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Avertissement Je ne pensais pas écrire sur l’
Amérique
, parce que j’y avais vécu cinq ans — et l’on sait bien qu’il faut un
2
uelques articles pour un hebdomadaire français. L’
Amérique
est indescriptible. On peut en prendre mille instantanés sur la côte
3
nés, désiraient quitter leur pays et s’établir en
Amérique
. Le jeu de comparer les deux nations, décidément, devenait sérieux :
4
nc pas un instant peindre un tableau complet de l’
Amérique
. La table des matières non traitées dans le volume tiendrait plus de
5
Prologue Sentiment de l’
Amérique
Cinq ans déjà, et chaque matin je m’étonne encore de me réveiller e
6
haque matin je m’étonne encore de me réveiller en
Amérique
. J’ai vécu en Suisse, en Autriche, en Italie, en Allemagne et en Fran
7
’était pas le mien. C’était l’Europe. C’est ici l’
Amérique
, et je n’ai pas fini de m’en ébahir. Ce Nouveau Monde m’apparaît à ch
8
e me disent : « Alors, qu’en pensez-vous ? » De l’
Amérique
? Tout ce que je vais vous en dire, tout ce que l’on peut en dire en
9
pilleur ; plus puritain et plus libre de mœurs. L’
Amérique
ne se définit pas. Elle ne s’explique pas dans l’ensemble. Elle se se
10
e s’explique pas dans l’ensemble. Elle se sent. L’
Amérique
, c’est d’abord un sentiment. J’avais avant d’y venir vu tant de films
11
t d’y venir vu tant de films et lu tant de romans
américains
: ils donnaient, je le sais aujourd’hui, des images vraies de la vie
12
ts, les plus quelconques. Mais je ne voyais pas l’
Amérique
dans ces photos et ces livres, où elle est. Et quand j’y ai débarqué,
13
t à fait autre chose — une autre civilisation. L’
Amérique
est un continent dont je tiens pour possible et même facile de parler
14
este nouvelle. ⁂ Du sentimentalisme à l’épopée, l’
Amérique
de la vie quotidienne, comme celle du mythe politique et planétaire,
15
et passe ici, vers l’oubli, vers la vie. La jeune
Américaine
quitte son fiancé qui s’embarque pour une guerre lointaine : elle ple
16
y en a pour tout le monde. La jalousie n’est pas
américaine
. Comment décrire ces légers déplacements d’accent, vers le sérieux ou
17
la vie quotidienne, naît une aisance générale. L’
Américain
ne supporte pas d’être gêné aux entournures, matériellement ou morale
18
e bizarreries dans le monde, et dans ce continent
américain
on en voit chaque jour tant d’exemples. Tant d’espèces de gens, et de
19
découvrais un aspect tout contraire de la coutume
américaine
: le formalisme et la passion du décorum dès qu’il s’agit de manifest
20
nts… Qu’il y ait là quelque chose de typiquement
américain
, j’en vois la preuve dans les formalités d’une nature pour le moins p
21
ent dans nul autre pays. Un étranger résidant aux
États-Unis
, même depuis dix ou vingt ans, s’il veut devenir Américain, doit se s
22
, même depuis dix ou vingt ans, s’il veut devenir
Américain
, doit se soumettre au rite suivant : il lui faut tout d’abord quitter
23
vie privée. Giraudoux a écrit quelque part que l’
Amérique
n’est pas une nation comme les autres, mais un club. Cette remarque e
24
tes, dans cette préface à quelques articles sur l’
Amérique
. C’est que je crois aux signes plus qu’aux faits ; aux courants d’opi
25
certaines démarches surprenantes de la diplomatie
américaine
, de parler tout d’abord et surtout de ce qu’on ne dit pas dans les dé
26
IVie politique Le rêve
américain
L’Amérique n’est pas un pays de rêve, quand on y vit, mais c’est u
27
IVie politique Le rêve américain L’
Amérique
n’est pas un pays de rêve, quand on y vit, mais c’est un pays de rêve
28
e secret de ce que l’on nomme leur optimisme. ⁂ L’
Américain
ne croit pas aux limites. Une limite, c’est toujours la fin d’un rêve
29
faits, domine encore l’inconscient collectif des
Américains
d’aujourd’hui. Et leur grand rêve, leur american dream comme ils dise
30
secret de ce que l’on nomme à tort l’impérialisme
américain
. ⁂ Où trouveront-ils désormais la frontière qui mettrait au défi leur
31
nde est ma limite. Et c’est pourquoi la politique
américaine
, désormais, va se tourner vers deux objectifs principaux : la liberté
32
ans mon premier article : on ne comprend rien à l’
Amérique
, si d’abord on ne l’a pas sentie dans les rythmes de sa vie quotidien
33
thmes de sa vie quotidienne. Prenons maintenant l’
Américain
, devant le monde, sa nouvelle frontière. En ce milieu du xxe siècle,
34
ns, il y aurait huit à neuf chances sur dix que l’
Amérique
retourne à l’isolationnisme. Rien de tel pour blesser l’amour entre d
35
e de les mélanger dans leurs épreuves. Les jeunes
Américains
se sont trouvés mêlés au grand malheur des peuples qu’ils aimaient de
36
eur patron, leurs concurrents… L’homme d’affaires
américain
est le petit-fils des pionniers qui luttaient sur la « frontière ». I
37
ticulier par sa politique de bon voisinage avec l’
Amérique
latine. Cette politique comportait deux branches, curieusement juxtap
38
je me l’explique de la manière suivante : le rêve
américain
évoque une vie sans cesse plus large et libre. Mais la « frontière »
39
ésormais se confond avec les frontières mêmes des
États-Unis
. Il faut donc en sortir, et deux voies sont possibles : répandre les
40
deux voies sont possibles : répandre les produits
américains
sur tous les marchés du monde, c’est-à-dire multiplier les échanges c
41
s tous les pays du monde l’idéal de la démocratie
américaine
, c’est-à-dire multiplier les échanges culturels. Or ces deux ambition
42
prétextes les plus frappants. Et voilà pourquoi l’
Amérique
, malgré le choc en retour inévitable que provoque la rentrée massive
43
e, en vertu d’une nécessité constitutive. Le rêve
américain
