Paul Colin, Van Gogh (août 1925)c
Le▶ ◀nouveau▶ volume de ◀la▶ collection des « Maîtres de ◀l’▶art moderne » est au moins le cinquième ouvrage publié en France sur Van Gogh, depuis 1922. Il contient pourtant des vues assez neuves. M. Colin s’est contenté de narrer ◀les▶ faits de ◀la▶ vie de Vincent, mais d’une telle manière que des conclusions critiques s’en dégagent avec évidence.
Van Gogh fut une proie du génie. ◀L’▶homme tel que nous ◀le▶ peint Paul Colin, est peu intéressant. On en a connu bien d’autres de ces jeunes gens prétentieux et sincères qui se croient une vocation, végètent dans des œuvres d’évangélisation, fondent des groupes dissidents. ◀Le▶ miracle, c’est que ◀le▶ plus sauvage génie ait choisi un être de cette espèce pour ◀le▶ tourmenter et ◀le▶ transfigurer. Vincent s’en effraie lui-même : « Il y a quelque chose au-dedans de moi. Qu’est-ce que c’est donc ? » Ses premiers dessins sont de gauches copies de Millet. Mais son manque de talent ne ◀le▶ rebute pas. Une divine violence ◀le▶ travaille. Elle jaillira enfin, dans ◀l’▶éblouissement d’Arles, jusqu’au jour où cette consomption frénétique terrassant un corps minable, il ne restera plus que ◀les▶ flammes, ◀les▶ soleils et aussi ◀les▶ grimaces de douleur de ses tableaux.
Il faut louer Paul Colin de n’avoir rien caché des médiocrités de cette vie : ◀les▶ reproductions qui suivent sa courte biographie fournissent un meilleur motif à ◀l’▶admiration que tout ◀le▶ lyrisme dont on a voulu charger ◀la▶ « vie héroïque » de Vincent. M. Colin n’a pas cherché à expliquer ce miracle. Il nous laisse à notre émotion devant ◀le▶ spectacle d’une œuvre qui ne dut rien à ◀l’homme, d’une œuvre de pur génie.
Vincent Van Gogh, génie sans talent.