1 1946, Articles divers (1946-1948). Genève, rose des vents de l’esprit (19 décembre 1946)
1 joue en lui, qui se joue en chaque homme. Mais l’ Américain  ?… L’Américain, lui, c’est ce qui le distingue de l’Européen, court
2 i se joue en chaque homme. Mais l’Américain ?… L’ Américain , lui, c’est ce qui le distingue de l’Européen, court à la conclusion.
3 nt d’avoir lieu à Genève, eussent été un four aux États-Unis . En Russie, ils auraient été interdits. Personnellement, je regrette
4 ore que l’an prochain on invite des conférenciers américains , dont la voix ne peut plus être séparée des dialogues européens. Il s
2 1947, Articles divers (1946-1948). La guerre des sexes en Amérique (janvier 1947)
5 La guerre des sexes en Amérique (janvier 1947)h Le flirt en public (outdoor love-making) vient d’
6 ime avec un grain d’humour l’attitude de la jeune Amérique vis-à-vis du problème des sexes. Si vous tenez entre vos mains ce tex
7 que je voudrais dégager d’un séjour de six ans en Amérique . Les mœurs sexuelles de l’Europe peuvent être définies comme un jeu t
8 ègles sans les détruire. Les mœurs sexuelles de l’ Amérique ne sont point si faciles à définir. Comment expliquer le contraste en
9 et de l’importance de la sexualité. Tandis qu’en Amérique nous trouvons deux morales également admises, semble-t-il, l’une fait
10 i de décrire. ⁂ De la passion Je pense que l’ Amérique en tant qu’américaine, ignore le phénomène que nous nommons passion.
11 la passion Je pense que l’Amérique en tant qu’ américaine , ignore le phénomène que nous nommons passion. J’écrivais dans un liv
12 estiné par un acte divin. Ces lignes, écrites en Amérique , trahissent une critique inconsciente de l’atmosphère du Nouveau Mond
13 u Nouveau Monde : elles en peignent le négatif. L’ Américain me paraît peu doué pour les raffinements spirituels, peu capable de c
14 de la densité de la vie. Comme on demandait à une Américaine intelligente si le suicide par amour existait aux États-Unis : non, d
15 intelligente si le suicide par amour existait aux États-Unis  : non, dit-elle, si nous nous suicidons au lendemain d’une rupture ou
16 ue le business comme nous disons). Le mariage à l’ américaine est une institution d’un type nouveau. Il se fonde sur l’égalité écon
17 es se multiplient dans une cuisine et un sous-sol américain , c’est justement pour libérer la femme des soucis qui l’absorbent che
18 e, pour la plus grande satisfaction des hommes. L’ Américaine a renversé le rapport des forces. C’est le mari qui peine pour payer
19 , — ou d’en écrire. Regardez maintenant le couple américain au restaurant, ou dans un train. Vous verrez une femme très soignée —
20 ofondément dans la psychologie et dans l’économie américaine . On assure que les femmes possèdent le 75 % de la fortune privée en A
21 femmes possèdent le 75 % de la fortune privée en Amérique , soit que le système de l’héritage les favorise, soit qu’elles montre
22 ent. Mais c’est dans la psychologie de la famille américaine que le statut royal de la femme a ses bases vraiment profondes. Et ce
23 cer le « momisme » comme la Gorgone du matriarcat américain . MOM est partout, elle est tout et dans tous, et d’elle dépend le re
24 tout et dans tous, et d’elle dépend le reste des États-Unis . Déguisée en bonne vieille ; mom, chère vieille mom, votre mom aimant
25 , dit-on, sait occuper les mains oisives. La mère américaine , libérée des travaux qui la maintiennent ailleurs dans les limites de