l’exige. Nous voici loin de nos danseurs de Broadway ? Peut-être, mai
44
a vie libre, vers l’avenir. On pourrait définir l’
Amérique
comme le pays où ce qui va venir émeut autant qu’en Europe le souveni
45
tout simplement une grande poussée d’impérialisme
américain
? Vos rêveurs nous paraissent terriblement pratiques, et parfaitement
46
irment. Et pourtant je persiste à penser que si l’
Amérique
, suivant son rêve, cherche à sortir de ses limites et à déborder sur
47
une énergie surexcitée. Santé de la démocratie
américaine
(Écrit en novembre 1940.) J’étais à Times Square, au cœur de Man
48
été perdue en France. La seconde a été gagnée en
Amérique
. En attendant le résultat de la troisième et dernière manche, c’est-à
49
les plus violentes se résolvent si rapidement aux
États-Unis
, c’est en grande partie à cause de la constante circulation d’idées e
50
qui se passe dans d’autres républiques, l’opinion
américaine
discute réellement les problèmes posés. Elle cherche réellement à les
51
ue voici : en réalité, il n’y a pas de partis aux
États-Unis
. Il serait en effet absolument faux d’assimiler les républicains et l
52
ux d’assimiler les républicains et les démocrates
américains
à nos radicaux, conservateurs et socialistes. Ni les républicains ni
53
endances générales, signifie pratiquement que les
États-Unis
sont une démocratie sans partis. Entre le citoyen et les autorités, p
54
s d’autre intermédiaire que l’opinion publique. L’
Américain
ne possède légalement ni le droit de référendum, ni le droit d’initia
55
ndements et des manifestes. Sait-on assez que les
Américains
sont très conscients et très jaloux de la qualité de leur esprit publ
56
voit que c’est vrai. Maladies de la démocratie
américaine
Relisant le chapitre qui précède après cinq ans d’expériences quot
57
cinq ans d’expériences quotidiennes des libertés
américaines
, la guerre finie, certaines polémiques apaisées, et toute nuance de «
58
Pendant plusieurs années, j’ai répété à mes amis
américains
: « Vous croyez n’aimer que le grand, mais à vrai dire, ce que vous a
59
ndances communautaires locales. Un beau jour, les
États-Unis
deviendront l’État unifié. Ce sera violent. Car l’État unifié se fond
60
éissent qu’à la tyrannie. Que serait une tyrannie
américaine
? Une brutalité panique dort au secret de l’âme de ce pays. Dans les
61
masses comme dans l’inconscient de presque chaque
Américain
, il y a peut-être un gangster qui sommeille. Voyez leur goût des douc
62
sins, en toute inefficacité. Il faut avouer que l’
Américain
ne s’en prive pas, et s’étonne fort de voir certains esprits tirer de
63
précieuse permission de se taire. La familiarité
américaine
s’étend, hélas, à des domaines où elle devient nécessairement sottise
64
rs, s’il s’intitule savant, peut faire croire à l’
Américain
tout ce que le corps entier des philosophes, des pasteurs et des écri
65
ralement pour l’un des grands succès sociaux de l’
Amérique
: l’absence d’antagonismes réels, moraux et idéologiques, entre patro
66
et d’hygiène de travail. Pour le reste, l’ouvrier
américain
partage la conception de la vie de son patron, ses préjugés, ses goût
67
révolution sanglante. Mais le danger qui guette l’
Amérique
, c’est l’uniformité librement acceptée, la pire espèce d’intolérance
68
cevoir de nouvelles formes de vie. À cet égard, l’
Amérique
risque bien de rejoindre plus vite que l’Europe, à moindres frais, le
69
es intimes et spécifiques de l’idéal démocratique
américain
, tandis que le conflit des races en est une survivante négation. Oui,
70
e sous la plume d’un fermier du Middle West que l’
Amérique
est le seul pays décent au monde, et tandis qu’un agent d’assurances
71
ent pratiquement idéal, le Contrôleur général des
États-Unis
écrit de son côté : « Notre gouvernement est une vaste pétaudière. »
72
s quelques-unes sont formulables. Tout d’abord, l’
Amérique
ne possède pas d’écoles de fonctionnaires spécialisés. Elle ne produi
73
émission et la tyrannie déclarée. Les bureaux à l’
américaine
semblent avoir été créés pour épargner aux gouvernants cette tragédie
74
ique, au siècle du collectivisme. Impérialisme
américain
? Et maintenant, j’en reviens à notre grande question : faut-il cr
75
ous Napoléon, les Italiens sous Mussolini. Or les
Américains
n’ont pas de chefs de cette espèce. Mais l’Opinion publique, chez eux
76
n jour prochain cette Opinion publique, reine des
États-Unis
, devienne nationaliste à notre image ? Et qu’elle décrète d’imposer a
77
er la loi yankee ? Il faudrait tout d’abord que l’
Amérique
se forme une conscience nationale. Le phénomène est-il probable ? Et
78
rte à des voisins organisés. Or c’est le cas de l’
Amérique
, virtuellement, depuis que sa mouvante frontier a rejoint ses frontiè
79
t l’Europe ; et deux territoires géographiquement
américains
, mais historiquement étrangers au génie yankee : le Mexique latin, le
80
le monde germanique vient déclarer la guerre aux
États-Unis
, puis que le monde russe, provisoirement allié, entre en concurrence
81
entre en concurrence déclarée avec la production
américaine
et l’idéal démocratique d’un Roosevelt. L’Amérique atteignant ses lim
82
ricaine et l’idéal démocratique d’un Roosevelt. L’
Amérique
atteignant ses limites se voit donc subitement confrontée non plus av
83
tir, prendre un exemple au langage quotidien de l’
Amérique
. Lorsqu’un citoyen des États-Unis désapprouve une certaine action, un
84
ge quotidien de l’Amérique. Lorsqu’un citoyen des
États-Unis
désapprouve une certaine action, une certaine conduite, une certaine
85
ment que possible : It’s unamerican, ce n’est pas
américain
. Nationalisme, direz-vous. Oui, mais non pas à la manière européenne.
