Jean-Louis Vaudoyer, Premières amours (août 1927)an
Ces trois nouvelles n’ont guère de commun entre elles que la▶ forme : ce sont de lentes réminiscences, des évocations intérieures, — et dans ◀l’▶abandon de leurs méandres, peu à peu, se précisent ◀les▶ circonstances d’une aventure ancienne.
Entre hier et demain : Une femme « encore jeune » se souvient d’un danseur de ses 20 ans, d’une aventure qui aurait pu être… Un homme médite à côté du corps de son ami suicidé pour une femme qu’ils ont aimé tous deux (◀L’▶Amie du Mort.) Ou bien c’est ◀le▶ récit d’un été de vacances, quand les premières inquiétudes du désir viennent troubler de ravissantes amours d’adolescents. Et c’est Un vieil été. Cette nouvelle, très supérieure aux deux autres, est une réussite rare par ◀la▶ justesse de ◀l’▶observation autant que par ◀la▶ sympathie de ◀l’▶auteur pour ses héros. Indulgence et regrets, un ton qui permet ◀le▶ tact dans ◀la▶ hardiesse.
On reste ravi de tant d’adresse sous un air de facilité qui serait presque de ◀la▶ nonchalance. M. Vaudoyer ressuscite ces adolescences avec une tendre minutie, avec une sorte d’amoureuse application du souvenir, d’une séduction certaine. C’est un art de détails ; mais si délicat et d’une si subtile convenance avec son objet qu’il en saisit sans mièvrerie ni vulgarité ◀la▶ grâce un peu trouble et ◀l’▶insidieuse mélancolie. Un détail piqué adroitement, papillon dont frémissent encore ◀les▶ ailes intactes ; ◀l’▶évocation toute nervalienne en sa nostalgie, de ◀la▶ jeune étrangère dont on rêve à 15 ans ; et voici ce je ne sais quoi, ce délice furtif, ce que ◀l’▶auteur lui-même appelle « cette vague poésie involontaire, intermittente, un peu émiettée, éventée, que je trouve dans une ancienne réalité ressuscitée… »
Sachons gré à M. Vaudoyer d’avoir su donner à ces œuvrettes une si exquise humanité : par lui ◀le « charme » reprend quelques droits.