26 ucune autre. Dans la femme qu’il épouse, le jeune Américain , inconsciemment, cherche la mère. Il la sert, elle l’endort et le sem
27 rnée d’un couple bourgeois, dans une grande ville américaine , ménage peu de contacts entre mari et femme, et sans doute n’en souff
28 ans les alcools. Tout se passe comme si l’homme d’ Amérique n’avait qu’un goût modéré pour la femme, dont il ne serait que la con
29 ui offrent le plus de garanties contre le divorce américain . Du divorce Les statistiques établissent qu’aux États-Unis l’on
30 Du divorce Les statistiques établissent qu’aux États-Unis l’on divorce davantage que dans tout autre pays du monde, Suisse comp
31 t différente. Aux yeux des intéressés, le divorce américain ne saurait être, comme chez nous, la douloureuse rupture d’une longue
32 dont la rupture du couple entraînera la perte. En Amérique , tout cela pèse bien peu au regard des chances de repartir à neuf, de
33 vent les jambes : divorce accordé. La loufoquerie américaine se donne libre carrière dans ce domaine, comme si elle excusait tout
34 ’incline à croire que la facilité avec laquelle l’ Américain divorce, révèle que ses mariages manquent de sens et de sérieux. Il n
35 reviens à ma première définition, le divorce à l’ américaine est considéré avant tout comme la mise en ordre de deux vies. Derrièr
36 re offrir à l’opinion une façade de normalité. En Amérique , on se refuse à cette hypocrisie sociale. Le premier accroc fait par
37 , du séjour et des avocats. L’hygiène morale de l’ Amérique ne tolère pas dans un foyer les miasmes d’une situation irrégulière,
38 t-être, en fin de compte, le phénomène du divorce américain . De la sexualité Je mets en fait que le puritanisme, hérésie mo
39 ienne, et transplantée dans toute sa virulence en Amérique , détermine de nos jours encore les mœurs sexuelles du Nouveau Monde.
40 n ou d’ascendance puritaine ne représente plus en Amérique qu’une infime minorité. Boston, leur ancienne citadelle, est aujourd’
41 t naturalisés. On leur inculque à tous qu’être un Américain , c’est être un homme « décent » et comme je demandais à quelques étud
42 trouver trace de ce qu’il nommait libertinage. L’ Américain , me semble-t-il, n’est pas vicieux. Il est moral ou sans morale, mais
43 eau de la culture. Puritain ou émancipé, le jeune Américain semblerait un peu fade à nos romanciers de l’amour. Il reste chaste o
44 les deux romans européens les moins pensables en Amérique seraient sans doute Adolphe et les Liaisons dangereuses. Ajoutons-y l
45 livre. Mais il me paraît vain de l’écrire, car l’ Amérique est en pleine transition, à cet égard plus qu’à tout autre. Il convie
46 s sont par nature discutables. Certains critiques américains déclarent que la jeunesse de leur pays est sex-obsessed, mais il se p
47 lus intéressant de l’évolution actuelle des mœurs américaines , c’est qu’on y pressent un avenir qui sera sans doute celui de la Rus
48 ble qu’au contraire de ce que pensent la jeunesse américaine et ses censeurs de plus en plus timides, la violence primitive et la
49  » limites, fixées par le Comité Hays, — le jeune Américain , s’il trouve une voie saine et quelques disciplines praticables, sera
50 péciale. Or c’est bien ce qu’il pense être, étant Américain . Je ne l’observe pas sans inquiétude ; non plus sans beaucoup d’amiti
51  » traduirait trop faiblement ce terme courant en Amérique , même dans la bouche des prédicateurs qui le dénoncent. 5. Sauf dans
52 l’ai fait ailleurs. h. « La guerre des sexes en Amérique  », La NEF, Paris, n° 26, janvier 1947, p. 3-12.
