1 1970, Lettre ouverte aux Européens. Lettre ouverte
1 e, l’Écosse ou Berne, qui existaient bien avant l’ État-nation où elles se trouvent englobées aujourd’hui, et qui lui survivront ass
2 ait à nous obliger au dépassement des cadres de l’ État-nation . Or on voit bien que toutes sont en interaction. Faute d’une concerta
3 par définition, des deux côtés), je vois que cet État-nation , qui garde dans l’esprit de la totalité de nos hommes de gouvernement
4 uérison du mal mortel qu’elle entretient. C’est l’ État-nation qui a créé les problèmes tragiques de l’Europe — et c’est lui qui int
5 s résoudre. Faire l’Europe suppose donc défaire l’ État-nation au profit des régions d’une part, de leur fédération d’autre part, ce
2 1970, Lettre ouverte aux Européens. I. L’unité de culture
6 unité intelligible d’étude historique n’est ni un État-nation (nation state), ni l’humanité dans son ensemble, mais un certain grou
7 Ceux qui, au contraire, disent tout devoir à leur État-nation , ne sont jamais ceux qui l’illustrent, ce sont les Déroulède et les D
3 1970, Lettre ouverte aux Européens. II. L’union fédérale
8 ts complémentaires, j’entends le dépassement de l’ État-nation à la fois par en haut et par en bas, d’une part vers des fédérations
9 ment apparemment contradictoire, c’est en effet l’ État-nation , tel qu’il est né de la Révolution et de l’Empire napoléonien, produi
10 é par les dynamismes contraires du xxe siècle, l’ État-nation européen nous apparaît, tel que les accidents de l’Histoire nous l’on
11 ontraignantes. Au surplus, je ne vois pas un seul État-nation de type unitaire que ce double mouvement de convergence mondiale et d
12 er les frontières… À tous les coups, c’est donc l’ État-nation qui perd. Il ne correspond plus aux conditions de liberté et de parti
4 1970, Lettre ouverte aux Européens. III. La puissance ou la liberté
13 e, donc à toute union fédérale, n’est autre que l’ État-nation , tel que Napoléon en a posé le modèle, intégralement centralisé en vu
14 é à cet égard… Qu’est-ce en somme qu’instituer un État-nation  ? C’est soumettre toute une nation ou un groupe de nations conquises
15 ’il déclare naturelles contre toute évidence23, l’ État-nation n’admet aucune autonomie, aucune diversité réelle. À l’extérieur, il
16 d’union tant soit peu sérieuse ou sincère que cet État-nation qui, par ailleurs, se révèle incapable de répondre aux exigences conc
17 érée par un souci de clinicien : le partisan de l’ État-nation , en effet, n’est pas simplement un homme qui a tort, ou qui persiste
18 nt à la fois anxieux et agressif que représente l’ État-nation . Nulle part, l’État ne trahit mieux son mépris foncier des hommes. Ca
19 démoralisantes de l’escroquerie légale. Enfin, l’ État-nation , ayant renoncé au cujus regio, ejus religio, non par esprit œcuméniqu
20 tionale-socialiste ? La volonté fondamentale de l’ État-nation  : imposer les mêmes frontières au patriotisme, à l’administration, à
21 de ce type, simple transposition de la formule d’ État-nation à l’échelle continentale, serait capable sans nul doute de créer une
22 guerre générale — selon la loi de formation de l’ État-nation dès ses débuts. Il s’agit donc d’une utopie catastrophique, mais dont
23 de ces libertés), alors il faut reconnaître que l’ État-nation n’est pas seulement un modèle périmé, mais qu’il est en fait aujourd’
24 ogiques et religieuses, contre la prétention de l’ État-nation à leur monopole absolu. Il faut distribuer les pouvoirs étatiques aux
25 hode du fédéralisme. 38. Défaire et dépasser l’ État-nation Puissance ou liberté : ces deux finalités commandent deux politiqu
26 être aussi que je radicalise indûment l’antithèse État-nation / fédération, ramenée au dilemme puissance ou liberté comme finalités
27 nt, est caractéristique de tout ce qui touche à l’ État-nation  : néfaste dans la mesure où il est encore réel, inexistant quand on v
5 1970, Lettre ouverte aux Européens. IV. Vers une fédération des régions
28 mais qui ne serait parfois qu’un rattachement à l’ État-nation voisin), viennent s’ajouter des crises plus amples et dramatiques, qu
29 symptômes révèlent une inadaptation morbide de l’ État-nation aux réalités politiques, économiques, techniques et démographiques de
