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rra s’opposer à cette guerre entre la Russie et l’
Amérique
— une guerre dont quel que soit le vainqueur, s’il en est un, l’human
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n 300 millions, c’est-à-dire deux fois plus que l’
Amérique
, et autant que la Russie et tous ses satellites réunis. Si ces 300 mi
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dre à dominer. Quel panier de crabes ! disent les
Américains
. Mais ils ne doivent pas oublier que la richesse de l’Europe comme se
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nt la vitesse des transports. (Passer d’Europe en
Amérique
ne prenait guère moins de temps en 1946 qu’à l’époque de Christophe C
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me suis trouvé l’un des premiers à proclamer, en
Amérique
et en Europe, qu’il n’y avait qu’une parade à la bombe, c’était le go
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rra s’opposer à cette guerre entre la Russie et l’
Amérique
— une guerre dont, quel que soit le vainqueur, s’il en est un, l’huma
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n 300 millions, c’est-à-dire deux fois plus que l’
Amérique
, et autant que la Russie et tous ses satellites réunis. Si ces 300 mi
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nces, et qu’on peut mesurer leur vraie valeur. En
Amérique
, tout est plus simple, évidemment : vous avez une langue, une nation,
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dre à dominer. Quel panier de crabes ! disent les
Américains
. Mais ils ne doivent pas oublier que la richesse de l’Europe comme se
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La puissance a changé de mains. Elle est russe et
américaine
. Elle se retourne contre nous. L’Europe déchue n’est plus qu’un petit
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est lui aussi qui nous empêche de dire à nos amis
américains
: « Mais entrez donc, apportez-nous les secrets de votre bonheur, nou
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« humanistes » aussi bien que les chrétiens, les
Américains
comme les Russes, les chefs de l’Inde comme ceux de la Chine. Qu’il s
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x, ni la notion d’État, ni le nationalisme, car l’
Amérique
ou la Russie s’en chargent. Et s’il ne s’agissait que de cela, nous p
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diable. Et le monde entier en pâtirait, Russes et
Américains
compris. Cette Europe, pratiquement réduite à l’essentiel de son géni
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, qui nous fait repousser les tentations russe et
américaine
. Mais il s’agit maintenant de l’informer, de lui donner des moyens d’
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eil de l’Europe, depuis le 11 août 1949, mais les
États-Unis
n’y ont été nommés jusqu’ici que par L’Humanité. Drôle d’évidence. (C
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mpuissance politique, si elle est colonisée par l’
Amérique
, ce qu’elle désire parfois, ou envahie par la Russie, si l’Europe dis
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re xxe siècle ? Entre les deux colosses russe et
américain
, l’Européen qui vient de perdre la guerre, fait actuellement ce qu’on
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t. Entre 200 millions de Russes et 150 millions d’
Américains
, nous sommes ici à l’ouest du rideau de fer, près de 300 millions d’E
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diquement, jusqu’à la monstruosité. Si bien que l’
Amérique
et la Russie moderne, dans plus d’un sens, sont en réalité notre cari
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laissons jamais aller à placer sur le même plan l’
Amérique
et la Russie. Deux constatations très simples me suffiront. Entre l’A
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constatations très simples me suffiront. Entre l’
Amérique
et nous, qu’y a-t-il de commun ? Il y a tous les principes fondamenta
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Saint-John Perse et l’
Amérique
(1950)k La grandeur de cette poésie fait reculer le commentaire :
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andeur signifie l’exil. C’était, on l’imagine, en
Amérique
. Au long des avenues de Manhattan, il marchait lentement, régulièreme
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me lyrique du Nouveau Monde, dans un ouvrage où l’
Amérique
, un jour, découvrira son épopée. ⁂ Vents me paraît bien plus américa
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couvrira son épopée. ⁂ Vents me paraît bien plus
américain
qu’Anabase n’était asiatique. J’y verrais même la meilleure descripti
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rais même la meilleure description de l’essor des
États-Unis
dans l’espace et le temps à la fois, si le sujet n’était plutôt le pr
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». Le poème ainsi prend sa source au lieu d’où l’
Amérique
dans l’espace et le temps, et la fureur lyrique dans l’homme épris du
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s de la terre… Congénialité du poème et de cette
Amérique
ourdie par les grands vents : le mouvement, la violence heureuse, et
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animation perpétuelle. Tout est mouvant au monde
américain
, ne peut être saisi qu’au vol, épousé dans les rythmes larges. Et no
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étymologie et de l’emportement lyrique4. (Ainsi l’
Amérique
idéale, entre ses « origines » et son délire global…) II. Anabase et
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ne s’accorde mieux au génie matinal du continent
américain
. (La poésie des « blues » fait illusion : temps faible d’un grand ryt
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L’Europe étant vision de l’homme dans le temps, l’
Amérique
est vision de l’espace. L’Europe fut universaliste, et le redeviendra
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niversaliste, et le redeviendra peut-être, mais l’
Amérique
est planétaire. Sujets et procédés, chez Saint-John Perse, ouvrent le
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-John Perse, ouvrent les voies d’un grand lyrisme
américain
. Ils sont classiques. Les continents, les peuples et leurs rites, les
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semblera surprenant qu’un Français ait ouvert aux
Américains
les perspectives de l’épopée globale que l’histoire désormais leur as
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lement le poème du lyrisme, le chant profond de l’
Amérique
. C’est aussi, dans sa dernière partie, le poème du retour à l’Europe,
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et Chinois peut-être… k. « Saint-John Perse et l’
Amérique
», Les Cahiers de la Pléiade, Paris, n° 10, 1950, p. 136-139.