1 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Le mythe de Tristan
1 malheur. Que ce malheur, selon la force de notre âme , soit la « délicieuse tristesse » et le spleen de la décadence, ou la
2 un même langage, et chantent peut-être dans notre âme la même « vieille et grave mélodie » orchestrée par le drame de Wagne
2 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Les origines religieuses du mythe
3 re et le Banquet d’une fureur qui va du corps à l’ âme , pour la troubler d’humeurs malignes. Ce n’est pas l’amour tel qu’il
4 e pas sans quelque divinité, ni ne se crée dans l’ âme au-dedans de nous : c’est une inspiration tout étrangère, un attrait
5 ur platonicien : « délire divin », transport de l’ âme , folie et suprême raison. Et l’amant est auprès de l’être aimé « comm
6 doctrines de Pythagore sur la transmigration des âmes à celles des druides sur l’immortalité. La mythologie comparée est la
7 nts. Par cette doctrine centrale de la survie des âmes , les Celtes s’apparentent aux Grecs. Mais toute doctrine de l’immorta
8 héennes, c’est la nature divine ou angélique de l’ âme , prisonnière des formes créées et de la nuit de la matière. Issu de
9 ple du sauveur Manès, dans l’hymne du Destin de l’ Âme . L’élan de l’âme vers la Lumière n’est pas sans évoquer d’une part la
10 nès, dans l’hymne du Destin de l’Âme. L’élan de l’ âme vers la Lumière n’est pas sans évoquer d’une part la « réminiscence d
11 de l’Amour ce n’est plus la passion infinie de l’ âme en quête de lumière, mais c’est le mariage du Christ et de l’Église.
12 spécialement de sa doctrine du mariage) dans les âmes où vivait encore un paganisme naturel ou hérité. Mais tout cela reste
13  », qui est l’Éros suprême, est l’élancement de l’ âme vers l’union lumineuse, au-delà de tout amour possible en cette vie.
14 est-à-dire Lucifer ou Satan. Celui-ci a tenté les âmes ou anges, en leur disant : « Qu’il leur valait mieux être en bas, où
15 ermettait que le bien. »33 Pour mieux séduire les âmes , Lucifer leur a montré « une femme d’une beauté éclatante, qui les a
16 t fondamental chez l’homme, même de nos jours.) L’ âme , dès lors, se trouve séparée de son esprit, qui reste au Ciel. Tentée
17 e de la Femme, appât du diable pour entraîner les âmes dans les corps. En retour (en revanche, dirait-on), un principe fémin
18 tiques. À la Femme instrument de la perdition des âmes , répond Marie, symbole de pure Lumière salvatrice, Mère intacte (imma
19 manifestation) et qui accueille l’hommage de son âme par un salut et un baiser. L’enfer étant la prison de la matière, Luc
20 ner que pour le temps que durera « l’erreur » des âmes . Au terme du cycle de leurs épreuves — comportant plusieurs vies, phy
21 naturel, corps, raison, facultés, désirs — donc l’ âme aussi. ⁂ La croisade des albigeois, conduite par l’abbé de Cîteaux, a
22 civilisation très raffinée dont ils avaient été l’ âme austère et secrète. Et cependant, de cette culture et de ses doctrine
23 à quoi lui peut servir De laisser en extase son âme ravir. La doctrine n’exigeait-elle pas qu’on mît fin à sa vie « non
24 ns le monde. (Ces deux « copains », seraient-ce l’ âme et le corps ? L’âme liée au corps, mais désirant l’esprit ? Mais souv
25 ux « copains », seraient-ce l’âme et le corps ? L’ âme liée au corps, mais désirant l’esprit ? Mais souvenons-nous aussi de
26 e : la part spirituelle de l’homme, celle que son âme emprisonnée dans le corps appelle d’un amour nostalgique que la mort
27 mystique fortement attestée dans la vie même des âmes . Essayons à nouveau de repérer, entre les pointes et les oscillations
28 mystique évident : « Ce que le corps me refuse, l’ âme me l’octroie » (par exemple, car il y a d’autres sens encore que celu
29 divine dont l’exaltation aboutît à la fusion de l’ âme et de la Divinité. Or le langage érotico-religieux des poètes mystiqu
30 s est construit sur l’allégorie du « Château de l’ Âme  » et de ses différents étages et loges. Dans l’une de ces loges habit
31 on, spectacle mystérieux ».) Dans le Château de l’ Âme habitent d’autres personnages allégoriques, tels que Beauté, Désir et