86
manière européenne. Car la phrase « ce n’est pas
américain
» ne veut pas dire : c’est contraire à l’honneur en soi, à la morale
87
s le sens de l’idéal commun vers quoi tendent les
Américains
, et qui les fait devenir vraiment Américains, quelles que soient par
88
les Américains, et qui les fait devenir vraiment
Américains
, quelles que soient par ailleurs leurs origines. On ne se réfère pas
89
ttendent de ce pays, plus digne du mythe, du rêve
américain
. Voici donc un nationalisme « ouvert » et pour qui la nation est en a
90
e, ce qu’il y a de rassurant dans le nationalisme
américain
, c’est qu’on y sent une volonté d’élargissement, une soif de proposer
91
ppliqués à l’échelle mondiale. Ici l’impérialisme
américain
vient se confondre, pratiquement, avec le rêve d’une communion planét
92
Je me borne à marquer une différence capitale : l’
Américain
n’insiste pas, quand on ne l’aime pas — comme en Europe — ou simpleme
93
onc pour l’Europe les dangers de cet impérialisme
américain
? J’entends d’ici nos méfiants à moustaches et à cols durs : le comme
94
éfiants à moustaches et à cols durs : le commerce
américain
va nous submerger et détruire nos coutumes d’économie paysanne ; on a
95
sera notre faute et non pas celle de l’industrie
américaine
, qui aura mis dans un coin de nos cuisines ces appareils où tout resp
96
u’on la mette dans la glace. De même, le commerce
américain
ne peut nous submerger qu’au moyen de produits que nous aurons bien v
97
x. De même encore, la « sottise humanitaire » des
États-Unis
nous a fait moins de mal, semble-t-il, que « l’intelligence » inhumai
98
en Europe « l’américanisme » n’est pas un danger
américain
, mais européen. Je veux dire par là que si un homme devient l’esclave
99
nes qui vitupèrent l’impérialisme commercial de l’
Amérique
, d’une part, et qui se plaignent de ce que l’Amérique ne leur vende p
100
ique, d’une part, et qui se plaignent de ce que l’
Amérique
ne leur vende pas assez de blé, d’autre part. Quand l’Amérique envoie
101
eur vende pas assez de blé, d’autre part. Quand l’
Amérique
envoie, on parle d’impérialisme ; quand elle n’envoie pas, on parle d
102
s insister sur ce point. Ceux qui se méfient de l’
Amérique
, en Europe, l’accusent à la fois d’être là et de n’être pas là. Quand
103
rendre. Ce qu’on voudrait en somme, c’est que les
Américains
interviennent quand les choses vont très mal — par notre faute — et q
104
contradiction dans les jugements européens sur l’
Amérique
. On n’a pas épargné les critiques à la politique d’occupation américa
105
épargné les critiques à la politique d’occupation
américaine
en Allemagne : ils sont trop doux, ils sont naïfs, ils ne comprennent
106
nts d’avoir fait quelques gaffes à la Patton, les
Américains
donnent des signes de leur envie de s’en aller. Mais aussitôt : ah !
107
en va de même pour l’occupation du Japon. Si les
Américains
s’installent solidement : voyez ces impérialistes ! S’ils se montrent
108
À ce propos j’entendais l’autre jour un diplomate
américain
parler de l’attitude hostile des Soviétiques à l’égard de toutes les
109
d’isolationnisme et d’impérialisme, la politique
américaine
hésite parfois. D’autant plus qu’il existe bel et bien aux États-Unis
110
rfois. D’autant plus qu’il existe bel et bien aux
États-Unis
des factions isolationnistes et des factions impérialistes, et que ce
111
is tout à l’heure. Cette timidité de la politique
américaine
me paraît beaucoup plus dangereuse, pour l’Europe, que cet impérialis
112
e je récidive à propos cette fois-ci de l’exemple
américain
? Je tiens compte des difficultés que rencontrent aujourd’hui les jou
113
sions aisément applicables. ⁂ Les grands journaux
américains
admettent dans leurs colonnes l’exposé de points de vue contradictoir
114
lons-nous faire ? ⁂ Ce n’est pas que les journaux
américains
craignent la discussion violente, la dénonciation personnelle ou le s
115
qui pose chaque jour aux rédacteurs d’un journal
américain
, en plus des problèmes d’un grand quotidien, le problème d’une volumi
116
faudrait être à Paris pour comprendre. Je suis en
Amérique
, que voulez-vous ! Et les Américains ne comprennent pas non plus. — V
117
re. Je suis en Amérique, que voulez-vous ! Et les
Américains
ne comprennent pas non plus. — Vous savez bien, leur dis-je, qu’il s’
118
est qu’une dépêche de Paris par un correspondant
américain
, qui occupe chaque matin une ou deux colonnes de son journal, en appr
119
nnent ici en tombent d’accord. ⁂ Le correspondant
américain
à l’étranger est une espèce humaine bien définie. Hollywood en a fait
120
mocratie aux sadiques de la Gestapo, et rentre en
Amérique
avec une belle fiancée. Rabattons-nous à la réalité : il s’agit d’un
121
peu, une réputation lucrative : à ses passages en
Amérique
, entre deux missions, on le fait parler à la radio, on lui donne des
122
à expliquer, il tend à l’essai. Le correspondant
américain
cherche à faire voir, il tend au roman. Sa gloire et son statut socia
123
rands romanciers de ce pays. « Journaliste », aux
États-Unis
, ne sera jamais une épithète dépréciative, bien au contraire. ⁂ Trois
124
s. Enfin, vous ne trouverez pas dans les journaux
américains
cet héritage inexcusable de la presse du siècle dernier, que nous app
125
ns leurs brutalités stéréotypées, voilà les films
américains
au lendemain de la guerre. Les critiques, les échos de presse, et mêm
