Léon Bopp, Interférences (décembre 1927)ap
Un jeune auteur raconte dans une lettre à une amie comment il a écrit, sur commande, une Promenade dans le Midi. Récit alerte et familier (un brin pédant et un brin vulgaire par endroits, mais pour rire), des difficultés, hésitations, paresses, rêves, réactions physiques, etc., qui accompagnent une création littéraire.
Bien sûr, c’est cela, le malaise d’▶écrire. Bopp est très intelligent. Et plein ◀de▶ verve, et pas embarrassé du tout pour vous lâcher un beau pavé mathématique au milieu d’une effusion « lyrique », histoire ◀de▶ n’avoir pas l’air dupe. Mais il a des façons parfois bien désobligeantes ◀de▶ voir juste. Et quand son bonhomme se plaint ◀de▶ ce que son œuvre lui apparaît en même temps que « fatale », « si arbitraire et si facultative », je me dis qu’il n’en saurait être autrement tant qu’on se tient à cette attitude scientifique, vis-à-vis du phénomène littéraire. La « Promenade » du héros ◀de▶ Bopp est une sorte ◀de▶ pensum. Cela rend peut-être moins convaincantes certaines ◀de▶ ses remarques sur l’inspiration. D’autre part la simplicité ◀de▶ l’objet était nécessaire à la sécurité ◀de▶ cette sorte ◀d’▶analyse, — encore que Bopp ait prouvé dans son Amiel qu’il était ◀de▶ taille à affronter d’autres dédales ! Mais il a su mettre plus ◀de▶ choses qu’il n’y paraît d’abord dans ces 50 pages. Beaucoup sont excellentes et leur facilité même est une réussite.
Léon Bopp, c’est le combat ◀d’▶un tempérament avec l’esprit ◀de▶ géométrie. Un scientisme assez insolent et les joyeuses révoltes ◀de▶ sa verve « interfèrent » en lui. Et aussi (presque imperceptible, mais ici décisive), une secrète complaisance à se regarder vivre qui est bien ◀d’▶aujourd’hui — entre autres.