1 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Avertissement
1 ie soit confuse ne saurait signifier qu’une œuvre écrite doit l’imiter. Si j’ai parfois dogmatisé, je n’en demanderai pardon q
2 et ma jeunesse ; je l’ai conçu sous forme d’œuvre écrite , et nourri de quelques lectures, depuis deux ans ; enfin je l’ai rédi
2 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Préface à l’édition de 1956
3 atent en fait de leur épiphanie dans l’expression écrite , plastique ou picturale — comme un amour de son premier aveu. D. de R
3 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Les origines religieuses du mythe
4 magiciens, médecins, prêtres, confesseurs. Ils n’ écrivaient pas de livres, mais donnaient un enseignement oral, en vers gnomiques
5 ne préoccupation tragique de la mort. Les Celtes, écrit Hubert, « ont cultivé certainement la métaphysique de la mort… Ils on
6 nace sociale. Ses fidèles furent massacrés, leurs écrits dispersés et brûlés. Si bien que les témoignages sur lesquels elle a
7 lure. (« Il vaut mieux se marier que de brûler », écrit saint Paul aux Corinthiens.) De plus, c’est un amour heureux — malgré
8 que poétique. « Création extrêmement originale », écrit M. Jeanroy (quitte à reprocher à chacun de ces poètes pris à part de
9 tend l’expliquer. « Il est également impossible —  écrit un de nos professeurs — de voir dans ces chansons d’amour, qui formen
10 on V, comte de Toulouse et suzerain du Languedoc, écrit en 1177 : « L’hérésie a pénétré partout. Elle a jeté la discorde dans
11 e favorise, de Dieu et de la Dame des pensées, il écrit  : « Il n’y a là, dira-t-on, que figures de rhétorique sans conséquenc
12 rares, sombres et colorés, pensivement pensif… », écrit Raimbaut d’Orange. Et Marcabru : « Pour sage je tiens sans nul doute
13 s-nous des métaphores que nous utilisons dans nos écrits  ?52 Il ne faudrait pas oublier ce que l’on vient de dire sur la menta
14 on de sentiments religieux de l’époque53, Jeanroy écrit  : « Dans ces affirmations hardies, il y a du reste une erreur de fait
15 l’appui de la thèse symboliste. Raimbaut d’Orange écrit un poème sur les femmes. Si vous voulez faire leur conquête, dit-il,
16 ent des rêves ? Peut-être même sont-ils des rêves écrits  ? Les spécialistes demeurent sceptiques. Un littérateur « peu sérieux
17 arabe a réellement influencé la cortezia ? Renan écrit en 1863 : « Un abîme sépare la forme et l’esprit de la poésie romane
18 à deviner de quel côté des Pyrénées elles furent écrites . La cause est entendue. Mais voici ce qui m’importe. L’on assiste au
19 ur qui le réel n’est défini que par des documents écrits . J’irai maintenant un peu plus loin, mais dans mon sens, non dans le
20 breux commentaires du Cantique des Cantiques sont écrits pour les nonnes des premiers couvents de femmes, de l’abbaye de Fonte
21  ». Et saint Thomas eut beau, cent ans plus tard, écrire de la manière la plus précise : « Si Marie eût été conçue sans péché,
22 ais la plupart des textes qui la décrivent « sont écrits dans un langage intentionnel, secret, obscur, à double sens, dans leq
23 rialise ou si la Dame se rend comme récompense », écrit Daude de Prades, qui cependant ne craint pas de donner des précisions
24 rvice » d’amour courtois, Cercamon n’hésite pas à écrire en mettant les points sur les i : « Ces troubadours, en mêlant la vér
25 ourtoises que naquit le premier roman courtois », écrit M. E. Vinaver. Ces légendes « exotiques », c’étaient les vieux mystèr
26 ’amour où le mariage fut condamné. Chrétien avait écrit un Roman de Tristan dont les manuscrits sont perdus. Béroul était Nor
27 mort des amants, quoique annoncée, ne fut jamais écrite  — est à la fois plus religieux et plus sensuel que ceux de Béroul et