126
s moutons de Hollywood. Je ne vois qu’un homme en
Amérique
, qui ait su tirer du cinéma quelques-uns des moyens d’expression radi
127
ais goût me paraît irrémédiable, étant celui de l’
Américain
moyen en matière d’art et surtout de peinture. (La fin de Fantasia, s
128
omme il s’en envoie des millions à chaque Noël en
Amérique
.) Mais il a le secret de ce rythme endiablé, cette ingéniosité foison
129
le succès personnel ou la rareté. L’écrivain aux
États-Unis
vit dans une sorte de vide social. Il évolue entre la réalité de tous
130
ogue assez complet de ce qui peut compter, hors d’
Amérique
, dans la littérature américaine. Tout le reste est promesses, ou best
131
eut compter, hors d’Amérique, dans la littérature
américaine
. Tout le reste est promesses, ou best-sellers. Cette dernière express
132
tte dernière expression domine le marche du livre
américain
. Un best-seller, c’est un auteur (ou son produit) qui se vend à quelq
133
qu’on pourrait appeler le mouvement littéraire en
Amérique
. Exemples : MacLeish et Steinbeck, frappés d’ostracisme par les jeune
134
s proches d’un public influent. Mais le phénomène
américain
qui mérite tout notre intérêt d’explorateur reste à n’en pas douter c
135
uisse rêver un écrivain. Jamais on n’a tant lu en
Amérique
— les guerres font lire, entre autres conséquences — et jamais on n’a
136
cès. Et les éditeurs le savent bien. Or l’éditeur
américain
n’est pas « un monsieur qui aime les livres parce qu’il n’en écrit pa
137
est clair que la seule influence bénéfique que l’
Amérique
puisse subir, sur ce plan, est celle de l’édition européenne, des édi
138
ent ce qu’ils aiment… (Je sais bien que les vices
américains
pouvaient être observés avant la guerre, chez nous aussi, mais à une
139
lturelle. Car si le public des « petites revues »
américaines
, qui tirent à deux ou trois-mille exemplaires, n’ignore rien de la de
140
en France, à un ou deux noms près, les écrivains
américains
que j’ai cités, et beaucoup d’autres qui le méritent moins. Mais le f
141
itent moins. Mais le fait est que le grand public
américain
sait peu de choses de nos bons écrivains. De la France, il retient qu
142
écrivains français amenés à vivre et à publier en
Amérique
par les hasards de la guerre ou d’une mission. Mais on ignore sereine
143
nce intellectuelle ? Esquisse d’une rhétorique
américaine
I Je venais d’arriver à New York. « Ne prenez pas la peine d’écrir
144
me dit l’un de nos écrivains les plus célèbres en
Amérique
, vendez-leur une idée et votre nom. » Il contait l’anecdote suivante
145
’il existait dans les revues et chez les éditeurs
américains
des personnages nommés re-writers ou editors, dont toute l’activité c
146
ncipe même du rewriting avec un jeune journaliste
américain
. Il avait lu ma lettre et souriait sans mot dire. Je sentis qu’il tro
147
traint de le faire, je pense, pour expliquer à un
Américain
les procédés de votre rhétorique française : le discours en trois poi
148
rs, un grand livre à mon sens, et le premier où l’
Amérique
d’aujourd’hui se reconnaisse, critiquée et jugée d’un point de vue im
149
tiquée et jugée d’un point de vue impitoyablement
américain
… Mais je ne vois pas de novateurs, non, pas un seul depuis Faulkner.
150
nt à juger barbare, sans examen, la préoccupation
américaine
d’immédiate efficacité. Mais, en retour, l’Américain jugera vaines et
151
icaine d’immédiate efficacité. Mais, en retour, l’
Américain
jugera vaines et vaniteuses nos précautions logiques, nos excuses au
152
, c’est de durer par une forme achevée. Mais si l’
Américain
écrit, c’est pour agir : il acceptera donc sans douleur d’amour-propr
153
s présent. Ici encore les procédés du journalisme
américain
fournissent l’un des secrets de l’art du roman qu’illustra la générat
154
fait que, dans le jargon des salles de rédaction
américaines
, un reportage s’appelle une « histoire », qu’il s’agisse d’un divorce
155
en une formule, en une maxime, en un proverbe. L’
Américain
cherche au contraire à « réaliser » le réel, à nous y enfoncer, et pe
156
. Au désir de « réaliser » répondent le reportage
américain
et le roman. Et c’est pourquoi l’information, dans le sens large que
157
r, compte davantage que le jugement aux yeux de l’
Américain
moyen et de l’écrivain qui se propose de l’atteindre. Peut-être oubli
158
n’être point compris, peu lu, ou refusé. L’auteur
américain
, et pour d’autres raisons le soviétique, et d’une manière plus généra
159
es, enfin par le spectacle de leurs cultes. Les
États-Unis
ont été fondés par des groupes successifs de colons, la plupart exilé
160
rejetés par l’Europe, et qui venaient chercher en
Amérique
la liberté de célébrer leur culte. Ils y trouvèrent aussi la possibil
161
gieux de leur civisme. La structure politique des
États-Unis
reflète encore, de nos jours, le jeu complexe de ces apports confessi
162
nt, avec les apports nationaux. C’est ainsi qu’un
Américain
qui appartient à l’Église réformée a bien des chances d’avoir des anc
163
onstitués, discrètement archéologiques. Le peuple
américain
— est-il puéril ou sain ? — adore plus que tout autre les costumes et
164
vie publique J’ai fait une découverte sur les
États-Unis
: c’est qu’il n’est pas de pays moderne où la religion tienne dans la
165
en pour s’en étonner, me dit-on. De fait, pour un
Américain
qui connaît tant soit peu son histoire, rien n’apparaît plus naturel.
