1 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. Avant-propos
1 rda. Le premier montre que la science apprise à l’ école appauvrit l’homme de tout ce que son ignorance respectait, et ne lui
2 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 1. Mes prisons
2 e main du père qui fait de longs pas réguliers… L’ École , dans ce concert de souvenirs, n’est qu’une dissonance douloureuse2.
3 c une sœur aînée. L’année suivante, on me mit à l’ école , parce que c’est la loi. La première classe fut agréable : j’alignais
4 ntrée, ma colère n’en fut que plus malfaisante. L’ école me rendit au monde, vers l’âge de 18 ans, crispé et méfiant, sans ces
3 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 2. Description du monstre
5 Et pour cause : ils n’étaient jamais sortis de l’ école . Rien ne ressemble plus à un bon élève qu’un instituteur : de l’un à
6 bien préexiste-t-il dans les principes mêmes de l’ École , et attire-t-il les petits bourgeois comme le portrait de Numa Droz a
7 ce point. Pour l’instant je ne veux que décrire l’ école telle qu’on la voit. Après les personnes, le décor. La laideur des co
8 éducatrice d’un tel milieu, moral et matériel ? L’ école publique, telle que nous la voyons est semblable à tous ces monuments
4 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 3. Anatomie du monstre
9 sport, la tricherie est difficile, tandis qu’à l’ école elle est de règle. Car la qualité et la quantité des réponses « fourn
10 ension universelle et un caractère obligatoire. L’ école exige donc que les meilleurs ralentissent et que les plus faibles se
11 qu’aux médiocres, dont elle assure le triomphe. L’ école s’attaque impitoyablement aux natures d’exception, et les réduit avec
12 réfère au résumé comme à un aide-mémoire. Mais l’ école veut qu’on commence par apprendre le résumé. D’ailleurs elle s’arrête
13 ’est pas modèle, il est absurde. Mais où sont à l’ école les modèles de ce qu’on nommait autrefois la belle ouvrage ? On va su
14 sévère. D’où notre conception pénitentiaire de l’ école . Mais, s’il est des disciplines qui renforcent, il en est d’autres q
15 ord sur ce point : l’école primaire doit être une école de Démocratie. Ils insistent sur le fait que les leçons d’instruction
16 aposez trente enfants sur les bancs d’une salle d’ école , vous n’aurez rien qui ressemble en quoi que ce soit à aucun état soc
17 connaissances indispensables qu’on lui donne à l’ école . (Cet argent de poche, ni plus ni moins.) Ou encore : que le bon élèv
18 e au milieu des conditions anormales créées par l’ école publique. Mais l’idéal de l’école est autre ; il est même tout contra
19 es créées par l’école publique. Mais l’idéal de l’ école est autre ; il est même tout contraire. On ne peut pas exiger qu’il s
20 eux. Le bon élève est aussi l’élève discipliné. L’ école veut que partout la valeur cède le pas à la règle. Elle cherche à dév
21 s principes dérivent nécessairement du fait que l’ école est publique, obligatoire, et soumise au contrôle de l’État. Alors ?