32 roi-chevalier. Nous retrouverons le Château de l’ Âme parmi les symboles préférés d’un Ruysbroek et d’une sainte Thérèse…
33 vanouissement des formes illusoires, l’union de l’ Âme et de l’Aimé, la communion avec l’Être absolu. Aussi Moïse est-il pou
34 nsi qu’au dernier confluent des « hérésies » de l’ âme et de celles du désir, venues du même Orient par les deux rives de la
35 rt du diable — ne saurait engager le salut de son âme  : « Point de péché au-dessous du nombril ! » précise un évêque dualis
36 ui répondissent au même désir profond, surgi de l’ âme collective. Il fallait « convertir » ce désir, tout en se laissant po
37 de la conscience et de l’expression lyrique de l’ âme , le Principe Féminin de la shakti, le culte de la Femme, de la Mère,
38 elle et physiologique, c’est-à-dire de l’exil des âmes captives dans la prison des corps. C’est ici le jugement de la morale
39 damnée en même temps que divinisée, l’effort de l’ âme pour échapper à l’inordinatio fondamentale du Siècle, à la contradict
40 ou même sans nom, le catharisme existait dans les âmes depuis bien plus longtemps que dans les textes « historiques ». On co
3 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Passion et mystique
41 on à l’aventure surnaturelle. C’est la quête de l’ âme pécheresse, c’est-à-dire blessée mortellement, qui renonce aux aides
42 tout semblait le préparer, c’est l’élection d’une âme par l’Amour tout-puissant, la vocation qui la surprend comme malgré e
43 ieurs siècles avant Novalis, que dans l’extase, l’ âme doit penser « comme s’il n’y avait que Dieu et elle au monde ». A-t-o
44 « parfaits ». C’est alors le contenu des états d’ âme et leur objet, mais non leur forme, qui diffère (Appendice 10). (Nous
45 lus la lumière et l’amour divin sont vifs, plus l’ âme se voit souillée et misérable en sorte qu’ « elle se figure être pers
46 ion provoque une souffrance si pénible, puisque l’ âme se croit rejetée par Dieu, qu’elle arracha à Job soumis à une semblab
47 a mortification des sens et de la volonté, mais l’ âme souffre séparation et réjection, dans le temps même de la plus vive a
48 citer cent pages où revient la même plainte de l’ âme sur « l’abandon divin, tourment suprême ». Sur « ce vide profond… cru
49 des trois sortes de biens qui peuvent consoler l’ âme , savoir les temporels, les naturels, et les spirituels » ; enfin, « s
50 aboutit au « mariage spirituel » de Dieu et de l’ âme , dès cette vie, tandis que l’hérétique espère l’union et la fusion to
51 rnation, et ne pouvaient connaître ce retour de l’ âme à une vie rénovée. « Je meurs de ne pas mourir », dit sainte Thérèse,
52 nt parfait : « Lorsqu’on mortifie les passions, l’ âme ne reçoit plus d’aliment des créatures ; et de cette façon, elle est
53 latonicien, sait dire en termes magnifiques que l’ âme pure est le lieu de rédemption des créatures dénaturées par le péché.
54 ystique unitive : il tend à la fusion totale de l’ âme et de la divinité. Le second courant peut être appelé celui de la mys
55 mystique épithalamique : il tend au mariage de l’ âme et de Dieu, et suppose donc qu’une distinction d’essence est maintenu
56 ent dans toutes les créatures, en tant que, par l’ âme du croyant, elles « passent de leur vie à leur être ». La confrontati
57 union, puisque, comme l’écrit ailleurs Eckhart, l’ âme reste l’âme, et Dieu reste Dieu103. L’acte d’amour spirituel est init
58 ue, comme l’écrit ailleurs Eckhart, l’âme reste l’ âme , et Dieu reste Dieu103. L’acte d’amour spirituel est initial, et non
59 uestion non plus d’union mais bien d’égalité de l’ âme et de Dieu : « Et cette égalité de l’un dans l’un et avec l’un est so
60 ne croit nullement que toute distinction entre l’ âme et Dieu puisse être abolie : l’âme ne peut se faire divine, mais seul
61 nction entre l’âme et Dieu puisse être abolie : l’ âme ne peut se faire divine, mais seulement semblable à Dieu. Elle contem
62 point qu’il importait de mettre en lumière. Si l’ âme peut s’unir essentiellement à Dieu, l’amour de l’âme pour Dieu est un
63 peut s’unir essentiellement à Dieu, l’amour de l’ âme pour Dieu est un amour heureux. On peut prévoir qu’il ne sera pas por
64 le langage de l’amour humain. » À l’inverse, si l’ âme ne peut s’unir essentiellement à Dieu, comme le soutient l’orthodoxie