3 1947, Articles divers (1946-1948). Journal d’un intellectuel en exil (mars 1947)
53 tion, ni un salon — rien de tout cela n’existe en Amérique — mais une party. Et cette party n’était pas animée par la vivacité d
54 les noms dans les petites revues de l’avant-garde américaine . Peu de gaieté bruyante, mais un humour bonhomme, un peu loufoque, et
55 s portée politique, spectateurs irrités de la vie américaine , disciples réticents de nos écoles d’Europe, cherchant une méthode de
56 stique, il mène campagne pour l’intervention de l’ Amérique dans le conflit. Une petite revue virulente et dense, Christianity an
57 c’est aussi parce qu’on ne croit plus au mal, en Amérique . « C’est trop affreux pour être vrai », dit-on des récits de réfugiés
58 ens. On m’y a présenté trois génies. Un génie aux États-Unis , c’est une catégorie précise d’étudiants. « Génie » n’est pas un élog
59 Et je touche ici la limite des fameuses libertés américaines , non sans angoisse. Point de bohème en Amérique. C’est la misère tota
60 méricaines, non sans angoisse. Point de bohème en Amérique . C’est la misère totale ou le niveau bourgeois, celui que revendiquen
61 onc la section de langue française d’un organisme américain qui tient le rang et joue le rôle de ministère de l’Information. Il p
62 à restaurer dans une atmosphère orageuse ! Mais l’ Amérique n’est pas son fort. Il y tient le succès à distance, laissant à Salva
63 s oreilles clandestines entendront : La Voix de l’ Amérique parle aux Français. Il est temps que je recueille et dépouille les di
64 1942 Saint-John Perse. — Lorsqu’il est arrivé en Amérique , il n’a paru de lui qu’une seule photo, encore était-elle prise de do
65 s l’Europe. Leur dire que la production de guerre américaine peut leur sembler une tartarinade8, mais que lorsqu’on la voit de ses
66 notes de journal, et deux essais pour des revues américaines . Mais ces essais-là m’ont suffi pour déceler l’influence sur mon styl
67 de propagande. Ou bien serait-ce l’influence de l’ Amérique en général ? Mais elles convergent ou même s’identifient. Je constate
68 ement, pour moi, d’écrire en vue d’une traduction américaine , mais également en vue d’une transmission directe à la radio. Dans le
69 et l’automne atténue la sauvagerie de la verdure américaine . Que fais-je ici, que rejoindre ma vie, pas à pas dans les bois solit
4 1947, Articles divers (1946-1948). Drôle de paix (7 juin 1947)
70 tin dans l’excitante confusion d’un grand journal américain  : la juxtaposition des faits, des lieux, des plans et des valeurs hum
71 , représenté d’ailleurs par le Labour Party ? Les Américains quittent la Chine, l’abandonnant à une guerre sans merci entre le Kou
72 révèlent qu’à l’heure présente on enregistre aux États-Unis un divorce pour trois mariages. Cela non plus ne restera pas sans con
73 nal libre, une phrase dans le discours de quelque Américain , un diplomate qui prend l’air à sa fenêtre, un homme qui pense, à sa
74 lle incapacité à intégrer l’opposition. Voici les États-Unis , et cette patrie de la démocratie, c’est-à-dire de l’éducation et du
75 les Japonais battus, à peine les derniers 12 000 Américains évacués, la lutte reprend en Chine entre l’armée des provinces commun
76 le totalise plus d’habitants que la Russie et les États-Unis additionnés ! Ainsi la « drôle de paix » que nous vivons repose en fa
77 berté en Russie, manque de bases spirituelles aux États-Unis , manque d’ordre politique en Asie, manque de foi et d’espoir en Europ
78 égime ménage autant de libertés que la démocratie américaine elle dominerait bientôt le monde par la seule force de son utopie de
79 e dominerait un jour par la force du nombre. Si l’ Amérique sentait son idéal mieux assuré dans ses propres foyers elle serait te
80 oncent déjà) et parce qu’elle représente pour les Américains ce symbole d’un avenir plus vaste qui peut seul les mettre au défi de