166
resque. tous les bons observateurs européens de l’
Amérique
. Ouvrez le New York Times : vous y trouverez, le samedi, deux grandes
167
tre de prudences aussi, que l’on n’imagine pas en
Amérique
… Cherchant à louer une maison, je parcours les annonces. J’en trouve
168
de cultes. En tête : « Préservez votre privilège
américain
: allez au culte de votre paroisse. » Certes, l’on peut sourire de la
169
ns les paroisses. Devenir membre d’une Église, en
Amérique
, c’est aussi trouver un milieu social, des amis, des appuis matériels
170
eur sens à certains incidents de la vie politique
américaine
. Imaginez, par exemple, le gouverneur d’un des grands États de l’Unio
171
t. Le choix de lord Halifax comme ambassadeur aux
États-Unis
est particulièrement approuvé, parce que, dit-on, sa piété profonde l
172
nt essentiels à la compréhension de la démocratie
américaine
. Il est important de savoir que les grandes cérémonies civiques et po
173
t, bref de toutes les grandes causes publiques en
Amérique
, vous trouverez une église ou des pasteurs, plus dynamiques au nom de
174
rai-je, et voilà bien le mystère du christianisme
américain
. Tout acte civique, social, moral, jugé conforme au bien du plus gran
175
ur jouir du paradis terrestre que pourrait être l’
Amérique
, si seulement tous ses habitants se décidaient à mener une vie « déce
176
de Dieu, un martyr — un pécheur ! Cependant, ces
Américains
répètent le Credo chaque dimanche à haute voix tous ensemble et debou
177
de parler en général de 65 millions de chrétiens
américains
, j’entends de membres inscrits d’une paroisse, dont 40 millions de pr
178
ose à un esprit européen le spectacle des églises
américaines
. Ou bien l’église va dans le siècle, l’organise, et tend à se confond
179
rkegaard, précisément, est entièrement traduit en
Amérique
, et que j’ai trouvé partout des étudiants — non seulement chez les th
180
IIIVie privée La guerre des sexes en
Amérique
Le flirt en public (outdoor love-making) vient d’être interdit à
181
ime avec un grain d’humour l’attitude de la jeune
Amérique
vis-à-vis du problème des sexes. Si vous tenez entre vos mains ce tex
182
que je voudrais dégager d’un séjour de six ans en
Amérique
. Les mœurs sexuelles de l’Europe peuvent être définies comme un jeu t
183
ègles sans les détruire. Les mœurs sexuelles de l’
Amérique
ne sont point si faciles à définir. Comment expliquer le contraste en
184
et de l’importance de la sexualité. Tandis qu’en
Amérique
nous trouvons deux morales également admises, semble-t-il, l’une fait
185
ai de décrire. De la passion Je pense que l’
Amérique
en tant qu’américaine ignore le phénomène que nous nommons passion. J
186
la passion Je pense que l’Amérique en tant qu’
américaine
ignore le phénomène que nous nommons passion. J’écrivais dans un livr
187
stiné par un acte divin. » Ces lignes, écrites en
Amérique
, trahissent une critique inconsciente de l’atmosphère du Nouveau Mond
188
u Nouveau Monde : elles en peignent le négatif. L’
Américain
paraît peu doué pour les raffinements spirituels, peu capable de conc
189
rande densité de la vie. Comme on demandait à une
Américaine
intelligente si le suicide par amour existait aux États-Unis : non, d
190
intelligente si le suicide par amour existait aux
États-Unis
: non, dit-elle, si nous nous suicidons au lendemain d’une rupture ou
191
ue le business comme nous disons). Le mariage à l’
américaine
est une institution d’un type nouveau. Il se fonde sur l’égalité écon
192
es se multiplient dans une cuisine et un sous-sol
américain
, c’est justement pour libérer la femme des soucis qui l’absorbent che
193
e, pour la plus grande satisfaction des hommes. L’
Américaine
a renversé le rapport des forces. C’est le mari qui peine pour payer
194
s — ou d’en écrire. Regardez maintenant le couple
américain
au restaurant ou dans un train. Vous verrez une femme très soignée —
195
ofondément dans la psychologie et dans l’économie
américaine
. On assure que les femmes possèdent plus des trois quarts de la fortu
196
ent plus des trois quarts de la fortune privée en
Amérique
, soit que le système de l’héritage les favorise, soit qu’elles montre
197
ent. Mais c’est dans la psychologie de la famille
américaine
que le statut royal de la femme a ses bases vraiment profondes. Et ce
198
cer le « momisme » comme la Gorgone du matriarcat
américain
. « Mom est partout, elle est tout et dans tous, et d’elle dépend le r
199
tout et dans tous, et d’elle dépend le reste des
États-Unis
. Déguisée en bonne vieille Mom, chère vieille Mom, votre Mom aimante,
200
, dit-on, sait occuper les mains oisives. La mère
américaine
, libérée des travaux qui la maintiennent ailleurs dans les limites de
201
ucune autre. Dans la femme qu’il épouse, le jeune
Américain
, inconsciemment, cherche la mère. Il la sert, elle l’endort et le sem
202
rnée d’un couple bourgeois, dans une grande ville
américaine
, ménage peu de contacts entre mari et femme, et sans doute n’en souff
203
ans les alcools. Tout se passe comme si l’homme d’
Amérique
n’avait qu’un goût modéré pour la femme, dont il ne serait que la con
204
ui offrent le plus de garanties contre le divorce
américain
. Du divorce Les statistiques établissent qu’aux États-Unis l’on
205
Du divorce Les statistiques établissent qu’aux
États-Unis
l’on divorce davantage que dans tout autre pays du monde, Suède compr
206
t différente. Aux yeux des intéressés, le divorce
américain
ne saurait être, comme chez nous, la douloureuse rupture d’une longue
207
dont la rupture du couple entraînera la perte. En
Amérique
, tout cela pèse bien peu au regard des chances de repartir à neuf, de
208
vent les jambes : divorce accordé. La loufoquerie
américaine
se donne libre carrière dans ce domaine, comme si elle excusait tout
209
’incline à croire que la facilité avec laquelle l’
Américain
divorce, révèle que ses mariages manquent de sens et de sérieux. Il n
210
reviens à ma première définition : le divorce à l’
américaine
est considéré avant tout comme la mise en ordre de deux vies. Derrièr
211
re offrir à l’Opinion une façade de normalité. En
Amérique
, on se refuse à cette hypocrisie sociale. Le premier accroc fait par
212
, du séjour et des avocats. L’hygiène morale de l’
Amérique
ne tolère pas dans un foyer les miasmes d’une situation irrégulière,
213
t-être, en fin de compte, le phénomène du divorce
américain
. De la sexualité Je mets en fait que le puritanisme, hérésie mo
214
ienne, et transplantée dans toute sa virulence en
Amérique
, détermine de nos jours encore les mœurs sexuelles du Nouveau Monde.