28 ent dirigée contre Bernard de Clairvaux, dont les écrits étaient si familiers au poète qu’il imite bien souvent leur dialectiq
29 que celle que pourraient proposer des « preuves » écrites . 37. On la trouvera formulée page 108, et discutée plus amplement au
30 ui s’est produit. 52. Un amoureux peu lettré qui écrit à sa fiancée des épîtres copiées dans un manuel : croit-on que ces fo
31 rès légères. Mais en 1510, Jean Lemaire de Belges écrit dans son Illustrations de Gaule : « Les nobles poètes disent que cinq
32 t le milieu créateur de la matière de Bretagne », écrit Anitchkof (Joachim de Flore, p. 291) après avoir insisté sur les infl
4 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Passion et mystique
33 aît ici. « On est seul avec tout ce qu’on aime », écrira plus tard Novalis, ce mystique de la Nuit et de la Lumière secrète. C
34 st facile d’imaginer le processus. Saint Augustin écrit cette prière : « Je te cherchais hors de moi, et je ne te trouvais pa
35 de changer le sens de la relation constatée, et d’ écrire que « l’instinct » en question résulte d’une profanation de la mystiq
36 e Sankara. « Mystique de l’ivresse sentimentale —  écrit Otto — à la faveur de laquelle le Je et le Tu des êtres unis par une
37 sommet d’un élan d’amour : L’amour n’unit point, écrit -il. Il unit bien à une œuvre, non à une essence.102 « L’union lui ap
38 d’une communion que d’une union, puisque, comme l’ écrit ailleurs Eckhart, l’âme reste l’âme, et Dieu reste Dieu103. L’acte d’
39 oire démontre. « Chez les mystiques eckhartiens —  écrit l’abbé Paquier106 —, je ne sais si l’on rencontre jamais le langage d
40 fonde de l’expérience qu’ils ont vécue. J. Baruzi écrit de sainte Thérèse : « On a démêlé les sources de nombre de ses images
41 aisions au précédent chapitre ? « Comment savoir, écrit J. Baruzi, si certaines images que Jean de la Croix emprunte au Canti
42 e refoulement, où est la censure, lorsque Thérèse écrit à un religieux qui se plaint de ressentir une émotion des sens chaque
43 et non du névrosé. « Il vous semblera peut-être, écrit sainte Thérèse, que certaines choses qui se rencontrent dans le Canti
44 ’ils mangent… » ⁂ De la comparaison formelle des écrits d’un Eckhart avec ceux d’un Ruysbroek, d’une Thérèse et d’un Jean de
45 faut bien dire que l’on se heurte, dans tous les écrits d’Eckhart, à une équivoque sur le sens qu’il attribue à l’union (Einu
5 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Le mythe dans la littérature
46 de départ nous est donné par le Roman de la Rose, écrit entre les années 1237 et 1280 environ. Il y a cent ans, ou presque, q
47 ser que Dante n’est qu’un blasphémateur lorsqu’il écrit au seuil de la Vita Nuova, cette strophe au sublime départ : Un ange
48 ’un pétrarquisme à rebours. « On aime à opposer —  écrit J. Huizinga136 — l’esprit gaulois aux conventions de l’amour courtois
49 é comme Robert Kirk, théologien et humaniste, ait écrit un traité sur les fées, sans trace de scepticisme ou d’ironie. Nous n
50 alité et le clergé ? Deux poèmes de Milton, qu’il écrivit dans sa jeunesse, l’Allegro et le Penseroso expriment l’opposition du
51 ravaillait fort bien le fer. « Cette bonne femme, écrit -il tristement, a dû me prendre pour un apprenti serrurier. » ⁂ En vér
52 nt harmonisées. L’on n’imagine pas de roman mieux écrit  ; plus strictement réglé, dans son progrès, sur les lois d’une plus s
53 ciprocité de la part d’Hippolyte. Or Phèdre était écrite pour Champmeslé, qui y tint le rôle de la reine. Et Hippolyte, c’est
54 til. « Pour ce qui est du personnage d’Hippolyte, écrit -il dans la Préface, j’avais remarqué dans les anciens qu’on reprochai