5 1947, Articles divers (1946-1948). Einstein, patriarche de l’âge atomique, m’a dit : « C’est pour dissimuler sa pauvreté et sa faiblesse que l’URSS méfiante, s’entoure de secret… » (9 août 1947)
81 » (9 août 1947)m Princeton est une petite cité américaine dont la moitié des habitants se préparent à porter le titre de docteu
82 euil de jardin près du sien. Et nous parlons de l’ Amérique , dont Einstein est devenu citoyen. Il me dit : — Écoutez-moi bien, c’
83 ne charmante enfant. — Depuis quand vivez-vous en Amérique  ? — Depuis 1934. Mais j’y étais venu une première fois en 1922, pour
84 eurs individuels. La seule chose qui inquiète les Américains , c’est la Russie. Avez-vous remarqué qu’il se développe ici une sorte
85 savent les plus faibles, surtout par rapport aux États-Unis . Tout ce qui vient de nous les inquiète, et ils se croient forcés de
86 s’il approuve le plan Baruch, au terme duquel les États-Unis proposent de céder la bombe à un organisme international doté de pouv
6 1947, Articles divers (1946-1948). Conversation à bâtons rompus avec M. Denis de Rougemont (30-31 août 1947)
87 uelques instants. Je viens de passer sept ans aux États-Unis , nous confie-t-il. J’étais parti pour l’Amérique afin de faire une to
88 tats-Unis, nous confie-t-il. J’étais parti pour l’ Amérique afin de faire une tournée de conférences sur la Suisse. J’y allais au
89 musique. Surpris par la guerre, je suis resté aux États-Unis . Je suis rentré en Suisse il y a quelques mois seulement, et je compt
90 tence » ? Oui, passablement. J’ai écrit Vivre en Amérique , j’ai publié La Part du diable et m’en vais sortir très prochainem
91 a déjà donné une édition. À l’intention du public américain , j’ai fait, enfin, un ouvrage sur la Suisse, intitulé Le Cœur de l’E
92 sidérable que M. Denis de Rougemont a exercée aux États-Unis en faveur de notre pays. Il est trop modeste pour vouloir nous l’avou
93 n comité civil, composé d’éminentes personnalités américaines , qui avait été chargé d’établir un rapport sur la conscription. Or, d
7 1947, Articles divers (1946-1948). La balance n’est pas égale entre les États-Unis et l’URSS (8 novembre 1947)
94 La balance n’est pas égale entre les États-Unis et l’URSS (8 novembre 1947)p L’anecdote circulait à New York ce pr
95 te circulait à New York ce printemps. Un reporter américain vient de visiter les stations flambant neuves du métro de Moscou, et
96 étique l’invite à admirer. « Très beau, dit notre Américain , mais je ne vois pas de trains circuler ? » — « En effet, réplique le
97 st-ce que vous dites de la question des Noirs aux États-Unis , hein ? » Ce dialogue de fous n’est pas celui des peuples, mais de ce
98 décrétées par Jdanov en Russie, proclame que « l’ Amérique dégrade l’esprit ! » Le raisonnement, sur huit colonnes, est le suiva
99 propage l’idée du monde la plus désespérée qu’un Américain ait encore puisée dans son pays » ; 2° Truman veut asservir l’Europe
100 t ses Tropiques, publiés à Paris, et interdits en Amérique . Ensuite, il est notoirement faux et ridicule d’accuser les éditeurs
101 toirement faux et ridicule d’accuser les éditeurs américains de « tirer parti » du pessimisme d’un Miller ou d’un Faulkner, pour f
102 urdité technique de ce reproche : 1° Les éditeurs américains ne sont pas aux ordres de Truman, comme ceux de l’URSS sont aux ordre
103 URSS sont aux ordres de Staline ; 2° Les éditeurs américains cherchent à faire de l’argent, comme les nôtres, tout en publiant par
104 raction négligeable des bénéfices sur la vente en Amérique  ; 5° Les œuvres « pessimistes » de Faulkner et surtout de Miller, loi
105 ’étranger d’un Henry Miller stupéfie les éditeurs américains qui en entendent parler, mais non pas Truman qui s’occupe d’autre cho
106 omissements décrits par un Miller, que la réalité américaine avec ce qu’en écrit un stalinien. Ceci dit, et les arguments de L’Hum