215
n ou d’ascendance puritaine ne représente plus en
Amérique
qu’une infime minorité. Boston, son ancienne citadelle, est aujourd’h
216
t naturalisés. On leur inculque à tous qu’être un
Américain
, c’est être un homme « décent » ; et comme je demandais à quelques ét
217
trouver trace de ce qu’il nommait libertinage. L’
Américain
, me semble-t-il, n’est pas vicieux. Il est moral ou sans morale, mais
218
eau de la culture. Puritain ou émancipé, le jeune
Américain
semblerait un peu fade à nos romanciers de l’amour. Il reste chaste o
219
les deux romans européens les moins pensables en
Amérique
seraient sans doute Adolphe et Les Liaisons dangereuses. Ajoutons-y l
220
livre. Mais il me paraît vain de l’écrire, car l’
Amérique
est en pleine transition, à cet égard plus qu’à tout autre. Il convie
221
s sont par nature discutables. Certains critiques
américains
déclarent que la jeunesse de leur pays est sex-obsessed, mais il se p
222
lus intéressant de l’évolution actuelle des mœurs
américaines
, c’est qu’on y pressent un avenir qui sera sans doute celui de la Rus
223
ble qu’au contraire de ce que pensent la jeunesse
américaine
et ses censeurs de plus en plus timides, la violence primitive et la
224
» limites, fixées par le Comité Hays, — le jeune
Américain
, s’il trouve une voie saine et quelques disciplines praticables, sera
225
péciale. Or c’est bien ce qu’il pense être, étant
Américain
. Je ne l’observe pas sans inquiétude ; non plus sans beaucoup d’amiti
226
er traduirait trop faiblement ce terme courant en
Amérique
, même dans la bouche des prédicateurs qui le dénoncent. 4. Sauf dans
227
IVConseil à un Français pour vivre en
Amérique
1.Comment on entre en Amérique Tous les Américains, sauf les I
228
pour vivre en Amérique 1.Comment on entre en
Amérique
Tous les Américains, sauf les Indiens, seuls « premiers possesseur
229
ue 1.Comment on entre en Amérique Tous les
Américains
, sauf les Indiens, seuls « premiers possesseurs du bois et du rocher
230
étermineront le cours du siècle, la Confédération
américaine
et la Confédération soviétique, sont aujourd’hui ceux qui paraissent
231
, mais cela ne suffit pas. N’oubliez jamais que l’
Amérique
est un pays d’immigration, non de tourisme. Elle exige, quand vous y
232
déologiques, et physiologiques. Trouvez donc deux
Américains
qui s’engagent à vous entretenir en cas de besoin. Rassemblez vos act
233
i vous examinera au port. (C’est ce que le Consul
américain
omet le plus souvent de vous indiquer.) L’Immigration Service est un
234
vous un usager décent des libertés et servitudes
américaines
, si l’on omet de vous donner les moyens de pénétrer l’âme du pays. C’
235
raité : Ce qu’il ne faut plus dire ni penser de l’
Amérique
Mettez sur votre liste noire un certain nombre de lieux communs qu
236
rs en France, et que plusieurs récitent encore en
Amérique
après des années de séjour. En Amérique, tout se ressemble : vous tr
237
ncore en Amérique après des années de séjour. En
Amérique
, tout se ressemble : vous trouverez partout le même drugstore, le Coc
238
lage, les mêmes apéros, et la même grand-rue ? Un
Américain
pourrait le dire. Un Blanc débarquant en Chine ne manque jamais de re
239
’ordonnance géométrique des rues. Et le reste des
États-Unis
! Drugstore à part (et ces magasins clairs, où l’on peut s’asseoir au
240
ien que de plaisant) les différentes régions de l’
Amérique
se ressemblent bien moins entre elles que la Nouvelle-Angleterre, par
241
yant rentrer chez soi. Tout d’abord, les cottages
américains
, en bois blanc, entourés de gazon, et qui vous accueillent par une al
242
ieur par le confort, je n’ai jamais observé qu’un
Américain
, même saoul, ne reconnaisse pas son porch, sa large cheminée de briqu
243
oui. Partout ailleurs, dans la vie quotidienne, l’
Américain
est plus lent que le Français. L’homme d’affaires arrivé se reconnaît
244
nnaît pas seulement dans la manière de danser des
Américains
, mais dans leur démarche, dans leur manière de prendre la vie, tantôt
245
ne se bouscule pas pour sortir. C’est la lenteur
américaine
qui agacera le Parisien. Leur matérialisme. Ils attachent beaucoup p
246
pensent que vous manquez d’idéalisme. Hypocrisie
américaine
. L’expression suppose que les Américains seraient notablement plus hy
247
pocrisie américaine. L’expression suppose que les
Américains
seraient notablement plus hypocrites que les Européens. Or s’il exist
248
éfaveur. Par tradition, éducation et situation, l’
Américain
est l’un des êtres les plus ouverts et les plus francs de la planète.
