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etit cap de l’Asie ». Aujourd’hui l’Europe, vue d’
Amérique
, et j’imagine aussi, vue de Russie, paraît plus petite que nature : p
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semble avoir évacué l’Europe pour émigrer vers l’
Amérique
et la Russie. C’est une notion qui s’étiole chez nous d’autant plus v
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le libéralisme politique, qui ont fait fortune en
Amérique
, venaient d’Europe ; comme en venaient le matérialisme dialectique, l
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tous les barrages de douanes ou de coutumes que l’
Amérique
ne connaît pas. Et de même le progrès social s’est vu bridé et contra
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s, par leur masse, le colosse russe et le colosse
américain
, et malgré toutes les tentations que représentent leurs succès littér
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es machines et par ses capitaux. Mais voici que l’
Amérique
et la Russie viennent de lui ravir coup sur coup les machines et les
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et les grands hommes d’affaires regardent vers l’
Amérique
. À tort ou à raison — je n’en juge pas ici — ils s’imaginent que ces
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e contente d’un double refus de la Russie et de l’
Amérique
, se résigne à la décadence, ou la déplore mais sans faire mieux. Je n
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rs, quand ils se demandent si c’est l’Europe ou l’
Amérique
qu’il leur faut souhaiter pour leurs enfants. Car nous pensons à notr
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comme à un « Vaterland », pays des pères, mais l’
Amérique
, ou la Russie, ne serait-ce pas ce « Kinderland » qu’appelait Nietzsc
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aint, le mystique, le martyr. Tandis que le héros
américain
ou russe sera l’homme le plus conforme au standard du bonheur, celui
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gonismes, de l’opposition créatrice, tandis que l’
Américain
et le Russe soviétique considèrent l’existence de l’opposition comme
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ique et abstraite entre l’Européen, d’une part, l’
Américain
et le Soviétique, de l’autre, je n’ai pas à chercher bien loin. Je pr
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xemple de l’entreprise qui nous rassemble ici. En
Amérique
, je pense que ces rencontres seraient un four, ou un flop, comme ils
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ait l’auditeur plus qu’elle ne l’intéresserait. L’
Américain
moyen demande une solution qu’il puisse appliquer en sortant, là où n
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banc des aveux spontanés. Et je ne dis pas que l’
Américain
et le Russe n’aient quelques bonnes raisons de se comporter ainsi, je
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préfère emprunter, pour un moment, à nos voisins
américains
leurs méthodes pragmatiques, et à nos voisins soviétiques leur sens a
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e rebelle aux planifications sur table rase que l’
Amérique
, et surtout la Russie — ces deux grandes plaines d’un seul tenant — p
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souvent proposé cette petite parabole à mes amis
américains
« Vous croyez, leur disais-je, que le plus grand est nécessairement l
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aux crises économiques qui menacent constamment l’
Amérique
. Celle de 1930 eut pour effet de la réveiller, de l’humaniser, et par
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et c’est là mon espoir, que les Russes, comme les
Américains
, viendront s’enquérir auprès de nous des secrets de notre désordre et
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odernes, en verre et en ciment armé, tandis que l’
Amérique
en est encore à bâtir des églises en gothique neuf. C’est parce que
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anète unie ou la Bombe. Et je veux dire : Si les
États-Unis
et la Russie ne s’entendent pas, si la guerre atomique éclate, il n’y
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er au plus vite soit au bloc russe soit au dollar
américain
. Mais les seconds proclament qu’ils ne choisiront pas entre la peste
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, quand on compare le rôle de l’URSS et celui des
États-Unis
dans notre monde : c’est que nous avons chez nous un parti stalinien,
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ope : c’est qu’elle veut diviser pour régner. Les
États-Unis
, au contraire, poussent à la collaboration européenne, et surtout sur
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ns chaque pays sabotent notre reconstruction, les
Américains
la financent. Où faut-il donc chercher l’impérialisme ? Avouons qu’il
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frappant. En Russie, on liquide l’opposition, en
Amérique
elle est entièrement libre, et, mieux que cela : on en tient compte.
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res sans précédent dans les pays capitalistes. En
Amérique
, les ouvriers se mettent en grève et gagnent à peu près à chaque fois
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le pacte germano-soviétique. Tout au contraire en
Amérique
on dénonce l’injustice commise ou établie — par exemple le sort des N
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e est un bloc dans tous les sens du terme. Mais l’
Amérique
n’en est pas un, elle qui vise aux libres échanges, tolère les pires
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e et nous croit ses ennemis, et les esclaves de l’
Amérique
. Et tout le verbiage des communistes contre un prétendu « bloc améric
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erbiage des communistes contre un prétendu « bloc
américain
» n’a d’autre but que de masquer ce fait brutal : la Russie ne veut p
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ndre en nous jetant simplement dans les bras de l’
Amérique
. Non seulement nous ne le devons pas, mais c’est pratiquement impossi
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ns pas, mais c’est pratiquement impossible. Car l’
Amérique
n’a nullement l’intention de nous entretenir à grands frais comme des