107 aturelle, — reste toute la question de la culture américaine dans ses rapports avec « l’esprit », pour parler comme les communiste
108 ellectuels européens qui ont connu de près la vie américaine ont coutume d’insister sur deux traits de cette culture qui leur para
109 e est libre, mais plus que chez nous, parce que l’ Américain n’est pas hypocrite dans ce domaine, les éditeurs de livres et de rev
110 Il faut donc l’éduquer, concluent les moralistes américains . Et pour cela, donnons-lui des Digests où, sous une forme assimilable
111 fiance sérieusement motivée dans les destins de l’ Amérique . Nous voici loin des « turpitudes » et de la résignation morbide déno
112 pose la « culture des masses » en Russie comme en Amérique . Un communiste moins que tout autre a le droit d’ironiser sur ce suje
113 re a le droit d’ironiser sur ce sujet. L’éditeur américain , pour éduquer le grand public, cherche à le séduire et lui fait trop
114 ique. Nous dénonçons l’abus flagrant des méthodes américaines , au lieu d’en faire meilleur usage. Nous sommes de petits malins qui
115 … ⁂ Eh bien ! non, la balance n’est pas égale ! L’ Amérique est tout de même un pays où les dégradations de l’esprit, hélas ! rée
116 n dire des romanciers, il n’est pas une des tares américaines qui n’ait été décrite, avouée, analysée par les Américains eux-mêmes,
117 s qui n’ait été décrite, avouée, analysée par les Américains eux-mêmes, avec une liberté d’esprit que l’Europe ne peut qu’envier,
118 èce violente de Simonov, où l’on voit un reporter américain persécuté par ses patrons pour avoir « bien parlé » de l’URSS, l’un d
119 e fou rire de la rentrée. » ⁂ Quant à l’influence américaine , concluons sur une simple remarque qui rétablit les proportions. Pour
120 je l’ai montré, loin d’être le fait des éditeurs américains , est celui de notre public. Mais sur l’Europe, en général, l’influenc
121 ublic. Mais sur l’Europe, en général, l’influence américaine s’est exercée en deux occasions plus marquantes, je veux parler de 19
122 ors elle fut bien le fait de la volonté du peuple américain et de la politique de ses chefs. p. « La balance n’est pas égale en
123 hefs. p. « La balance n’est pas égale entre les États-Unis et l’URSS », Le Figaro littéraire, Paris, n° 81, 8 novembre 1947, p. 
8 1947, Articles divers (1946-1948). Une Europe fédérée (20 décembre 1947)
124 « l’homme moderne est démodé », comme l’a dit un Américain  : sa conscience est en retard sur le milieu nouveau, sur les périls c
125 un globe il verrait que le plus court chemin de l’ Amérique à la Russie ne passe plus par l’Europe, mais par le pôle. La radio, l
126 ’est pas celle du Kremlin ni celle du businessman américain . Nous ne voulons pas d’un régime de terreur, de parole asservie, d’ép
127 cupation russe, et dans les camps. À l’égard de l’ Amérique notre refus, pour être beaucoup moins brutal, n’est pas moins franc.
128 l’obsession de l’argent qui dénature les libertés américaines . Un régime qui traduise en politique, dans l’économie et les mœurs, l
129 e, qu’ils se cantonnent dans le double refus de l’ Amérique et de la Russie, qu’ils y ajoutent un troisième refus, celui de l’Eur
130 sommes plus libres qu’eux, et plus sages que les Américains . Mais nous restons les bras ballants, regardant à droite et à gauche
131 veut que la Terre promise ne soit pour nous ni l’ Amérique ni la Russie, mais cette vieille terre à rajeunir, à libérer de ses c
9 1947, Articles divers (1946-1948). Préface à Le Cœur est un chasseur solitaire de Carson McCullers (1947)
132 ci, bien sérieusement selon la coutume des femmes américaines lorsqu’on leur fait un compliment. Je suppose que mon étonnement eût
133 musique, la jeune peinture, la jeune chorégraphie américaines ont traversé cette maison de Brooklyn, seul centre de pensée et d’art
