1 1970, Lettre ouverte aux Européens. Lettre ouverte
1 , mais seulement des ressortissants de vingt-deux États souverains nommés cantons ; il n’y a pas de Français, mais des Breton
2 eux Grands additionnés, mais seulement d’un petit État qui ne fait pas le poids, qui n’est plus à l’échelle du monde nouveau
3 es Turcs. En réalité, c’est contre l’anarchie des États souverains, alors naissants, qu’il voulait prémunir le peuple europée
4 liam Penn, quaker anglais et fondateur d’un grand État américain, en 1692 ; à quoi s’ajouteront deux Projets de paix perpétu
5 dépasser le dogme de la souveraineté absolue des États en s’intégrant dans une unique organisation fédérale. La paix europée
6 ur origine l’existence sur ce continent de trente États souverains. Il importe de remédier à cette anarchie par la création d
7 a paix par la fédération, jugulant l’anarchie des États souverains ; — la prospérité par une économie à la fois libérée et or
8 milliers de militants à l’obstruction experte des États . Nous voulions une fédération continentale, politique, culturelle, so
9 de Louis XIV, des jacobins, de Napoléon et de nos États totalitaires de toute couleur. Je vois que la formule sacrée, quoiqu
10 mément aux nations qui n’ont plus ou pas encore d’ État , aux Basques et aux Catalans, aux Bretons et aux Alsaciens, aux Prove
2 1970, Lettre ouverte aux Européens. I. L’unité de culture
11 définir cette unité ? » Nationalistes de tous nos États , communistes de toutes confessions, généreux mondialistes ou vétilleu
12 upprimé ces différences. (Encore que les écoles d’ État , en France surtout, s’y soient efforcées depuis un siècle : or person
13 r personne n’a jamais attendu rien de pareil d’un État fédéral européen.) Ainsi l’obstacle qu’on pose à l’union de l’Europe,
14 a mesure grecque, le sens critique et la raison d’ État , les religions syncrétistes et la foi, l’Église et l’Empire, Dieu et
15 me, en réponse à ce défi de l’anarchie, invente l’ État et ses institutions centralisées : elle poussera l’ordre et la stabil
16 vraies que les lois sacrées et les intérêts de l’ État . Prenons ensuite le phénomène de la passion dans les rapports individ
17 résument aujourd’hui dans le pouvoir anonyme de l’ État . L’humour est la combustion lente de la révolte des individus. C’est
18 sie. Et vous n’en jouerez pas impunément dans les États totalitaires, où il se voit réduit à n’exprimer qu’une clandestinité
19 science à la bombe atomique, nos révolutions à l’ État totalitaire ; que le progrès n’est donc nullement fatal ; qu’il n’est
20 vérité, non celle des autres, et non celle que l’ État ou le parti a décidé de m’imposer toute faite. Si je perdais cette li
21 tant de clans, de gangs, de communes ou de petits États . De fait, et très souvent, une cité, une région ou une petite républi
22 ns stables, n’a pu suffire à caractériser un seul État dans ses frontières politiques, ni une seule de ces « personnalités n
23 re richesse ne sont précisément pas celles de nos États  ; – qu’elles sont présentes et agissantes dans toute l’Europe sans nu
24 d que de ce découpage superficiel du continent en États nationaux, dont les deux tiers ne datent que des derniers cent-cinqua
25 s de force. Seule l’union de l’Europe au-delà des États permettra de restaurer ces vraies nations. La cause des « personnalit
26 » que délimitent les frontières actuelles de leur État , ils oublient que l’homme n’est pas un légume, et que le légume qui a
27 t pas de littérature. Il arrive à l’inverse qu’un État national au sens moderne soit en partie le produit de certains auteur
28 tie un artiste dans telle ville d’art ; non pas l’ État où il était né ni le pays où était située cette ville. En revanche, l
29 l devoir de l’individu serait son devoir envers l’ État  ; et il est exorbitant de considérer comme le devoir suprême de l’ind
30 traditions ont fait eux-mêmes aux régions de leur État . Il n’y aura pas d’édit de Villers-Cotterêts dans une Europe fédérée.