30 n’est pas surmontée à temps. 41. Origines de l’ État-nation La grande force de l’État-nation, c’est que les hommes et les femm
31 Origines de l’État-nation La grande force de l’ État-nation , c’est que les hommes et les femmes d’aujourd’hui qui ont passé par l
32 our rappeler d’où viennent la nation, l’État et l’ État-nation né de leur collusion moderne. Il faudrait rappeler qu’après la préhis
33 citaires et totalitaires du xxe siècle. 42. L’ État-nation  : un empire manqué La confiscation de l’idéal national par l’appar
34 première décennie du xixe siècle le modèle de l’ État-nation , bientôt imité dans toute l’Europe monarchique autant que républicain
35 précisément ce que l’on ne fait pas, parce que l’ État-nation est devenu sacré, c’est-à-dire intangible en nos esprits, qui résiste
36 ne peuvent plus faire les Églises, Dieu merci. L’ État-nation centralisé et unifié s’arroge ainsi tous les pouvoirs des grands empi
37 ne partie qui se veut aussi grande que le tout. L’ État-nation moderne, unitaire et absolu n’est enfin qu’un empire manqué. Voilà la
38 ble dilemme Telle étant la crise présente de l’ État-nation , le régime à prescrire paraît facile à formuler : Parce qu’ils sont t
39 remettre en question radicalement le sacro-saint État-nation , accepter l’idée de renoncer éventuellement à cette formule périmée,
40 une personne, soit d’un groupe ou d’une région. L’ État-nation voulait tout faire coïncider sous la seule loi d’un Prince maître de
41 b) l’absorption d’une communauté régionale par l’ État-nation centralisé conduit à cette forme de vide économique et culturel qui a
42 ion particulière jadis réduite ou supprimée par l’ État-nation conquérant ; b) trouve aux échelons supérieurs de la fédération les
43 d’un moins que les dimensions actuelles de notre État-nation , d’une Bretagne, d’une Catalogne, d’une Écosse — ou de l’Europe42. Ma
44 des ensembles plus centralisés ou intégrés. » « L’ État-nation demeurera longtemps encore le principal foyer de fidélité, particuliè
45 tenter d’analyser. 53. La région n’est pas un État-nation en réduction Presque toutes les difficultés, obscurités, incertitu
46 -onze ou douze départements. La région en tant qu’ État-nation réduit — c’est-à-dire gouvernée par un pouvoir unique et s’exerçant d
47 ue, on peut prévoir que le chemin conduisant de l’ État-nation à la région passera presque nécessairement par les fédérations nation
48 pas d’une nation. Et de Napoléon à n’importe quel État-nation contemporain, la continuité est indéniable… Ce n’est pas que je récus
49 égions spécifiques. Il faut défaire et dépasser l’ État-nation . En instaurant les régions en deçà, et la fédération au-delà. Il faut
50 euclidienne, celle des arpenteurs, suffisait à l’ État-nation (et même aux fédérations interétatiques) du xixe siècle. Les réalité
51 ait ici de la réunion de régions libérées de leur État-nation , mais qui jugeraient souhaitable de renouer librement des liens de ty
52 omme avait prévu très exactement l’évolution de l’ État-nation vers le règne botté, gauche-droite, de ceux qu’il désignait préciséme
53 non des communautés qui revendiquent contre leur État-nation l’autonomie dont il les a frustrées. 29. « Quand il s’agit de nation
6 1970, Lettre ouverte aux Européens. Lettre ouverte, suite et fin
54 de leur souveraineté véritable qu’au jour où leur État-nation cessera de prétendre à l’exercer pour eux, quand « le souverain » ser
55 que grand-bourgeois, impérialiste que défensif. L’ État-nation et la religion de la production sont les superstitions fondamentales
56 Je crois leur avoir répondu : c’est à cause de l’ État-nation , que défend Duclos comme Debré, et sur lequel Sartre est muet. Si l’o
57 Point de participation civique imaginable dans un État-nation centralisé (marxiste, capitaliste ou qualunquiste, peu importe) de di
58 tionnaire parce qu’il demande le dépassement de l’ État-nation que parce qu’il pose une hiérarchie nouvelle des finalités politiques
59 nt que c’est une utopie que de vouloir dépasser l’ État-nation , je réponds que c’est au contraire la grande tâche politique de notre