134 ieutenant McCullers, est signalé comme le premier Américain blessé lors du débarquement en Normandie. Aujourd’hui elle est à Pari
135 rise de l’émigration traditionnelle des écrivains américains vers le Vieux Monde. ⁂ La principale différence entre la jeune littér
136 principale différence entre la jeune littérature américaine et la française, c’est que la première ne professe pas du tout ce cul
137 remière ne professe pas du tout ce culte du roman américain qui caractérise la seconde. Carson McCullers par exemple, quand je l’
138 et Steinbeck. C’est dire peut-être que les jeunes Américains sont moins anxieux de renouveler ou d’assouplir leurs procédés que de
139 isolé de la partition. Chez les jeunes écrivains américains , chez Carson McCullers en tout cas, vous ne pourrez tirer des dialogu
140 ions humaines — à propos du problème des Noirs en Amérique — qu’un article documenté du même auteur ne ferait sans doute que cir
141 limiter. Notons aussi que la nouvelle littérature américaine , au lieu de mettre en scène des intellectuels, recourt plutôt à des e
142 t, ni même documentaire, ait eu tant de succès en Amérique  ? Je ne vois pas de réponse satisfaisante à ma deuxième question : le
10 1947, Articles divers (1946-1948). Les maladies de l’Europe (1947)
143 petit cap de l’Asie ». Aujourd’hui l’Europe vue d’ Amérique , et j’imagine aussi vue de Russie, paraît plus petite que nature : ph
144 semble avoir évacué l’Europe pour émigrer vers l’ Amérique et la Russie. C’est une notion qui s’étiole chez nous d’autant plus v
145 le libéralisme politique, qui ont fait fortune en Amérique , venaient d’Europe ; comme en venaient le matérialisme dialectique, l
146 tous les barrages de douanes ou de coutumes que l’ Amérique ne connaît pas. Et de même le progrès social s’est vu bridé et contra
147 s, par leur masse, le colosse russe et le colosse américain , et malgré toutes les tentations que représentent leurs succès littér
148 s machines et par ses capitaux. Mais voici que l’ Amérique et la Russie viennent de lui ravir coup sur coup les machines et les
149 et les grands hommes d’affaires regardent vers l’ Amérique . À tort ou à raison — je n’en juge pas ici —, ils s’imaginent que ces
150 e contente d’un double refus de la Russie et de l’ Amérique , se résigne à la décadence, ou la déplore mais sans faire mieux. Je n
151 rs, quand ils se demandent si c’est l’Europe ou l’ Amérique qu’il leur faut souhaiter pour leur enfant. Car nous pensons à notre
152 comme à un « Vaterland », pays des pères, mais l’ Amérique , ou la Russie, ne serait-ce pas ce « Kinderland » qu’appelait Nietzsc
153 aint, le mystique, le martyr. Tandis que le héros américain ou russe sera l’homme le plus conforme au standard du bonheur, celui
154 gonismes, de l’opposition créatrice, tandis que l’ Américain et le Russe soviétique considèrent l’existence de l’opposition comme
155 ique et abstraite entre l’Européen, d’une part, l’ Américain et le Soviétique, de l’autre, je n’ai pas à chercher bien loin. Je pr
156 xemple de l’entreprise qui nous rassemble ici. En Amérique , je pense que ces rencontres seraient un four, ou un flop, comme ils
157 ait l’auditeur plus qu’elle ne l’intéresserait. L’ Américain moyen demande une solution qu’il puisse appliquer en sortant, là où n
158 banc des aveux spontanés. Et je ne dis pas que l’ Américain et le Russe n’aient quelques bonnes raisons de se comporter ainsi, je
159 préfère emprunter, pour un moment, à nos voisins américains leurs méthodes pragmatiques, et à nos voisins soviétiques leur sens a
160 e rebelle aux planifications sur table rase que l’ Amérique , et surtout la Russie — ces deux grandes plaines d’un seul tenant — p
161 souvent proposé cette petite parabole à mes amis américains  : « Vous croyez, leur disais-je, que le plus grand est nécessairement
162 aux crises économiques qui menacent constamment l’ Amérique . Celle de 1930 eut pour effet de la réveiller, de l’humaniser, et par
