petit » État , unité de base de toute fédération, ont de grandes chances d’être con
185 se sentir tels. Seule l’idéologie et la police d’ État les encadrent alors, sans les unir ni vraiment les organiser. 3. La p
186 tible par définition avec les raisons d’être de l’ État suisse (quitte à prévoir certains aménagements internes) serait ensui
187 de demain, jamais encore abordé de front par les États , ni même par l’opinion publique mal éclairée. (Qui sait vraiment ce q
188 . Enfin, il doit accepter de demeurer, en tant qu’ État , à l’écart des luttes politiques qui se jouent à l’échelle du contine
189 moment. On pourrait aussi commencer par les seize États membres du Conseil de l’Europe, et par l’intermédiaire de cette organ
13 1965, La Suisse ou l’histoire d’un peuple heureux. Appendice. Bref historique de la légende de Tell
190 inalité à tout prix, et d’ébranler les bases de l’ État suisse pour satisfaire sa vanité. Leur pieuse indignation patriotique
191 ans l’évolution des esprits qui aboutit à créer l’ État suisse au milieu du xixe siècle. On ne peut donc comprendre l’histoi
14 1970, La Suisse ou l’histoire d’un peuple heureux. Préface 1970
192 lte pas de l’action d’un héros fédérateur ou d’un État hégémonique mais, au contraire, de l’association progressive de petit
193 ssons ici la formule suisse. 3. Si les jours de l’ État national sont comptés, la Suisse est le seul pays d’Europe qui ait li
194 as née d’une volonté de puissance, comme tous les États unifiés par une dynastie conquérante, Francie, Castille, Prusse ou Pi