55 roire qu’il est sincère dans sa Préface lorsqu’il écrit  : « Ce que je puis assurer, c’est que je n’ai point fait de tragédie
56 gieuse portugaise, Mariana Alcoforado, comme elle écrit à l’homme qui l’a séduite : « Je vous rends grâce du fond de mon cœur
57 âme, suprême volupté d’amour ! » L’homme qui a écrit cela (dans Tristan et Isolde) savait que la passion est quelque chose
58 .) 142. Charles Sorel, auteur de Francion, avait écrit l’Anti-Roman ou le Berger extravagant, reprenant dans le registre bur
6 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Amour et guerre
59 les aspects. On doit souhaiter que ce livre soit écrit , mais sans se dissimuler l’extrême difficulté de la tâche. Car en eff
60 orique inépuisable. « Ô ! trop heureux capitaine, écrit Brantôme170, qui avez combattu et tué tant d’hommes ennemis de Dieu d
61 e Thérèse les plus imbus de rhétorique courtoise) écrit dans son Ley de Amor : « Ne pense pas que le combat de l’amour soit c
62 es combattants, animés et pensants malgré tout », écrira Foch à propos de la guerre au xviiie siècle.180 Mot étonnant, d’aill
63 l’art savant qui est à l’honneur. Maurice de Saxe écrit  : « Je ne suis point pour les batailles, surtout au début d’une guerr
64 era le facteur dominant de la guerre. « Celui qui écrit sur la stratégie et sur la tactique devrait s’astreindre à n’enseigne
65 s d’être profitables à la nation pour laquelle il écrit . » Ainsi s’exprime le général von der Goltz, disciple de Clausewitz,
66 ce pays, réagit aux sollicitations de l’homme. J’ écrivais en 1938 : « Le Français s’étonne des succès d’Hitler auprès de la mas
67 être un peu trop bien : Dans sa grande majorité, écrit -il, le peuple se trouve dans une disposition et un état d’esprit à te
7 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Le mythe contre le mariage
68 n… ou bien… (« Les Étapes érotiques spontanées », écrit en 1841). 195. En réalité, des phénomènes analogues affectèrent cer
69 952), ouvrage dans lequel l’auteur n’hésite pas à écrire que la proclamation en 1950 du dogme de l’Assomption de la Vierge mar
8 1939, L’Amour et l’Occident (1972). L’amour action, ou de la fidélité
70  et le reste est indiscrétion. Mais je ne pouvais écrire un livre entier sur la passion sans achever ma description par ce tra
71 otre engagement n’était pas pris pour ce monde », écrivait Novalis songeant à sa fiancée perdue. C’est l’émouvante formule de la
72 e l’homme libre se retrouve dans la chevalerie », écrit Henri Pirenne, Histoire de l’Europe, p. 113. 208. Il y a l’Apocalyps
9 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Appendices
73 ciserai ici que mon analyse se borne à la légende écrite de Tristan. C’est d’elle seule que je parle quand je parle du mythe «
74 es est oublié, à l’époque et dans les pays où ils écrivent . Tout cela n’est plus qu’ornements d’art, pittoresque, anecdotes inte
75 r) contient un épisode d’amour courtois. Elle est écrite dans un dialecte intermédiaire entre le français et le provençal. À t
76 rtune dans notre débat. a) « On ne peut hésiter —  écrit notre auteur — sur l’objet et la nature de l’amour mystique tel que l
77 938, qui relate la visite de Salvador Dali, Freud écrit  : Jusqu’alors, j’étais tenté de tenir les surréalistes, qui apparemme
10 1972, L’Amour et l’Occident (1972). Post-scriptum
78 non définitif et scientifico-polémique Ce livre écrit en peu de mois à 32 ans n’a pas fini de me poser des questions. Trent
79 de « livre le plus important de tous ceux qu’on a écrits et publiés sur l’amour », de « fragile autorité » et de « bible du ge
80 rois les confidences de quelques écrivains et les écrits de leurs commentateurs, mais plus encore les textes mêmes, c’est surt