163 et c’est là mon espoir, que les Russes, comme les Américains , viendront s’enquérir auprès de nous des secrets de notre désordre et
164 odernes, en verre et en ciment armé, tandis que l’ Amérique en est encore à bâtir des églises en gothique neuf. C’est parce que l
165 lanète unie ou la Bombe. Et je veux dire : Si les États-Unis et la Russie ne s’entendent pas, si la guerre atomique éclate, il n’y
11 1947, Articles divers (1946-1948). L’opportunité chrétienne (1947)
166 ent international, ou « global » comme disent les Américains , s’instaure sur notre planète, ce ne sera qu’au nom de ce qui transce
12 1948, Articles divers (1946-1948). Les deux blocs ? Il n’en existe qu’un (9 janvier 1948)
167 er au plus vite soit au bloc russe soit au dollar américain . Mais les seconds proclament qu’ils ne choisiront pas entre la peste
168 , quand on compare le rôle de l’URSS et celui des États-Unis dans notre monde : c’est que nous avons chez nous un parti stalinien,
169 ope : c’est qu’elle veut diviser pour régner. Les États-Unis , au contraire, poussent à la collaboration européenne, et surtout sur
170 s chaque pays, sabotent notre reconstruction, les Américains la financent. Où faut-il donc chercher l’impérialisme ? Avouons qu’il
171 frappant. En Russie, on liquide l’opposition, en Amérique elle est entièrement libre, et mieux que cela : on en tient compte. E
172 res sans précédent dans les pays capitalistes. En Amérique , les ouvriers se mettent en grève et gagnent à peu près à chaque fois
173 e pacte germano-soviétique. Tout au contraire, en Amérique , on dénonce l’injustice commise ou établie — par exemple le sort des
174 e est un bloc dans tous les sens du terme. Mais l’ Amérique n’en est pas un, elle qui vise aux libres échanges, tolère les pires
175 end de celle des autres, et non de leur misère. L’ Amérique est une démocratie, et une démocratie vivante n’est pas un bloc. U
176 re et nous croit ses ennemis et les esclaves de l’ Amérique . Et tout le verbiage des communistes contre un prétendu « bloc améric
177 erbiage des communistes contre un prétendu « bloc américain  » n’a d’autre but que de masquer ce fait brutal : la Russie ne veut p
178 ndre en nous jetant simplement dans les bras de l’ Amérique . Non seulement nous ne le devons pas, mais c’est pratiquement impossi
179 ns pas, mais c’est pratiquement impossible. Car l’ Amérique n’a nullement l’intention de nous entretenir à grands frais comme des
180 es Russes et avec l’appui probable des démocrates américains . t. « Les deux blocs ? Il n’en existe qu’un », L’Intransigeant, Pa
181 libéral et personnaliste, a passé cinq années aux États-Unis , d’où il a rapporté un maître livre : Vivre en Amérique , par lequel
182 s, d’où il a rapporté un maître livre : Vivre en Amérique , par lequel il se montre un efficace agent de liaison entre le Vieux
13 1948, Articles divers (1946-1948). Rencontre avec Denis de Rougemont (janvier 1948)
183 orteresse ! En septembre 1940, il était envoyé en Amérique pour y faire des conférences. Il n’en revint qu’au mois de juillet de
184 teuil de jardin, et nous nous mîmes à parler de l’ Amérique , de la Russie et de la bombe atomique. Avez-vous eu l’impression qu’E
185 se sentent les plus faibles, surtout en face de l’ Amérique . S’ils se cachent derrière un rideau de fer, c’est pour que leur pauv
186 Je n’interrogerai pas Denis de Rougemont sur les États-Unis . Il leur a consacré de nombreux articles dans des journaux et des rev
187 rassemblés en un volume sous le titre : Vivre en Amérique . Je hasarde pourtant une question sur la littérature d’outre-Atlanti
188 d’outre-Atlantique. Il me répond : La littérature américaine est dans un certain sens plus saine que la nôtre. Les disputes autour
189 de l’écrivain n’existent pas là-bas. Écrire, aux États-Unis , c’est entretenir les lecteurs des problèmes d’aujourd’hui : les noir