31 étude des réalités déterminantes de la vie de nos États et de l’existence sociale dans l’Europe de la seconde moitié du xxe
32 istinctif est ici la spécialisation dirigée par l’ État . L’élève qui a réussi ses épreuves de sortie (après dix ans d’école)
33 examens finaux, l’étudiant se voit assigner par l’ État un poste de travail pratique, et ce stage dure au moins trois ans. Ap
34 e la collectivité interprétés par le Parti et son État , qui déterminent l’éducation. On revient au dressage utilitaire de l’
35 e triomphe du conditionnement social dirigé par l’ État . Et cependant le système américain, lui aussi, livre finalement l’élè
36 ce de liberté conduit au conformisme imposé par l’ État . Ces deux repères extrêmes une fois posés, il nous est plus facile de
37 ité d’une doctrine uniforme, imposée à tous par l’ État . Comparée à ces deux groupes de cultures homogènes, uniformes et sacr
38 ar où j’entends les bureaucrates et la police des États . Ces maladies de l’Europe sont plus dangereuses pour le reste du genr
39 e : Le sort des ouvriers sera le plus étrange… l’ État militaire va devenir le Grand Fabricant. Ces masses humaines dans les
3 1970, Lettre ouverte aux Européens. II. L’union fédérale
40 élément formateur ou hégémonique de chacun de nos États unitaires. Renaissance donc des micro-nationalismes locaux, qui reven
41 n — par un appareil administratif et policier — l’ État . Un État plus ou moins nationalisé ou une nation étatisée, modèle : l
42 n appareil administratif et policier — l’État. Un État plus ou moins nationalisé ou une nation étatisée, modèle : la France,
43 s régions : celles-ci se sentent exploitées par l’ État , ses bureaux ou sa capitale, et les accusent de colonialisme. Il est
44 ous les ordres tend à réduire l’indépendance d’un État à une certaine liberté dans le choix de ses dépendances, à un certain
45 humanité, je ne compte guère que deux douzaines d’ États fédératifs, mais ils regroupent 40 % de la population du globe, et il
46 constater qu’on trouve parmi eux les plus grands États des cinq continents — ainsi les États-Unis, le Mexique et le Brésil p
47 tion n’est pas toujours mieux satisfaite dans ces États officiellement fédératifs que dans les nations unitaires : en URSS, c
48 eligieuses et politiques qui sont opprimées par l’ État central, dont un parti unique s’est emparé ; au Nigéria, c’est au con
49 contraire une des régions fédérées qui s’érige en État unitaire ; en Suisse, c’est le régime fédératif lui-même qui se voit
50 compris, ou son blocage délibéré aux limites d’un État fédéral. Il ne s’agit pas d’un défaut du fédéralisme, mais d’un défau
51 peut pas l’unir non plus par la concertation des États « souverains ». Il faut faire l’Europe sérieusement, mais dans le res
52 transformer la France en une fédération de petits États . « Aux jacobins, on agita gravement la question du fédéralisme et on
53 déralisme interne comme visant à la division de l’ État souverain, mais chose curieuse, cela ne l’empêche nullement de condam
54 rogramme proudhonien de division fédéraliste de l’ État , inverse exact de l’utopie totalitaire. Au reste, les aires d’opérati
55 d’une vie que la forme institutionnelle dénommée État ne suffit pas à qualifier, et moins encore à épuiser »… Et il ajoutai
4 1970, Lettre ouverte aux Européens. III. La puissance ou la liberté
56 ar l’une d’entre elles, aux pouvoirs absolus de l’ État . C’est vouloir faire coïncider sur un même territoire, défini par le
57 on l’appelle Europe des patries, des nations, des États ou des souverainetés, l’union de l’Europe ne se fera pas sur la grand
58 onvention prétendait limiter la souveraineté de l’ État dans le domaine militaire. À ses yeux donc, une France non absolument
59 nation dans le dessein d’asservir les esprits à l’ État . La souveraineté absolue n’existe pas, et cependant la France existe
60 défini la souveraineté comme « la faculté pour un État d’agir à sa guise, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, dans les limi
61 cable à chaque domaine ». Or il n’est pas un seul État européen qui, de nos jours, ait conservé la faculté d’agir à sa guise
62 ublique, c’est la confusion établie entre patrie, État , nation et langue. Voilà bien le type de l’amalgame de réalités hétér
63 er des peuples à une nation, des territoires à un État , mais on ne peut rien annexer à une patrie. L’État est un agencement
64 tat, mais on ne peut rien annexer à une patrie. L’ État est un agencement d’activités administratives et politiques, une cons
65 les. Il suffit de constater que la structure de l’ État est à peu près la même de nos jours dans les patries et les nations l
