« Belles-Lettres, c’est la clé des champs… » (janvier 1929▶)y
◀1.▶ Belles-Lettres, c’est la clef des champs.
◀2.▶ L’essence de Belles-Lettres, c’est de l’alcool à brûler les cervelles et les réputations.
◀3.▶ Belles-Lettres n’est compréhensible et légitime que dans la mesure où la poésie est compréhensible et légitime.
◀4.▶ Je suis de sang-froid, je dis : Belles-Lettres est essentiellement une mystique. Mais parce que je suis de sang-froid, je ne puis dire grand-chose de plus. On ne se comprend bien qu’entre jeunes hommes ivres. Mais alors point n’est besoin de formuler cette ivresse ; autrement que par des cris.
◀5.▶ Avec toutes les erreurs et turpitudes que cela comporte, Belles-Lettres est une liberté. Une rude épreuve : on n’en sort que pour mourir ou pour entrer en religion : rond de cuir ou poète (au sens le plus large de ces mots.)
(Mais je tiens à le leur dire ici : les anciens bellettriens qui ont perdu toute foi ne connaîtront pas de pardon. Car ils ont vu, et s’ils n’ont pas cru, c’est qu’ils sont foncièrement mauvais.)
◀6.▶ Peu de choses dans le monde moderne ont encore une « essence ». Celle de Belles-Lettres est en agréable odeur à l’Éternel et à Satan pareillement. Et ceux qu’elle enivre entrent en état de grâce ou de blasphème, selon. Mais ce qui importe d’abord, n’est-ce point de se livrer, purement et simplement.