22 l’imbécillité et au vice. » Emmanuel Duvillard, L’ École de demain, Genève, Kündig, 1918, p. 12. 5. Il est peut-être avantage
5 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 4. L’illusion réformiste
23 ndante littérature publiée sur le « problème de l’ école nouvelle ». On appelle école nouvelle tout établissement où l’on s’ef
24 r le « problème de l’école nouvelle ». On appelle école nouvelle tout établissement où l’on s’efforce d’enseigner selon des p
25 sme inhérent à toute science. On a constaté que l’ école actuelle est fondée sur une remarquable ignorance de la psychologie i
26 s à lacer leurs souliers ; et cela s’appelle de l’ école pratique. Plus tard on fait apprendre à ces mêmes enfants, et réciter
27 tion du pratique prévaut, il est à craindre que l’ école nouvelle n’apporte bientôt sa méthode rationnelle pour apprendre aux
28 pédagogique. De même, sous le louable prétexte d’ école active, on prétend faire apprendre la grammaire par le moyen de gesti
29 qu’elles sont comiques précisément. Je ferai à l’ école nouvelle un reproche d’une autre nature. Elle prétend donner plus de
30 ble trois enfants… Je reconnais que les buts de l’ école nouvelle sont honnêtement scientifiques, et désintéressés. Mais l’enf
31 -être l’humanité… Je songe à un enseignement sans école . Je songe au maître antique, dont toute la personne était un enseigne
32 ns qui appliquent avec ferveur les principes de l’ école libre, qui se moquent des programmes, et dont les classes joyeuses so
33 échapper plus longtemps à MM. les Inspecteurs des Écoles . Je le crains, dis-je ; car le monde ne progresse qu’à la faveur de m
34 r de malentendus (si tant est qu’il progresse). L’ école nouvelle n’échappe à l’absurdité primaire qu’à la faveur d’une équivo
6 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 5. La machine à fabriquer des électeurs
35 urs siamoises. Continuons. La démocratie doit à l’ École de vivre encore. Mais ce n’est de la part de notre Institutrice qu’un
36 ne explication vraisemblable de cette incurie : l’ école , sous sa forme actuelle, remplit suffisamment son rôle politique et s
37 colaire ; car il ne faudrait pas moins pour que l’ école rattrape l’époque… Mais les gouvernements savent ce qu’ils font. Tout
38 révolte de ma sensibilité qui me dresse contre l’ École . Mes arguments ne se mettent en branle qu’après coup. Et quand vous l
39 idéologies politiques, et peu m’importerait que l’ École soit une machine à fabriquer de la démocratie — si je ne sentais mena
7 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 6. La trahison de l’instruction publique
40 e (Ici, le procureur prit un ton plus grave.) L’ école s’est vendue à des intérêts politiques. C’était là, nous venons de le
41 rop laid ».) À peine capable de nous instruire, l’ École prétend ouvertement nous éduquer. D’ailleurs elle y est obligée dans
42 comme le veut le cliché, mais schématiques. Or l’ École radicale ne peut pas être idéaliste : car elle deviendrait un danger
43 es de la famille sont falsifiées. Non seulement l’ École ne constitue pas le pôle idéaliste nécessaire à l’équilibre d’une civ
44 révolte qui apparaissent de toutes parts. Mais l’ école empoisonne les germes d’une renaissance de l’esprit dont elle devrait
45 rne à un vaste établissement de travaux forcés. L’ école donne à l’enfant ce qu’il faut pour se résigner à l’état de citoyen b
46 ne qu’en tant qu’elle est cultivée par l’État), l’ École , après avoir entraîné l’âme moderne dans ses collèges, l’y enferme et
8 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 7. L’Instruction publique contre le progrès
47 progrès, elles corrigent, stimulent, vivifient. L’ École se contente d’être figée. Est-ce un frein ? Même pas. C’est plutôt un
48 conserver des siècles encore… Or si je dis que l’ École est contre le progrès, c’est que le progrès consiste à dépasser la Dé
49 ns les principes démocratiques, et dans ceux de l’ École , mais encore dans toute la conduite moderne de la vie. C’est notre am
9 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. Appendice. Utopie
50 al. Un nouvel état d’esprit : voilà bien ce que l’ École empêche même de concevoir Elle cultive ce qu’il y a d’anti-irrationne
51 t une révolution qu’il faut. Alors, supprimer les écoles , raser les collèges, renvoyer les instituteurs aux pommes de terre ?
52 es de terre ? Impossible. Le peuple qui déteste l’ école a pourtant faim d’instruction15, et se croirait lésé dans un de ses d
53 empêcher. Il s’agit de lui faire comprendre que l’ école est le plus gros obstacle à sa culture. Et c’est cela, préparer le te
54 de l’organisation existante peut-on imaginer ? L’ école devrait donner à l’enfant ce que son entourage ne peut plus lui donne
55 ses fait des soldats en moins de trois mois. Si l’ école appliquait en les transposant des méthodes de concentration analogues
56 ces facultés atrophiées que devrait s’employer l’ école . Nous avons vu qu’elle préfère les étouffer. Cependant, je ne crois p
57 seil de paroisse. Je préciserai donc : je tiens l’ École pour criminelle. Mais je ne tiens pas tous les instituteurs pour gibi
58 s pédagogiques encore très actuels, du fait que l’ école n’a pas bougé depuis. 16. On promet des confitures à l’enfant, s’il