(1973) Articles divers (1970-1973) « « Un acte de reconnaissance » [à propos du prix Robert Schuman] (24 mars 1970) » p. 1

« Un acte de reconnaissance » [à propos du prix Robert Schuman] (24 mars 1970)d

Nous ayons pu atteindre l’écrivain Denis de Rougemont, hier après-midi, à son domicile de Ferney-Voltaire, où il prépare actuellement le discours qu’il prononcera le mois prochain à Bonn à l’occasion de la remise officielle du prix [Robert Schuman].

Un prix auquel, d’ailleurs, il s’attendait :

Je n’ai pas été surpris par la décision de la Fondation Freiherr von Stein puisque, en juillet dernier déjà, elle avait annoncé que le prix 1970 me serait décerné.

Quelle signification attachez-vous au fait que ce soit à vous, écrivain et directeur du Centre européen de la culture, que sera attribué cette année le prix Robert Schuman ?

J’y vois essentiellement un acte de reconnaissance. Reconnaissance d’un long effort fait souvent, depuis près de vingt-cinq ans, aux dépens de mon œuvre littéraire et aussi, parfois, contre vents et marées et sans toujours beaucoup d’appuis. Or ce prix est un appui formel.

Vous êtes donc particulièrement satisfait ?

Enchanté ! D’abord parce que cette distinction est un prix politique qui fait suite, après un prix théologique, à une série de prix littéraires. Ensuite parce pour un écrivain, c’est toujours un plaisir particulier que d’être récompensé pour des travaux réalisés en marge de son métier propre. Et ce sont mes livres sur l’Europe et mon activité au Centre européen de la culture qui m’ont valu ce prix, attribué jusqu’ici à des hommes politiques seulement : Jean Monnet, Joseph Bech, S. Mansholt et Walter Hallstein. Il faut rappeler enfin que Robert Schuman fut président du Centre européen de la culture que je dirige. Et, de recevoir un prix qui porte son nom est aussi, pour moi, un sujet de satisfaction.