66 et géographiquement ni avec la nation, ni avec l’ État , ni même avec la patrie24. Ces évidences accablantes n’empêchent pas
67 ationaliste moyen de revendiquer l’annexion à son État administratif, au nom de son propre sentiment patriotique, de peuples
68 tières actuelles (et en somme accidentelles) de l’ État en question. La confusion État-nation-Patrie-Langue, entretenue par l
69 de prétendre forcer dans le lit de Procuste d’un État patries locales, nations et langues, il a voulu imposer ce carcan aux
70 essif que représente l’État-nation. Nulle part, l’ État ne trahit mieux son mépris foncier des hommes. Car l’autarcie impliqu
71 re des citoyens soit sacrifié à la puissance de l’ État , et leur liberté personnelle et concrète à sa liberté collective et a
72 dépit de son nom, a pareillement abdiqué devant l’ État .) Les encyclopédies et les revues parlent couramment de « science fra
73 cantons qui étaient encore, au début de 1848, des États parfaitement souverains. Tout le monde admettait, à ce moment-là, que
74 sif, comme la France de Napoléon, et faire de nos États autant de départements. Il faut tout unifier par des lois inflexibles
75 ine devant la « majesté de l’État ». Mais non ! l’ État n’est pas un dieu, ce n’est qu’un appareil plus ou moins efficace, qu
5 1970, Lettre ouverte aux Européens. IV. Vers une fédération des régions
76 t parce que les nations qu’exalte l’ex-ministre d’ État du général de Gaulle s’y opposent encore irréductiblement, de tout le
77 rres mondiales, résultant du nationalisme et de l’ État totalitaire — par le besoin d’union au-delà des nations, partout ress
78 ntentement irrépressible d’une région que brime l’ État central — cas du Sud-Tyrol, du Jura bernois, du Guipuzcoa ou de la Ca
79 russie). Que dire alors de la France, modèle de l’ État unitaire, mais que ses propres « plans », décidés à Paris, vouent à l
80 grave et significative que la revendication d’un État occitan ou les plasticages en Bretagne ». On sait ce qu’il en est adv
81 l’histoire s’imaginent qu’il y a toujours eu des États , que les nations sont immortelles (au moins la leur), que rien d’autr
82 d’autre n’est donc possible, et que d’ailleurs l’ État et la nation marquent l’aboutissement logique, normal et inévitable d
83 s, assez pour rappeler d’où viennent la nation, l’ État et l’État-nation né de leur collusion moderne. Il faudrait rappeler q
84 germanique. Il faudrait montrer que les premiers États nationaux n’apparaissent qu’après tout cela, au cœur du Moyen Âge, et
85 acobins et de Napoléon —, la nationalisation de l’ État royal et l’étatisation de la nation révolutionnaire, c’est cela qui v
86 ême et arbitrale (supranationale) une pluralité d’ États , d’ethnies, de confessions, de traditions culturelles et sociales. Pl
87 ’ils prétendent monopoliser. Le problème du petit État dans le monde des Grands, c’est en vérité le problème de tous les Éta
88 s Grands, c’est en vérité le problème de tous les États du monde sauf trois, c’est-à-dire d’environ cent-trente pays (plus so
89 parti qu’ont adopté en 1848 les vingt-cinq petits États suisses, et bien leur en a pris. Mais les vingt-cinq États-nations eu
90 l’on fait actuellement, c’est-à-dire laisser nos États continuer à prétendre à une indépendance de moins en moins croyable,
91 volumes par centaines sur la régionalisation des États européens. Le concept de région a pris une place considérable, non se
92 quelques phrases : Nous réclamons la création d’ États régionaux français. Ces États régionaux disposeront de pouvoirs exécu
93 amons la création d’États régionaux français. Ces États régionaux disposeront de pouvoirs exécutifs, législatifs et judiciair
94 par exemple, pour les États-Unis d’Amérique. Les États régionaux français délégueront partie de leur souveraineté à l’État f
95 nçais délégueront partie de leur souveraineté à l’ État fédéral français. La lutte pour notre indépendance nationale ne peut
96 résentation du peuple français sera assurée par l’ État fédéral français. Parmi les plus graves méfaits des bureaucrates et t
97 mais n’allez pas y attacher trop d’importance. L’ État français ne sera pas si aisément ébranlé. Son chef le tient très bien
98 pement provenait directement de la structure de l’ État unitaire, voire, comme le disent plusieurs auteurs, de l’exploitation
99 eurs auteurs, de l’exploitation des régions par l’ État central. On s’est intéressé très spécialement aux régions périphériqu
100 ssentiellement urbaine et mobile. Le terme même d’ État indique très bien ses origines agricoles : status, State, Staat, État