65 odoxie chrétienne, il en résulte que l’amour de l’ âme pour Dieu est, dans ce sens précis, un amour réciproque malheureux. O
66 avait fait de son corps l’humble serviteur de son âme  ; plus d’obstacles à ses élans vers le Souverain Bien !… Se souvenant
67 œuvres de Dieu telles qu’ils les vivent dans leur âme . Et leurs silences furent plus réels que leurs paroles. Il ne s’agit
68 ’ils appellent « mariage » — cette communion de l’ âme élue et du Christ époux de l’Église. Mais la voie de l’homme séparé,
69 sion des rapports « malheureux » entretenus par l’ âme et son Dieu, qu’elle s’est plus complètement humanisée, c’est-à-dire
70 l’hérésie posait l’union possible de Dieu et de l’ âme , ce qui entraînait le bonheur divin et le malheur de tout amour humai
71 de leur ascension dans la liberté souveraine de l’ âme . Saint Jean de la Croix et Maître Eckhart disent en termes différents
72 ans le mariage spirituel, dit Jean de la Croix, l’ âme parvient à aimer Dieu sans plus sentir son amour. C’est un état d’ind
73 e dans un état d’extrême « désintoxication » de l’ âme . Dans la plus rigoureuse possession de soi-même. Et c’est alors que l
74 blimées. Le cycle de l’ascèse chrétienne ramène l’ âme à l’obéissance heureuse, c’est-à-dire à l’acceptation des limites de
75 . » 103. Fin du sermon Nisi granum frumenti… « L’ âme échappe à sa nature, à son être et à sa vie, et naît dans la Divinité
76 n que celle-ci : Lui demeure Dieu et elle demeure âme . » (Trad. Mayrisch Saint-Hubert.) Il faut bien dire que l’on se heurt
4 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Le mythe dans la littérature
77 qui condamne la passion comme une « maladie de l’ âme  » — se transmettra aux parties basses de la littérature française : g
78 e. Son langage résonne avec tant de douceur que l’ âme qui l’écoute et l’entend s’écrie : — Malheureuse que je suis ! Je ne
79 se voit une merveille en l’acte qui procède d’une âme qui jusqu’ici rayonne. Le Ciel, qui ne manque que d’une chose — c’est
80 e Où si haut visèrent mes yeux, Et je dis : Ô mon âme , il te faut rendre grâce Toi qui fus jugée digne alors d’un tel honne
81 t résulter l’opposition tragique du corps et de l’ âme . C’est la tendance ascétique, orientale — le monachisme vient d’Orien
82 e poésie, cynisme contre idéalisme. Le Débat de l’ âme et du corps qui date précisément de cette époque est le premier témoi
83 ariage chrétien était censé résoudre. On y voit l’ âme récemment séparée de son corps adresser à son compagnon les reproches
84 ir de la mélancolie ». Surgi des profondeurs de l’ âme avide de tortures transfigurantes, de la nuit abyssale où l’éclair de
85  Vierge sérieuse », il la prie d’évoquer encore l’ âme d’Orphée, l’époux de Canacée qui possédait la bague et les miroirs ma
86 , sans pourtant lui rien ôter de cette grandeur d’ âme avec laquelle il épargne l’honneur de Phèdre, et se laisse opprimer s
87 : si la cause extérieure est un Dieu auquel notre âme pourrait s’identifier146. Mais Spinoza néglige « l’obstacle ». Dans l
88 ir, succédant à la séparation de l’esprit et de l’ âme croyante, aboutit à diviser l’être en intelligence et en sexe. À vrai
89 ait mille fois. Rends-moi cette étroite union des âmes … Julie, dis-moi donc si je ne t’aimais point auparavant, ou si mainte
90 de la vie supérieure, germée au plus secret de l’ âme . L’esprit déploie mille antennes toutes vibrantes de désir, tisse son
91 et de la nuit en Jour. Le même élan qui portait l’ âme vers la lumière et l’unité divine, considéré du point de vue de ce mo
92 la passion tourmente : il a découvert dans son «  âme  », c’est-à-dire dans son goût du sublime, ce vide dont parlait Fichte
93 que par celle de l’infortune. » Et encore : « Une âme faite pour les passions sent d’abord que cette vie heureuse (le maria
94 possède enfin, ô toi seule qui remplis toute mon âme , suprême volupté d’amour ! » L’homme qui a écrit cela (dans Tristan
95 laire, immensément plaintive et bienheureuse de l’ âme sauvée par la blessure mortelle du corps. Mais le sens maléfique de c