81 ême si l’on se borne à l’examen des seules œuvres écrites ou plastiques. Ainsi, de jeunes romanciers m’ont fait savoir qu’ils r
82 e, horizon spirituel de tout l’amour courtois — j’ écris pour une revue de jeunes une esquisse de l’opposition passion-mariage
83 ise du manuscrit, dont pas une ligne n’est encore écrite , Rops me supplie de céder mon tour dans la série à un jeune lieutenan
84 a série à un jeune lieutenant-colonel qui vient d’ écrire la France et son armée, livre très urgent, semble-t-il211. Soulagé, j
85 mets au travail, et puisque j’ai tout le temps, j’ écris très vite. Après trois mois vécus dans un état de transe et d’allégre
86 ud. Sans doute l’avais-je consulté, pendant que j’ écrivais mon livre. Dans une lettre sans date de 1938, il m’écrit en effet : «
87 on livre. Dans une lettre sans date de 1938, il m’ écrit en effet : « Je suis trop près de la question qui vous occupe pour la
88 peu, m’attaquant à beaucoup, quand j’entrepris d’ écrire L’Amour et l’Occident. Si j’avais pu mesurer vraiment l’étendue de mo
89 nt, on ne peut nier que Raimond V de Toulouse ait écrit en 1177 au chapitre général de Cîteaux, pour lui demander son aide co
90 rs à cette fin. Même René Nelli se laisse aller à écrire que les troubadours « attendaient que l’Amour leur donnât une valeur
91 du dogme, que l’intrépide chanoine n’hésite pas à écrire  : « Il n’y a jamais eu de bûcher à Montségur » ? Voilà une bonne nouv
92 incre d’abord que Suso n’a jamais existé, n’a pas écrit , n’a pas eu lieu. Mais d’autre part, on nous assure que Suso demeura
93 e de L’Amour et l’Occident , Albert Béguin avait écrit de son auteur : « Ce qui est remarquable, c’est que ce virtuose soit
94 uête du Graal, « d’inspiration cistercienne », il écrit  : « La conception orthodoxe de l’histoire et d’autre part la hiérarch
95 précisément du début de ce chant que Simone Weil écrit merveilleusement : « Quelques vers des troubadours ont su exprimer la
96 e. C’est une question d’oreille et non de preuves écrites ou de sources à vérifier, une question d’intuition et d’accueil, et n
97 iiie siècles. Alors que Davenson ne craint pas d’ écrire qu’« aucun document ne permet de saisir la moindre collusion entre tr
98 pport à ses premiers textes sur le catharisme. Il écrit en 1963 : « Nous ne prétendrons pas, ce qui serait absurde, que ce ro
99 hisme, dirait-on) quand il redevient l’érudit qui écrit sa thèse et qui s’est mis en tête de rivaliser avec les plus tatillon
100 éalable excités — devenait une force bénéfique », écrit René Nelli, qui ajoute en note, avec un point d’interrogation qui est
101 en réserve du principe vital sexuel », René Nelli écrit  : « La déposition de Guillaume Roux dans le Liber sententiarum inquis
102 qu’une aimable et hypocrite dépravation. Ainsi écrit René Nelli (E. T., p. 100). À ces lignes, dont on peut retenir que Ro
103 ctor est, Dieu regarde au cœur plus qu’aux actes, écrit -elle. Bernard de Clairvaux développe de son côté la première mystique
104 les époques, surtout pour les poètes lyriques », écrit Belperron. Or, pas une seule des grandes tragédies grecques — je veux
105 contretemps. Quand ils disent : tel troubadour a écrit exactement le contraire de ce qu’un Parfait devait professer, tel gno
106 . Les mal mariés y ont vu leur bréviaire, comme l’ écrivait un philosophe allemand ; les bien mariés, leurs abîmes survolés ; les
107 « légende de l’irresponsabilité du poète », et il écrit  : En premier lieu, nous n’acceptons pas à priori l’idée que l’amour-
108 elles structures du mythe vous serez engagé. Je n’ écris pas pour feindre de légiférer, ni même pour conseiller, mais bien pou