101 en ses origines agricoles : status, State, Staat, État , c’est stabilité et statisme, establishment, fermes assises, délimita
102 ppression instantanée des péages entre vingt-cinq États et installation d’un cordon douanier commun, par exemple.) Il n’y a j
103 ie de propositions axiomatiques de ce genre : — L’ État doit être unique et indivisible44. — De son siège dans la capitale, l
104 indivisible44. — De son siège dans la capitale, l’ État régit souverainement toute l’existence publique de la nation, c’est-à
105 tc.) doit dépendre d’un seul et même organisme, l’ État , dans les limites d’un seul et même territoire, sur lequel cet État s
106 ites d’un seul et même territoire, sur lequel cet État se déclare souverain. — Cette superposition forcée de réalités radica
107 erté), il devient une « nation immortelle ». Et l’ État qui agit en son nom dispose de la vie et de la mort de ses membres, p
108 ’a plus le droit de brûler ses hérétiques, mais l’ État a le devoir de sévir contre ceux qui contestent l’un de ses dogmes, l
109 nomie est au service des desseins politiques d’un État , et non pas de la prospérité de ses citoyens. Aujourd’hui, cette même
110 la force principale d’un chef, roi, dictateur ou État républicain. Or, ce pouvoir paraît mieux assuré, de nos jours, par le
111 paraît mieux assuré, de nos jours, par les petits États que par les ex-puissances — et cela pour une série de raisons (pas se
112 uité est indéniable… Ce n’est pas que je récuse l’ État , ni l’ordre contractuel d’une société avec ses cadres et ses mécanism
113 en souverain. Je demande la division du phénomène État en autant de foyers, et sa répartition à autant de niveaux qu’il y a
114 d’hui concentrés en un seul lieu, accaparés par l’ État national, et qui le seront, demain, par l’État régional. 55. Vers
115 l’État national, et qui le seront, demain, par l’ État régional. 55. Vers une formule fédéraliste de l’État Dans une p
116 égional. 55. Vers une formule fédéraliste de l’ État Dans une page essentielle de son Principe fédératif, où Proudhon e
117 e trouve cette proposition : Organiser en chaque État fédéré le gouvernement d’après la loi de séparation des organes ; je
118 n. Proudhon entend réduire les attributions de l’ État (ou autorité centrale) « à un simple rôle d’initiative générale, de g
119 deçà, et la fédération au-delà. Il faut garder l’ État , protéger les nations, mais défaire les États-nations. Il ne faut pas
120 aire les États-nations. Il ne faut pas détruire l’ État , mais le rendre utile. Il faut distribuer et répartir l’État aux diff
121 le rendre utile. Il faut distribuer et répartir l’ État aux différents niveaux de décision où il se révèle capable de servir
122 contrôlé par l’usager ; distribuer et répartir l’ État du niveau de la commune et de l’entreprise jusqu’au niveau continenta
123 e à calculer suffisait pour établir le bilan d’un État centralisé, tandis que seuls les ordinateurs pourront permettre de te
124 t ce qu’il écrivait alors à la louange du « petit État  » se trouve définir aujourd’hui les conditions sine qua non de la par
125 e qua non de la participation civique : Le petit État existe pour qu’il y ait dans le monde un coin de terre où le plus gra
126 qualité de citoyens au vrai sens du mot… Le petit État ne possède rien d’autre que la véritable et réelle liberté, par laque
127 me la puissance des grands États47.  Or le petit État , selon le maître de Nietzsche, c’est ce que nous nommons la région, u
128 ra posée sur la base des régions, et non plus des États anciens. Et la révolution fédéraliste sera là, sans fracas, instaurée
129 ontières stato-nationales, dans les domaines où l’ État central se révèle par nature inadéquat ou paralysant, comme l’économi
130 , Catalogne, pays de Galles ; elles sont donc des États impérialistes, non des communautés qui revendiquent contre leur État-
131 libre disposition de leurs habitants : les trois États baltes, de vastes régions de la Pologne et de la Finlande et la Bessa
6 1970, Lettre ouverte aux Européens. Lettre ouverte, suite et fin
132 toute union en général. Nul ne fera l’Europe des États , vrai nom, selon de Gaulle, de l’Europe des patries préconisée par de
133 encier en termes d’économie ou de structures de l’ État , et qui n’ont même pas réfléchi à l’impossibilité radicale de le fair
134 ution » qui n’a d’autres moyens que les polices d’ État des PC au pouvoir. S’engager ne peut être qu’assumer les moyens juste
135 ’exploitation de l’homme par ses créations, par l’ État et par les bavards radiodiffusés. Elle refuse la dictature, parce que