Quatre incidents (avril 1927)q r
La▶ maîtresse d’École
Au printemps pur comme une joue, École errait, École suivait une femme dans ◀les▶ rues tant soit peu métaphysiques d’une capitale de mes songes. On exigeait d’une saison de marque de tels soupirs, d’ailleurs invraisemblables, qu’à leurs reflets se fussent évanouis des arcs-en-ciel de névroses dans tous ◀les▶ poèmes où détresse rimait avec maîtresse. École savait ◀le▶ mythe du voyage, et qu’on ne manque pas ◀le▶ train bleu d’un désir. Elle était donc venue. Il ◀la▶ suivait entre ◀les▶ devantures qui se passaient de l’une à l’autre deux séries de profils jusqu’au soleil toujours de face. Il ne vit plus que ◀la▶ foule des yeux bleus, son éblouissement. Soudain ◀la▶ voici, elle descend à sa rencontre parmi ◀les▶ éclairs d’un luxe mécanique, ◀le▶ visage dans sa fourrure. Elle découvre en passant près de lui ◀le▶ sourire d’amitié mortel de tout ce qui n’arrive jamais. Il s’est trompé, ce n’est pas elle.
Il pensa que c’était un ange, de ceux qui vont à ◀la▶ recherche des âmes. Aussitôt il téléphone à ceux du paradis : « Qui va à ◀la▶ chasse perd sa place, nous nous comprenons. » On lui offrit immédiatement un fauteuil et un violon, pour qu’il en joue, au printemps, s’il savait …
R.S.V.P.
À Max-Marc-Jean Jacob Reymond.
Une étoile à ◀la▶ boutonnière, ◀le▶ marquis pénétra dans ◀le▶ salon de ◀la▶ duchesse, lui baisa ◀la▶ main et ◀l’▶abattit d’un coup de revolver. Puis s’en fut avec un tact exquis, qui fut très remarqué. ◀Le▶ duc riait sous une table, complètement ivre, et Bettina lui disait à ◀l’▶oreille : « Mon chéri, si j’aime ◀la▶ comtesse ? Mais tu es si laid que cela me donne encore plus de plaisir. » ◀Le▶ duc paya et s’enfuit en disant que ce n’était pas lui. ◀L’▶enterrement aura lieu sans suite.
Suicide du Marquis
Salomon ◀le▶ danseur triste baisa cette main cruelle… et quitta ◀le▶ bal au matin. Il neigeait dans ◀les▶ rues sourdes comme un songe de son enfance. Aux fenêtres du palais s’étoilèrent des halos. ◀Le▶ jour tendre paraissait sous ◀l’▶égide de ◀la▶ mort. Il vit des fleurs de son enfance, une églantine, quelques roses, un sourire qui perce ◀le▶ cœur sur ◀les▶ glaces du passé. Cet abandon aux fuyantes chansons, et des violons déchirants dans sa tête… Mais ◀le▶ sommeil s’évaporait aux caresses des flocons, plus perfides que des murmures d’adieu. Il tomba parmi ◀les▶ statues, dans ◀l’▶amitié pensive des jardins. Une fenêtre s’était ouverte et des accords échappés tombaient, ◀les▶ ailes coupées. Puis ◀le▶ silence se reprit à ses songes désolés.
Autre suicide ou ◀la▶ promenade en bateau
À Grego More.
Il disait : « Je suis né pour ◀la▶ mort. » Il fait assez beau pour que s’ouvre ce cœur de ◀l’▶après-midi, comme un camélia de tendre orgueil. Il respire déjà ◀l’▶odeur merveilleuse des objets et des êtres véritables. Un bateau ne glisse pas plus doucement vers ◀le▶ soleil du haut-lac. Justement, voici que tout va s’ouvrir, qu’un monde s’est ouvert devant lui. Et ◀l’▶eau n’est pas moins somptueuse.
Et bien sûr, je n’ai pas bougé. C’est une question d’amitié. Pourtant je suis seul dès cette heure, et mes amis fuiront un lâche. Parce que je reviens seul.
Mais moi, qui regarde comme de l’autre bord, je songe qu’il est des visites à de certaines grandes dames où je préférais — et lui aussi — me rendre seul et sans argent. Je ne voulais pas ◀le▶ retenir, Je ne pouvais pas ◀le suivre.
On dit de ces phrases. Même, on en pleure.