96 . Le deuxième acte est le chant de la passion des âmes prisonnières des formes. Tous les obstacles surmontés, quand les aman
97 plus qu’une dernière et brûlante langueur dans l’ âme qui se guérit de vivre. Seule la lumière douloureuse du troisième act
98 délicieux et cruel. » 132. Sainte Thérèse : « L’ âme … voudrait ne jamais voir finir son tourment » et : « Une fois livrée
99 érèse : « De ce désir qui en un instant pénètre l’ âme entière naît une douleur qui la transporte au-dessus d’elle-même et d
100 e Thérèse : « Quelle souveraineté que celle d’une âme qui, portée à cette hauteur par Dieu lui-même, considère toutes chose
101 lage-moi de ma croix, Conduis vers la lumière Mon âme délivrée ! Et le chœur des religieuses reprend : Qu’ils se reposent
5 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Le mythe contre le mariage
102 al. Car le sacrement unissait tout à la fois deux âmes fidèles, deux corps aptes à procréer, et deux personnes juridiques. I
103 lité une forme d’intoxication, une « maladie de l’ âme  », comme pensaient les Anciens, tout le monde est prêt à le reconnaît
104 s cesse, il faut recommencer cette ascension de l’ âme dressée contre le monde. Mais alors le Tristan moderne glisse vers le
6 1939, L’Amour et l’Occident (1972). L’amour action, ou de la fidélité
105 ans sa diversité, d’empêcher le monde d’envahir l’ âme , la fidélité des époux est l’accueil de la créature, la volonté d’acc
106 Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée » ne saurait concerner que des actes. Il serait
107 nté chrétienne de transformer le pécheur dans son âme et dans sa conduite a entraîné en Occident l’idée de transformer le m
108 nte passion, saint Jean de la Croix connaît que l’ âme atteint un état de présence parfaite à l’objet aimant de l’amour, et
109 r, et c’est ce qu’il nomme le mariage mystique. L’ âme se comporte alors à l’endroit de son amour avec une sorte d’indiffére
110 acte même d’obéir, en sorte qu’il n’est plus en l’ âme de brûlure, ni même de conscience de l’amour, mais seulement la sobri
111 , humain, qui les conduirait à la foi. Une cure d’ âme comprise non pas au sens d’une hygiène morale bourgeoise, mais au sen
7 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Appendices
112 albigeois, qui par un dédoublement mystique de l’ âme et du corps, étaient censés avoir les deux sexes, hommes en tant que
113 e règne de la Dame, qui devait en vérité former l’ âme de l’Occident et fixer définitivement les traits de sa culture ». Leu
8 1972, L’Amour et l’Occident (1972). Post-scriptum
114 r. (« O belle, ô aimable Sagesse… ah ! puisse mon âme recevoir de Vous l’anneau ! ») — aimer le mal d’amour, « le doux mal
115 cette évolution à 180° du remarquable auteur de L’ Âme romantique et le Rêve tiennent, je crois, davantage à sa biographie q
116 rme exaltée d’exister, une certaine aventure de l’ âme , un « voyage », diraient-ils, où nous entraîne le vin herbé du Roman
117 e Damien une correspondance qui nous montre « ces âmes raffinées déjà tout près du langage de saint Bernard mais aussi de ce
118 elles, moi et mes disciples, pour le bien de nos âmes . » Nouveauté inouïe et qui surpasse encore celle de donner à l’abbess
119 rivalisant avec l’attraction qu’exerçait sur les âmes l’amour mystique et la soumission à la domina que propageait Fontevra
120 de l’amour vrai, tout cela « pour le bien de nos âmes  », disait Robert ; « pour rafraîchir ma chair et renouveler mon corps
121 it, ni même de la conscience peut-être, mais de l’ âme soudain qui s’éveille « à la douceur du temps nouveau ». ⁂ C’est par
122 rations et d’interdits, d’hérésie libératrice des âmes et d’orthodoxie conservatrice de la cité. L’histoire de la naissance
123 saient autrement ? Il faut entrer en consonance d’ âme , et cela ne se peut que par l’écoute ardente des œuvres où l’âme a la
124 se peut que par l’écoute ardente des œuvres où l’ âme a laissé dans des rythmes quelques traces de sa pulsation la plus sec
125 le fièvre, par ce bouleversement des sens et de l’ âme . La passion est ce trouble effrayant mais délicieux que provoque la p
126 ité spirituelle par une très stricte analyse de l’ âme . » 214. Tome III, p. 25 et 26. 215. Cf. Jean Audiac, Les poésies de