249
l’hypocrisie, et de nos mœurs. Quant à l’attitude
américaine
vis-à-vis de la question sexuelle — mais c’est bien à cela que vous p
250
idéaux tout faits doive exclure l’autre. L’élite
américaine
a su les combiner, peut-être mieux que l’élite européenne, sans toute
251
délicates fantaisies. Quant au citoyen moyen des
États-Unis
, il tend de plus en plus à nous considérer comme des gens à qui l’on
252
elques points de comparaison entre les mœurs de l’
Amérique
et de l’Europe. Les jugements de la morale courante, et non les lois
253
entons ici un catalogue rapide des standards de l’
Américain
, que nous supposerons moyen pour l’occasion. Il est vrai que l’homme
254
ois de plus. Et cela se raconte chez les amis. En
Amérique
, je ne sais si l’on triche moins, mais je sais qu’on ne s’en vante ja
255
moins, mais je sais qu’on ne s’en vante jamais. L’
Américain
moyen se plaint beaucoup des mille complications de sa feuille d’impô
256
t gratuitement dans tous les bureaux de poste des
États-Unis
, le jour de l’échéance.) Il achète, en réglant ses taxes, une bonne c
257
vées. L’argent en général. — Tout le monde, en
Amérique
, en parle ouvertement. C’est qu’on n’y attache aucune pudeur. Et ce n
258
L’homme d’affaires. — Il prouve son succès, en
Amérique
par le calme olympien qui baigne ses bureaux. C’est un homme qui a to
259
ion créatrice ? La religion. — Dans un village
américain
, si vous ne faites partie d’aucune église, ce qui est autant dire d’a
260
guère lentement à une espèce de respectabilité. L’
Américain
moyen, l’Américaine surtout, considère, au contraire, que la durée d’
261
ne espèce de respectabilité. L’Américain moyen, l’
Américaine
surtout, considère, au contraire, que la durée d’une affair mesure sa
262
Je crois qu’à cet égard les jugements moraux de l’
Américain
sont exactement inverses des nôtres. Le sauteur est bien vu, ou n’est
263
nouveau mariage. Entre ou sors ! dit sans cesse l’
Amérique
, qu’il s’agisse de visas ou de questions sentimentales. Et c’est peut
264
de métier, d’épouse, d’appartement. — Bien vu en
Amérique
. Mal vu chez nous. On dit là-bas : il sait ce qu’il veut, et il pours
265
sur le bilan de son passé. Passe-droits. — Les
Américains
vous apprendront, par voie de fait s’il est besoin, à ne jamais coupe
266
équivalence des deux jugements dans l’esprit d’un
Américain
.) Grâce à quoi les mesures décrétées par l’État peuvent jouer. Chacun
267
vingt ans qui se donnaient encore du Monsieur. L’
Américain
apprend votre prénom avant d’avoir bien compris votre nom, plus souci
268
en écrire. — Il arrive très souvent qu’un éditeur
américain
réponde à l’écrivain qui lui a soumis un manuscrit : « Votre livre es
269
ne vais pas la publier. » Pourquoi ? Parce que l’
Américain
ne demande pas d’abord qu’un livre soit bon en soi, mais qu’il soit e
270
admiré. Et l’on se demande : va-t-elle durer ? L’
Américain
, lui, se demande : va-t-elle se vendre ? Applique-t-elle la recette d
271
naient de tirer une invisible fermeture éclair. L’
Américain
s’ouvre, au contraire, comme sa bouche sur des dents éclatantes, et c
272
s À la deuxième rencontre, ou tout de suite, l’
Américain
vous dit votre prénom, vous raconte sa vie sentimentale et l’état de
273
rançais, de Montaigne à Paul Valéry. Tandis qu’en
Amérique
, il vous arrive souvent de vous sentir seul au monde en connaissant t
274
vaises fortunes, par chance… Le sourire large des
Américains
dissimule leur vraie tragédie : la solitude. 6.Comment ils s’uniss
275
sous-partis, tendances et nuances politiques. En
Amérique
, il y a les républicains et les démocrates, c’est simple ; mais il y
276
s ou naguère par des réfugiés religieux. Mais les
Américains
changent facilement d’église, selon leur domicile ou leur cercle d’am
277
et les récits de la Résistance pour que certains
Américains
pressentent enfin que la France est le pays du sérieux sobre, de l’in
278
sur la laïcité ou les écoles confessionnelles. L’
Américain
lui, passe encore en Europe pour un Anglo-Saxon puritain du type dyna
279
as la jalousie. Le « réalisme terre-à-terre » des
Américains
dans ce domaine, présente un tel contraste avec les mœurs des Europée
280
se remonte même si rapidement qu’elle bat déjà l’
américaine
sur le terrain le plus favorable à cette dernière. Mais tout compte f
281
l exemplaire. Et pendant qu’on le construisait, l’
Amérique
a produit quelques milliers d’appareils plus lourds et plus lents, qu
282
ente sans relâche, et cent fois plus que le génie
américain
; mais aussitôt il généralise son invention, son prototype ; c’est à
283
d’avance, et passe à l’invention suivante. Vue d’
Amérique
, l’Europe apparaît comme une petite région de la planète proprement s
284
te par la densité de ses inventions, tandis que l’
Amérique
vue d’Europe stupéfie par sa production standardisée. C’est que l’Eur
285
vite et supporte moins de s’ennuyer. Tandis que l’
Américain
se contente plus longtemps des mêmes idées, des mêmes types d’apparei
286
ou par les Suisses ou par les Hollandais. Mais en
Amérique
, on copie le gothique, tant pour les églises que pour les universités
287
hollandais ou espagnol… Par contre, les cottages
américains
ont infiniment plus d’originalité, de diversité et d’élégance, que le
288
es. 10.Comment ils sont scrupuleux ou non L’
Américain
ne pardonne pas une erreur de 2 cents dans un compte, mais se trompe
289
entends vis-à-vis de l’État. Quand vous entrez en
Amérique
, on vous demande de remplir des questionnaires comportant des questio
290
octrines tendant au renversement des institutions
américaines
? » Vous pouvez répondre que vous êtes alcoolique et anarchiste, on v
291
n Service, déjà nommé, institution spécifiquement
