Jean Prévost, Tentative de solitude (septembre 1925)f
« Dès que nous sommes seuls, nous sommes des fous. Oui, le▶ contrôle de nous-mêmes ne joue que soutenu par ◀le▶ contrôle que ◀les▶ autres nous imposent », dit un héros de Mauriac. C’est un « homme seul » qu’a peint « par ◀le▶ dedans » M. Jean Prévost, en un saisissant raccourci psychologique. « Tout homme normal est fait de plusieurs fous qui s’annulent », écrit-il. Ce fou qui veut être soi purement, qui veut éliminer de soi tout ce qui est déterminé par ◀l’▶extérieur, — ce fou que nous portons tous en nous, — il ◀l’▶a isolé, incarné, nommé : Revert. Puis il ◀l’▶a poussé impitoyablement dans sa recherche d’un absolu qui se trouve être ◀le▶ néant. Pour finir il « ◀l’▶écrabouille ». ◀L’▶expérience est terminée. Artificielle comme toute expérience, elle n’en est pas moins probante.
Une œuvre d’art que ce petit livre ? C’est avant tout une démonstration ; mais, puissante de sûreté et d’évidence, elle a cette beauté froide et massive d’un théorème de Spinoza. Une ironie dure, ◀la▶ densité du style révèlent seules ◀l’▶écrivain ; et aussi quelques sentences : « C’est de ◀la▶ faiblesse de nos yeux que frissonnent ◀les étoiles. »