américaine
dans ce sens qu’on n’en connaît point ailleurs l’équivalent, et cepen
292
endant bien faite pour exciter l’indignation de l’
Américain
moyen s’il en soupçonnait les coutumes. Ce qui ne risque guère de se
293
le Japonais, ni par esprit quasi sportif comme l’
Américain
, mai par une sorte de fatalisme inconscient. (Je ne parle pas du héro
294
s des siècles, et qu’on ne peut pas y échapper. L’
Américain
, bien au contraire, considère la souffrance et la mort comme des acci
295
avancent sous le feu de l’ennemi, tandis que les
Américains
s’assurent d’abord — quitte à payer le prix qu’il faut en matériel —
296
se nourrit de sacrifices. Tandis que le bon sens
américain
trahit une certaine ignorance des conditions premières de la vie spir
297
’ignorer ? 13.Comment vous réussirez ou non en
Amérique
L’Américain moyen vit encore sur l’idée qu’il a tout comme un autr
298
13.Comment vous réussirez ou non en Amérique L’
Américain
moyen vit encore sur l’idée qu’il a tout comme un autre sa chance de
299
l’exporte. Vous pensez donc, quand vous entrez en
Amérique
, que c’est là que se cachait cette fortune qu’un juste sort vous doit
300
lure qu’on attribue chez eux à l’homme d’affaires
américain
. Soyez calmes, sans froideur mesquine, n’essayez pas d’en imposer. Su
301
cret des banques.) Sur le chapitre de l’argent, l’
Américain
n’est point naïf, ni hâbleur. Il est exact et réaliste, exempt de nos
302
ni les choses, mais vous seul : alors vous serez
Américain
, et vous aurez une chance de réussir. Aux femmes de toute condition q
303
oute condition qui débarquent dans leur pays, les
Américains
recommandent : prenez un avocat, un docteur, un dentiste, un compte e
304
qui s’empare des Européens après quelques mois d’
Amérique
, précisons : de grande ville américaine. Les mesures ont changé autou
305
ques mois d’Amérique, précisons : de grande ville
américaine
. Les mesures ont changé autour d’eux. Les cadres sociaux n’y sont plu
306
r même leurs dates de naissance. 15.Comment un
Américain
moyen juge la France Au lendemain de la démission d’un énième cabi
307
n de la démission d’un énième cabinet à Paris, un
Américain
me disait : — En France, n’importe quel problème d’ajustement économi
308
e dissout. C’est ainsi que de 1942 à 1946, l’État
américain
a contrôlé les prix, la répartition de la main-d’œuvre aux entreprise
309
oires. Ce qui veut dire que pendant quatre ans, l’
Amérique
a « nationalisé » (ou plus exactement étatisé) toute son industrie et
310
éprisantes. Nous sommes adultes. 16.Comment un
Américain
moyen voit le monde Quels sont, se dit-il, les pays qui marchent l
311
es trois idéaux. Et je ne les vois réalisés qu’en
Amérique
. 17.Comment l’Europe peut aider l’Amérique Comme je m’en veux d
312
’en Amérique. 17.Comment l’Europe peut aider l’
Amérique
Comme je m’en veux de chacun de mes articles trop favorables ou tr
313
articles trop favorables ou trop critiques sur l’
Amérique
! Car le contraire, chaque fois, peut aussi être vrai. Car ces rêveur
314
t qu’on l’éprouve.) Or justement, la civilisation
américaine
souffre d’une grave incohérence interne. Mais je vois bien que je n’a
315
s que l’Europe seule peut opposer ou proposer à l’
Amérique
. Cinq choses témoignent de l’esprit et de sa présence active dans une
316
éer. La réduction du fait à une signification. L’
Américain
croit aux faits, dur comme fer. Il les réduit d’ailleurs en chiffres
317
els malheurs historiques un réveil spirituel de l’
Amérique
ne pourrait pas lui épargner ? Si l’Europe peut y contribuer, elle au
318
e aura bien mérité de la planète. 18.Comment l’
Amérique
peut aider l’Europe Seuls, les Européens — je connais leurs comple
319
is leurs complexes — trouveront trop dures pour l’
Amérique
les quelques pages qui précèdent. L’Amérique a les reins solides. Ell
320
ur l’Amérique les quelques pages qui précèdent. L’
Amérique
a les reins solides. Elle a, sur tout autre pays que je connaisse, l’
321
orce. Qui n’a pas lu les éreintements de l’esprit
américain
auxquels se livrent avec exubérance les revues et les journaux améric
322
ivrent avec exubérance les revues et les journaux
américains
ne sait pas ce que c’est que la confiance en soi. Ceci dit, je me ret
323
ne vous contentez pas d’appeler périodiquement l’
Amérique
à votre secours, quitte à la mépriser sitôt le travail fait. Sachez q
324
la mépriser sitôt le travail fait. Sachez que les
Américains
ont beaucoup mieux à nous donner que des frigidaires, des capitaux et
325
ivre. 5. Les grands et petits transatlantiques
américains
et français ont tous été transformés pendant la guerre en transports
326
Épilogue La route
américaine
L’Européen parle parfois de sa conception de la vie ; l’Américain (
327
péen parle parfois de sa conception de la vie ; l’
Américain
(l’Anglais aussi) de son way of life, littéralement : de sa route de
328
ouvement. C’est pourquoi je prendrai les routes d’
Amérique
comme un symbole du rêve et de la volonté du Nouveau Monde. On croyai
329
à Wall Street. Un grand malaise étreignait l’âme
américaine
, prise de nausée dès qu’elle ressent l’approche d’une limite infranch
330
re des routes. Depuis quinze ans, les autostrades
américaines
allongent sans répit leur ruban de béton, semblables à la trace d’un
331
anger de régime pour le réaliser. Les autostrades
américaines
ne sont pas une réclame politique, ni même un expédient pour lutter c
332
n de prison… ou les deux ensemble… Dieu bénisse l’
Amérique
… » Je ferme les yeux et j’écoute le grondement sourd des pneus qui mo
333
elphie et Baltimore. La vitesse rétrécit l’espace
américain
; les routes de la vitesse lui créent enfin des cadres. Quand cette s